LAujourd'hui, Divine t'avais affecté à la patrouille sur agôn district. Tu n'avais encore pas eu le privilège d'une mission plus ambitieuse comme suivre une affaire ou prendre part aux interventions, mais tu voyais dans ton affectation sur agôn, un quartier animé, un bon présage. Depuis ta reprise de fonction, le spectre de ton décès planait autour de toi. Tu avais vu dans le regard de tes collègues le plaisir de te voir sur pied, mais aussi et surtout l’inquiétude. Tu n'avais plus qu'une vie au compteur. La prochaine fois, tu ne reviendrais pas. Tout cela partait d'un bon sentiment, mais la sollicitude de ton entourage commençait à t’étouffer. Être en charge d'agôn aujourd'hui était l'occasion parfaite de te remettre en jambe et de montrer que tu n'avais rien perdue de ton efficacité. Si tu étais confiante, eux le seraient aussi. Et l'occasion de faire tes preuves était juste sous ton nez.

Ton regard passe sur l'allée pour s'arrêter sur une chevelure blonde et bouclée que tu reconnaîtrais entre mille. Tu fronces les sourcils, descends tes prunelles jusqu'au visage au sourire provocant.

— Mirzoyan.

Vous vous jauger quelques secondes avant que, sans surprise, Leslie attrape une pomme avant de filer. Tu restes interdite, sa vitesse le porte déjà loin. Les yeux levés vers le ciel , tu ne parviens pas a refréner ton sourire lorsque tu glisses pour toi-même.

— Le cafard.

Tu te concentres jusqu'à le trouver. Tu vois sa position, non plus que de la voir, tu la sais. Il est ici. Il faut que tu passes par là pour le trouver. Tu t'approches de l'étale, glisse à l'attention de son camarade.

— Tu ferais mieux de traîner avec des gens plus raisonnables, l'ami.

Puis tu t'approches rapidement du bâtiment derrière lequel Leslie s'est caché. Tu ouvres un portail pour y entrer, puis un autre juste derrière lui avant de le ceinturer.

— Mirzoyan, je sais que tu ne roules pas sur l'or mais me fais pas croire que t'as pas l'argent pour une simple pomme.

Tu me veux ?

La question a le mérite de te surprendre, suffisamment pour que tu baisses ta garde et ne le laisse s’échapper. Désormais à deux mètres de toi, il te regarde grand dans sa confiance aussi solaire qu'Helios lui-même. Le salaud.

— T'étais du genre à draguer dans la cours de récré en tirant les couettes de ta voisine, alors la question se poserait plutôt pour toi.

Il croque de nouveau dans la pomme. Le fils d'Hermès place la provocation au rang d'art.

— Tu sais que j'ai un vrai métier, hm ? Du genre protéger la population, arrêter les méchants, tout ça... Hm, je me demande si je pourrais pas te traîner au poste pour obstruction...

T'en penses pas un mot, Leslie t'agace, mais il t'amuse. Il est de ces élèves perturbateurs mais pour lesquels on exprime une affection coupable. D'ailleurs, cela fait maintenant bien une minute que tu le laisses libre, il était de temps de revenir à la charge. Tu claques des doigts pour générer un flash lumineux. Tu t'élances au profite de l'aveuglement de Leslie pour lui venir habillement le plaquer, torse contre le mur, comme pour l'interpeller.

— Bon c'était bien sympa Mirzoyan mais-

Tu fronces les sourcils, cela fait tant d'années que vous jouez au voleur et au policier que tu n'as aucun mal à le remarquer.

— Par Iris, tu t'es mis à la salle ? Et bah... Tu dois être sacrément mordu.

La raison pour laquelle tu ne le détestes pas foncièrement c'est peut-être parce que vous vous ressemblez plus que vous ne voulez bien l'admettre.

Tu roules des yeux dans son dos. C'est toujours comme ça, c'est lorsqu'ils sentent les menottes qu'ils se mettent tous toujours a paniquer. Tu étires un léger sourire avant de le lâcher.

— Inutile de te dire de fuir, hein ?

Tu tapotes ta tempe du bout des doigts, l'air de lui dire que tu sauras où il se rendra. Ton regard glisse sur la pomme, désormais inutile à être sauvée car déjà croqué. Tu lui fais pas l'affront de lui dire qu'il devra la rembourser car tu sais qu'il le sait. Leslie était loin très loin d'être idiot.

— Têtue oui, mais c'est culotté que tu t'en plaignes parce que t'es pas mal dans le genre aussi.

Tu croises les bras contre ta poitrine.

— Pourquoi tu passes ton temps à me provoquer ? T'as rien de mieux à faire toi aussi ? Ton job t'épuise pas assez ?

Tu pointes la pomme du doigt.

— En plus t'as laissé ton pote tout seul, encore.

Enfin pour ce que ça te fait. Tu connais le type de visu et tu t'en fiches un peu. Tu sais juste, qu'à sa place, tu prendrais assez mal que ton ami te plante pour aller jouer à Tom et Jerry avec une fliquette alors que vous étiez ensemble. Mais ça, c'est probablement juste de toi. T'es ancrée dans tes codes, tout ce qui en sors t'apparaît comme malpolie et égoïste.

— Et donc, les muscles c'est pour quoi ? Voler plus de pommes ?

Objectivement ça ne valait le coup de rien du tout. Objectivement seulement. Comme dit, t'as du mal à être objective. Quelque part, vos courses-poursuites en ville t'avaient manqué. Et c'est peut-être bien le seul qui depuis ton retour ne te couve pas au prétexte que tu n'as plus de vie supplémentaire. Tu baisses brièvement les yeux, étires un sourire avant de les relever.

— Peut-être.

Tu hausses les épaules, c'est tout ce que tu diras. T'es pas prête à lui dire franchement que c'est pas une tare de le poursuivre partout pour des pommes ou des poires. Quelque part, t'aimes bien les choses telles qu'elles sont. T'as trop pris l'habitude de saboter à voulant toujours plus. Peux-être que tu comprends enfin que la gourmandise est un vilain défaut et que forcer le destin n'amène que des regrets.

— Je t'ai interpellé assez de fois pour savoir que non mais... Bon, si tu veux mentir et noyer le poisson, à ta guise.

C'est dommage, toi qui aimes tant les ragots.

— J’espère juste que je me trompe parce que mon cauchemar, un peu, que tu te la joues bonnie and clyde avec quelqu'un, j'ai autre chose à faire.

— Ok Batman-HEY !

Tu le sens passer derrière toi. Tu plaques ta main contre ta poche, le salopiot t'avais volé tes clés ! Tu lèves les yeux au ciel, aussi scandalisée qu'amusée.

— Par les dieux de l'olympe Mirzoyan je vais-

Mais tu n'as pas le temps d'en dire plus. Le fils d'Hermes plante un baiser sur ta joue avant de filer à l'anglaise te laissant seule dans la rue. Tu sais où il va. Tu le sens. Tu pourrais le suivre ainsi sur des kilomètres si tu le voulais. Avec quelques portails, ce serait simple de le prendre de nouveau par surprise. Mais volontairement, tu prends le temps de fermer les yeux et de te fermer à ton don. Tu romps le lien. Ta chasse prend fin. Tu glisses une main dans ta poche pour en sortir tes clés et la pièce pour payer la pomme. Tu soupires, un sourire un peu trop franc sur les lèvres.

— Nûr avait raison, les enfants à problèmes c'est toujours ceux qu'on préfère.

Tu jettes tes clés en l'air pour les rattraper et les glisser de nouveau dans ta poche. Tu t'étires, féline, avant de ressortir dans l'artère principale. Tu te mangerais bien une pomme.