Perché du haut de ton arbre, tu observes l'olympus district. Comme à ton habitude lorsque tu t'ennuies. Exception faite, cette fois, ce ne sont pas seulement les olympiens et privilégiés que tu y vois. Non. Un enfant de Persephone embrasse allègrement d'une fille d'Hypnos. Tu les avais déjà croisé à l'Atè. Et ils ne sont pas les seuls. Enfants d'hécate échangeant allègrement des potions avec des enfants de poséidon. Des enfants d'Arès qui s'entraînent en jouant contre des enfants de Némésis. Il n'y a pas de peur. Pas de dégoût. Pas d'envie.

Et peut-être, Stian, est-ce ce qui t'as poussé à rester en retrait plutôt que de te mêler à la joie hybride qui semble avoir envahi le quartier. La paix, est ce dont tu rêves le plus. Presque capable d'englouttir ta jalousie maladive.
ou pas. tu es vert de jalousie, de ces gens qui semblent profiter de la vie
Alors que toi tu es là. Semblant être le seul conscient de la réalité qui hante tes pensées.
Tu profites cependant de la douce ambroisie, profitant de ton rêve pour y ajouter la boutique d'apoticaire d'Emon d'un geste de la main.
Car c'est un rêve, alors autant profité au maximum de cette réalité altérée.

Tu frissonnes, les voix habituellement brouillées de la brume te parvenant soudainement clairement. Tu te relève sur ta branche, cherchant autour de toi du regard la moindre chose qui paraîtrait hors de contexte dans ce rêve.
Difficile, ce n'est pas ton milieu de prédilection. Tu n'es pas fils d'Hypnos et n'y est pas habile. Alors tu énonce à voix haute.

"Qui va là ?!"

Un enfant du dieu des rêves, tu parierais. Ils sont les seuls à pouvoir s'immiscer dans les plus personnelles des pensées qui hantent les rêveurs. Par réflexe, tu laisse la brume t'englouttir pour te retrouver face à l'élément perturbateur aussi discrètement que possible. Tendant la main vers l'entité qui à décidé de venir hanter tes pensées.

"On ne t'as jamais dit que c'était mal poli d'épier ?"

Car tu te sens à nu. Tu sais que ta chambre doit s'être emplie de brume, en réponse à ton mouvement dans tes rêves. Mais ainsi exposé, tu ne peux t'en empêcher.
Qui es-tu ?

Tu répète par la force de tes pensées. A deux doigts de te forcer à te réveiller.

Sa voix, malgré toi, te mets à l'aise.
Elle est douce, dénuée de l'aggressivité qui peuple actuellement ton quotidien.
Alors tu te détends, laissant retomber la brume, les deux mains en l'air en signe de non-aggressivité (tu le fais souvent, ça aussi, ces derniers temps).
Il te dévoile son apparence et tu en fait de même. Reculant d'un pas, remettant une distance respectueuse entre lui et toi.
Tu hausse un sourcil, curieux.

"Gabriel ? L'ambassadeur d'Hypnos. Voilà qui explique des choses."

Tu observes ton rêve du coin de l'oeil. Ton intimité ainsi dévoilée. Tu marmonnes.

"Forcément, il fallait que tu tombes sur ce rêve."

Puis tu hausses les épaules. Ce n'est pas comme si tu cachais tes ambitions. Pas comme si tu cachais ton idéalisme. Mais le voir ainsi dans ton jardin secret te hérisse les poils.
Tu lui jettes un regard de travers, finissant par souffler.

"Qu'est-ce que tu fais là ? T'as une raison ou bien... ?"

Ou bien il est juste curieux ? Ou bien il en a après tes rêves ? Après ton sommeil ? Après tes ambitions ?
Un demi-dieu passe en courant à vos côtés, agité, preuve du tumulte qui habite ton esprit. Puis du coin de l'oeil, tu aperçois quelque chose qui te fais pâlir.
ça non.
ça, il faut absolument que personne ne le voit.

Non. Non il ne devrait rien y remarquer de perturbant. Du moins tu espères.
Tu n'as pas encore conscience de ton obsession naissante Stian, de ta jalousie grandissante et dévorante. Alors non, finalement, en y réfléchissant, il n'y a rien d'embêtant.
Sauf ça.
Et heureusement, il reste dos face à ta seule problématique consciente.
Penchant la tête curieusement ?

"Pourtant tu es assez remarquable ? Je veux dire, la brume t'as senti immédiatement. Ou tout du moins, les voix se sont intensifiées. Habituellement, elles ne sont qu'un bruit de fond."

Tu parles librement, ta langue se déliant. N'ayant pour une fois pas la peur d'être prit pour un fou. Il sait te mettre à l'aise d'une manière hautement perturbante, qui l'est encore plus quand il envahi ton espace vital.
Tu as un mouvement de recul, tes yeux cherchant dans les siens un quelconque signe d'aggression. Que tu ne trouve pas, te rassurant à nouveau. Flatteur aussi, tes oreilles en rougiraient presque si tu n'étais pas maître de toi même alors que tu souffles, laissant vos nez se frôler.

"Stian. Stian Holgata."

Sourire malicieux si habituel qui se rive sur tes lèvres alors que tu oses pousser en retour.

"Tu n'est pas le bienvenue ici, aussi douces tes paroles soient-elles."

Aussi douces que le miel. Oui. Tu quittes à nouveau son regard, fronçant les sourcils en voyant plusieurs cibles à problème qui pourrait te porter préjudices à l'avenir. Puis tu te reconcentre sur lui, haussant un sourcil.

"Nous sommes dans mon intimité, que j'ai mit du temps à choyer pour obtenir un tel calme aux milieux des cauchemars."

Tu les entends roder d'ailleurs, un orage se mettant à gronder au loin dans tes pensées. Un léger rire. Le chant de l'oiseau libre.

"Mais bon, si tu tiens tant à rester, j'imagine que je peux te faire visiter. Dépèchons-nous avant que mes cauchemars habituels ne pointent le bout de leur nez."

Recule d'un pas, remettant une distance appréciable entre vous. T'es tactile et en manque de contacte, mais tu ne le connais pas assez pour te laisser trop aller. Qui sait, il est peut-être un chien à la solde des olympiens. Ou qui sait, il est peut-être un esprit à conquérir de tes idées délurées d'une paix qui ne saurait durer.

Tu déglutis visiblement. La proposition est alléchante, de pouvoir éviter tes cauchemars l'espace d'une nuit. Tu fermes les yeux, te laissant bercer par sa voix douçeatre avant de les rouvrir et de souffler, le regard plus terne.

"Les cauchemars servent leur propre but tu sais... Ils me permettent de ne jamais oublier et de m'engager toujours plus fort pour ce en quoi je crois."

Une épreuve de volonté en quelque sorte. Mettant à l'épreuve ta sanité. Puis ton regard reprends son air malicieux habituel alors que tu suis celui du fils d'Hypnos, souriant doucement, comme rarement.

"Tu m'as convaincu Gabriel. Tu peux rester. Mais pas touche à mes cauchemars. Ils sont miens seulement et quitte à les affronter, autant être deux." Sourcil haussé. "Sauf si cela te fais frissonner ?"

Puis un léger rire, cristallin. Les oiseaux s'envolent dans l'arbre le plus proche de vous comme en réaction, alors que tu les observent ainsi libre.

"Tes paroles sont aussi douces que le miel, Gabriel." Le nom roule désormais aisément sur ta langue. Comme si tu parlais à un vieil ami que tu aurais connu depuis toujours. "Tellement douces qu'elles en seraient presque suffocantes."

Tu l'observes être soudainement timide. L'expression ne lui sied pas, lui qui est ainsi roi des songes, alors tu ris légèrement, haussant un sourcil amusé, malicieux.

"On ne t'as jamais dit qu'il valait mieux demander pardon que permission ? Reste donc, cela occupera mes rêves par autre chose que mes lubies utopiques."

Tu serais presque jaloux de son pouvoir. Mais face à lui, te voilà appaisé comme rarement, ton masque glissant doucement.
Qui sait, c'est peut-être là l'occasion de te découvrir, toi même, en plus de Gabriel.
Et comme si la tension était levée, les rires résonnent à nouveau dans le quartier, alors que l'orage se profile au loin et se rapproche, tel un signe du destin.

"Si tu n'as jamais rencontré le Sphinx, là en est l'occasion."

Plus sérieux, le regard plus sombre. Peut-être, aussi, est-ce l'heure d'enfin affronter des démons. Vous ne craignez rien après tout, ce n'est qu'un rêve. Qu'une fabulation.

Tu rougies, comme un enfant prit en flagrant déli alors que tu évites son regard inquisiteur, le temps de te reprendre l'espace d'un instant avant de souffler.

"Loin de moi l'envie de dénier ton expertise. C'est juste... Mon propre ressenti j'imagine."

Un ressenti qui te mènera à ta perte. Car Stian, doucement mais sûrement, tu sombres dans la folie, à force de ressasser des événements auquels il ne fait pas bon penser.
Tu fermes un oeil à la brise, alors qu'elle frôle la marque laissée par le couteau d'Ellair, avec une délicatesse dont tu n'as pas l'habitude.
Tu te laisses aller dans ce rêve éveillé.
Peut-être la douceur de Gabriel est ce dont tu avais besoin, entre tes altercations constantes de ces derniers jours. Entre la violence de tes pensées quotidiennes. Entre les scènes trop réalistes de l'Atè et son traitement des défavorisés. Tu te laisserais presque aller dans cette brise si rassurante, si réconfortante. Oui Gabriel semble avoir ce don de te rassurer. Tellement que tu te sentirais presque prêt à te confier à ce dernier. Chose rare, voir exceptionnelle, lorsqu'on te connaît. Ton oeil se rouvre alors que tu fixes ses yeux l'espace d'un instant. T'autorisant à te perdre dedans.
Soudainement, tu es rassuré d'affronter ton cauchemar à ses côtés alors que la scène change.
Disparue est l'utopie à laquelle tu tiens tant. A laquelle tu te raccroches comme un enfant. Vous voici désormais à l'entrée de l'isthme, là où cette nuit fatidique, tu as perdu tes parents.
Il se met à pleuvoir et tu laisses échapper un rire sans joie, une main venant accueillir la pluie alors que tu souris.

"Les rêves ont vraiment quelque chose d'extraordinaire."

Un haussement d'épaule, presque résolu.

"Il ne pleuvait pas cette nuit là."

Non, la pluie est peut-être la simple représentation de ta psychée perturbée.
Et avant même l'apparition du Sphinx, tu ne remarques pas tes mains trembler.
Peut-être, Stian, as-tu besoin d'être sauvé en réalité.

Le parapluie est comme une présence divine, preuve du contrôle absolu de Gabriel, de son emprise sur ton propre rêve.
Et tu te dis alors que tes doigts s'enroulent autour de son bras, que c'est rassurant. Qu'il serait probablement de mettre un halte à tout ça si tu le lui demandais.
Alors tu attends, la scène se déroulant comme lentement. Murmurant en même temps que le sphynx, comme si ces paroles t'avais tant marquée que tu pouvais les réciter.

"- Je peux me faufiler ou être juste devant vous sans même que vous le sachiez. Mais quand je me dévoile, vous ne serez plus jamais le même. Que suis je? "

Puis, alors que le premier meurtre à lieu, alors que les cris vous étourdissent, le regard anesthésié, tu souffles.

"La trahison. Qui l'aurait cru. Le sphinx à de l'humour."

Et sans même avoir le temps de respirer, la deuxième question tombe alors que tu t'observes à la troisième personne, et souffle à nouveau la réponse, que tu as apprise par coeur depuis, hanté jusqu'à dans tes rêves par les visions cauchemardesques du monstres aux devinettes. Je peux vous faire pleurer et ressusciter les morts. Je me forme en un instant et peux durer toute une vie. Que suis je?

"Un souvenir."

Tout ce qu'il te reste de tes parents après leur attaque. Oui, quel humour merdique ce sphynx. Pourtant, tu te retiens de resserrer tes doigts autour de son bras, ne souhaitant pas le lui broyer de ta poigne, malgré l'intangibilité de vos corps.

Tes cris retentissent, et tes hurlements au nom de ton père aussi. Dans le vide, biensûr, puisque ce dernier ne t'as pas répondu. D'ailleurs, tu partages le fond de ta pensée avec Gabriel, délaissant son bras pour t'agenouiller et salir tes doigts de la tâche de sang qui s'étend jusqu'à vos pieds.

"Il ne m'a jamais répondu. De toutes ces années où j'ai assidûment visité son temple, de mes cris de détresses, ou même ma visite après cet... incident."

T'es détaché, ta main tremblante trempée de sang. Dissociant.
Tu hausses les épaules, observant la scène qui s'offre à tes yeux.

"J'arrive plus à lui trouver des excuses tu sais."

Et pourtant dieux savent que tu as tenté. Tu te redresses la main poisseuse, observant le monstre ainsi dressé. T'aimerais, oui, t'aimerais, qu'elle t'ai tué.

Son étreinte te rassure d'une manière que tu n'aurais pas cru capable venant d'un inconnu jusqu'à il y a peu. Si bien que tu t'y laisses aller, fermant tes yeux et t'offrant à la nuit, tes mains poisseuses laissées pendantes dans le vide, alors que le ciel s'assombrit toujours plus, désormais aussi noir qu'une nuit sans étoile, aveugle aux lueurs habituellement jettées par la ville qui ne dort jamais.
Tu déposes le dos de ta tête dans le creux de son épaule avant de souffler un simple.

"Je sais."

Oui, tu sais que tu mérites un meilleur père. Un père plus présent. Puis tu te souviens de la réputation des enfants d'Hypnos, et malgré la situation, parvient à trouver de la compassion là où elle devrait être absente.

"Toi aussi tu sais. Tu fais partis des plus mal lôtis de ce que j'ai entendu."

Tu penches ta tête, ignorant la scène ignoble face à vous qui semble pausée. Tu es déconcentré. Empêchant le rêve d'échouer.

"Tu as vu les plus sombres de mes pensées... Alors... N'hésites pas si tu souhaites partager les tiennes."

Un rire sans joie, alors que tu cherches son regard.

"Malgré les rumeurs, je sais garder un secret."

Puis tu laisses le voile tomber sur tes iris, tes yeux se fermant malgré eux, comme pour ignorer le dénouement du cauchemar alors que seule la pluie et le sang demeure. Il ne reste plus rien du monstres. Plus rien de toi que le froid et la solitude.
Tu voudrais te reprendre, mais ton front se dépose contre son cou alors que tu ajoutes, ta voix plus basse et moins enjouée qu'a ton habitude. Plus honnête aussi.

"Il y a un certain confort à être vulnérable une fois dans sa vie, tu sais."

Un léger sourire, alors que sa voix te berce dans une quiétude qui ne conviendrait probablement pas à la situation que vous venez de vivre. Si vous étiez sains d'esprit, ce dont tu doutes fortement.

"Merci."

C'est simple mais chargé de sous-entendus. Merci d'être venu. Merci d'être resté. Merci d'être là. Merci d'être toi.
Tu rouvres les yeux, te trouvant soudainement enchanté par la vue qui s'offre à toi. Tu n'as jamais eu de rêves comme ça. Tes mains se réchauffent doucement sous les rayons du soleil naissant alors que ton regard azuré s'aggripe au sien, buvant ses paroles comme les contes que ta mère prenait plaisir à te raconter. C'est différent, douceureux, douloureux aussi, mais la lumière dorée qu'il a créé rend la conversation plus légère, comme réduisant le poids de ses propos malgré leur impact qui ne manque pas de te toucher. Ta main vient se glisser dans ses cheveux alors que tu te retournes pour l'enlacer, tentant, comme tu peux, de l'appaiser, de l'aider. De l'aider à supporter le poids de ses pensées.

"Laisse tout aller."

Laisse-toi aller, dans tes bras, en sécurité. Dans la suffisance de cet instant rêvé. Laisse tout aller, même le poids des péchés.
Il n'y a rien de mal, après tout, dans un instant de vulnérabilité.

"Tu peux parler."

Ou bien tout oublier. Le sous-entendu est épais, au son de l'eau qui coulait, coule et coulera. Au son d'un rêve que, peut-être, on oubliera. Ou bien dont on se souviendra, qu'on chérira.

"Montre moi qui tu es toi. Pas celui que tu veux qu'ils voient."

Tu n'es pas ambassadeur, loin de là. Et tu sais, au fond, malgré tes tentatives, que ta place n'est pas parmi eux. Tu es un messager, celui des dieux. Celui des humains. Vecteur de nouvelles, bonnes comme mauvaises.
Et maintenant, tu te veux messager de quiétude pour lui. D'un instant volé à la vie qui semble vous en vouloir, comme si vous n'aviez déjà pas assez donné. De part votre ascendance imposée.

Tu t'éloignes un instant, tes doigts glissant sur sa nuque alors que tu cherches son regard, calme comme rarement.

"Tu vaux bien plus qu'être utilisé, Gabriel."

Tu n'es pas qu'une simple poupée, baladée par le vent et les marées. Tout es sous-entendu, mais tu espères que ton regard parle assez pour toi. Il est si expressif, malgré cet air malin imposé à ton visage par ton parent divin. Tu te redresses, soudainement l'air malicieux alors que tu attrapes sa main, l'entraînant dans l'eau, te fichant bien de tes baskets mouillées alors qu'entre les cailloux tu te laisses aller, le rire aux lèvres, à nouveau l'oiseau sauvage chantant sans lendemain. Celui qui n'a pas peur de sortir malgré les dangers qui lui son constamment imposés. Courage effronté.
Un coup de pied pour envoyer l'eau valser sur son apparence divine, sublime, dont tes yeux se plaisent à se régaler.
Elle est fraiche, mais la sensation qu'elle laisse est différente de la pluie d'avant.
Un renouveau dont vous avez peut-être tant besoin, tu penses, le rire aux lèvres, à l'âme et au corps.

"Saches, en tout cas, que tu es une bonne personne, malgré tout ce que tu sembles penser."

Rire éhonté. Embarrassé. L'heure n'est plus au deuil. Tu y penseras plus tard. L'heure est à Gabriel, car tu souhaite lui consacrer, ce petit coin de tes pensées, pour qu'il puisse s'y loger, s'y laisser aller, qu'il s'y sente en sécurité.

Et peut-être, qu'un jour, il y revienne. Pour de meilleurs moments. Pour des jours meilleurs. Pour s'échapper, ici ou ailleurs.

Tu comprends. Son hésitation. Sa peur que tu ressens malgré toi. Toi aussi, tu as peur de te confier. Toi aussi, tu as peur de t'oublier, de te laisser aller. Et pourtant, ça parait si simple quand il est à tes côtés. Alors tu lui laisses le temps.
Le temps de s'exprimer.
Le temps de rassembler.
Tu te promets aussi, de lui faire oublier sa résistence, de lui prouver que toi, toi tu ne le trahira pas. Que ses secrets sont saufs avec toi.

Et dans vos chamailleries infantiles, tu sens ton coeur battre d'un renouveau que tu n'espérais pas. Que tu n'aurais jamais cru possible.

"Ah ah ! Que tu crois !"

Tu ris, à gorge déployée, mouillé mais heureux comme un enfant à qui on offre du temps. Tu ris tellement que t'en as les larmes aux yeux, tellement que t'en a mal aux joues, alors que tu continues de l'arroser du mieux que tu peux.
Tu ris, même quand tu glisses sur un caillou plus fébrile que les autres (comme ton coeur, en fait), et que tu te retrouves les quatre fers en l'air.
T'as la tête qui tourne, de joie, de bonheur, de tristesse aussi.
Le soleil t'aveugle et tu te laisses aller, laisse tout couler.
Tu ne réalises que tu pleures qu'une fois ainsi allongé.
Alors tu tends la main pour qu'il la prenne, avant de le renverser d'un coup bien rusé.

Tu l'accueille entre tes bras, profitant de la chaleur de vos corps sans parler avant d'inverser les rôles, t'installant sur son bassin pour mieux observer le soleil se refléter dans ses yeux bleutés. Saveur salé.

Tu pleures toujours et pourtant tu souris, parce que à l'instant présent, soudainement, tu te souviens que tu aimes la vie. Que ces moments sont ceux que tu chéris.
Alors à nouveau, tes lèvres s'entrouvrent dans un "Merci."

Le chevauchant ainsi, on pourrait croire que tu es en position de force. Et pourtant, à lui, tu te montres vulnérable comme jamais.
Oublié est ton air fatigué, tu es revigoré.
Alors tu lui balances, comme ça, ce que tu as sur le coeur, désormais léger et pourtant plus lourd qu'il n'a jamais été.

"Tu sais, t'es vraiment incroyable comme personne."

Haussant un sourcil malicieux alors que tu sèche tes larmes d'un revers de manche.

"J'avais pas rit comme ça depuis longtemps. Même bien avant l'incident."

Pas encore prêt à accepter la mort de tes parents. Et pourtant, pourtant, Gabriel, sans le savoir, à commencé à panser les plaies béantes qui maculait ton âme.
Tu te sens comme rapiécé, mieux que les morceaux éparpillés qui jonchait ta psychée avant ce rêve dont tu n'aurais jamais pû rêver.

Tu serres sa main que tu n'as jamais lâchée après ton tour, tes doigts âbimés par les heures passées à manier les dagues cherchant la courbe des siens, avant d'amener sa patte à ta joue, mendiant toujours plus d'affection de sa part, toujours plus d'attention.
Car c'est votre rêve partagé. Ce n'est plus que le tiens.
C'est votre univers.
Tu rouvres ton regard céruléen, cherchant le siens. Tu ne te souviens plus l'avoir fermé. Mais tu te sens tellement à l'aise avec lui. Comme si tu étais de retour à Los Angeles.
Et tes yeux pétillent soudainement, d'une envie retrouvée alors que tu souffles le fond de ta pensées.

"Tu sais, peu importe ce que les autres disent, pour moi, t'avoir avec moi maintenant est une bénédiction."

C'est mal dit, t'es pas beau parleur comme un enfant d'apollon, t'es pas capable de ressentir les émotions comme d'autres demi-dieux, alors t'es pas certain de ce qu'il éprouve et t'es un peu nerveux, mais tu veux qu'il le saches.
Que désormais, il est spécial à tes yeux.

"Nous sommes bien plus que de simples hommes."

Soufflé paisiblement, entre deux vagues de tendresse qui font chavirer ton coeur et panse ton âme, tes blessures invisibles et plus visible. Sans que tu ne le réalise, la blessure d'Ellair que tu gardais comme un trophé, comme une marque de ta dignité oubliée, a disparu. A l'instant, Gabriel vient d'expier un de tes pêchés, sans même le savoir, sans même en avoir entendu parler. La prochaine fois que tu rencontreras Cecil, et Ellair, tu ne trembleras plus. Tu ne seras plus le même pantin désarticulé que tu fûs pendant de longue année.
S'il savait,
oh s'il savait.
Mais tu le gardes pour toi. Probablement car tu ne le réalise encore pas.

Un sourire entendu, alors que tes larmes se sont taries, tu le sens ressurgir mais les retient, tes yeux brillants désormais d'une joie plus contenue. Tes émotions vacillantes, instables et pourtant délectables.

"Tu peux traverser mes rêves autant que cela te chante."

Oui, il ne le sait probablement pas, mais ce rêve va te hanter, venir valser dans tes pensées en pleine journée. Te perturber. Te rappeler ces sentiments que tu n'avais encore jamais éprouvé, toi qui ne connaît que l'attachement nocif et destructeur, te voilà empli d'un désir protecteur. Tu veux protéger ce moment que vous avez partagez. Le chérir à l'ombre des cerisiers qui macule ta psychée. Le voir fleurir comme la bruyère, malgré le vent et les tempêtes, malgré les problèmes qui maculent ta tête.

Tu te laisses cajoler, apaiser, appréciant l'attention qu'il sait te porter alors que si peu l'un de l'autre vous connaissez. Tes yeux se ferment à nouveau, prit par l'envie de t'endormir au sein même d'un rêve, comme si l'influence d'Hypnos pesait désormais sur l'instant que vous partager. Et tu te retiens, souhaitant le voir durer. L'étirer autant qu'un ciel d'été.

"Non. Mais dit m'en plus. Partages ton savoir avec moi."

Partages tout.Car tu pourrais te perdre ainsi, à l'écouter te parler. Sa voix est douce à tes oreilles, comme la mélodie des chants d'oiseaux que tu chéris tant. Réconfortant.
Tu trouve une certaine quiétude dans ses paroles. Plus calme que tu ne l'as jamais été, tes envies de vengeances tues au fond de toi, tapie dans l'ombre que sa présence solaire créée.

"Pourquoi ? Est-elle erronnée ?"

Car tu es bien loin de l'idôlatrer. Il l'a dit lui même, vous n'êtes que des hommes, défauts accompagnés. Mais tu l'as dit aussi, vous n'êtes pas que des hommes, vous êtes des êtres humains, de chair, de sang, et divinité associée. Vous êtes l'oeuvre d'une force supérieure, la preuve, rien qu'un instant, d'avoir été désirés et aimés. Un camp rien que pour vous, dans lequel malgré les impressions, on aura cherché à vous choyés. Même si de vous, il ne reste que des coeurs brisés.
La caresse de son ongle ravive tes pensées, alors que ton regard cherche à nouveau le sien, y découvrant des émotions contenues, un masque que tu n'oses pas briser, et dont pourtant l'envie commence à germer.
T'as envie de tout envoyer valser, qu'il s'ouvre à toi et te dise ce qui ne va pas. Qu'il t'explique pourquoi il est si réticent à se laisser aller. A se laisser emporter.
Mais tu n'oses pas.
Pas encore du moins.
Peut-être qu'un jour, tu réussiras à lui tirer les vers du nez. A lui faire avouer.
Mais le moment n'est pas à ça.
Et surtout, tu ne souhaites pas le forcer.
Alors à la place, tes lèvres viennent se déposer sur son poignet.

Pour la première fois, tu demandes permission plutôt que pardon.

Tu bois ses paroles, tes yeux plus foncés que les siens suivant ses lèvres du regard alors que les oiseaux laissent place aux cigales. Tes pupilles se détachent de ses lipes pour mieux observer son visage sous le soleil couchant, aveuglant. Un changement de la composition des larmes, voilà qui était intéressant. C'était le genre de fait sur lequel tu ne t'étais jamais posé la question et pourtant la réponse t'apportes une certaine satisfaction.
Et pourtant, de lui tu ressens des contradictions. Tu lui laisses le temps de se livrer mais rien ne vient, si bien que tu es prêt à abandonner quand son expression change, tant bien légèrement, mais juste assez pour que tu comprennes. Oh. Ce n'est pas quelque chose qu'il se sent d'énoncer à voix haute.
La nuit s'apprête à tomber dans votre environnement partagé et pourtant, le jour est encore trop jeune pour lui permettre de l'avouer.
Alors malgré tout, malgré ton impatience de continuer, de déposer de nombreux baisers, de lui faire savoir et lui rappeler qu'il est aimé, peu importe ce qu'il puisse penser, tu prends le temps de t'exprimer.

"Tu sais, si j'ai bien apprit une chose en grandissant le cul entre deux chaises, et même en tant qu'adulte naviguant entre Nausikaa et New York, c'est que le monde n'est absolument pas noir et blanc. Il n'existe ici que des nuances de gris. Le noir le plus pur et le blanc le plus pâle, ne resteront jamais que des illusions. Il n'y a pas de bons ou de mauvais, seulement des gens qui suivent leurs convictions et font de leur mieux avec l'environnement qu'ils ont et les cartes qui leurs ont été distribuées." Haussement d'épaules dubitatif. "Ma mère est-... était une voleuse professionnelle tu sais. Une criminelle d'après la loi. Et pourtant, c'était probablement l'une des meilleures personnes qui soit."

Tu sais que c'est un peu hypocrite de ta part, car tu crois passionnément que les monstres portent bien leurs noms et sont des êtres foncièrement mauvais. Mais tu sais aussi que tu t'es déjà posé la question, de pourquoi certains êtres naissent avec la souffrance de ne pouvoir s'assouvir et se repaître que de la chair des autres, et surtout, d'êtres aussi vindicatifs que des humains. Quel drôle d'idées, de souhaiter créer un antagoniste à une histoire sans jamais leur en laisser le choix.
Et si tu es jaloux de tout, tu ne l'es pas de ce destin tout tracés que ces monstruosités s'évertue à arpanter. Un cycle de morts éternelles, d'un repos jamais atteinds. Que vous demi-dieux, ne pouvez pas comprendre.
Et si Gabriel était un antagoniste lui aussi ? Si ses actions en tant qu'ambassadeur jouait en ta défaveur, qu'adviendra-t-il de votre relation fragile ?
Et si, dans ton esprit volatile, tu connaissais déjà la réponse ?
Et si.
Et si.
Tu poses beaucoup de questions Stian. Tu soulèves beaucoup d'interrogations. Et tu n'es pas plus avancé vraiment. Alors tu décides de te laisser aller.
D'hausser les épaules et de souffler contre son pouce désormais posé sur tes lèvres, tes yeux brillants d'une malice renouvellée, ravivée, d'une flamme de vie qui avait été oubliée.

"Mais c'est trop philosophique comme question, pour gâcher un rêve là dessus. Profitons plutôt du merveilleux paysages que tu nous offres, mh ?"

Car pour toi, les rêves sont fait pour échapper à la réalité. Alors tu profites de son autorisation, pour embrasser son pouce, sa paume, le creux de son poignet, de son avant-bras, de son coude. Prenant une pause pour venir lover tes cheveux couleur corbeau, et doux comme les plumes d'un oiseau, dans le creux de son cou cette fois, tes lèvres venant chatouiller sa pomme d'adam avant de déposer ton front contre le sien dans un soupire satisfait.
Malgré tes dispositions volatiles, tu aimes donner de l'amour. Tu en as à déborder, car tu le fais si rarement. Habituellement uniquement avec ceux avec qui tu es très proches. Se résumant à quelques personnes dans ta vie.
Mais ta discussion avec Arden t'avais fait repenser tes positions. Qu'il était bon, de se laisser aller, et de faire uniquement ce dont on a envie.
Ton regard dans le siens, tu souffles, ignorant aisément votre proximité, toi qui rougis habituellement si facilement.

"Aller, laisse toi aller."

Oui laisse toi bercer. Qui sait, peut-être qu'en récompense des mots doux te seront murmurés.
Il n'y a pas d'embarras, pas de gêne dans tes actions. Rien que de la compassion et de l'attention pure et simple. Délicate comme la paix fragile qui règne dans votre rêve. Et pourtant si réelle et palpable. Pour une fois, Stian, tu ne mens pas.
Ouvertement honnête, ouvertement sensible. N'ayant pas honte de tes désirs. De cette nouvelle envie de faire plaisir qui bourgeonne en toi. Gabriel te permet pleins de découvertes. Sur le monde, sur lui, sur toi même. Et bon sang, que tu aimes ça.