Au sein du silence solennel des lieux sophoriques, tu fermais les yeux. Ta visite n’était pas de celle spontanée qu’on accueillait non sans froncer les cils, tu avais prévenu Camélia de ton arrivée quelques jours auparavant, un message bien informel.


Tu étais ainsi Divine, formelle à défaut d’être familière et cela ne souffrait de trop peu d’exception.

Alors tu l’attendais, debout dans le coin de la pièce attribuée à tes blessés, à ceux dont l’imprudence ou ton manque de clairvoyance avait blessé. Adossé aux murs, tu penchais la tête vers le sol, contemplait les fines lattes du sol sous ton oeil aguerri.

Peut-être étais-tu en avance ? Peut être qu’il était ainsi étrange d’attendre ainsi mais tu n’y pensais guère.

Camélia était une force précieuse, la seule depuis quelques années et la pénurie rendait le doute pressant. Si un jour, Camélia fondait une famille, si jamais elle désirait partir, lassée du sang et des tripes, lassée de la guerre dans laquelle tu allais les précipiter, il fallait préparer le terrain.


La confiance berçait vos rapports et tu ne pouvais pas lui dénier ce fait mais, la prudence était mère de sûreté.Alors elle entrait, inondant la pièce de cette suave senteur de cette arnica épaisse dont on recouvrait les plaies et les douleurs.


Tu tendais ta main, saisissait la sienne avec la délicatesse convenable avant de le relâcher.

-Merci Camélia de m’accueillir ainsi, j'espère ne pas trop perturber votre emploi du temps par ma requête.

Tu pointais les chaises, enchaînais sans un tremblement de tes lèvres.

-Seriez-vous disposée à vous asseoir pour la suite de la conversation?

Pour écraser l’écart de vos tailles.