One second away from the liver

Il avait gardé la droiture de sa dignité tout du long, serré la poignée de son épée avec une telle rage que ses empruntes s’étaient moulées à l’acier. Et s’il l’avait pu, chaque pas qu’il l’avait amené jusqu’ici aurait fait trembler la Terre pour en déchirer le cœur volcanique.
Ouragan au bout des doigts quand il ouvre la porte
lac quand son dos repose contre le bois et que son regard prie les cieux.

Il brise le silence divin du lieu.

Anderson !

Éclat éphémère de son visage, aucune peine n’est prise de se diriger vers lui alors qu’il se loge dans sa pièce privée.

Je vais lui faire la peau à cette catin de-

Et si l’hôte de l’entend pas, l’invité n’entend rien non plus, capricieux de laisser simplement déverser son venin en ignorant les supplices qu’il impose. Lion en cage, Orion, forcé de contenir ses colères pour ne pas détruire l’appartement.
Oh.
Il aurait pu
qu’en avait-il seulement à faire ?
Prêt alors à percer les entrailles d’un siège quand Alexander résonne à nouveau. Il pointe l’épée vers lui, les iris aussi sombres qu’une lame nourrie de sang.

C’est ta grande gueule que je vais couper.

Rage et enrage un peu plus dans des paroles indignes de lui, mais Orion n’était plus qu’ombre de lui-même, un mort en sursis courant droit à la potence, une supernova au bord de l’extinction.
C’est sans même y penser que ses chausses quittent sagement ses pieds pour rejoindre un meuble, que son arme rejoint l’entre de sa gaine, que ses pas infinis l’abandonne enfin au confort d’un canapé.

Il ne voulait pas d’un café mais ne le refuse pas.

Il faudra peut-être bien ; si Althea met le nez dans cette affaire, j’irai la noyer moi-même dans le Cocyte.

Sa nuque s’étale sur le dossier et ses mains viennent tirer ses cheveux en arrière, dégager son regard pour mieux percevoir le futur morbide qui s’étend face à lui. Il lui semble qu’Alexander lui tient la main et ouvre la voie à travers les volutes de sang.
Il se redresse après de longues secondes de silences, obnubilé par la meilleure façon de la faire disparaître elle aussi.

Leurs mains n’étaient plus à ça prêt.
Il vient du bout des doigts charger de sucre le café noir qu’il lui a servi.

D’après toi, combien de jours faut-il entre deux disparitions pour que l’on continue à croire à des accidents ?

Une question dont il connaissait lui-même la réponse, mais curieux -ou distrait- d’entendre les tergiversations de l’Hébé.