Un livre à la main, tes yeux balayaient les pages jaunies d'une vielle édition d'un livre de poésie. Les réflexions humaines avaient pour elles d'être divertissantes. La fragilité de leur existence les rendait prompts à écrire avec désespoir et passions, avec force et pathétisme. Tu t'étonnais, encore aujourd'hui, de l'énergie avec laquelle ils brillaient, aussi éphémères des insectes. Tu t'étais surprise à t'accorder quelques moments de lecture depuis le festival. Comme-ci tu pouvais tirer quelque chose de l'art des inférieurs.

— Entre Ladon, entre mon fils.

Tu tournes une nouvelle page sans lever les yeux de ton livre. D'un geste gracile, tu t'empares d'une coupe au liquide rouge et épais sur la table finement ouvragé placé à côté de ton fauteuil.

— Pourquoi faire, trésor ? Ton entreprise me serre bien plus que toutes celles de tes frères et sœurs réunies. Je refuse que tu... Fermes boutique. Viens plutôt t'asseoir avec moi.

Tu désignes un siège à côté de toi. Tu veux ta progéniture à portée de main.

— C'est étonnant, la poésie. Avant de m'y pencher je trouvais le genre surfait et sans grand intérêt mais je me trompais. Le texte est court mais la technicité qu'il y a derrière est fascinante. C'est aussi précis que le travail de Dédale.

Tu glisses un sourire froid, finis par fermer ton livre pour le laisser reposer sur tes genoux.

— Comme tu es dévoué, Ladon.

Tu poses le livre sur la table basse, tapotes ta cuisse pour l'inviter à venir se blottir contre.

— Bientôt... Je prendrai Nausikaa. Bientôt... Je vous livrerais les têtes de tous ceux qui vous ont arraché à moi.

Tu glisses tes doigts dans ses cheveux, maternelle.

— Ladon, j'ai pleuré des mois entiers lorsqu'on t'a enlevé. Tu étais un enfant si beau. Dis-moi...

Tu souris, ta caresse se fait soudain plus froide.

— Est-ce vrai que tu as adopté un demi-dieu ?