Diantha n'aimait plus la musique et de son piédestal en verre avait fini de zieuter les mouvements de ceux qu'elle devait entretenir. Elle n'avait jamais su tenir un vrai travail et se fichait bien qu'on la réprimande parce qu'elle faisait mal ce pour quoi on la payait ; Diantha est capricieuse et il en serait comme ça. Elle prit alors le chemin vers les portes dérobées et se posta là, un long instant, assassinant du regard le responsable de sa torture auditive.
Diantha exigeait du disco encore et ne reprendrait sa tour de guet que quand elle aura eu ce qu'elle voulait.

Ses bras s'étaient croisés, froissant sa robe sous ses seins. Ses yeux, eux, regardaient avec un dégoût faussement dissimulé les hommes qui dansaient en dessous d'elle.
Ils n'avaient rien de bien différents avec les animaux : ils transpiraient comme eux, hurlaient comme eux et traînaient autour des femmes comme des mouches autour d'une charogne : Diantha, si sa cachette le lui permettait, leur aurait volontiers cracher dessus à plusieurs reprises. Elle soupira pour elle même alors que les chansons que vomissaient les enceintes devenaient de plus en plus indéchiffrables. C'est sur ça, qu'on danse maintenant ? Mais il n'y a aucun rythme, c'est dégoûtant ... Elle avait pris l'habitude de se parler seule : à travers son éternité de fuite, Diantha s'était découverte très bonne auditrice.

Les bruits de pas de Meryem avaient trahis son arrivée muette. Diantha agita son bras vers elle pour l'inciter à la rejoindre. Elle pourrait commérer accompagnée. Tiens, Mimi, viens voir ! On dirait pas un cloporte, celui-là ? Je lui donne encore trois gorgées avant qu'il nous repeigne les toilettes ...
Et elle, là bas, elle est si jolie. Avec la robe verte, là, tu la vois ? Elle ne mérite pas que ces prédateurs l'entoure comme ça, c'est ... répugnant. Elle regretta ne pas avoir son mezcal old fashioned à portée de main.

@Meryem Pusaran

Sans doute résidaient entre elles ce froid dont Diantha ne veut s’acclimater. Meryem est née monstre, a toujours été Empusa. Elle a nagé dans la fange, a connu la décrépitude et le noir des cavernes ; elle n’a jamais mis pied sur l’atoll aux anges des Pléiades.
Diantha est monstre par convention — n’a pas grandi dans ce but là. Parce qu’elle ne mérite pas ce sort. Tu ne comprendrais pas, on ne t’a jamais chassé. C’était jeté comme une pluie de grêlons. Diantha était émotive quand on parlait des femmes — elle se refusait de les voir en proie et condamnait sans pardon les auteurs de cette offense.

Diantha pleurerait la mort de la danseuse à la robe verte — Meryem ferait son deuil en écartelant ceux gravitant tout autour d’elle. Rien que la perspective de planter crocs et ongles dans cet chair la révulsait. Elle accorda un regard noir à l’Empouse (les néons camoufleraient ses condamnations muettes)

Mpf, tu n’essaies même pas de te cacher un petit peu. Fais attention, tu as de la salive qui te coule sur le menton. Une oeillade sévère et cette pointe d’amertume dans la voix suffisait à exprimer le dégoût de la Biche de Cérynie.

Je ne mange pas les femmes innocentes. Et je n’ai pas besoin de manger autant que toi : premièrement c’est dégoûtant et deuxièmement je suis née Pléiade. Elle déplia sa robe et battit la mesure avec son pied. C’est adorable de proposer, Mimi, mais je n’ai pas faim. Je passe mon tour. Tu n’as qu’à liquider les mouches qui collent la pauvre dame — les cafards ne manquent à personne.
Et je pourrais peut-être en croquer deux bouts. Ses sourcils froncèrent son visage doux : Diantha n’aimait pas consumer le faisandé.

@Meryem Pusaran

Ses yeux démontrent toutes ses aigreurs car Diantha n'a plus sa haine à cacher — elle projette ses amertumes sur l'Empouse mais se décide à jouer le jeu. Elle repasse machinalement sa robe en sequin de ses mains et croise ses bras. Le tissu fait miroiter les néons du club alors que les dernières étincelles de malice s'éteignent du regard de Diantha. Non. Elle est hors limite. Tu ne touches pas à la fille — elle n'a pas à subir les assauts des hommes et les tiens en plus. Tu n'as peut-être pas le sens de la sororité mais moi si.

Elle disparait dans la foule mais son essence demeure. Diantha de ses dons demeure, surplombe l'assemblée et se proclame reine de la nuit. Elle n'épargne personne de ses charmes et les regards qu'elle captive s'accumulent au point que tous la regardent.
Les femmes admirent et dévisagent la nymphe — les hommes sont asservis aux battements de ses cils et les cliquetis de ses bijoux. Elle s'impose conquérante toute entière de l'Archéron et semble dominer tous les plaisirs.
Pourtant, à Meryem, elle adresse un regard courroucé. De là où Diantha danse, elle ne peut que deviner la silhouette floutée et masquée de l'Empouse mais elle sait très bien qu'elles se regardent — que Diantha la condamne. Puis, sans quitter l'ombre de Meryem des yeux, elle attire à elle les deux proies qu'elles avaient établis et reprend le chemin inverse.
La foule médusée finit par sortir de sa transe et tous semblent avoir oublié Diantha et ses mouvements. Les femmes ne se regardent plus et cherchent les regards encore hagards de leurs hommes, eux laissés lessivés d'une telle imposition qu'avait ordonnée la nymphe.

Les deux hommes à sa suite, elle ouvre la porte dérobée et se plante ainsi devant Meryem. Ses bras sont croisés (encore) et ses yeux plein de colère mais pourtant Diantha achèvera ses deux proies. Satisfaite ? Et je n'ai même pas à me salir les mains, tu vas voir. Elle jette un dernier regard aux deux hommes avant de susurrer de sa voix magique Finissez vous.
S'écarte un peu pour ne pas admirer de trop près le massacre. Si le spectacle t'a plu, c'est que tu es aussi répugnante qu'eux, Mimi.

@Meryem Pusaran