- enterre-moi si je disparais.
- si tu disparais, ce sera de ma main.
- je sais.
....
- merci.
leur dernière conversation.
seraph rumine quand les dieux lui refusent le sommeil. enterre-moi si je disparais. chaque mot, chaque syllabe, chaque son est mâché, broyé, digéré. enterre-moi si je disparais. accablé sous la pénombre écrasante de ces nuits-là, il pense n'avoir rien tant détesté que cette prière.
il a détesté cassiopée, aussi, pour la vacuité de ses promesses. à l'anniversaire d'arden, iel a croisé son regard sans oser le rencontrer. ainsi leurs adieux se sont vidés de toute substance et lui sont apparus factices et dérisoires. ne reste que le souvenir du cimetière des automates dans la soirée estivale, le goût ténu du dernier baiser, le silence accablant de sa disparition en faux semblant.
seraph lui en a voulu.
et pourtant.
la clé s'enfonce dans le loquet sans difficulté. cassiopée n'a pas changé la serrure - c'est tout ce qu'iel lui a laissé. d'abord, seraph n'en voulait pas, se refusant à pénétrer dans un appartement laissé à l'abandon et craignant d'y trouver les vestiges de son amour. maintenant il sait que cassiopée n'a pas quitté l'île - iel l'a juste quitté, lui.
mais il est une heure du matin et le vide est trop grand.
cassiopée ? c'est moi. seraph entre. la lumière est allumée derrière l'encadrement d'une porte. rassuré par le refuge que lui prodigue la pénombre, il ne s'avance pas dans l'appartement. il n'a pas réfléchi à ce qu'il dirait. cela s'impose comme une évidence : je suis venu te rendre tes clés. trop tard peut-être, il refuse ce présent. entre les lignes, il lui reproche son absence dans ce qu'elle a de malhonnête, justifiée par des affabulations auxquelles il ne croit plus. de cassiopée, voilà tout ce qui lui reste - il préfère y renoncer.