La préparation d'un jeu requiert une patience et une organisation de maître, il faut identifier les cibles, les approcher, gagner leurs confiances, trouver l'endroit idéal, préparer la mise en scène et les règles... Ces étapes passées, il faut ensuite engager quelques sbires peu scrupuleux pour faire les basses oeuvres et ne laisser aucune trace ne pouvant remonter jusqu'à elle.

Elle, le Sphinx.

Emon Ueda, sa proie de longue date.

Mei et Naomi, les victimes de cet affrontements.

Chaque séances passées avec ces deux femmes n'était qu'une masquarade, usant de son don d'hypnose pour envahir l'esprit de ces humaines faibles et stupides. Elles ont étés capturées sans difficultées, Sophia ayant ordonner à ses hommes de main de laisser une énigme sur la scène pour qu'Emon accepte de jouer.

Bien sûr, interdiction de tricher : pas de contact avec ses adelphes ou le reste de Nausikaa. S'il ne tente qu'une seule fourberie, hélas, Mei et Naomi rendront visite à son cher père biologique.

La réponse de la dite énigme conduirait Emon sur plusieurs indices : à lui de faire le tri et de bien comprendre les pièces de ce puzzle intellectuel. Elle n'a pas de doute, il va venir. Ici, au Orpheum Theater.

Elle n'a pas lésiner sur les moyens, le théâtre abandonné à subit... Quelques modifications. Les rangées habituellements vides sont remplies par des mannequins ressemblant à Blue, Winnie, Daphnis... Misaki et Akihito, eux, trônent fièrement sur un balcon en hauteur, jugeant la foule.

Les hommes de main ont cachés Mei et Naomi dans des loges séparées, puis leurs ont injectés un poison mortel - dont seule Sophia possède l'antidote et pourra donc l'administrer.

Pour ne pas cacher la partie, elle a dû se séparer des sbires en les assassinant et en se débarrassant des corps.

Elle-même se situe au sein de la régie, attendant patiemment que son challenger fasse son entrée.

Et le voilà, alors que la partie commence !

Activant les écrans présent dans toute la pièce, ils diffusent des vidéos et images d'Emon et de sa famille lorsqu'il était enfant, puis les visages terrifiées de Mei et Naomi apparaissent. Dans un geste théâtral et cruel, la lumière des projecteurs se braquent sur Emon, alors que la voix du Sphinx résonne.

- Bienvenue, mon cher Emon. Je vois que tu as réussi haut la main à comprendre mes indices, je n'en doutais pas. Tu es intelligent comme garçon,  c'est une qualité que je respecte.

Elle laisse volontairement un léger silence planer avant de reprendre.

- Ainsi, je t'ai choisi pour être le cobaye d'une petite expérience. Vois-tu, ta chère mère et sœur ont un poison dans leurs corps qui les fait souffrir le martyr... Si tu ne te dépêches pas, elles vont aller saluer ton vieux père.

Des hués déçus enregistrés se sont entendre.

- Personne ne veux que cela arrive, n'est-ce pas ? Et pourtant, mon petit Emon, tu vas devoir faire un choix. Choisis entre les deux, Emon. Dis-moi qui tu souhaites sauver et qui mérite de mourir. Désigne moi ta victime et je promet que l'autre pourra quitter librement ce théâtre.

Elle envoie une musique de suspense, s'amusant à le tourmenter.

Emon laisse les émotions prendre le dessus sur la raison, détruit les écrans d'un geste rageur en l'implorant de se révéler. Pauvre mortel, n'a-t-il donc toujours pas compris qu'ils ne sont que des pions sur l'échiquier du divin ? Elle, lui, le monde, n'est qu'un vaste terrain de jeu pour l'Olympe qui les sacrifie depuis des décennies.

Il est bien risible d'espérer, d'implorer la clémence des divinités : elles riront à son visage et laisseront son cadavre pourrir sur terre et son âme souffrir aux enfers. La vie d'un humain ne vaux rien, voilà la triste vérité.

Lui, libéré des chaînes de l'immortalité qui enchaîne le Sphinx. Ah, comme elle rêve de mourir elle aussi. Pour toujours.

- Il est dangereux de confondre la lâcheté avec la prudence, n'est-ce pas, Emon ? La voix résonne dans le théâtre, insensible aux supplications.

La cruauté l'accompagne dans ses paroles, imitant les bruits d'une horloge, le temps qui file file file !

- Le temps s'écoule, mon cher ami. Et tu le sais bien, Emon, le temps est précieux pour vous autres. Alors, as-tu fait ton choix ? Refuses-tu de jouer ?

Un jingle d'un jeu télévisé retentit, ajoutant une dose dramatique au cauchemars du fils d'Hadès.

- Tic tac.. Elles vont mourir, Emon... Tic tac.. Sacrifie l'une d'entre elles....Tic tac... Ou alors, je devrai m'en prendre à ton petit groupe... Tic tac...

Ta famille de sang ou celle de cœur, choisis.  

Une réponse, enfin ! La musique se coupe, le silence retombe. Emon est seul avec cette haine, cette culpabilité latente. Condamnée la mère pour que l'enfant survit, il est coupable de matricide pour sauver l'avenir de sa famille.

- Très bien. La voix froide du Sphinx résonne encore, quittant la régie pour se diriger vers les loges, l'antidote en main.

Un bref regard en direction de sa montre, le temps est compté mais il n'a jamais été son ennemi. Ses yeux se posent sur Naomi, pauvre petite poupée effrayée, souffrant le martyr pour les péchés de son frère à l'ascendance divine. Sophia passe une main dans les cheveux de la jeune femme, alors qu'elle lui fait ingurgiter le remède : la voilà sauve.

- Tu sais ce qu'il te reste à faire, ma douce enfant. Le ton est glacial, inhumain, monstrueux.

Libérée de sa cage, l'ancienne prisonnière court rejoindre son héros. La mère n'est déjà plus de ce monde, puisse t-elle rejoindre son ancien amour de jeunesse aux enfers.

Les pas la guident une nouvelle fois la régie, observant les retrouvailles.

- Merci d'avoir participé à mon expérience, Emon. 

Le rideau tombe, le spectacle est finie. Une fois sortie, Naomi se tranchera la gorge avec une dague dissimulée dans sa tenue, blâmant Emon pour la mort de leur mère - l'hypnose marchant à merveille sur cette âme sensible. Et sur le cadavre, il pourra trouver une petite note.

Ce fut un plaisir de jouer avec toi, Emon.
Cordialement,
Le Sphinx.