Diantha est nauséeuse. La moisissure des murs la rend malade, la tapisserie environnante lui donne envie de se gratter et le toit au dessus de son crâne, tout simplement, lui donne envie de se tuer. Son malêtre est palpable dans la pièce et même l'odeur de Dionne qui languit encore par moment dans les couloirs ne suffisent plus à celle qui avait vécu dans les prairies à l'apaiser.
Diantha souffre du huis-clos, elle n'a jamais demandé à être de ces êtres tragiques dont on pleure les histoires ; elle s'époumone à le dire : elle ne veut que danser.

Elle entend des pas arriver mais ne reconnaît presque pas la démarche, alors elle déglutit sa salive pour dissimuler ses angoisses. Quand la porte s'ouvre c'est Dionne qui s'annonce et Diantha pourrait presque en pleurer. Elle l'écoute sans dire un mot et regarde sa chambre, le regard vide.
Ses babioles pourrait la supplier de ne pas les quitter mais elle ne ressent rien pour elles. Son regard vitreux se pose sur son placard, peut-être ses robes lui manqueront elles. Elle n'en est pas sûre.

Il n'y a pas de musique autour d'elles. Mais Dionne chante, toujours. Elle ne s'en rend sans doute pas compte, mais ses gestes sont mélodieux et Diantha pourrait tous les chorégraphier. « Tu es l'unique chose qui me retenait là. J'en suis »

Mais d'abord elle se rue vers son matelas et en sort un pieu d'or, maladroitement gravé. Elle l'attrape et le tend à Dionne, comme un objet sacré. « C'est ... euh, et bien, c'est un morceau de bois à moi que j'ai taillé. Je veux te le donner. » Elle se sent presque bête de lui tendre une arme si peu fine. « Il est encore améliorable mais ... tu m'as prise de court, je voulais en faire un bel objet, avant de te le donner pour de vrai. »
Elle se dirige vers la porte sans trop de cérémonie et ses oreilles se tendent pour en entendre des bruits extérieurs.

« Tu as un plan ? »

@Dionne Zarachiou

Elle avait le cœur qui battait à tout rompre, le même sentiment que lorsqu'on commet un crime. Pourtant, Diantha n'eut jamais été criminelle : elle fut jugée partialement car son crime n'en était pas un. Elle le pensait, elle le savait. Ses joues se seraient échaudées, son coeur enflammé si sa monstruosité n'avait été tant ancrée en elle. « Oui, je t'en ferai un véritable petit kandjar, tu verras ! »
Et puis elle espère que Dionne ne ressente pas son inquiétude et ses peurs pendant leur étreinte. Elle aimerait garder pour elle toutes ses pensées nocives et ne pas paraître trop lourde pour celle qu'elle appelait désormais sa soeur. Diantha connaissait la fuite — était-ce différent quand on tenait la main de quelqu'un d'autre ?

« OH- Oui, oui je vois. » Elle n'est pas enchantée de la perspective ; peut-être s'imaginait elle aller plus loin. Retrouver l'amour et ses forêts — finalement le casino ne serait pas si mauvais.

« Ne penses tu pas que les monstres viendront pour ... » Pour Dionne ? Pour Diantha ? Non, ils ne viendront pas pour Diantha, ils ne la connaissent pas — si ça se trouve, ils ne l'aiment même pas. Ils viendront peut-être pour la Biche de Cérynie, et encore. « Et puis merde, ils n'avaient qu'à mieux nous retenir. Qu'ils aillent au Tartare et qu'ils y restent. Il ne me manqueront pas ! » Prise d'une colère passagère et capricieuse, fruit de sa vexation en réalité. Elle se téléporte de son lit à son placard — c'en est dur de la suivre des yeux, où elle jette ses quelques habits et trois pochettes de vinyles dans un sac polochon en toile de bonne facture.
Elle se téléporte encore et encore pour parcourir les quelques mètres ridicules qui séparent les deux espaces avant de prendre le sac d'une main et de se téléporter encore devant la porte. « Nous y sommes, alors ? En route pour un nouvel Eden ? » Elle pense, peut-être un nouvel Enfer. Elle ne brûlera plus seule, au moins.


@Dionne Zarachiou

C'est étrange, mais pour la première fois depuis toujours, Diantha n'a plus peur de mourir. Elle sait qu'elles se jettent dans le gouffre béant du vrai danger, elles seront désormais réellement seules.
Diantha connaît seule, ça ne l'effraie pas. Elle ignore seule à deux ; elle déplore seules à deux contre le reste du monde. « Et tu sais tout ça en seulement moins de cent ans de vie ? » Elle ne peut s'en empêcher et ricane audiblement, presque violemment. « Certains souillent le sol depuis plus longtemps que moi et n'ont pas un millième de ta pensée.
Pauvres d'eux. »

Pour Dionne, Diantha pourrait être manuelle. Elle pourrait construire et bâtir. Bien sûr, tout tremblerait et serait maladroit mais ça serait un travail honnête. Sa candeur est vraie et ses élans victorieux aussi — elle sait qu'elle n'aura plus autant l'espace d'être effrayée, Diantha pourtant si craintive devra danser soldate. « J'ai vécu une vie de peur. » Dans son esprit résonne les tambours de guerre, elle marchera à leur rythme si c'est le prix de la vie avec Dionne.
Diantha pour la deuxième fois de son éternité trouve un sens à son existence : elle n'est plus à la reconquête de ses soeurs disparues. Elle vient de les enterrer. Pour la première fois, elle veut pouvoir sauver cette nouvelle sororité. « Je ne veux plus trembler, je danserai pour toi. Je veux danser pour nous. »
Elle joint sa main à la sienne et reporte son attention, craintive, sur le monde derrière la chambre. « On devrait se dépêcher, il n'y aura pas de seconde chance.
Je veux partir, Dionne. J'en ai besoin. »


@Dionne Zarachiou