Il manquait de tout ici, d’absolument tout, inhabituel des scènes de ce genre ; les corps se frôlent à présent et on se regarde à peine dans les yeux, le contraire aurait été mauvais signe (pas pour eux, pour les autres, moins ils se côtoient, mieux le monde se porte). Côte à côte, aucune chaleur : Aubrey fume sa cigarette à même le lit, qu’il avait allumé sans même demander, habitué des lieux qu’il pense pouvoir tout se permettre (il l’aurait fait même si ça avait été son premier jour) (Aubrey se croit toujours tout permis).


Ils n’étaient habituellement pas de grands bavards, mais cette soirée là était particulièrement silencieuse,
la baise non plus n’avait pas comme d’habitude, même pas amère ou désagréable, un mélange d’on ne sait trop quoi qui avait rendu le tout presque décevant, lassant,
il savait que c’était pas d’sa faute (à lui-même), mais ne comptait pas la blâmer non plus, gentleman : ça arrivait, les jours raplaplas ! 
qu’il tire sur sa cigarette et dépose sa tempe sur l’épaule de la naturelle némésis, sans trop de crainte.
L’avantage, c’est qu’il faisait au moins bon, ce soir. « Me dis pas qu’c’est le bordel de l’autr’ fois qui t’rend aussi chiante ce soir? » qu’il ricane en se blottissant pourtant tout contre ça,  « j’pensais pas que tu s’rais ce genre de bête un peu dans les émois, les trucs comme ça. », les trucs comme ça,
il savait très bien qu’aucun apitoiement n’était ressenti ni même de la tristesse,
il y avait ici un appétit monstre de tout, bien plus que d’habitude d’ailleurs,
beaucoup plus que d’habitude.
Y’avait beaucoup de frustration et de colère, assez habituel chez la Lady mais étonnamment intense ce soir là,
il n’savait pas grand chose sur elle, mais assez pour appuyer sur ce qu'il voulait. « Maman t’a grondé? », provoque en levant ses insupportables globes dans sa direction,  « j’aurai bien voulu voir ça d’ailleurs, genre, te voir à l’oeuvre, c'est p't'être sexy les massacres de jolies monstres. » il s’étale, s’immisce, 
dans tous les sens du terme,

en elle, c'qui bouge en elle, puisque que même ça, ça ressent, visiblement.

Don d'Hestia devenant malédiction pour tous, entre ses mains.
Alors il continue son voyage en son sein interdit; il rencontre la méfiance, au fond d’elle, récente :

il lui adresse le plus insupportable des rictus, « La p’tite meuf rejeton d’Hébé, » ses doigts coulent sur son bras,  « T’as peur d’elle? »
il en savait trop rien et s'y intéressait trop peu pour se permettre de parler,
mais Aubrey les piétine, les permissions,
ça avait toujours été comme ça, entre eux.

@Lady L. Khimaira  

A l’image des éperons, Lady caressait sans tendresse les cheveux de celui qui se délectait de la moindre attention cédée, accordée. Il y en avait parfois entre eux, en dehors de la simple combustion des chaires, des délicatesses pouvaient se perdre du bout des doigts, des ongles, sur la nuque, le dos, 
les cheveux, 
Aubrey en raffolait à l’image des gamins esseulés,
c’était surement en ça, qu’il restait rejeton d’Hestia.


Secoué par ses rires : il grimace sans lever le regard en sa direction, couine aux pointes contre son crâne. Et si c’était vraiment ça, ça n’pouvait pas être autre chose, puisqu’il n’était jamais mauvais, ça l’avait juste surpris, venant d’un monstre. Comme quoi, même la belle Lady pouvait goûter aux joies de la déception.
Et là, pendant qu’elle parle, les éperons se faisaient à sa poitrine, miroitant ceux autour du coeur de la belle : à cette distance, sa faculté était à son apogée. Tant à son apogée qu’il aurait pu même croire que ces peines là étaient les siennes; ces griefs-là étaient bien familiers. Naturellement très détaché des émotions que lui faisait ressentir autrui lorsqu’il utilisait son don, ce n’était peut-être pas pour rien qu’il revenait souvent ici, auprès de Lady,
chacune des pointes troublant son coeur étaient particulièrement similaires à celles autour de celui d’Aubrey,
sa rage, sa haine, ses peines, ses humiliations, ses craintes,
il les connaissait toutes par coeur, maintenant,
et c’était comme s’il les avait déjà toujours connu, elle et lui étaient du même bois : les délaissés, insatiables, avides de gloire.
De toutes, Lady était celle qu’Aubrey aimait le plus ressentir,
elle était son émotion préférée. 



« Alors deviens plus forte. » dans un bâillement désintéressé, il avait pourtant bel et bien écouté, chacune des consonnes claquées contre sa langue. Par instinct il relève les yeux, croise les iris monstrueuses de la sublime, esquisse un fin sourire,
il comprenait bien le sous-entendu dans la mention de la teinte,
« Me faire dévorer par toi? P’tain de merde, j’ai tout raté alors. » Il rit sans considération, « Ah nan, » même pas,  « qu’est-ce que j’foutrais à un concert d’HVBRIS? En vrai, j'savais pas qu'c'était ce soir-là. De toute façon j’avais à faire. » Rien de ça n’était faux d’ailleurs. Aubrey était beaucoup de choses, mais il n’était pas un menteur, pour le meilleur et pour le pire.  « Askip’ c’était vraiment le bordel, j’ai pas tant prévu d’gaspiller une vie au pire concert d’ma vie. » La mauvaise foi par contre, c’était bien de la maison.  
Il ne se prononcera pas sur la peur ou l’exaltation du dernier évènement. Dans un sens ou dans un autre, il ne sentait nullement concerné.

Aubrey baille, une nouvelle fois, « J’suis plutôt d’accord avec toi. Ses gosses sont chiants aussi, j’crois. » Il ne les connaissait pas tant que ça, des dires par défaut. « Une demi-déesse avec les monstres, c’est chaud en vrai. Une ambassadrice, en plus! » pour en revenir au sujet,  « c’est marrant en vrai. Ça doit être le bordel, là-haut. » comme si ça l’intéressait. Peut-être juste un peu.
Surtout quand ça allait pas.

 




Relâchement habituel : son indifférence coule tout contre elle, file sous la peau et en les os, pourvu qu’elle ne les pourrisse pas (il y avait peu de risque, puisque c’est un monstre),
du bout des doigts, d’une délicatesse qui lui est bien étrangère, la pulpe rigide glisse et griffe presque la délicate échine de la bête pour toujours plus de contraste au milieu de l’hostile alliance.
Il n’y avait jamais eu particulièrement de crainte envers Lady : par inconscience ou indolence, du genre à s’imposer et pourtant là tout lui allait : la vie, la mort, le fun ou l’ennui,
ça lui allait,
il y avait peut-être, à travers sa fréquentation, le besoin d’affirmer une certaine opposition envers ce qui se passait au dessus. Non pas qu’Aubrey les détestait particulièrement,
c’était par principe, surtout,
les autorités avaient toujours tort, d’un côté ou de l’autre.

Elles auront toujours tort.

Il sourit à la mention particulièrement de la musique, et c’était tout ce qui l’intéressait, « Hah! T’as vu? J’suis vraiment désolé pour toi que tu aies eu à écouter cette merde. » et, c’est tout.
Le reste, il n’y réagira pas, à peine,
ce n’était pas ça qui comptait, à coté des obsessions latentes de près d’une décennie, peut-être plus.
Même pas quelques vies, n’importe lesquelles,
ce n'était pas Lady qui allait le relever, surement pas. Le pire peut-être, c’était que rien ne justifiait chez lui un tel désintérêt,
rien,
peut-être ce qui s’apparente à de la folie, quelque chose de plus fort que lui, qui le rendrait excusable,
peut-être, quand bien même il ne cherchait même pas à l’être,
là était la folie, peut-être.

Intéressante, donc : c’est comme ça que Lady la qualifie, capte l’attention de celui-ci en mentionnant leur passé commun,
il en savait si peu sur elle, presque surpris de ces quelques miettes d’elle-même, si gentille ment servies,
il n’en fera rien, il n’en a rien à faire surtout. « Ah? Okay. » c’était tout, visiblement. « Elle va faire quoi même? Ça veut visiblement plus d’elle ici. » Si jetée des dieux et des monstres, quelle place lui restait-elle?
Des questions qu’il ne se posera pas, qu’il n’a même pas à poser.
Ça aurait été un peu trop audacieux de sa part.

 




La flatterie, ça marche toujours, à l’image des toutous qu’on récompense d’une gratouille sous le menton, qu’on appâtait d’une friandise. 
Lady le tenait par la laisse, et il la laissait la tirer comme bon lui semblait.

Et encore plus quand elle vient caresser ses cheveux : s’il y avait bien quelque chose qui passait au dessus de la décence (beaucoup trop de choses dans son cas cependant), c’était bien les moindres attentions à la voix suave et à l’odeur de chaud. Les intimes discussions sans intérêts et les semblants d’affection, Aubrey en balayait le caractère factice : la délectation de ces chimères absurdes était elle, bien réelle. Et c’était tout ce qui importait dans cet échange, quitte à en supporter des aveux dont il n’avait que faire, juste à tendre parfois l’oreille, au cas où.
Tant qu’elle continuait en lui caresser les cheveux et à lui susurrer tout et rien à l’oreille, c’était tout ce qu’il lui importait.

Et dans tout ça, elle l’adore, elle l’adore dans son indifférence et sa cruauté, elle l’adore donc tout entier. 
Elle l’adore parce qu’il n’en dit rien, parce que tout ça l’importe peu,
ce n’était pas totalement la vérité. C’était surtout que d’autres choses importaient plus, 
comme la chute de ce qu’on déteste, 
ou simplement sa propre personne, ça donnait une autre perspective aux évènements. Une assez unique, mais louée par celle aux crocs, 
alors ça lui allait.

Sa demande cependant, ne sonnait pas dans le semblant. De moitié peut-être, qui laisse suite à sa demande un silence étranger.
Ah, alors il rit, comme il déteste le silence.
Il rigole, sans réponse. 

Il n’en donnera pas.