ft Camille
Petrified Forest, Arizona, 2010

Elle s'était abritée du soleil brûlant aux heures les plus chaudes, à l'ombre presque rafraîchissante de la grotte nichée dans les collines désolées de la forêt pétrifiée, non loin cependant des abords du parc. Elle ne s'était encore jamais enfoncé jusqu'en son coeur.
Deux semaines plus tôt, elle avait décidé de prendre le temps de s'isoler, rejoignant avec plaisir une famille de coyotes dont elle s'était rapprochée au cours de ces dernières années.
Leur compagnie presque silencieuse l'apaisait aisément, et leur flair hors pair en faisait d'excellent compagnon de chasse entre les plaines et les collines qui semblaient s'étendre à l'infini.

Alors que le soleil commençait à décliner sérieusement, elle se décidait à sortir enfin se dégourdir les jambes et explorer le parc. L'heure était idéale ; la vie qui grouillait entre les roches, s'agitait aussi, profitant de températures plus favorables aux mouvements. Et puis bientôt l'obscurité viendrait, apportant à la faune du parc son lot de drame et de traque nocturne.

Tu sens quelque chose ? L'un des jeunes coyotes du groupe s'était redressé, alerte, et semblait fixer quelque chose au loin, en direction de l'un des points d'accès du parc. Machinalement, elle passait la main dans son dos, effleurant du bout des doigts les plumes des flèches dans son carquois. Il était au complet bien sûr, mais le geste était un réflexe hérité d'une trentaine d'années de répétition.

Allons voir. Ordonnait-elle, tandis qu'elle s'élançait avec assurance sur les semblants de chemin sinueux, tracés par les passages réguliers des coyotes, seuls à les emprunter. Certains membres de la meute la suivaient, tandis que les plus indépendants, peu enclin à se plier aux ordres restaient en retrait.
Assez rapidement, ils s'étaient assez rapprochés pour qu'elle distingue à son tour une silhouette incertaine au loin, en contrebas de la crête sur laquelle elle se trouvait. Elle estimait un dénivelé d'une centaine de mètres.


Doucement Murmurait-elle ; son sang bouillonnait d'excitation d'entamer une traque silencieuse, et peut-être une chasse de l'intrus.
Agile et sans crainte, elle entamait une descente rapide et sans bruit, s'abritant régulièrement entre les roches massives se dressant sur son chemin. Saisissant une flèche, elle armait son arc, prête à tirer.
À cette distance, elle pouvait l'atteindre en pleine tête ; mais lorsque la flèche fuse, elle ne frôle même pas sa cible, se plantant à pleine vitesse juste à côté des pieds de Camille.

Salut toi ! Bienvenue par ici ! Elle sort d'entre les rochers, un sourire insolent étirant ses lèvres ; elle ne traquerait pas ce soir.

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ft Camille
Petrified Forest, Arizona, 2010

Elle trottine, sourire aux lèvres, fière de ses bêtises.

Carcasse, voilà une jolie façon de saluer une vieille connaissance ! Elle la reconnaît, c'est sûr ; mais le nom qu'elle a en tête lui échappe face aux pupilles brûlantes de rage de l'enfant. Elle s'approche un peu, récupère la flèche, et caresse la pointe du bout des doigts, avant de la ranger machinalement dans son carquois.

Pas dégueulasse ? La prochaine fois je vise ce doigt, tu verras. Lâche-t-elle en riant, désignant le majeur de l'insolente, qu'elle regarde de haut en bas. Bien sûr que je te reconnais, mais je crois que je vais me tromper sur ton prénom, alors rappelles le moi ! Et tiens, bois. Elle lui tend la gourde de fer accrochée par une lanière de cuir à sa taille. Elle a surtout relevé la mine fatiguée de la jeune femme; qui semble ne pas s'être offert le luxe d'une nuit correcte depuis plusieurs jours.

Elle réfléchit un instant, et d'un geste invite les coyotes encore niché entre les rochers à les rejoindre ; ils hésitent, elle insiste d'un autre geste agacé. Se faire comprendre ne suffit pas à commander aux bêtes, et seule une femelle s'avance prudemment.

Pas de geste brusque, elle pourrait t'arracher le mollet sans hésiter. L'animal s'approche, renifle à bonne distance, puis s'installe derrière Dorian, les babines légèrement retroussées, prête à bondir.

Je suis trop loin des hommes pour en percevoir les rumeurs, et eux sont trop loins du fond de cette vallée pour en connaître réellement ceux qui la parcourent Elle jette un coup d'oeil par dessus son épaule. Je ne m'y suis pas encore aventurée, c'est le territoire d'une meute rivale de celle ci, ils sont assez farouches et attaquent quiconque s'y perd à la nuit tombée. moi y compris pense-t-elle en se rappelant de sa dernière rencontre, dont elle conservait quelques marques sous le tissu de son pantalon.

Quand aux cris, à l'exception des hurlements à la lune et quelques autres communications animales, je n'ai rien entendu. Mais la vallée est gigantesque, le fond est à deux jours de marche encore d'ici. Elle regarde par dessus son épaule, pensive.

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