On se lève. On va travailler. On rentre se coucher.
Et on répète.
On se lève. On va travailler. On rentre se coucher.
Et on répète.
C’est une autre façon d’appeler le métro, boulot, dodo. Mais peu importe les mots que l’on utilise, le sens propre de cette expression reste la même. Les jours se suivent et se ressemblent. Tu déroges rarement à la règle tacite de ton emploi du temps fictif. Et lorsque tu y déroges, très souvent, ce n’est pas de ton fait. Parfois, c’est parce qu’un de tes rares proches décide à venir perturber ton quotidien.
Aujourd’hui, tout commence bien. Tu te lèves. Tu bois ton premier café avant de te doucher, accompagné de sa sempiternelle première cigarette. Un coup de propre, un vague coup de peigne, enfiler les instruments de torture qui pourtant soulagent ton mal, avant de filer au travail, clope au bec, afin d’y retrouver ton deuxième café… et tes outils. Tu as encore un peu de marge avant de partir pour ta livraison. Un peu… pas mal. Elle est prévue pour cet après-midi, normalement. Donc tu peux jouer du marteau pour achever quelques autres commandes avant le déjeuner.
Tu n'as pas mangé, bien évidemment, quand vient l’heure de décoller. Tu n’as ingéré que du café et du tabac depuis ce matin. Un jour, peut-être, tu apprendras à prendre soin de toi. En attendant, ton corps est un peu trop habitué à se faire maltraiter. Ton esprit, aussi.
Bref. En route.
L’arène.
Gros client, ici.
L’air impassible – et peut-être un peu acariâtre, tu attends qu’on vienne te libérer de tes colis, patiemment. Clope au bec. Surprenant. Tu as l’air épuisé. Cerné comme un bandit. Bordel. Tu veux juste rentrer. Tu ne te sens pas à l’aise, ici. Cela ne t’intéresse pas, de rester ici. Tu n’aimes ni la violence, ni les gens gaulés comme
des dieux grecques.
Et pourtant… ton regard te trahit, lorsqu’il vient effleurer les lignes qui sculptent la carrure d’un combattant. Lorsqu’il accroche une goutte de sueur qui roule le long de la peau tannée par le soleil d’un jeune homme. Tu déglutis, péniblement.
Tu veux partir. Maintenant. Tout de suite. Vite.
De toute façon, tu n’aurais jamais aucune chance avec qui que ce soit. .
Et puis, de toute façon, cela ne t’intéresse pas. Tu n’en as ni l’envie, ni le besoin.
Tu te mens.