the sun, you and me ★
il aime l'océan parce que chaque fois que les vagues quittent la rive, elles reviennent toujours.


ce début de juin est beau.
il ne fait pas encore trop chaud.
c’est ce que tu te dis, Sasha.
marchant vers la plage.
traversant Olympus District.
une planche de surf sous le bras.

c’est le milieu de la mâtinée.
un moment bien choisi pour être tranquille.
vous vous êtes dit ça avec Cameron hier.
simple échange de messages.
ça te fait plaisir, même si tu rêves de dormir.
marque tes traits malgré toi, Sasha.

t’essayes de tout conjuguer, de tout faire.
sauf que ça te rattrape, te bouffe doucement.
et si seulement il n’y avait que ça…
tu souffles par le nez, les pieds dans le sable.
le regard qui se lève sur l’horizon.
vagues bleues au loin, leur son est réconfort.

▬ Hey Cam !

que tu lance à une silhouette près de la grève.
fils de Poséidon, ta main levée qui s’agite.
tu t’approches presque revigorée ; feintant.

▬ La météo est incroyable, on va bien s’éclater.

plantant la planche dans le sable, Sasha.
retire tes fringues que tu mets dans ton sac.
sors la serviette en boule et risette large.

▬ On y va ?

la bras qui s’ouvre pour l’inviter à passer devant.
la mer c’est son domaine à lui, même si tu l’aimes.
c’est que t’esquives la discussion pour le moment.
tu mens bien trop mal, Sasha, et tu veux profiter.
éviter de répondre au classique « ça va toi ? »
plonger dans l’écume et prier qu’elle t’emporte.

Cameron avait fui, le temps d'une journée, le bois du bar et les odeurs d'alcool pour regarder le soleil se lever, les pieds dans le sable et le regard perdu dans le bleu-vert; l'air marin emplissait ses poumons d'un amour serein
quelquefois il s'imaginait quitter la Terre pour ne vivre que d'eau salée et de récifs de coraux : s'il le pouvait il abandonnerait ses jambes au profit de nageoires et échangerait tout ce qu'il a pour enfin épouser l'océan et rejoindre ce monde-là (ce qu'il avait ne lui suffisait pas) mais Cameron repoussait ces rêveries et la voix de Sasha vint rompre le chant des vagues — il avait promis à ce dernier de plier les vagues à leur volonté. il se releva et afficha sur son visage un grand sourire gamin

SASHA ! il perdit un instant son regard vers l'horizon océanique puis, la main sur le front il se retourna vers Sasha ouais ça va être trop intense aujourd'hui ! il s'avança et lorsque ses jambes furent immergées, ses bras s'agitèrent dans un grand mouvement vertical : une grande vague se dressa pour venir s'éparpiller dans les airs — retomber brutalement comme un rideau d'eau. il fit venir sa planche dans l'eau puis s'assit dessus, rama doucement pour se distancer de la rive
on commence doucement : ça fait un moment que j'ai pas manipulé autant d'eau
il se concentra et soudain, la mer s'agita, se remua doucement, exprima un mouvement doux; embrassa la volonté de Cameron alors que celui-ci lui dédicaça tout son amour.

@sasha amouretti

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SASHA !
et son sourire enfantin.
c’est ça qui te fait oublier.
tes soucis et ta fatigue aussi.
la sensation d’entendre Zach…
il te dit que ça va être trop intense.

▬ Aaah ! Trop bien alors !

même si juste siester sur la plage…
non non non, tu as envie de surfer.
l’impression que ça fait une éternité.
et tu l'observe faire bouger l’eau.
la modeler selon son envie à Cam.
tu aurais aimé savoir le faire, Sasha.

mais ton domaine à toi c’est le feu.
et tu le rejoins après cette réflexion.
vagues clapotantes sous  ta planche.
toi dessus, Sasha, regardant l’horizon.
Cameron te préviens qu’il ira doucement.
visiblement cela fait longtemps et tu souris.

▬ Pas de soucis, vraiment, prends ton temps et pas besoin de t’épuiser à la tâche non plus…

la voix qui meurt lentement.
ce conseil il est pour toi, Sasha.
mais les vagues s’intensifient.
la volonté du fils de l’océan.
et sans tarder tu leur fait grâce.
une première et puis une deuxième.

un soupir de satisfaction te quitte.
allongé, dos sur ta planche, Sasha.
le soleil en plein dans la tronche.
trempé d’eau saline, tu rayonnes presque.
mais pas autant que Cameron qui brille.
tes prunelles posées sur lui, te redressant.

▬ Surprends moi avec la prochaine.

léger défis, tu te tiens prêt, Sasha.
bien qu’il puisse te faire boire la tasse…
quand il le souhaite, mais t’aimes le challenge.

C'était une expérience différente qu'avec Georges. Si la forme était la même, jouer autour des vagues et les emporter dans son courant artificiel, le jeu n'était pas le même. Il ne pourrait pas expliquer pourquoi, c'était encore une pensée qu'il avait mal exploré, mais c'était un sentiment latent.
Son souffle était un peu court, en accord avec ses grands mouvements de bras et ce qu'il exigeait de la mer. Cameron n'était pas du genre à se fatiguer (il se lasserait avant) mais cette fois-ci, il avait apporté un coeur à son ouvrage qu'on ne lui reconnaissait pas souvent. L'exclamation de Sasha fut perçue comme une remarque et il s'en saisit comme d'un défi ; l'objet marin arriva vite et fort, avec une traîtrise dissimulée mais elle en avait un aspect ludique indérogeable.
Bah qu'est-ce qu'il t'arrive ? T'es crevé en ce moment ou quoi ? Il fit avancer sa planche vers son camarade du moment et s'allongea, de manière à immerger ses mains et avant-bras dans l'eau salée. Posé un instant comme ça, la cage thoracique exposé vers le ciel mais les extrémités immergées vers les vagues, Cameron se sentait entier ; vivant et entier. Il apprécia la quiétude du moment et la complicité de l'instant aurait pu le rendre émotif à en rougir. Mais Cameron n'est pas un enfant muet, il lui faut toujours prononcer le mot de trop et gaspiller ce qu'il a entre les doigts.
Ça devient quoi, le trou à rats en ce moment ? Il faisait référence à Nausikaa. Et tout en parlant il fit se lever des bulles d'eau qui flottèrent un moment, défiant toute loi humaine et scientifique. Et quand elles s'écrasèrent, elles vinrent épouser doucement le tout marin, d'une douceur inattendu et tout aussi surnaturelle que leur ascension.
Rappelle-moi, t'es marié toi déjà ou pas ? Les adultes c'est vraiment un monde à part. Et sans l'expliquer, il préfèrerait ne pas se ranger de leur côté.

@sasha amouretti

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bien sûr qu’il saute sur ton défi.
c’est quelque chose que tu as déjà remarqué.
Cameron te fait beaucoup penser à toi.
un toi plus jeune, Sasha, trois ans en arrière.
à la fois déroutant et rafraîchissant.
ça t’arrache toujours un sourire.

la vague est puissante, rapide et forte.
tu manques de te vautrer, Sasha.
mais ça a le loisir d’être amusant.
la mer se calme d’elle-même.
Cameron avançant jusqu’à toi.
et sa question te prends de court.

▬ Euh… la panique qui grince dans ta gorge. J’suis un peu débordé, mais ça va bientôt se tasser normalement.

t’en sais rien en vrai, t’espères seulement.
et tu l’observes, posé ainsi sur sa planche.
toi assis sur la tienne, les jambes dans l’eau.
tes doigts qui dessinent sur les gouttes.
le silence n’est pas lourd, mais tu sais, Sasha.
Cameron va le briser, tu étais pareil plus jeune.

l’impression d’être gênant alors que non.
et justement, voilà que sa voix s'élève.
ça t'arrache une risette amusée…
malgré la nature de sa question.
le sourire qui se transforme en moue.
la question est compliquée, la réponse aussi.

▬ Le bordel ? soupir. J’ai l’impression que c’est une cocotte minute sous pression et que bientôt tout va imploser…

ça t’épuises, Sasha, perdu et n’en parle pas.
préférant regarder les bulles surnaturelles.
et tu t’étouffe sur la question de Cameron.
encore plus sur sa conclusion, t’allongeant.
la tête qui dépasse, flotte sur les vagues.
un léger rire qui t’échappe, presque gêné.

▬ Comment tu m’propulse dans la catégorie des adultes avec un grand A.

et tu donnes un coup dans une vague.
l’arrosant amicalement, tout en réfléchissant.
touchant ton annulaire gauche, nu.

▬ Et non, j’suis pas marié. pensif. Mais j’crois que ça me dérangerais pas de l’être.

fronçant les sourcils une seconde, Sasha.
tu laisses tes mains retomber, plonger.
et ta tête se tourne légèrement, le fixant.

▬ Pourquoi cette question ? souriant, l’encourageant. Si t’en as d'autres, je peux y répondre.

ne sachant pas trop dans quoi tu t’engages.
c’est quelle est venue de but en blanc, étrange.
et ta petite curiosité veut comprendre pourquoi.

Toujours inerte et allongé sur sa planche, Cameron regardait le ciel bleu et résonnait toujours dans sa tête la même question. Les interrogations de gamin qui n'ont jamais trouvé de réponse et dont le mystère n'a en rien perdu de son entrain avec les années. Comment ça se fait que le ciel soit bleu ? Et c'est le ciel qui reflète la mer ou bien la mer qui fait miroir au bleu du ciel ? Et on ne répondra sans doute jamais à sa question, parce qu'il ne prend plus la peine de la poser
Je crois que je comprend pas ... se charger au point d'être débordé. Enfin, quand je suis au bar et qu'on me demande douze verres en même temps je m'occupe des commandes les plus importantes et après je fais le reste. Et des fois y'en a que j'envoie chier. Il compare avec ce qu'il connait et les mots étaient sortis sans filtre et sans arrière-pensée non plus. Cameron avait la fâcheuse habitude de délirer chacune de ses lignes avec une bêtise candide et un heurt maladroit.

Mmh ça m'étonnerait même pas. Faudrait dire à tous les autres de se détendre cinq secondes au lieu de jouer aux dictateurs. Ils se bouffent sur le crâne c'est naze. Mais bon moi je me suis cassé, maintenant, c'est plus mon dos. Et encore une maison dont il avait claqué la porte en partant, clamant n'avoir besoin de rien ni personne. Il pensait à ses frères et sa soeur, quelque fois, quand il était seul devant le grand large. Se demandait comment ils feraient, eux, dans le grand bain.
Bah, si ça te dérange pas c'est que tu l'es déjà. Autant un adulte que marié, je veux dire. Il se redresse de sa planche et vint guetter tout mouvement dans l'eau, de quoi noyer son regard tandis que les sons s'écoulent d'entre ses lèvres comme une cascade sauvage.
Je sais pas, ça va dans le package dans ma tête. Tu grandis, tu te maries, tu fais des gosses, enfin le cycle de la vie, quoi. Et je me demandais tout ça, quoi. Comment t'as su que tu ferais ta vie avec un homme, par exemple. Il plonge un instant et immerge l'intégralité de son corps sous l'eau et quand il ressort quelques minutes après, un petit banc de poissons venaient à leur rencontre.

@sasha amouretti

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il aime l'océan parce que chaque fois que les vagues quittent la rive, elles reviennent toujours.


tu l’écoutes à Cameron, attentivement.
bien la sensation qu’il te fait la morale.
et il a peut-être bien raison de la faire.
c’est que tu vois le regard de Yeon sur toi.
l’inquiétude dans ses prunelles, même Zach.
si Miko savait, il te tuerait probablement.

mais tu souris sur sa conclusion, Sasha.
laissant même un rire te quitter ; doux.
juste avant de soupirer, l’adulte au commande.

▬ J’aimerais parfois. C’est juste que… tu te cherche des excuses. J’adore faire du piano. C’est presque toute ma vie et j’aime bien transmettre cette passion, mais c’est éreintant en ce moment. non, tu dis seulement la vérité au final. Et être ambassadeur… ça compte pour moi. J’aurais jamais cru être à ce poste, vraiment jamais jamais, mais on m’a élu, parce qu’on fait comme ça chez les Hestia donc… j’ai pas envie de décevoir ma famille, tu vois ?

mais je devrais appuyer sur le frein.
sauf que ça, tu le gardes pour toi, Sasha.
parce que ça fait trop mal de se l’avouer,
que tu ne peux pas tout conjuguer ensemble.
ton persévérance, ton obstination mise à mal.
mais c’est ta santé et tu le sais malgré tout.

et la conversation enchaîne sur Nausikaa.
tu lui dis la vérité, ce que tu en penses.
comment tu le vis et le ressens aussi.
et tu te retrouves à approuver ses dires.
relativement d’accord avec lui, Sasha.
content de savoir que ce n’est plus son problème.

▬ Tu as raison de rester en dehors de tout ça. une main vient rabattre tes cheveux vers l’arrière. Je crois que ce qui me laisse le plus perplexe c’est… qu’on soit capable de s’en prendre les uns les autres, alors qu’on a déjà des monstres au cul.

quand tu dis ça, tu penses à Ange.
à Ange et Lazare qui vivent ensemble.
tu t’inquiètes, ça te tord le bide.
si bien que rougir à sa remarque suivante
procure une sensation de délivrance.
et tu écoutes la suite de son discours.

juste avant qu’il ne plonge quelque minutes.
ça te laisse le temps de réfléchir, Sasha.
de te redresser avant qu’il ne remonte.

▬ Je ne le savais pas. Pour répondre à ta question. ton regard se posant dans le sien. Mais j’ai compris assez jeune que le genre d’une personne, je m’en foutais complètement. tu tapote du bout des doigts sur ta planche. Je te dirais même que je ne suis pas exclusif à la base, je ne suis juste pas tombé amoureux de quelqu’un d’autre depuis que je suis avec Yeon et aujourd’hui je pense que je n’irais pas lui imposer ça. et ça te vas très bien comme ça. Je ne le savais pas, mais j’ai envie de faire ma vie avec lui. On se complète bien sur de nombreux points et on est fusionnel sur d’autres. Je suis bien avec lui, je me sens en sécurité et heureux… je pense que c’est à ce genre de sentiments qu’on sait si on veut ou pas faire sa vie avec quelqu’un.

tu secoues la tête, Sasha, t’as divagué.
inspirant un grand coup, bruyamment.
juste avant de sourire et de te focaliser sur lui..

▬ Pardon, je– et là tu dois prendre une seconde pour réfléchir. Cam, tu te poses des questions sur ton orientation ? T’es pas obligé de me dire oui ou quoi, on peut même changer de sujet… je sais même pas si je suis la bonne personne pour parler de ça, mais… je suis là, si jamais.

tu te mets à sa portée, laissant la porte ouverte.
ton regard qui trouve le sien, tendrement, Sasha.
c’est toujours bien d’avoir quelqu’un à qui parler.

C’est la notion de déception qui prend Cameron aux tripes : lui qui a fui Nausikaa, ses frères et sa soeur en plein combat, n’a l’impression que d’exister seulement pour agiter au vent sa banderole de raté qu’il s’auto-proclame et s’oblige probablement seul à porter. Il ne verbalise pas sa pensée mais son regard s’assombrit rien qu’à l’entente du mot — Cameron et la déception sont une paire qui ne sont pas sensés marcher. Décevoir sa famille … Ouais c’est des conneries tout ça. Ils me doivent rien et je leur dois rien, ça, il faut bien le comprendre. Fait jouer l’eau de ses doigts et c’est un nouveau courant qui se crée à son contact. Moi j’ai toujours pensé que vivre caché c’était vivre comme des lâches. Et j’ai décidé de pas être lâche. Cette île elle va vous péter entre les doigts et je vous l’aurais dit, plusieurs fois, moi. Mais bon, les gens comme Diane veulent rien entendre alors bon … C’est qu’il n’y a pas de vrai coupable à son malheur alors Cameron décide de qui blâmer. Souvent c’est lui, parfois personne. Mais ses vagues-à-l’âme ne sont tempérés que par ses colères qui s’écrasent comme des torrents sur un brise-lame. Et quand il gronde et qu’il menace c’est qu’il avertit tous les rafiots de rentrer à bon port : on ne veut jamais être pris ni dans la tempête ni dans l’oeil des cyclones.

Et puis les vagues ne s’arrêtent plus. Quoi ?! Non pas du tout je te fais la conversation c’est tout ! Remonte sur sa planche et les poissons autour de lui repartent, vexés par le délaissement de leur prince. Enfin j’en sais rien mais je me suis pas posé la question là, genre ça me concerne pas, quoi. ‘Fin je veux dire j’ai rien contre quoi ! Mais non je sais pas c’est juste pas moi quoi, enfin peut-être pas quoi. Bon, t’as compris, quoi, hein ? Cameron n’est pas bon en sentiment et ses mots ne sont souvent pas les bons non plus : c’est que quand tout autour de lui bouge et que c’est seul qu’il demeure, il a tendance à tirer au sol tout ce qui n’est pas à sa hauteur. J’voulais pas m’emporter ou quoi mais tu te trompes, c’est tout.

@Sasha Amouretti