le roi est surpris

bien sûr, winnie ne savait pas encore qu'il avait perdu. il s'en doutait, ça oui, mais l'espoir d'une victoire possible stagnait quelque part dans son cerveau, et c'est ainsi qu'il mettait beaucoup trop longtemps à réfléchir pour déplacer chaque pièce, alors même qu'il était incapable de prévoir plus de deux coups en avance. de toutes manières, les échecs étaient une excuse. une occupation, pour les mains de winnie et pour une part de l'esprit de salim, qui cachait alors la vraie raison : leur appréciation partagée de l'un et l'autre.
mais non, tu regardes ??! la prochaine fois envoie moi un message ! je ferai un truc genre ... ah, et pourquoi pas jouer aux échecs en ligne, comme ça la prochaine fois j'aurais plein de coups à faire, et tu sera obligé de réfléchir au moins UNE seconde eheheh personne n'était dupe, il n'y avait aucune façade à garder, mais ils veillaient sur les fondations comme si un jour peut-être, il faudrait tout rebâtir -la maison était à côté, pourtant. mais non, c'est faux. je parle à des gens ! on interagit ensemble. c'est pas vraiment une conversation, mais ça l'est quand même. et puis quoi, la personne qui écrit un rapport sur son ordinateur, elle parle à elle-même aussi. on produit des trucs, et les autres après s'en saisissent. c'est ça qui est fun. faut être investi pour pas que ça soit ennuyant ! et puis bon, faut aimer ce que je fais aussi ... parce que le live d'hier, avec la review des futures nouveautés sur genshin impact, ça risquait de ne pas trop intéresser salim, c'était certain. ni de voir winnie crier devant le nouveau skin de klee (qu'il allait évidemment acheter).

le roi est surpris

winnie se forçait à ne pas relever la tête : ainsi, il ne voyait pas le désespoir sur la face de son frère, et cela ne l'influençait pas dans son jeu -son jeu extrêmement bon, évidemment, qui ne pouvait être qu'affaiblit par la contribution de salim. mais pas par le message promis : ça, au contraire, ça ne pouvait que le rendre plus fort. il se relève d'un coup, un grand sourire sur les lèvres, s'exclame : omg ça serait trop bie---- ah. ah ouais j'ai compris ! pffff. du sarcasme. je vois ! très bien. parfait. aucun soucis. tu fera moins le malin quand je te battrai à plate couture. parce que cela arrivera, un jour, comme cela est déjà arrivé ; c'est là le mystère des débutant-es, des nul-les, et des enfants de niké.
winnie ne pensait pas à leurs différences de la même manière que salim. il choisissait plutôt d'y voir un équilibre. les couleurs flashy des t-shirt de winnie font mal aux yeux sans les gris de ceux de salim. l'enthousiasme se noie sans rivage calme où s'accrocher. les paroles n'ont de sens que si elles sont écoutées, et parfois il faut que c'en soit d'autres qui écoutent. c'était là une sagesse simple, à l'image de winnie (l'enfant doré et le petit ours animé).
je pourrais tellement crier maintenant, vu comment t'as brisé mon coeur. vais-je m'en remettre ? salim !! est-ce que tu sais faire un massage cardiaque ? la main sur la poitrine, le visage comiquement tourné vers le bas, presque la larme à l'oeil -le clown, à nouveau. ah, ne t'en fais pas. je vais y survivre ! je te pardonnerais même ! sa voix monte dans les aigus, devient un souffle à peine, auquel il rajoute évidemment la condition : si tu me laisses gagner.
il reste prostré sur lui-même un instant, montagne tremblante dont un sourire casse finalement la coque : il rit, fort, crie peut-être sa joie, certain comme il est que son cinéma ne marchera évidemment pas. ce n'est pas grave. peut-être que salim aura vu là aussi comment tout ce bruit était utile.