Light and shadow

Une arme qui se brise, ça n’a rien de dramatique. Toute création, quelle fut des Hommes ou des Dieux, finit par se briser un jour. C’est ainsi quand rien n’est éternel.

Une arme qui se brise, au-delà du drame, c’est une preuve de faiblesse.

Une arme qui se brise, c’est une arme qui a été manipulée par une volonté fébrile, par un manieur incompétent. Ce sont des coups qui ont été pris de plein fouet, des coups qui ont été donné de façon agressive et imprécise, des coups qui ont fragilisé le métal et la détermination.

Une arme qui se brise, alors, c’est une honte. C’est pour cela qu’on pointe du doigt et qu’on moque à grands éclats le gladiateur qui ploie le genou. C’est un événement qui galvanise la foule et glorifie le briseur.

Alyss
on l’a pointée du doigt ce jour-là.
Alyss n’était pas galvanisée.

Alyss a regardé son arme se briser et à accepter sa mort en combat. S’il ne s’agissait pas que d’une cour de bouffon, son adversaire lui aurait tranché la tête et l’aurait brisé elle aussi.

Alyss, armée maintenant d’un simple manche à la garde nue, paye sa défaite. Un gladiateur sans arme n’est plus rien. Ce n’est pas la honte de perdre qui la pèse, car perdre fait parti du jeu et la honte n’existe pas pour elle.
Non,
c’est le prix d’une nouvelle arme qui agite son sang.

Elle observe, sous-pèse, manipule les œuvres des forges pour trouver ce qui la protégera de se faire couper la tête à nouveau. C’est une rapière à la main qu’elle se retourne vivement.
Des pas qu’elle avait entendu derrière elle et qui apportait avec leur écho l’aura d’une menace.

Il n’était finalement une menace que pour elle quand elle pointe malgré tout son estoc vers sa poitrine.

J’utiliserai celle-là sur toi, la prochaine fois.

Toi
le briseur de lame.