emon n'est pas un homme difficile à observer
il n'a de caché que les rages qu'il étouffe pour ne pas se faire clown de l'ecclesia, victime toute trouvée ; emon est un sujet parfait parce que c'est un homme de peu de mots, et d'actions rapides, et de confiance -oui, il donne peu de lui, pense-t-on en le voyant, et moi je n'ai vu de sa silhouette que de la méfiance face à ma présence dans ce quartier dont il est roi mais qu'importe qu'importe ça m'a suffit de voir le marbre en vrai ce visage qui bouge si peu et encore la jeunesse étouffée celle qui aimerait croire mais qui ne sait plus si elle en a le droit oh il n'a pas de rides encore mais on dirait qu'il a
vécu des tragédies à travers les autres
ou plutôt, à travers les égaré-es
ces moutons sacrificiels dont il est le berger
et, pourtant
ce n'est pas lui qui m'intéresse
moi je veux voir le loup dans la bergerie
moi je veux voir la menace celle qui ne dit rien mais fait peser sur l'univers tout entier un air lourd jusqu'à en faire suffoquer les plus faibles moi je veux voir ! celle qui sourit mais dont on ne voit que les canines oui moi je veux voir ! et même plus encore, je veux lui parler peut-être compter ses dents moi je veux la voir ouvrir sa bouche en grand peut-être comme elle ne sourit qu'à lui -je me rappelle du camp quand iels n'étaient encore qu'enfants ah c'est des choses comme ça dont il est difficile de se défaire et c'est un peu triste, sûrement, que de fabriquer une trahison qui n'existe pas, mais s'iels s'aiment vraiment je suis certain-e qu'iels retrouveront le chemin de cette famille à laquelle iels clament appartenir
et sinon
ah ! sinon
c'est un service rendu.
alors oui ! simca, sugawara, le noir en habit, si bien qu'on la croirait elle aussi entourée de brume et peut-être alors est-ce la mort, je ne sais pas, je ne veux pas savoir, enfin si mais pas ce soir, ça sera pour plus tard parce que maintenant là de suite j'ai d'autres plans c'est ah, c'est qu'elle est un cadeau à sa convenance je pense, c'est un apaisement un cessez-le-feu une embrassade par proxy c'est un bouquet de fleurs sans mot imprimé sur le papier mais luther saura et alors il me pardonnera oui ENFIN je n'ai pas besoin de pardon non non ce n'est pas pour briller non plus je n'en ai pas BESOIN j'ai rien besoin de prouver c'est terminé il m'a dit : dans le jardin il déposera mon corps et j'espère qu'il embrassera mon front mais ah, non c'est juste
pour lui faire plaisir.
après tout iels ne sont que deux (supposément) et simca sugawara n'est pas une proie facile (supposément), mais je crois bien que si elle a une faille c'est son cœur et c'est une chose étrange à dire parce que je la croyais comme moi (supposément) ; renégates par défaut mises sur le côté par la suite des choses par le destin des parques par le motif de point de croix qu'elles suivaient sur le moment même, trimballées d'un endroit à l'autre jusqu'à ce que nous disions : assez ! et moi j'ai choisi de trop ressentir et elle a arrêté
je ne la blâme pas
mais ça m'arrange : j'ai trop envisagé l'option pour ne pas la comprendre
alors je souffle je me concentre je n'ai pas le droit à l'erreur
la brume s'enroule autour de moi comme un essaim affamé de ma chaire
elle montre des yeux jugeurs et la binarité de couleurs du personnage
la difficulté ne réside pas dans les mouvements gracieux amples princiers
elle ne se trouve pas non plus dans les rires sardoniques qui n'existent pas vraiment aux côtés de simca
non, tout ça, ce n'était pas bien compliqué : il suffisait de le suivre derrière le brouillard qui cache tout, et noter les fréquences de rencontre d'un endroit à l'autre, et observer les visages depuis les rues banales qui n'allument aucune alarme
je m'applique pour ce cadeau, oui
je l'emballe de toute mon dévouement
j'y appose le signe du temps, une des seules choses qu'on ne retrouvera jamais
je lui dirais, à luther : j'ai cherché pour toi le plus rare des mets.
et il sera fier de moi.
non, non, le piège, ce serait de prendre la confiance.
et, grimé de la plus belle illusion, je viens à toi, Simca ...
le visage est fermé, inquiet peut-être, la mâchoire se serre peut-être sous le stress
je n'oublie pas : homme d'action
J'ai besoin de toi.
et toi, dévouée
tu ne saurais dire non.

un sourire en coin vient se ficher au bout des lèvres, à peine visible sûrement pour beaucoup, immanquable pour toi (n'est-ce pas ?)
c'est la correction qui ferait rire emon (je pense), qui lui ferait penser : ah, enfin, c'est bien (je pense), qui lui donnerait l'impression de ne plus être dieu pour simca comme il l'avait été pour sa famille (je pense)
tu t'avances et c'est là ma faille : tu ne peux pas me toucher
et je ne pense pas que tu oses une telle familiarité avec ton cher associé mais
il y a dans ma façade quelque chose qui appelle au contact, j'imagine ; à être rassuré, peut-être, mais alors ? je ne te vois pas être aimante comme les gens normaux imagine l'amour, et c'est là mon angle mort.
l'inquiétude peut me sauver ou me condamner.
J'aurais préféré. Mais je ne peux t'accompagner. On me retient sur l'île. C'est ce qui m'agace. et je ne dirais rien de plus, c'est là la merveille du manque d'informations : on le comble de tout ce qu'on veut, et alors ça te fera une piste toute trouvée, trop évidente sûrement, mais quoi d'autre sinon ? tu pensera à qui en premier, simca ? à david ? à seraph ? à tous les autres qui crachent sur emon ?
ah, c'est injuste, sûrement, que d'ajouter encore des difficultés sur les dos de ces égaré-es
mais ce n'est pas ma faute si tu es une rareté.
J'ai besoin que tu ailles à un endroit, pour récupérer un colis. Cette adresse. un bout de papier, les lettres imprimées en noir sur le blanc du papier. je ne connaissais pas son écriture. S'ils te demandent ce que c'est à la porte, dis que ce sont des herbes pour ma boutique. et je te regarde dans les yeux
et par là je sous-entends : ne demande rien parce qu'on ne sait pas qui s'y trouvera, et si je te dis tout les nemesis verront les iris liront les hestia devineront les athéna t'obligeront les aphrodite sauront les mensonges que je te ferais dire
alors : tu n'aura qu'à donner la vérité de l'ignorance
On pourra utiliser ces herbes pour un thé quand tu reviendra.
j'ai presque envie que ça devienne vrai, qu'on se retrouve dans une autre vie (moi, pas lui ; lui je ne sais pas dans quel état il te retrouvera) et qu'on boive du thé à défaut de ton sang qui ne coulera pas de mes mains
je ne le sais pas encore mais je plante un pieu dans mon coeur
alors peut-être trinquerons-nous au rouge de mon cru
sous des hospices inédites
mais d'abord ! d'abord, va à la mort.

Non. le ton impérial comme emon le fait (comme je crois qu'il le fait), le reste de sourire qui sous-entend : d'autres oui mais pas toi, et
moi derrière la marionnette qui sait que de toutes manières cela ne sert à rien, je n'ai pas à te prévenir ou à t'avertir, tu es tout le temps sur tes gardes n'est-ce pas ? et un instant j'ai peur -peur pour le monstre, l'autre, celui qui tue pour de vrai, et les voix elles rigolent en entendant ça, ah elles vont dans les aigus elles chantent comme on chante avant un sacrifice
Très bien. Le plus tôt, le mieux. Je t'attendrai à ma boutique. la réponse est immédiate parce qu'emon n'est pas un homme qui hésite (je crois) parce que j'ai hâte de partir parce qu'il y a dans cet échange quelque chose qui me dérange, ah ! j'ai eu des relations bizarres mais toi simca tu donnes un confort qu'on n'ose pas accepter tant il paraît étrange -est-ce là ce qui accompagne les enfants de la mort ? j'aimerais savoir, vraiment, mais ce n'est pas le moment alors je me contente de laisser tout passer, de toutes manières
on se reverra
et peut-être, alors, qu'on pourra
en parler (disséquer tout ce qui m'intriguera)
je regarde j'observe et je vois mais je ne comprends pas jusqu'à ce que le froid ne vienne, ce n'est pas un froid d'hiver c'est un froid d'ailleurs et moi je n'ai pas touché la mort mais dès que je le sens ça me paraît évident ah je n'aime pas ça je ne veux plus jamais le sentir parce que, tu sais, pour moi c'est évident : c'est luther qui me dévorera et alors ça sera doux, pas comme ça, et cette mort-là je la refuse elle me fait peur c'est ma pire hantise que de partir sans amour
sans rien laisser
sans avoir aidé.
les voix hissent en retour elles ont le dos rond les poils hérissés elles n'aiment pas qu'on s'invite chez elles (en moi) je ne sais pas si elles réussissent à faire partir les envahisseurs mais elles me tiennent fort et d'emon, elles ne montrent que l'habituel
ah ! regarde nous : nous pourrions tant être ami-es
Oui, une chose, et je garde là le suspens de ceux qui s'amusent un peu ; je remercie mes oreilles mon sens du détail et les illusions qui donnent à voir ce que l'on désire Tutoies-moi. emon sourit, doucement. Pour le reste, j'ai confiance en toi. et je place sur tes épaules le poids du travail à faire, de la confiance
moi je trouve que c'est ça toujours le plus lourd : ce n'est pas les actes, c'est les autres
alors je m'en suis éloigné-e, je crois que c'est ce qui m'a fait dégringoler.