— Et là BAM ! Ce fils de pute s'est pris le mur d'en face. Il s'est pas relevé.

Tu ne sais plus s'il s'agissait d'un fils d'Hypnos ou d'un fils de Nemesis. Peut-être viens-tu d'insulter une déesse de pute. Tu lèves les yeux au ciel, finis par hausser les épaules. Oh, well.

— Whouaa, Midas ! Et ensuite ?

La fille dont tu enserres la taille bat des cils. Elle dévore ton histoire, comme elle te dévore du regard. Tu sens ses doigts graciles caresser ton biceps. Merde. Quel bonheur. Tu lèves un regard lourd de sens vers elle. Puis on vient se pendre à ton cou. Une fille d'Aphrodite, une habituée de ta petite cours qui a pris place sur tes genoux niche son nez contre ton cou. Tu poses ta chope de bière pour venir caresser son dos.

— Hé fait pas ta jalouse, princesse, t'es trop belle pour ça.

Tu viens la taquiner du bout du nez pour la faire glousser jusqu'à ce qu'elle daigne relever un peu la tête pour que tu puisses l'embrasser, non sans caresser les fesses de l'autre au passage. Ce soir tu t'endormiras avec ses deux beautés fatales contre toi. La soirée promet d'être bonne. Et c'est peut-être parce qu'elle allait vraiment l'être qu'il a fallu qu'il se pointe.

Ton prénom résonne dans le bar. Tu lèves la tête, occupé que t'étais à jongler de la bouche de l'une à la bouche de l'autre. Tu vois sa dégaine de grand sportif fendre la foule et tu rejettes la tête en arrière dans un soupir trop sonore pour ne pas être entendu.

— Et voilà les emmerdes.

Il se plante devant toi et tu hausses un sourcil, non sans sourire.

— Tu viens te joindre à la fête, choupette ?

Visiblement non. Tu penches la tête, l'écoute en fronçant les sourcils. Il a l'air déterminé à en découdre. Visiblement tu aurais manqué de respect à sa suicidaire de pote. Tu fais mine de réfléchir, ça fait seulement quelques heures qu'Alyss t'avais quitté mais tu te souviens déjà plus de rien.

— Qu'est-ce que tu baragouines encore ?

Tu embrasses la fille d'Aphrodite sur la tempe.

— Doucement bébé, soit pas agressive. C'est Ezra, le fils de Thanatos, je t'en ai jamais parlé ?

L'autre glousse, vient poser ta tête sur ton épaule.

— Tu le baises lui aussi, vraiment ?

Tu souris.

— Soyez pas méchante, il est adorable la plupart du tem-

C'est finit, on arrête.

Tu te stoppes, ton sourire son fige, puis se meurt. Lentement tu tournes la tête vers lui, le regardes bas en haut avant de dire.

— Non.

C'est sans appel. Tu pousses la fille d'Aphrodite de ton genou et te détaches de l'autre pour te pencher sur la table et pointer la chaise d'un doigt impérieux.

— Assis.

Les deux filles te regardent, inquiètes, avant de s'accrocher à leur verre.

— Vas-y, répète pour voir ? J'ai cru mal entendre.

S'il te cherche, il va te trouver. Tu n'aimes pas qu'on se donne en spectacle. C'est d'un manque de pudeur, de classe. Les mauvaises langues diront que toi tu ne te gênes pas, mais Midas Warren peut tout se permettre, parce que Midas Warren est l'audace même. Tu le jauges, le regard sévère. Un avertissement muet quand il prend le reste du bar à partie. Voilà que l'attention se tourne sur vous et quand il impose tes mains sur la table ta mine s'assombrit. Tu fais claquer ton doigt pour que lui, la fille d'Aphrodite ou quiconque dans ce fichu bar se taise. Ici tu es le roi, il serait bon qu'Ezra s'en souvienne.

— Je vais me gêner, ouais.

Tu te lèves avec lenteur. Il a beau être plus grand tu sais que tu compenses en étant dix mois plus impressionnant. Tu désignes lentement des personnes aux hasards.

— Toi ce soir je te baise, toi aussi, toi aussi et vous deux aussi.

Tu te penches sur la table, vers Ezra, bien face à face. Prends un ton infantilisant au possible.

— Ça heurte tes sentiments, snif ?

Tu es furieux. Pour qui se prenait-il à débarquer ici, dans ton domaine, pour jouer les petites amies jalouses ou la justicière. Tu agrippes soudain son col, pour le tirer vers toi, souffle contre sa bouche.

— Et quand tu baises ta suicidaire de copine, je viens te péter les burnes ? Joue pas les Causettes, toi aussi t'es une pute, Ez.

Tu le lâches, attrapes ta chope pour la finir. Tu claques des doigts et la fille d'Aphrodite se lève pour réclamer à ta place qu'on te réserve. Tu viens lentement tourner autour de la table, laisser tes doigts tapoter contre le bois.

— Donc je résume, tu viens me faire une scène à plus de minuit parce qu'Alyss t'as ouin ouin dessus pour cette après-midi ? Ok, alors juste une question.

Tu te penches dans son dos, souffle.

— T'as décidé de la croire elle sans entendre ma version ? Whoua, là tu me blesses. Il suffit qu'elle vienne te pleurer dessus pour que tu accoures, mais tu t'es jamais dit qu'elle pouvait mentir, ta go ? Parce qu'en fait, c'est elle qui m'a insultée la première. Soi-disant que j'étais personne pour toi. Rien qu'une merde, que je ferais mieux de disparaître de ta vie car tu n'avais besoin que d'elle.

Tu craches presque, une pointe blessée dans la voix.

— Quelque chose me dit que si c'était moi qui étais venu te voir pour te le dire, non seulement tu n'aurais pas couru confronter ta Alyss, mais en plus tu ne m'aurais pas cru. C'est moi qui suis blessé par ton comportement, en fait.

Évidemment, il ne t'aurait jamais cru. Tu n'es pas stupide, Ezra se méfie de toi comme tu te méfies de Cecil. Pourtant, il n'a de cesse de revenir. C'est cette soumission à lui-même, cette attraction néfaste qui t'attire. Il te déteste, mais revient, plonge dans tes bras, te cède. Il te déteste mais t'aime quand même. C'est beau ! Perfection ! C'est aussi troublant que rassurant de savoir qu'on peut être fidèle y compris dans la haine.

— Je dis la vérité, mais tu n'es pas prêt à me croire.

Tu tournes autour de lui, tu vois la faille. L'excuse qui s'arrache de sa bouche lui coûte visiblement et tu t'en satisfais. C'est encore mieux s'il paye. Pourtant, tu n'as pas fini. Tu aimais bien Alyss, sincèrement, c'était une chic fille. Mais si elle voulait t'affronter sur ce terrain, tout affectueux sois-tu, tu allais la vaincre.

— Assis-toi. Vous autres ! Une bière pour Ezra !

Tu tires une chaise dans un geste étonnamment galant avant de te vautrer dans un siège à côté. La fille d'Aphrodite vient te servir ta bière, dépose un baiser sur ta joue non sans gratifier Ezra d'un regard haineux. C'est à cause de lui qu'elle n'est plus sur tes genoux. Probablement que tu ne la baisera que demain. Un peu pour t'excuser, tu serres sa main dans un geste tendre.

— Merci ma belle.

Elle semble se détendre, rejette élégamment ses cheveux en arrière avant de tourner des talons. Tu te serres une gorgée avant de presser la cuisse d'Ezra.

— Je comprends, même si ça me blesse. On se connaît depuis longtemps mais t'as un lien privilégié avec elle. Normal que tu lui accordes plus de crédit.

Tu te veux rassurant, apaisé, presque disposé à lui offrir les conversations posées et adulte qu'il aime temps. Qu'il attende, alors que ta langue roule sur tes lèvres, tu songes...

Je t'avais prévenue, poupée.

— Mais Alyss n'est pas stable. Elle s'est tranchée la gorge dans ton salon, ose me dire le contraire ! Elle est obsédée, ce qu'elle a essayé de faire dans l'arène, c'était me provoquer pour me dégoûter de toi. Elle veut t'isoler, c'est malsain.

On apporte la bière d'Ezra. Tu profites qu'il tende sa main pour l'attraper pour initier le contact. Tes doigts glissent sur sa paume, tu lances, un brin plus froid.

— Ça m'a blessé que tu veuilles qu'on s'arrête. Je pensais qu'on s'aimait bien.

Aucun des mots qu'Ezra ne prononce n'est pris à la légère. Tu t'es surpris, plusieurs fois, à te souvenir avec précisions de chaque tournure de phrase, de chaque changement de ton, alors même que les détails ne sont pas censé être ton fort. Aussi, tu notes. Il a essayé de te défendre. Une pensée émue pour Alyss, la pauvre, qui même dans son plus abject jeu de séduction ne réussit pas à le faire se détourner de toi. Tu presses un peu plus sa cuisse, comme pour le féliciter.

— Et a-t-elle vu l'état dans lequel elle t'a mis en se vidant de son sang volontairement sur ton parquet ?

Tu hausses un sourcil, l'accules en le prenant volontairement pour un idiot.

— J'suis pas un ange, je le confesse. Mais contrairement à elle je me permettrais pas de venir me trancher la gorge chez toi pour me rappeler à ton bon souvenir. Ça m'inquiète de te voir entouré de personnes aussi... Toxiques.

Tu n'avais pas tous les détails, mais tu n'en avais jamais eu besoin pour te forger un avis trancher. Alyss avait été lâche. La vie se devait de finir en beauté, sur un champ de bataille. Tu as du mépris pour cette femme qui sacrifie le don des dieux dans un appartement miteux du quartier le plus miteux de la cité. Ta main quitte sa cuisse, tu descends de nouveau une gorgée. Quand tu poses ton regard sur lui, tu hésites un bref instant à tout simplement l'embrasser. Tu aimes cultiver la jalousie. La sienne le pousse à venir. Celle que tu vas faire naître chez tes conquêtes te vaudra des ébats bien plus musclés dans le lit. Tu te lèves brusquement de ta chaise et agrippes le fils de Thanatos par le col pour faire se rencontrer brutalement vos lèvres. Tu l'embrasses, laisses la salle profiter du spectacle. Tu insistes, enfonces ta langue dans sa bouche pour le bénir. Tu t'électrises du regard furieux de la fille d'Aphrodite. Bande déjà de la scène qu'elle va te faire et de comment tu te feras pardonner. Avec elle, ça ne fera que la... Quinzième fois ? Tu glisses ta main libre contre sa joue, ne romps le baiser que lorsque tu es à bout de souffle.

— Toi c'est spécial, le cadavre.

Tu tires sur son bras pour l'amener à se lever et profiter du choc pour le faire se poser sur tes genoux. Tu glisses une main dans son dos, reprend ta bière.

— D'habitude, je m'expose pas comme ça avec les hommes. Mais pour toi je fais une exception.

Tu l’exhibes auprès de tous. Ce soir tu vas te taper le fils de Thanatos. Soudain, plus personne n'ose se moquer. On le sait, tu détestes qu'on s'amuse de tes jouets.

— T'es unique, choupette.

T'espères bien qu'elle soit traumatisée. Alyss est belle, agréable à sa façon, probablement bonne également. T'es persuadé que tu pourrais passer un bon moment avec elle si tant est qu'elle acceptait d'être un peu moins chiante et névrosée. Ton souci, c'est qu'elle commence à vouloir s'approprier un territoire sur lequel tu as posé une option il a plus de dix ans maintenant. Tu n'aimes pas partager, tu aimes encore moins te faire voler. Alors t'espères bien qu'elle soit traumatisée. Dans le fond, t'es même content. Quand t'embrasses Ezra tu penses :

La prochaine fois, ce sera la bonne.

Il a l'air affreusement gêné. Toi tu souris, trop fier, trop grand, caresses le bas de son dos, ton autre bras qui repose sur ses cuisses. Tu t'attends à ce qu'il tente de fuir, mais il s'impose. Tu écarquilles légèrement les yeux. Ezra reprend l'ascendant, t'embrasse comme un assoiffé et tu es comblé. Voilà. Tu le savais. Tu l'as bien dressé. Il ne pourra jamais partir parce que tu surpasses aisément tout ce qui est à sa portée.

Tu t'impliques dans chacun de ses baisers, prends bien le temps de regarder de temps à autre les regards jaloux qu'on vous lance. Ah, tu aimes entretenir la compétition. Lorsque vos lèvres se détachent de nouveau tu lances un rire sonore qui ne peut qu'être remarqué.

— C'est comme ça que je t'aime, choupette.

Tu claques ta main sur sa cuisse, te penches en avant pour attraper ta bière et en boire une gorgée.

— C'est pour ça que t'es spécial.

Tu te poses comme un prince. Tu pioches une cacahuète dans un bol apéritif pour le coller contre les lèvres d'Ezra et la lui faire manger.

— Tu veux toujours arrêter ?

Il est temps de le soumettre et de le récompenser.

— Maintenant que t'es là mes pouf me paraissent fades. Je passerai bien la nuit avec toi. Fin seulement si tu veux de moi, j'ai cru entendre que tu voulais ton indépendance.

T'as une belle gueule, le sourire enjôleur qui va avec. Tu le retournes quand tu veux. Et tu le sais : Ezra est TON jouet.

Tu ne réprimes pas ton sourire satisfait. Tu ne doutais pas du fait de la garder avec toi, mais il est bon de l'entendre rendre les armes. Pour le récompenser, tu embrassais sa nuque, nicher ton visage dans le creux de son épaule.

— Bien.

Tu aimes le récompenser lorsqu'il est sage comme ça.

Ton programme va donc changer. Qu'importe, tu es un homme de terrain, le chaos de l'existence et le même que celui de la bataille. Ça t'es coutumier, ça ne t'angoisse pas, ça ne t'énerve même pas. Après tout, dans l'un comme dans l'autre tu y trouves ton compte.

— Chez moi, ouais, où veux-tu que je t'emmène ?

Il te réclame de partir, tu souris. Tu serais bien resté mais tu as une réputation à tenir. Tu vas le gâter ce soir pour en tirer du plaisir et le pousser à douter d'Alyss la prochaine fois qu'elle aura le bon goût de te cracher dessus.

— Ouais, je finis juste ma bière et on bouge.

Tu l'engloutis en quelques gorgées avant de faire bouger Ezra de tes genoux pour te lever. Tu jettes de quoi régler sur la table puis tu passes un bras possessif autour de ses épaules. Tu l'entraînes jusqu'à la sortie du bar, t'en va comme un prince pour mieux revenir comme un roi. Pas si frustré de perdre ta nuit avec tes deux princesses, ce n'est que partie remise, ce soir tu vas te dédier à lui puisque ça lui fait si plaisir.

Le bar n'est pas extrêmement loin de ton chez-toi. Quelques rues plus loin, vous entrez dans un bâtiment moyenne gamme qui sent le propre. Tu le conduis jusqu'au quatrième étage, puis sors ta clé pour ouvrir la porte et le faire rentrer.

— Après toi, choupette.

À peine l'as-tu refermé derrière lui que tu passes tes bras autour de sa taille pour gagner son cou. Sans un mot tu viens caresser son ventre, prendre ses mains pour le conduire jusqu'au canapé où tu le fais s'asseoir. Pour taire un possible revirement, tu l'embrasses, tout contre lui, sans publique, dans le calme, comme il aime. Et par Arès, tu trouves ça d'un ennui. Les filles avaient pour elle d'aimer se donner en spectacle.

Ça ne tiendrait qu'à toi, ses vêtements seraient déjà au sol. Mais tu prends ton mal en patience. Tu es un gourmand, le genre qui se gave et ne sait savourer ses plats. Mais Ezra n'aime pas dévorer. Ezra aime être dégusté. Alors tu lui donnes toute l'attention qu'il mérite. Tu ne ferais pas l'effort pour n'importe qui alors tu espères que son petit cœur mielleux fond dans sa poitrine. Pour lui tu es prêt à lui donner de la douceur, tant que ça peut le faire rester. C'est frustrant, mais tu commences presque à apprécier le jeu lent de vos langues lorsqu'il t'arrête. Tu le regardes, lutte pour masquer ton agacement et une réplique bien sentie. Regarder une vidéo ? Vous avez quel âge ? Quinze ans ? Mais le visage d'Alyss se rappelle à ton bon souvenir et l'aigreur redescend. Elle te pensait indigne ? Qu'elle regarde.

— S'tu veux, ouais.

Tu tends la télécommande, qu'il mette youtube en chromcast si ça lui chante. Et comme tu as à cœur d'être un hôte à la hauteur de ses attentes tu te lèves et vas ouvrir le frigo pour lui proposer une boisson. Tu prends une bière pour toi, lui sert une des canettes de soda que tu as en réserve pour lui. Tu fais même l'effort de sortir un saladier en plastique pour y foutre un paquet de chips. Tu reviens, pose le tout sur la table. Tu te rassois dans le canapé, en ne manquant pas de passer un bras dans son dos pour le caler contre toi.

— T'as choisi ? Pas un truc chiant par contre. Genre tes vidéos où il se passe rien là.

Tu lui tends une chips. Te fait sage quelques secondes avant d'embrasser son cou.

— J'ai quand même le droit de faire ça ?

Tu souris, embrasses sa joue.

— Et ça ?

Profite pour approcher ton visage de sien et croquer la chips qu'il a entre les lèvres. Tu l'avales devant toi, tout en provocation.

— Bah alors, elle vient cette vidéo ?

Oh la pute.

À l'avoir vu se dresser sur ses genoux, venus se faire langoureux, tu avais cru à une victoire. Sa main tes cuisses que tu avais ouvertes juste pour l'occasion. La soirée allait de reprendre un cours plus délicieux... Tu aurais anticipé.

Tu l'observes, un instant sincèrement incrédule. Où était ton baiser ? Où étais sans main chaude sur ton entrejambe ? Tu pourrais lui en vouloir. Ce serait ta réaction logique. Mais le voir aussi malicieux te rappelle que plus que de le consumer, tu es venu le séduire. Il faut qu'il prenne ta défense contre Alyss. Bien plus vivement qu'il n'a pu le faire. L'idée de jouer son jeu et de le rendre dingue de toi te fait souffler du nez. Elle sera verte, Alyss, quand tu auras fini de totalement l'endoctriner. Alors tu te surprends à te détendre et as soufflé du nez.

— Enfoiré, va.

Tu lui donnes un petit coup dans le bras avant de te pencher pour piocher une chips et te caler contre lui. Tu viens poser ta tête contre son épaule. La vidéo qu'il a lancée à l'air aussi chiante que la pluie.

— Whoua, c'est vrai ça j'ai grave envie de savoir pourquoi Casablanca est la plus belle histoire d'amour de tous les temps... Beurk.

Tu fronces les sourcils.

— En plus, non, elle part pas avec son plan de secours à la fin la go ?

Tu te souviens qu'Ezra t'avait fait voir ce film d'un autre temps et, pour être franc, tu ne te souviens pas de la moitié. Ça ne t'empêche pas de lever les yeux vers lui, un sourire fier sur le visage.

— T'vois je me souviens de tes films chiants, choupette.

Tu profites d'un passage d'extrait pour venir pianoter distraitement contre sa cuisse.

— En parlant d'histoire d'amour...

Tu es trop bien conscient de ce que tu fais. Tu te retiens de sourire. Tu penses à Alyss. Tu n'en penses qu'à elle, à la promesse que tu lui as faite. Fallait pas venir te chercher.

— Y a un truc qu'Alyss m'a balancé qui m'a marqué. Elle a dit que je te rendais malheureux.

Tu te redresses pour le regarder, les sourcils froncés, le regard visiblement inquiet. Tu sais qu'il déteste prendre son courage à deux mains et assumer. Plus que tout, tu sais qu'il déteste avoir le mauvais rôle.

— Ça m'a blessé, un peu. Parce que j'ai jamais voulu te rendre malheureux. Alors voulais savoir si elle avait exagéré pour me faire réagir ou si t'étais vraiment mal.

Tu appuies sur sa cuisse.

— Ça n'a aucun intérêt si toi tu n'aimes pas.

Coup de poker qui n'en a que le nom : jamais il ne partira.

Misérable. La vérité, c'est que tu aimes bien ce mot. Aucune de ses réactions ne t'étonne. Ezra est juste, conforme à tout ce que tu avais imaginé qu'il serait. C'est facile avec lui. Tu le connais. Loin d'être lassante, sa façon de réagir t’apaise. Tu le trouves franchement adorable.

— Pourquoi misérable ?

Renfrogné au fond du canapé, il constitue une proie sur laquelle tu as le plus grand mal à ne pas te jeter. Tu tapotes ses cuisses et viens t'asseoir sur la table basse en face de lui.

— Je sais pas ce que t'as dit Alyss et c'est ma parole contre la sienne, mais tu te doutes bien que je me casserai pas le cul à entretenir un plan cul pendant dix ans si t'étais juste dans la catégorie bout de viande pour moi, non ?

Une part de vérité dans tes mots. Ezra est un investissement. Ton jouet. Ta chose. Et tu n'aimes pas l'idée que cette adorable garce te le retire. Tu as pris goût à sa moue et à ses petits airs de toutou. Il faut te rendre à l'évidence que le cadavre égaye ton existence bien plus que la plupart de tes proches.

— J'aime pas te voir comme ça, le cadavre.

Tu poses tes deux mains sur ses cuisses et te penches en avant. À l'orée de sa bouche, tu souffles doucement, étires le menton pour embrasser doucement sa bouche.

— J'ai lâché deux superbes femmes pour monter mater une vidéo chiante avec toi, je le ferai pas pour tout le monde alors tu devrais te sentir honoré.

Tu souris, tu veux le rendre fou. Tu te fais la réflexion que s'il pouvait pleurer pour que tu puisses le consoler, tu marquerais beaucoup de points. Tu passes ton pouce sur sa joue. Il est à bout, il va bien te lâcher une larme non ? Ah, tu te surprends à attendre le moment où tu le prendras dans tes bras.

— Hé, choupette

Et bah voilà, ce n'était pas si compliqué.

Il aura suffi d'une caresse et d'un baiser pour le faire craquer. Tu vois ses lèvres trembler, son corps se tendre et lutter contre les larmes qui lui piquent déjà les yeux. En silence, tu viens en cueillir une au coin de ses yeux. Quelques seconde après il explose. Tu l’accueilles dans tes bras. Victoire ! Pourtant, c'est étrange, te sentirais-tu coupable ? Peut-être. Enfin, qu'importe. Tu es la parfaite illustration de la fin qui justifie les moyens.

Tu n'as rien à faire, il vient de lu même chercher tes lèvres. Tu goûtes le sel de sa bouche, te dis que c'est bien fait. Alyss avait tort, Ezra ne mérite rien de mieux que toi. Parce que tu es le meilleur. La preuve. Tu appuies le baiser, force déjà le passage de sa langue quand tes mains viennent déjà danser contre sa peau.

— Chut, ne dit rien.

Tu laisses ta bouche glisser jusqu'à sa nuque en parsemant sa peau d'une dizaine de baisers. Tu l'enserres à la taille pour le soulever, quittes le canapé pour rejoindre la chambre dont tu pousses la porte d'un violent coup de pied. Aphrodite lève la tête de son panier, mais comprend d'un regard qu'il est temps pour elle d'aller rejoindre le canapé au salon. Tu la laisses quitter la pièce alors même que tu jettes Ezra sur le lit, grimpe sur lui sans arrêter la valse de tes lèvres marquant la peau partout où elle s'y pose, sans arrêter la course de tes doigts brûlants. Tu vas lui faire oublier, ça oui.

— J'ai besoin de toi, choupette.

Dernier coup de couteau asséné, pour qu'il ne trouve plus le courage de "rompre" avant un bon bout de temps.

Tes doigts glissent sous ses vêtements. Besoin urgent d'honorer son corps tremblant. Alyss a beau avoir pu profiter de lui autrefois, tu es le genre de chien qui marque ses jouets pour ne plus avoir à les partager de nouveau.