Ed se définit, aux yeux de la plupart des gens, par un sourire solaire, un air absolument (et ridiculeusement) heureux à chaque heure de sa vie, une bêtise à couper le souffle et une énergie débordante. Parce que c'est ce qu'il offre lorsqu'on vient le chercher. Parce que de l'optimisme, il en a à revendre (à en cracher les poumons). Il veut se marquer une place dans les bons souvenirs des autres, pas dans les mauvais, et, frileux de lui-même ressentir la moindre émotion négative, est sans cesse à la recherche de stimulation pour que son cerveau continue à produire un maximum de sérotonine. Pour bien des personnes, Edzard est tout simplement trop. Trop bruyant, trop agaçant, trop bête. Il a une présence écrasante et une voix qui ne passe pas inaperçue. Il est indélicat, il fait de grands gestes, est maladroit et a tendance à ne pas toujours réfléchir avant de parler dans son excitation. Un brin cynique, grognon et rancunier, les seuls traits de caractères quelque peu négatifs que la plupart des gens lui connaissent ne se dévoilent qu'en poussant le bouchon un peu trop loin.

Mais ce qu'Edzard tente de cacher par-dessus tout, c'est justement ce côté plus réfléchi qu'il n'aime pas chez lui. Celui qui se morfond, celui qui exprime ses tristesses et ses colères. Celui qu'il tapit dans un coin de sa tête et ne laisse ressortir que lorsqu'il est seul. Que lorsqu'il n'y a pas de spectateur sinon lui. Que lorsqu'il est l'unique à pouvoir décevoir (et peut-être papa mais il s'en bat les reins). Il ne s'énerve jamais. Ne pleure jamais. Ne hausse pas le ton et ne lève pas les mains. Il s'interdit de vivre pleinement et risque d'exploser (ce n'est qu'un compte à rebours).