tw : tabac, cigarettes

entre un bosquet d'arbre aux branches distordues, horrifiques, dentelées comme des serres d'un oiseau de proie ; que se dresse la façade boisée de la petite maisonnée. des airs de cottagecore, dans un champ de hautes herbes asséchées par le soleil. avec ces plantes blêmes, grimpantes, qui viennent se faufiler entre la vieille pierre et les poutres de bois qui soutiennent le toit. des airs de cabane hantée, avec la brume nocturne qui vint l'engloutir dans son ventre vespéral. mais à en juger par les halos jaunâtres qui se cogne contre les fenêtres ; elle est habitée. c'est bien ce qui aura valut le détour à cette silhouette ; celle de la dégaine du loup mal léché. la mine des mauvais jours placardé sur le front, dans l'arc ombrageux de ses sourcils, à cette façon frénétique de tirer des bouffées de fumées sur cette cibiche rougeoyante. (et pourtant, il s'était promis d'arrêter, vainement)

à ses côtés, la silhouette blafarde, évanescente, de monsieur m porte un air inquiet sur ses traits spectraux. à faire des allers-retours entre le large dos courbé du chtonien et des lueurs tamisées de la cabane.

« tu est sûr que c'est une bonne idée ? »

quelque chose gonfle dans le regard du demi-dieu ; une pique, un éclat confus, diffus d'une âpre mélasse de ressentiment qu'il aurait volontiers dégurgité aux pieds du perron. mais dans un lourd soupir tiède, qui s'arrache au affres d'une gorge embrumée, kastiel fini par laisser retomber sa cigarette au sol. piétinée du bout du cuir d'une rangers.

« il n'y a pas de bonnes idées, que des problèmes à régler. »

en effet et en s'arrêtant devant devant le heurtoir de la porte en forme de chauve-souris, il bomba le torse, s'armant les poumons de l'air de la sorgue, lorsque dans un claquement fatidique, son poing toqua à la porte.

entre deux croassement de crapaud et de vrombissement de lucioles, que le cyka blyat claque comme une vieille mélopée. elle fait se glisser un regard entendu entre le spectre et son porteur, un quelque chose de complice, l'air d'un ; certaines choses ne change pas. et sous une avalanche de pas, que dans un couinement, la porte s'ouvre. et au travers du marbre du visage ; la fissure de l'engelure se zèbre d'une veine. et sous la partie émergée de l'iceberg, un écho fend la glace. il l'a pourfend avec des airs de serpent insidieux, pour en décharger toute la fiole de son venin ; droit un regard stoïque aux airs de bellique.

« leta. »

et contre ses lèvres, son prénom a des airs de sentence. il sonne comme un vide creux et pourtant épais ; une balafre consumée dans le silence. le cadeau empoisonné de lettres d'encres, laissée un matin, sur la table d'une salle à manger. des syllabes caustiques dont le chtonien avait avalé toute l'aigreur. et aujourd'hui, comme un juste de retour de bâton ; à son tour, il se fait spectre de celle qui n'aura laissé que simulacre de fantômes dans son sillage.

s'il est silencieux, alors que ses pas franchissent le perron, s'il ne dit rien, c'est parce que ses yeux habitent la pièce ; comme s'ils étaient devenus une entité d'angoisse et d'impassibilité. sous le cuir de ses rangers, le plancher craque, pousse des couinements terribles. ses longs doigts osseux posés nonchalamment dans les pans des poches de son manteau ; il détaille les ornements boisés des vieux meubles, des tapisseries toute brodées, jusqu'aux vapeurs de fumerolles qui s'échappe depuis une autre pièce.

« c'est une surprise. »

que se porte, sa voix gutturale, placide et tranquille. il évite volontairement ses questions ; en focus mode, presque en pilote automatique. et d'un pivotement, volte-face, la fente acérée de ses orbes se posent sur elle. de la cascade d'une mèche qui dévale depuis son oreille, se fait anguille de suie jusque contre les ombres et les lumières qui bercent la pente de son cou.

« après tout, on est habitués aux surprises, n'est-ce pas ? »

la mélasse. elle est âpre. endormie comme un dégueulis de nœud dans ses viscères ; pourtant kastiel le sais. sais. qu'elle boue et qu'à tout moment, elle peut se déverser en une cascade infâme de reproches, de regrets, courroucé d'une colère dont il se sais incapable d'en arrêter les tambours frénétiques. mais une chose que leta aura su lui apprendre ; comme d'autres avant elle, c'est cette manière de l'en retenir, ou du moins, de la retarder. en un reflexe nauséeux immonde gardé dans la trachée. contenu sous une bonne nuée de bruxisme involontaire, des spasmes du crâne et de ces fracas de verres qui l'en gorge.

alors à ces jeux de paraître et de mindgame tortueux, kastiel fait ce qu'on lui aura appris en une copie mécanique ; il feint. feint l'ombre d'un rictus, l'air de vouloir se raviser d'une parole, avant d'avancer de quelques pas au centre de la pièce. sa silhouette, toute droite, piquetée comme une tour gothique, lui donne des airs de gargouille. et à ses pieds, le coulis de son ombre ; a des airs de la gueule béante d'un ogre.

« je ne te dois rien, leta petrova. »

elle aura beau taper du poing, manifester son mécontentement visible, accentuer ces petites pointes de provocations facile. le venin du scorpion tout dégainé, prêt à piquer aux failles, de tout l'acerbe qu'elle possède en elle. presque des airs de déjà-vu. de vendredi soirs fini en un immonde désordre de meubles sans-dessous, dessus. de portes claquées au milieu de la nuit, de cendrier plein à ras-bords et de lampes fracassées qui toute démunie de leurs halos venaient à tirer la tronche dans le noir.

et une lettre. une. putain. de. lettre.
comme s'il n'avait été qu'une immense et vaste blague.

« toi en revanche... »

les mots restent en suspend dans l'air, comme s'il s'en chargeaient d'oxygène. le profil tourné vers la tourmenteuse ; l'odieuse harpie. car sous le grenat de ses lèvres, de la courbe de ces longs cils, de l'arrondis de ces si jolies joues qui une fois goinfrée de colère se teintent de pourpre.

« c'est une autre histoire. »

et d'une vindicte claire, osée, kastiel s'avance. lui fait l'affront de la vilénie de sa stature. et vint jongler avec une longue mèche qu'il vint rabattre distraitement derrière son oreille.

la douceur de ce geste trahie l'orage qui gronde en bas fond, découpé au filigrane de leurs regards ; il témoigne d'un geste plus intime encore. et si quelqu'un les auraient surpris à ce moment-ci, on aurait pu jurer que la vacuité qu'elle avait laissé dans son sillage n'avait jamais existé.

pourtant elle est là. plantée comme un pieux de mémoire.
la ligne floue et vague entre les sensations passées et ces fragments qu'elles auront laissé en eux.

et sous les mains aux pointes horrifiques de leta, la cabane brumeuse prend des airs de scène dramatique. aux hurlements du grincement des chaises, des grattements du verre contre la table. quand hanter devint le synonyme de cette relation déchue, quand fantomatique se fait la métaphore d'un arrière-goût caustique.

et lorsque l'exorcisme des meubles auront finis ; c'est au tour de kastiel de se faire émanation d'épouvante. le dossier d'une chaise tirée, ses pieds rampent contre le plancher d'un couinement lugubre. et de toute sa nonchalance, il vint en déposer tout le poids de sa carcasse, jambes croisées d'un flegme meurtrier, les orbes dégainées ; toute acérée en ce point fixe qu'elle deviens.

« sinon quoi ? »

doigts entremêlés sur ses cuisses ; que part, enfin, la pique belliqueuse.

« tu n'aura pas plus de réponses que j'en aurais. »

volonté bien campée sur ses appuies ; la riposte est claire. le leitmotiv de la toile inextricable de cette relation surgis de ces tous petits fils d'argents. un tressaillement par-ci, un autre par-là. mais ils sont fragiles, à prendre avec précaution, à l'image de ce qu'ils auront toujours été ; deux funambules dans le vide, qui n'auront jamais su clamer haut et fort leurs souhaits.

« je veux que tu contemple ce que tu auras fuis, leta. »

la sentence tombe. ce couperet de justice implacable dans les veines ; qui se devine et qui l'exècre et dont il crache les mots avec dégoût.

il y a longtemps, une femme l'aura condamner à errer sur cette terre en portant le poids de son infamie. aujourd'hui, par vengeance, peut-être bien par désir sadique, Kastiel en condamne une autre. une autre qu'il aura aimé, cependant.

alors sous le poids de ses lèvres distordues, que les syllabes se décortiquent calme, mais pleine d'un acide fétide, nauséabond.

« l'exécrable culpabilité de ta lâcheté. et parmi toutes ces peurs que tu aura beau repousser, éviter, sois sûre d'une chose ; elle reviendrons. quoi qu'il advienne. elles se glisseront sous ta peau comme de tout petits fourmillements invisibles. rampantes. grouillantes. elles se feront légions, pour te rappeler, à quel point elles sont viscérales. »

on pourrait presque croire qu'au sol ; les ombres se meut, se métamorphose en quelque chose de bien pire.

tout autour de cette silhouette immobile, bat une colère épouvantable. addictive.

la tirade est lancée sous l'œil du misérable. et chaque mots n'est qu'un poignard de plus et se loge sous son derme avec une précision d'orfèvre. et au travers de la lunette de tir à longue distance de son regard ; leta a des airs de sniper. a dame to kill for. tuer pour elle ; il aurait pu le faire. il l'avait fait, en un sens. sans la moindre once de culpabilité, sans le moindre regret. il avait mis à feux et à sang ses derniers ponts d'humanité quand elle était partie. et dans le déchirement de cette lettre ; on aurait pu croire que c'était son âme qui s'était fendue avec.

par trois fois, on l'avait achevé, par trois fois, kastiel s'était relevé.
et aujourd'hui ; il tenait plus du revenant que du vivant.

en un équilibre précaire au dessus d'un gouffre d'âmes hurlantes, aux frontières de son purgatoire personnel, leta était partie. l'image d'une poignée de main serrée s'était tarie et c'est à peine, si kastiel avait retenue ses bouts de doigts aux serres infâmes. il l'avait regardé s'éloigner ; comme un bateau dans la nuit disparaît aux lueurs d'un phare. sans même dire au revoir. sans même résonner une dernière fois.

la rétribution de leurs moissons noires.

et puis, elle n'avait pas tord. il ne s'était jamais sentis l'âme d'un père. et jamais il n'aurait pu imposer à leta de devenir ce que jamais elle n'aurait pu être. néanmoins ; il y avait eut d'autres options, d'autres voies, d'autres chemins à prendre.

la toile, toujours. même si inextricable, était pavée de bien d'une myriade de fils lunaires.

et un silence flotte, entre deux rubans sirupeux de fumées. un ange de mauvaise augure passe, s'écrase, quelques part dans cette réalité qui n'a plus rien de triste, ni de morose.

« tu crois pouvoir me faire des leçons de morale ? »

ça grince, entre ses dents. c'est âpre. pâteux. et caustique. ça glisse contre sa langue avec autant de chaleur, que l'acidité de ce verre que leta vint d'ingurgiter. quelque chose se gonfle et soupire sous la poitrine de kastiel. mais le tout est rejeté d'un poing craquelé qui se ferme, dont les jointures se blanchissent, lorsque la langue, elle expulse les fautes, se condamne à lui en attitrer toute la faute.

« tu est partie parce que tu n'y a jamais cru. »

kastiel se lève et ses pas errent autour de la table et même le plancher qui les soutiens en dégueule de chagrin.

« tes peurs s'étaient solidifiées. et je n'ai rien pu faire contre. tu avais déjà tout décidé. »

les mémoires sont expulsées à coup béant d'ombres voraces ; elles grapillent tout l'espace étriqué de sa psyché, aurait presque des airs de théorie de la relativité. ou tout un monde se compresse, explose, dégueule, hurle et cri à l'abîme.

« je n'aurais pas pu te retenir. »

bientôt il est là, à côté d'elle, penché au dessus du gouffre qu'ils auront laissés entre eux, kastiel évapore un souffle venimeux entre ses lèvres. sourd.

« mais il y a bien chose, sur laquelle, au moins nous sommes d'accord ; tu resteras seule. et mon futur, quoi qu'il en advienne, continueras. »

et s'il n'aura jamais su faire preuve de véracité sans ses mots ; ses gestes sont bien plus parlant. alors que ses doigts se perdent contre ce crâne tout rond, plein de mèches aux allures de plumes de corbeaux. que d'un toucher apathique, qui n'a plus de sens, si ce n'est que des adieux, peut-être ; il dévale la pente de son oreille, jusqu'à venir attraper son menton entre ses doigts, le pouce effleurant l'ourlet d'une lippe.

« je t'ai aimé comme j'ai pu. comme je le pouvais. »

avec les armes dont on l'aura doté ; c'est-à-dire, maigres, pauvres de toute sanité.

quelque chose se déchire, lorsque kastiel l'a regarde ; il n'a plus l'air du mercenaire qu'il fut. mais de l'homme qui aura tenté, comme depuis toujours, faire percer sa voix en un chemin qui n'aurait jamais du être le sien. et quelle ironie, de se dire fils d'une justice implacable, lorsque sa vie n'aura été que jonchée d'échecs, d'amours injustes.

alors une toute dernière fois ; il applique son talion personnel. lorsqu'il se penche d'une poigne accrochée dans son crin pour venir déposer ses lèvres contre les siennes.

tw : tabac, cigarettes

leta. macabre leta. elle était l'incarnation d'un rêve, d'un doux cauchemar. peut-être, aussi, devenue une sorte de rédemption ; une acceptation, un pardon, qu'il avait cru chercher en vain chez une femme qui avait tout des attraits porteur de sa nemesis personnelle. et sous les gravas, sous les épluchures de son âme déchiquetée, elle avait tentée, d'en recoller les morceaux inextricable du puzzle qu'il était. l'énigme de pacotille qu'il est.

parce que derrière toutes ses barrières, ses grands airs macérés de glace, sous le filtre sirupeux des fumées de ses cigarettes, ses immenses murailles érigées en air froid et mortifère. elle avait eut au moins, la décence, de creuser. peut-être, lui donner l'espoir d'y croire, durant un temps. après tout, qui s'acoquinerais avec un monstre faiseur de mort ; et ce dès leur première rencontre ?

il n'y a que des monstres pour en aimer d'autres.

et ce baiser n'aura suffit qu'à rallumer la rancœur qu'elle avait laissée en lui.
le poids de la perte.
la tristesse muée en colère.
l'indifférence.
puis le vide.

être seul. foutrement seul.
abandonné.

ce n'est pas aujourd'hui que kastiel réalise qu'il est abonné aux relations toxiques, que celle qu'il eut vécu avec leta, en fut une. non, ce qui est effrayant, c'est ce dont il est capable pour en restaurer tout ce qu'on lui aura pris. que sous ses filtres à l'impassibilité cruelle ; bouillonnait une vendetta tenue en horreur.

alors comme à son habitude, il contiens. ravale l'aigreur comme un traitement de choc. sirote le venin déglutis d'un lourd claquement de langue. et distraitement, pour se persuader que rien de ceci n'existe, il caresse distraitement les pourtours d'un verre laissé sur la table.

« je suis revenu pour cassie. »

il s'est éloigné et lui fait dos désormais, les mains laissées à l'abandon, dans ses poches. partagé entre l'envie de partir ; d'en purger un feu qu'elle n'aura plus le droit de voir. entre l'envie de rester ; d'être cette déflagration à retardement, le briquet balancé sur la flaque d'huile qui ne sera plus que l'écho de ce que leurs dernières nuits auront été.

« iel m'a proposé de devenir ambassadeur·ice à sa place. »

et bien plus conscient, plus prévoyant que jamais il ne l'aura été ; kastiel s'avance vers cette porte. vers tout ce qui le sépare de leurs adieux.

« enfin de compte, tu m'aura ouvert les yeux sur une chose. deux monstres pour un seul enfer, c'est bien trop. »

et lorsque les bras de leta l'enveloppe ; kastiel se persuade que du cauchemar, jamais n'en aura émerger de vieux démons avide de purgation. ils sont tenus là, à la laisse de cette poigne qui s'est promise, de ne plus jamais céder à leurs gueules avides, béantes. retenus à ces fils de réminiscences troubles, fragiles, dont l'existence ne tiens qu'entre le bout d'un index et d'un pouce.

comme ceux de ces cheveux, que kast s'ose, pour la toute dernière fois, à gratifier d'une caresse de sa poigne osseuse. leurs adieux déchirants auront déjà été fait, actés, signés, à l'encre de derniers mots d'une lettre toute mâchée de son papier. le deuxième acte, enfin de compte, n'aura été que la constatation de la désolation ; les tonitruants éclairs de l'échec, résonnant dans le loin d'un ciel goudronneux de nuages électriques.

et s'il existe un purgatoire pour les monstres comme eux, peut-être, ont-ils à peine, commencés à en faire grincer les portes.

« je m'en souviendrais. »

de tout. du bon. comme du mauvais.

parce que les mémoires, sont les seuls choses qui demeurent, inéluctable de leurs marques effervescente, elles sont à l'âme, à ce qu'est les poumons à un corps ; une évidence.

alors d'une dernière glissade de ses doigts sur sa joue, kastiel s'abroge à cette étreinte et pousse les grincements de la porte en bois. les mots ne seront pas là, que les gestes, qui semble dire, que peut-être, il est temps de reléguer les erreurs au passé afin d'en voir un ailleurs, un au-delà.

disparaissant, bientôt entre les ronces épaisses qui garde le cocon hanté de la sorcière, le demi-chtonien s'évade avec, à ses côtés, les pas souples et déliés d'un monsieur m au regard taquin.

« ça s'est plutôt bien passé finalement. »

« tout dépend par ce que tu entend, dans bien. »

« sur de chauds et larmoyants adieux ! »

« je ne pleurais pas. »

« tu est sûr de toi ? tes yeux sont rougeoyants et ce n'est certainement pas à la faute du vent, si ? »

un temps d'arrêt. le temps au vengeur de porter la balafre stoïque et vide de son regard sur la silhouette évanescente à ses côtés.

« si tu a besoin d'une deuxième malédiction ; comme celle d'avoir ta langue spectrale arrachée, continue sur cette voie. »

« charmant. »