Te voilà marié. Cette fête était à ta gloire, à ton honneur. Tu devrais exulter, pourtant c’est l’amertume qui te gagne. Face à la statue de ton père, une chope de bière à la main, tu bois en le regardant droit dans les yeux. Avait-il honte ? Etait-ce sa volonté ? Du coin de l'œil tu crois repérer Seraph. Tu descends ta chope, vas t’en servir une autre.

Autour de toi ce n’est que éclat de rire et fête. Alors que tu évolues dans la foule on te tape sur l’épaule, on te félicite, comme à la fin d’une grande bataille. Sauf que tu n’as vaincu personne, tu n’as livré aucun combat, accompli aucun fait d’armes. Tu te laissais passer la laisse comme le dernier otage au nom de manœuvre politique que tu exècres car tu ne la comprends pas. Une alliance ! Une alliance avec un ramassis de sous-merde qui ne veulent se battre que pour la paix. Une alliance dont on t’a fait le garant ! Tu te sens humilié. Entre ton kidnapping, le procès et ça, tu te sens insulté et sous-estimé. Tu étais Midas ! Fils d’Arès ! Héros des dieux ! Tu arraches des mains d’un petit sparte la chope de bière qu’il tenait dans sa main.

— Honneur au marié, p'tite fiote.

Tu en bois une gorgée, on vient t’entourer. De nouvelles tapes sur l’épaule et dans le dos. Tu chemines de nouveau avec eux jusqu’aux statues dans des éclats de rire rauques et des chants guerriers. L’alcool te détend, masque ta hargne sans pour autant l’enterrer. Aussi lorsqu’Ezra se présente à toi, objet de toute ton humiliation, tu arrives à sourire.

— Ah ! Mon mari !

Derrière toi ça siffle, tu viens passer un bras autour de son épaule et planter un baiser chargé d’alcool sur sa joue. Que ton trophée du jour serve au moins à quelque chose.

— Oh, t’en fais pas, j’aurai bien le temps de te faire jouir trois fois avant que je ne m’écroule.

On rit autour de toi. Tu lèves ta chope comme pour saluer l’assemblé avant de leur faire signe de déguerpir d’un geste de la main.

— Toi, t’as l’air de te faire chier comme un rat mort. Tu pourrais faire un effort.

Tu te penches et lui souffle à son oreille.

— Ils sont des centaines à rêver d’être à ta place et pourtant de tout Nausikaa c’est toi qui m’as mis la bague au doigt. Bien joué, le cadavre.

Tu ricanes, c’est légèrement amer.

Tu hausses un sourcil, t’as envie de donner du crédit à ce qu’il dit mais t’es pas suffisamment stupide pour le croire. Tu l'observes se détacher de toi et te tourner le dos, occupé à torturer une pauvre fleur qui n'avait rien demandé. Ton regard passe de l’une à l’autre des larges statues, tu ne peux pas t’empêcher de voir du pathétique dans la façon dont la tienne est sublimée et la sienne délaissée.

— Ok, c’est quoi ton problème Ezra ?

Tu t’approches dans son dos et passe un bras autour de lui pour le garder contre toi. T’es cruellement conscient du regard des autres dans ton dos. T’es trop conscient de Simca et de ses manigances. T’es trop conscient du rôle qu’on attend que tu joues pour la gloire du clan (de Seraph) et surtout de la défaite personnelle que ce serait de faire comprendre à tous ceux qui ne sont pas dans la confidence que ton mariage est une vaste blague. Tu jettes un regard à la statue de ton père. Tu as perdu trop de fois pour une vie. Tu ne laisseras pas Ezra faire de cette humiliation publique une énième défaite.

— Ouais, chanceux. C’est avec moi que t’es marié, dès ce soir tu quittes ton quartier pourri pour rejoindre le mien et plus personne ne t’emmerdera parce que t’es le mari du bras droit des Spartes.

Tu viens poser ton menton contre son épaule, de loin, on dirait deux amoureux en plein partage de mots tendres.

— Puis entre nous, on sait très bien que t’en pinces pour moi depuis longtemps. Tu peux être content, tu peux légalement dire que je suis à toi. Pas mal pour un petit minet du dieu de la mort, hein ?

Tu ricanes quelques secondes avant de lui glisser plus sévère.

— Alors fais un effort, ta sœur nous regarde et t’as pas envie de lui faire de la peine, hein ?

Peut-être que tu es un connard, en tout cas tu ne fais ou ne dis rien pour le contredire. Le regard un peu dans le vide, le menton toujours posé sur son épaule, tu resserres la prise lorsque tu le sens en proie à une envie soudaine de mettre de la distance entre vous. Hors de question de le laisser filer. Heureusement, il abandonne rapidement. A sa question tu as envie de hurler. T’as pas eu le choix. Mais à l'entendre, tu crois comprendre qu’il n’en est peut-être pas au même niveau d’information que toi.

— Y avait beaucoup en jeu.

Tu craches avec amertume, t’as encore ta confrontation avec Seraph en tête. La mâchoire serrée, tu viens décaler ta tête pour prendre une gorgée de bière.

— Si je devais faire le fier, je me serais pointé avec la tête d’un monstre dans chaque main, je me serais pas maqué.

Tu hausse les épaules avant de soupirer. Ton souffle chaud contre sa nuque, ton cœur s'agite à l’idée qu’il ne puisse pas être heureux et le montrer. Quelque part, tu crois que vous voir tous les deux malheureux te vexe davantage. Tu étais Midas Warren. Qui aurait le culot d’être désespéré d’être ton époux ? Et les paroles de Simca te reviennent en tête. Il doit être heureux. Il doit le montrer. Il doit donner l’illusion de. Il faut qu’il tombe amoureux ou au moins dans une telle dépendance que ta simple présence soit une raison suffisante pour lui de continuer à respirer. Alors tu t’approches, souffle pour lui susurrer.

— Mais écoutes moi bien quand je te dis que la seule raison pour laquelle je me suis pointé aujourd’hui c’est parce que tu étais le marié.

Tu glisses ta bouche contre sa nuque, la remonte jusqu’à son oreille. Il va transpirer de bonheur ce trou du cul. Plutôt mourir que de voir que ta compagnie blesse plus qu’elle n’enchante. Tu ne supportera pas une autre déception. On a déjà souillé ta grandeur trop de fois en l’espace d’un mois.

— Et toi ? Pourquoi t’as dit oui ? T’es un parfait nobody, y avait aucune raison pour toi d’accepter.

Tu glisses un sourire calculé sur le visage.

— C’est parce que c’était moi, le marié ?

Dans son dos, tu souris. Tu ne peux pas dire que ce soit une grande nouvelle, tu le savais déjà. Mais le lui faire dire a un goût particulier. Le lui faire dire, c’est le soumettre, le forcer à rendre les armes dans une lutte où tu ne veux pas le voir vaillant ou courageux. Et il le dit. Tu resserre un peu plus ton emprise sur lui. Bien. La bonne nouvelle qui rend un peu moins amère les manigances de ton frère c’est qu’au moins, comme ça, Ezra ne s’en ira pas. Il est légalement à toi, maintenant.

— Ouais, c’est moi.

Tu glisses tes lèvres contre son cou.

— Alors si on emmerdait les manigances de nos fratries respectives pour leur montrer qu’on tire du bon dans tout ça, hm ?

Tu embrasses sa joue, te décolles de lui pour lui présenter ton bras. Il faut qu’il sourisse et tu le sais avoir un complexe d’infériorité à combler. Alors tu sais exactement quoi vous proposer pour adoucir vos égos froissés.

— Si tu veux prendre ta revanche sur tes anciens bully, c’est maintenant, chéri.

Tu attends qu’il s’en saisisse. Tu vas le montrer, le mettre en avant, forcer tes camarades à baisser les yeux et faire mourir de jalousie tes ami(e)s et conquêtes que tu as pris la peine d’inviter. Si avec ça, ton nouvel époux ne sourit pas et ne fait pas sentir le bonheur immense que c’est d’être ta propriété et ta moitié…

Tu l’entraînes plus en avant au milieu des gens sans le quitter et en le couvant du regard de temps à autre. Tu lui désignes la piste de danse du menton. Cette parodie de conte de fée t’épuise mais le clan et les égarés peuvent aller se faire foutre : tu feras de cette humiliation ton triomphe.

Tu le long de la danse, tu profites de ses angles morts pour fixer Seraph et d’autres. Semble hurler avec les yeux “REGARDEZ COMME JE FAIS BIEN, REGARDEZ COMME VOUS NE M’HUMILIEZ PAS”. Et ton mari qui rit lorsque tu le fais valser, c’est le comble. Non, ce mariage n’est pas un aveu de faiblesse. Non, ce mariage n’est pas ta marche de la honte. Il est ta victoire, ton triomphe ! Mais quand la musique change pour un son plus calme, Ezra quémande une pause. Tu le suis, bon petit toutou serviable. Il a l’air de meilleure humeur, plus enclin à montrer son bonheur. Tu glisses une main contre sa hanche en considérant son verre d’eau avec une expression dégoûtée.

— Tu ne me fais pas confiance ?

Tu hausse un sourcil, regarde de droite à gauche avant de lui glisser dans l’oreille.

— Tu doutes de mes capacités pour te combler ?

Tu ricanes, sourire joueur. Dans la foule tu vois tes frères et sœurs mais tu vois surtout la chevelure ébène de Simca. Tu retournes Ezra pour le planter devant toi.

— Embrasse-moi.

Ça sort de nulle part, mais tu veux, tu as besoin. Ce mariage est ton triomphe. L’humiliation c’est aux autres qu’elle doit revenir. Alors tu balances, plus pressé.

— J’ai envie que tu m'embrasses.

L’espace d’une seconde, tu penses qu’il va te refuser le baiser. Ce serait mal venu, tu as une réputation à tenir, on t’as enfermé il n’empêche que tu domines. Tu es censé tenir en laisse ton mari. Mais heureusement, Ezra est faible face à l’amour et quelque part ça te rassure. C’est peut-être la seule chose qui sauve ce mariage. Il se donnera et comblera tes besoins : parce que, par Aphrodite, que tu aimes sentir la dévotion et l’amour des autres.

Tu le laisses t’embrasser non sans resserrer ta prise sur son dos pour le coller à toi. Pendu à ton cou, tu laisses tes doigts libres caresser ses cheveux. C’est bien, il est tactile, c’est tout ce que tu veux.

— C’est mon mariage.

Tu embrasses la foule du regard, la fête bat son plein.

— Et je sais pas pour toi mais en ce qui me concerne j’ai pas pour plan d’en avoir un second alors je compte en profiter.

Tu glisses un sourire.

— C’est le tien aussi, tu devrais te pavaner, faire le beau, c’est ton triomphe.

Tu ne marie pas n’importe qui. Tu voudrais qu’il se saoule, qu’il se fasse acteur des festivités. Il devrait exalter.

— On a toute la nuit de noce et la lune de miel pour être au calme.

Tu te penches à son oreille, viens doucement te détacher de lui pour poser une main dans le bas de son dos et le guider vers la foule.

— Viens, on va rendre quelques comptes à deux trois personnes.

Tu avises dans la foule un de tes camarades Sparte. Tu sais, car tu étais là, que du temps de la colonie, il avait pris un grand plaisir à emmerder Ezra. Tu ne lui en tiens pas rigueur, taper sur les faibles était dans l’ordre des choses mais ce soir tu allais te faire un peu moins neutre. Tu le pousses vers son ancien agresseur que tu salues d’un geste de la main.

— Clayton, t’as deux minutes ?

Tu lui fais signe du menton de te suivre et de gagner avec toi un coin isolé des jardins. A voir le calme, tu te fais la réflexion que c’était le lieu idéal pour tabasser quelqu’un. Comme ça tombait bien. Sans prévenir, tu cognes Clayton dans le ventre. Tu le laisses tomber à genoux avant de faire face à Ezra.

— Comme tu portes mon nom, faut pas que tu hésites à te faire respecter désormais. C’est terminé d’être faible, Ez.

Tu t'accroupis face à Clayton.

— Sans rancune, mon frère, mais tu connais la règle et tout le monde à droit à sa vengeance.

Tu lui tapotes la tête avant de te relever.

— Il est tout à toi.

Tu dardes sur lui un regard sévère. Il va. Quand on peut se rendre justice, on ne verse pas dans la pitié ou la demi-mesure. Ezra porte ton nom. Ezra est ton extension. Ce n’était pas voulu, mais vous voilà lié l’un à l'autre et il est hors de question que sa faiblesse vous fasse honte. Si tout le monde doit croire en votre histoire d’amour il faut qu’il sache que tu n’épouserai pas n’importe qui. Tu sais à quel point Ezra peut être dangereux. Il est temps que Clayton l’apprenne.

— Tu peux et tu vas.

Tu penches la tête sur le côté, attends, la bouche légèrement entrouverte et le regard provoquant. Tu le toises, jusqu’à ce qu’il cède, jusqu’à ce qu’il se montre enfin comme tu le connais, comme tu l’as désiré à la toute base. Enfin, il se fait prédateur.

Tu te déplaces sur le côté, spectateur curieux et excité de ce qui va suivre. Tu observes la façon dont Ezra fixe Clayton, la façon dont les traits de ton demi-frère se déforment à mesure que le pouvoir lui fait voir des horreurs. Tu souris, sens ton cœur battre à tout rompre. Les démonstrations de force te font toujours ce genre d’effet. Ton demi-frère, si enclin à rire et à se vanter, hurle, maintenant, totalement paniqué. Mais très vite Ezra arrête. Tu ignores royalement ton demi-frère pour le regarder lui.

— Quoi ?

Tu hausse les épaules, t’approches de lui, le menton fièrement levé alors tu souffles, tout près, désormais il n’y a plus d’intimité, puisque vous êtes mariés.

— Là. C’est justement pour ça, que tu devais le faire.

Tu glisses tes doigts contre son visage, observes son regard vide avant de sourire, comme luttant contre une hilarité soudaine avant de secouer la tête.

— Tu aimes trop te complaire dans l’image du bon petit gars mignon, alors qu’on sait, toi et moi, ce que tu es vraiment. Et il faut que tu l’assumes, bébé.

Tu te glisses à côté de lui, lui désigne Clayton encore tétanisé.

— Maintenant ils ne te respecteront pas seulement parce que tu es mon mari. Ils te respecteront parce que tu en es digne.

Tu presses son épaule.

— Tu devrais me dire merci.

— C’est un connard surtout.

Tu hausse les épaules, pas plus attaché à l’entité de la fratrie qu’à ton premier biberon. Entre vous, il n’y avait nul amour si ce n’est celui que forge la compétition. Clayton était fort mais fade, rien qu’un soldat dans ton armée, une chair à canon bonne à être sacrifiée. Vous aviez le même père, mais tu ne l’as jamais reconnu comme ton frère. Pour toi, tes frères sont au nombre de quatre.

Tu ne lui accordes pas le moindre regard, d’ailleurs. Tu as aussi vite oublié Clayton que tu l’as remarqué. Ton attention est centrée sur Ezra. C’est parfait, tu le modèles à ton image. Simca ne pourra s’en plaindre, tu respectes son si cher contrat. Mais peut-être as-tu sous-estimé ton mari. Tu hausse un sourcil face à ses mots, craché avec spontanéité, puis entrouvres la bouche pour répondre.

— T’es bien inso-

Et tu sens, l’énergie qui s’échappe. Tu le fixes, quelques secondes surpris. Tu sens. C’était comme cette fois-là. Et ton regard s’assombrit. Tu viens le saisir par la gorge pour le ramener bien à toi, à quelques millimètres de tes lèvres, pour la simple appréciation de sa suffocation.

— Doucement, bébé.

Tu grondes contre sa bouche, tes doigts autour de son cou.

— Je pourrais croire que tu voudrais me blesser. C’est pas ton genre, hein, de lever la main sur ton mari, hm ?

Tu glisses ton nez contre le sien, viens respirer son air, chercher ses lèvres dans un jeu tentateur alors même que tu l’étrangle.

— Ne te trompe pas d’ennemi, Ezra.

Tu l'embrasses et relâche, par la même,  doucement ta prise.

— Compris ?

Tu l’observes, suffoquant, il ne conteste pas. Même ! Il s’excuse ! Repentant et tu n’es pas cruel, Midas. Tu sais te faire juste quand l’envie te prend. Et à tout abandon de sa part, face à toi, il y a une récompense.

— J’en m’en doute, t'en fais pas.

Tu glisses une main contre sa joue pour le forcer à lever les yeux sur toi et t’embrasser du regard.

— C’est dangereux, c’est donc un don.

Tu glisses tes doigts à sa main, vient la porter à tes lèvres pour embrasser ses doigts, comme-ci tu ne l’avais jamais étranglé, comme-ci tu ne l’avais jamais blessé. Tu peux entendre son cœur battre. Ezra est un chien dévoué, en manque d’une main aimante et d’un maître à servir. Simca t’as dit de le rendre heureux et tu es persuadé qu’il le sera soumis comme tu veux qu’il soit. La main peut être de fer tant que ses caresses sont de velours.

— Il faut que tu apprennes à te servir de tes armes contre les bonnes personnes. Je t'apprendrai.

Tu relèves la tête, ton baise-main déposé. Tu juges qu’après cette aventure il a besoin d’être rassuré.

— Je ne te ment pas. C’est un mariage politique, mais c’est parce que c’est toi que j’ai dit oui.

Tu lèves les yeux au ciel, fait mine de compter.

— Ça fait quoi ? Dix ans ?

Tu baisses les yeux vers lui de nouveau.

— Et malgré tout on continue encore, je pense que c’est un signe.

Tu penches la tête sur le côté, glisse tes doigts à son ventre. Dommage que ce ne soit pas une meuf, tu as toujours voulu avoir de nombreux enfants. Des fils, de préférences, et les pouvoirs de Thanatos auraient pu en faire de grands héros ! Tu hausse les épaules. Tu donneras à ton père la gloire qu’il mérite en lui offrant une descendance de son meilleur fils. Le ventre qui aura l’honneur d’incuber ta création importe peu.

— Tu es à moi, maintenant.

Tu lui en voudra le jour où il voudra se faire plus grand, plus fort, plus royal que toi. Tu lui offres un léger sourire, l’air de lui que tu n’es pas fâché, que l’incident est déjà oublié. Il s’excuse encore et c’est justement parce qu’il est aussi soucieux de souligner sa faute que tu ne pousses pas le bouchon. Le chien a appris sa leçon. A le voir si docile, si passionné à se faire pardonner, tu en viendrais presque à sentir ton cœur doucement accélérer. Maintenant, il est à toi. Maintenant tu le tiens. Et parce que tu le tiens, tu commences à t’adoucir et à trouver cette perspective de vie à deux bien moins insupportable que ce qu’elle était censée être. Il tombera sûrement fou amoureux de toi. Et toi, tu aimes profondément qu’on soit amoureux de toi.

Ezra souffle et confesse son appartenance, il se fait aventureux, avide, ses lèvres à ton cou, alors même que Clayton se traîne au sol. Qu’il soit témoin d’un tel spectacle t’excite. Qu’il voit, qu’il aille rapporter, comment tu tiens ton homme et comment ton mari t’es dévoué.Tu glisses une main dans ses cheveux, le souffle à demi-suspendu.

— Ezra.

Tu attrapes son menton pour qu’il puisse te faire face. Tu le couves d’un regard dont on ne sait pas s’il est fier ou implacable. Satisfait, tu lui glisses.

— Tu seras heureux avec moi, tu verras.

Et il le rapportera à sa sœur, sœur qui satisfaite finira par oublier le pouvoir qu’elle détient sur toi. Il le rapportera à sa meilleure amie, meilleure amie qui vous fera peut-être la grâce de se trancher la gorge de chagrin. Au final, il n’y aura plus que lui et toi et le bonheur qu’il étalera et qui servira ta gloire. La colère commence à redescendre et tu commences à envisager les avantages derrière votre relation. Il t'attendra le soir, écartera les cuisses que pour toi, te donnera tout l’amour et l’attention dont tu as besoin. Tu lui souris plus franchement, glisses tes lèvres contre les siennes pour l’embrasser longuement et lentement. Tu te détaches un peu de lui, son menton toujours en otage entre tes doigts. Tu glisses ton pouce contre sa bouche.

— On ne peut pas rentrer tout de suite, mais viens avec moi. Je vais te faire patienter.

Tu le tires par la main, lances un dernier regard à ton frère.

— Clayton, t’es encore par terre.

Moqueur, avant de traîner ezra dans un renfoncement isolé dans les jardins.