Les nuits s'enchaînent quand on ne dort pas.
La décadence n'a plus de limite, les mortels à la limite de la conscience découvrent en Alexis le messie de la vie nocturne. Plus proche de l'antéchrist, elle les tire vers le fond, vers les limites monstrueuses car elle oublie que ces jouets sont fragiles. Et une fois les yeux fermés, Alexis grogne et se lasse. Dans un soupir chargé de fumée, elle se lève et continue sa route.
Une légende urbaine, dans le milieu.
Monstrueuse sur le dancefloor, monstrueuse au bar, monstrueuse avec un gun et une voiture.
L'alpha de toute la boite de nuit.
C'est ce qu'elle se dit.

Alors, ce soir n'est pas bien différemment. Elle est venue pour danser, dépenser et étancher sa soif jusqu'au black out. Ce soir, c'est une autre boite de nuit de renom, et elle brille, Alexis, jusqu'aux ongles. Sa robe respire le luxe et la fête, et son visage l'audace, la confiance en soi. La fatigue aussi, car elle piétine dans la file, et ça l'agace. Elle fume, souffle avec agacement et toise du regard les malheureux qui se retourne sur elle sans admiration dans leurs yeux.
Elle se penche au bras auquel elle est accroché, ignorant sa conversation. C'est bien, la cryptomonnaie, c'est juste d'un ennui fulgurant et cela ne remplirait aucun coffre. Il faut de l'or, celui qui luit, celui qui pèse lourd dans la main. La seule chose qui sentait l'or sur ce mortel, c'était la facilité qu'il avait à commander du champagne à la boite précédente, et à être suivi d'une troupe d'admirateur qui comme elle attendaient leur coupe.
Sauf que ce soir elle raflera tout. Les coupes offertes, et les suiveurs.

C'est son plan, simple et efficace.
Un plan qui s'arrête au bras dressé sur sa route quand elle désire suivre le groupe.
C'est bien l'une des premières fois. Alexis fixe le bras, le longe du regard, croise celui du videur.
Grimace, à son tour elle le toise. Changeant de pied d'appui pour avoir un peu de recul, ses bras se croisent, et retirant sa cigarette, lui souffle la fumée dessus.

- Quoi ? C'est non fumeur ?

Elle finit au sol, et son talon l'écrase dans un soupir agacé.
Alexis retente sa chance, mais le videur ne la laisse toujours pas rentrer.

- Eh, du con. Tu vois pas que tu gênes ?

L'audace.
Un être si misérable ose poser sa sale patte sur son épaule.
Ah, regrettée cigarette ! Elle aurait pu s'éteindre sur cette main répugnante. Et de celle ci, c'est une odeur différente de ce qu'elle imaginait qui parvient à ses narines. Non, ce n'est pas qu'un humain : c'est un snack !

Ses yeux restent plantés dans ceux du videur expliquant la situation. Elle écoute à peine, mourant d'envie de mordre cette main tout de suite. De l'arracher. Ah, son imagination s'emballe !
Et lui s'approche, agaçant d'avantage la dame. Ces monstres lui donnent la nausée, et celui là lui pompe l'air. Mais il baragouine des mots qui l'intéresse, malgré sa frêle disposition comparé à ses semblables.

- Personne ?

Oh, que ce sera délicieux de lire la surprise sur son visage quand elle le trouera d'une balle pour lui avoir refusé l'entrée !


- Tu viens juste de le faire, bouffon. Mais je vais être sympa, et accepter ton offre.

Un léger sourire forcé pour l'encourager. A son tour, elle graille un peu de l'espace qui les sépare sans flancher. Ses ongles manucurés viennent ensuite se planter dans le poignet de cette main intrusive, pour ensuite la rendre à son propriétaire avec dégout, hors de l'espace vital d'Alexis.

- Ici ? Je ne pense pas que tu veuilles autant de témoins pour ta défaite.

Ce serait embêtant qu'autant de témoins gênent son goûter, bien qu'elle aurait pas été dérangée de leur offrir un tel spectacle.

Le regard d'Alexis passe du sourire de l'abruti au collègue qui le remplace, toujours dans son seum. Service déplorable, sauf quand il s'agit de battre les clients !

A en juger par son attitude, Alexis n'est pas la première à le provoquer. Elle ne trouve pas la colère de l'égo froissé habituel enflammant d'un coup l'homme fragile. Non Alexis est invitée à aller à l'écart. Ce serait inquiétant, si c'était n'importe quelle femme. Mais elle aussi, elle est confiante.
C'est une fière descendante de la Reine fourmi, un membre du lotus, et de ce fait, une menace malgré tout. Un monstre, sous cette silhouette qui ne paie pas de mine.

- Très bien.

Le bruit des talons suivent le videur. C'est la tête haute qu'elle ignore le side eye des gens dans la file. Non, elle a mieux à faire : transpercer son dos du regard, évaluant si elle sort son joujou directement ou nom. La main reposant sur le sac, elle hésite. Et quand il se retourne, qu'il l'invite à frapper en premier.

- Que c'est galant...

Elle le jauge.
Croise les bras.
Ah, c'est qu'il a l'air coriace, avec un peu de recul. L'était elle devenue ?
Elle observe ses doigts, ses bagues. Lesquelles retirer pour ne pas les abimer, mais bien abimer son visage ? Ah, les ongles en plus, un investissement récent...
Alexis grimace légèrement.

- Tu sais quoi ?

C'est l'heure de sortir de son sac le revolver favori, un rohm 9mm, qu'elle pointe sur le videur sans attendre.
Aucun homme ne vaut le risque de gâcher un si beau travail acrylique.

- J'ai changé d'avis.

Ce sera un repas rapidement préparé. Elle vise, et ce serait fini comme ça.
Mais sa main doit armée doit réagir vite : tirer dans les pates, car c'est bien vers elle qu'il  file, au lieu de s'enfuir.