Tes pas te conduisent toujours là où il faut - là où tu veux être. Mais pour une raison que tu ignores, au bout du chemin les personnes que tu retrouves ne sont pas toujours enthousiastes à l'idée de te croiser. C'est parfait, en somme. Tu prends d'autant plus de plaisir à être en leur compagnie si le premier sourire se mue en grimace d'animosité. Tu vis pour l'attention, Duke, alors s'ils ne veulent pas te la donner, tu iras de toi-même la chercher.

Aujourd'hui, les semelles de tes chaussures couinent sur le sol lustré du museum d'histoire naturelle. Ça t'amuse, Duke, de payer ton ticket pour la visite guidée de onze heures tous les jeudis. D'aller voir comment se débrouille ta vieille amie.

Tu grimpes les escaliers trois marches par trois marches pour rejoindre l'aile de la Grèce antique et te joins à une classe d'enfants. Face à vous, L'Empuse se fond, merveilleuse, dans le décor. Comme si elle en avait fait toujours parti.

La visite commence, vous retracez tous ensemble les étapes - la création du monde par les titans, la naissance des dieux de l'olympe, HERCULE et ses maudits douze travaux.... Tu étires un sourire amusé face à cette statue de l'Hydre de Lerne, te penches à l'oreille d'un enfant pour lui chuchoter.

C'est faux ce qu'elle dit, je fais définitivement plus de dix mètres.

L'enfant se retourne, offensé et perturbé par le fait qu'un inconnu bizarre lui ait adressé la parole dans un lieu public. Tu recules de quelques pas puis lèves la main pour attirer l'attention de Meryem.

Je me demandais... Toutes ces histoires, sur Hercule, les dieux... Est-ce considéré comme un passé historique officiel ou ne sont-ce que des mythes et légendes pour captiver les enfants ?

Tu portes une main à ton coeur.

Oh. Les questions sont pour la fin de la visite. Je comprends.

Et tu le savais déjà ;
car tu l'interromps à chaque fois.

(...)

Le tour est terminé et les élèves se dispersent pour courir vers l'aile des squelettes de dinosaures. Tu attends Meryem, bras croisés, sourire tordu, adossé à l'encadrement d'une arche.

J'ai cru que ça ne finirait jamais. AH ! J'ai failli oublier.

Tu sors de ta poche un doigt - juste un doigt - que tu ne prends pas la peine de dissimuler. Heureusement pour toi, il n'y a plus personne dans la pièce réservée à la Grèce.

Je t'ai ramené à manger. J'ai pensé qu'on pouvait déjeuner ensemble.

Peut-être qu'à force de te voir demander, elle finira par craquer.

De la classe ? Elle sous-entend que tu n'as aucune classe. Tu mimes une grimace faussement heurtée ; portes une main à ton coeur pour essuyer la blessure d'une flèche invisible. Rapidement, le regard humide brille de mille autres feux. Tu étires un rictus complaisant et penches la tête, suffisamment pour singer une révérence puérile.

Comme vous le voudrez, my lady.

Tu ouvres grand la bouche et fais lentement glisser le doigt dans ton propre gosier. Sans même mâcher, tu l'avales tout rond et passes ensuite ta langue sur tes lèvres pour y amasser les résidus de sel et de peau morte.

Très bien très bien je t'invite à déjeuner. Mais si possible, laisse-moi te guider.

Tu l'enjoins à rejoindre le couloir qui mène aux escaliers.

Tu ne te lasses pas, hein, Merry ? Je peux t'appeler Merry, hm ? Oui je peux t'appeler Merry. Même que je vais t'appeler ma petite Merry.

Tu te permets sans honte ni pudeur de passer un bras par dessus son épaule. Déposes un baiser sur sa joue.

Raconter la même histoire encore et encore. Tu devrais sortir de ce musée avant de devenir une relique. T'as le teint pâle, tu vois pas assez la lumière du soleil.

Tu tapes dans tes mains. C'est une affaire réglée. Désormais, Meryem sera ta petite Merry ; bien qu'elle ne soit pas si petite, ni à toi, par la même occasion. Du moins pas encore... Et c'est justement motivé par cette envie de conquête que tu es venu la trouver aujourd'hui. Tu as parfois faim d'autre chose que de corps désarticulés et fades au possible. Depuis que vous êtes devenus partiellement humains, tu t'es adonné aux plaisirs et aux vices - et le pire vice de tous est sûrement le fait que tu y aies pris goût.

Tu es la relique la mieux conservée de la Grèce Antique si je puis me permettre.

Tes yeux brillent, ton sourire s'étire. Tu trottines dans les escaliers à côté d'elle et finis par la dépasser. Sur l'entre deux étages, tu l'observes descendre les marches avec plus de grâce et de lenteur. Tu en profites pour t'étirer, les bras derrière la tête à en faire craquer les articulations de ta nuque.

Je note, je note.

Tout à l'heure tu auras déjà oublié. Parce que rien ne t'accroche plus que ce qui t'obsède déjà.

Oui, je suis venu passer un petit peu de temps avec toi. Voir comment vous les affaires...

Et parce que tu ne supportes pas de la voir s'accrocher autant à son sang-froid, tu laisses innocemment échapper une petite pique.

Naga aimerait te voir.

Tu avais l'habitude de faire passer ton impulsivité pour une marque très précise de stupidité. Or tu n'étais ni réellement impulsif, ni vraiment stupide. Le coup est calculé, finement pour lui faire cracher ce qui t'intéresse. Naga ne l'a en réalité, pas convoquée ; mais en lui affirmant l'inverse, Meryem s'était trahi sur une des informations qui t'intéressait. Tu étires un sourire doucereux et passionné, ronronne presque quand elle caresse ton menton. Ah, tu crèverais de ce contact ! Encore et encore, puisse-t-elle le faire durer.

Oui. Je suis chou n'est-ce pas ? Je suis heureux de te l'entendre dire.

Tu connais pertinemment le scepticisme qui habite le coeur des monstres quant à ta position dans le Lotus. En toute transparence, tu t'en réjouis à la moindre occasion. Echidna et toi avez un lien plus spécial, plus unique qu'avec tous les autres. Parce que toi, tu as tenté de dévorer votre chère mère et que jamais plus, elle n'irait se risquer à te contrarier. Ou peut-être l'inverse ! Qui sait.

Italien, parfait.

Les mains dans les poches, vous voilà dans Colombus Avenue. Tu la laisses te guider, la détailles avec appétit et intérêt.

Dick ! Haha HAHAHA ! C'est amusant.

Tu hausses les épaules.

Je t'ai déjà proposé la mienne mais j'ai compris que tu préférais t'en tenir à collègues.

Une fois devant le restaurant, tu lui tiens la porte pour qu'elle s'y faufile en premier.

Tu pourrais m'appeler mon chou à nouveau ? Ça m'a provoqué des choses.

Tu éclates de rire, sincèrement amusé. Chaque nouvelle interaction avec Meryem est un jeu extrêmement bien ficelé - d'apparence ordinaire, il se révèle bien plus subtile à force d'y jouer (encore et encore). Tu fais l'idiot parce que tu sais qu'elle te considère comme ce que tu es vraiment. Tout sauf un imbécile heureux. Derrière le personnage de Duke se cache une créature immortelle et antique affamée. C'est précisément ce qui te rend dangereux et tu aimes le rappeler, de temps en temps.

Tu sais que je t'adore toi ?

Les mains dans les poches, tu crois reconnaitre l'endroit. Merde, peut-être bien qu'il fait parti de cette grande liste de restaurants que tu as infiltré pour y travailler gratuitement. Tant pis, la vie appartient aux audacieux. C'est sans trahir un quelconque malaise que tu prends place en face d'elle. Elle commande un negroni et toi un coca light. Tu penches la tête, le menton déposé dans le creux de tes mains jointes.

Calme ? Tu trouves ? Hm, oui, sûrement.

Hausses les épaules.
Le serveur vient vous apporter vos verres. Tu sirotes ton soda, la paille coincée entre tes lèvres. Tu te comportes comme un enfant à table, quand bien même tu ne ressembles aucunement à un enfant. C'est troublant.

Je n'en sais pas plus que toi. Je ne sais pas qui est véritablement derrière la bannière du Lotus. Je suis sûr que Naga ne sait pas non plus.

Ce groupe est une aubaine pour les monstres. Tu en es persuadé.

Petite curieuse... Qu'est-ce que ça peut faire, hein ? C'est pas comme si on avait un meilleur plan, ou une autre option. On pourrait continuer à errer dans New York sans but précis.

Tu n'as aucune pudeur à parler fort, et ce même si tes propos ne font aucun sens pour le commun des mortels. Tu lui montres tes bras, tes mains.

À continuer de devenir... ça ! Pour l'éternité. Tu imagines ? Mourir comme eux. Ah. Je ne le supporterai pas.

Se ranger, vieillir, périr, se faire enterrer.
Ne plus jamais revenir.
Le pied, en vrai.

Le fait qu'elle instaure le contact entre vous est pour toi une irrémédiable preuve supplémentaire qu'elle succombe petit à petit à ton charme. Tu lui offres un sourire charmeur, te permets de glisser une main par dessus son épaule pour caresser le haut de son bras avec chaleur. Tout chez Meryem te plait, le comprend-t-elle ? Même ses airs voraces de mangeuse d'homme te font frémir, même ses grandes dents et grandes griffes lorsqu'elle revêt sa vraie forme sauront te faire gémir. Tu la veux toute entière et tu l'auras.

J'ai une immortalité pour te mettre dans mon lit. Ou pour t'arracher des cris... Hm, je n'ai pas encore choisi lesquels.

Plaisir ou douleur, tout finit par se lier à la fin de l'histoire. Il n'y a aucune différence pour vous, monstres et créatures des enfers. Vous respirez par la grâce des Dieux, et vous patientez, éternellement, par malédiction des Dieux également.

J'aime cela Merry-chérie, mais l'attente est longue lorsque l'on a rien à se mette sous la dent. Je peine à trouver savoureux les derniers demi-dieux que j'ai dévoré.

Chacune de tes vies étaient vide de sens ;
alors comme une évidence,
tu as décidé de les marquer de leur absence.

Je n'ai aucun secret si cela peut te rassurer.

Tu joues avec ta fourchette, la faisant se rayer contre l'assiette pour créer des bruits stridents qui font se retourner plusieurs têtes. Tu adores déranger les autres.

Mais si tu veux... faire comme moi, tout retourner et forcer notre mystérieux commanditaire à se montrer.

Meryem s'étonne de ta détermination - ton insistance n'est qu'à l'image de la sienne, pourtant ! Tu veux qu'elle te dévore, par les dieux de l'Olympe, qu'elle se repaisse de ta chair et qu'elle recrache des os, si elle n'a plus rien à sucer ou à mordre. Le sait-elle, mais le sait-elle vraiment ?! A quel point elle t'obsède et quel monde tu serais prêt à mettre à feu et à sang pour que vous puissiez vous posséder - une bonne fois pour toutes.

Tu es grossière.

Tu lui étires un sourire complice et lèves ton verre à cette fausse vérité à laquelle vous trinquez. Tu l'écoutes parler de sa logique ; qu'il ne faut pas se jeter sur eux ; qu'il faut les laisser croire qu'ils sont tranquilles. C'est sûrement (et tu le reconnais) le moyen le plus efficace de les faire sortir - mais cela prend trop de temps, et tu t'ennuies Duke. Ça ne te sied pas. Rien faire, guetter - tu as attendu des siècles et des siècles dans le marais de Lerne. Tu ne recommenceras pas ici.

Je dois le reconnaitre, tu es sûrement la plus sage d'entre nous Merry-chérie.

Elle parle comme Dionne.
Les femmes sont raisonnables.

Sûrement, oui.

Tu as l'air distrait. Tu regardes à droite et à gauche, surveilles les allers et venus du serveur entre les rangées. Tu n'aimes pas, Duke, l'idée d'être impuissant ou de ne pas savoir. Encore moins quand elle le sait et qu'elle le voit.

Ce que je veux ? Moi ? Arrêter de bouffer de la merde pour commencer.

Culotté quand on sait que tu tiens le record de meurtre de demi-dieux depuis la fermeture des portes de Nausikaa. Tu en laisses peu à tes frères et soeurs - si bien qu'ils doivent maintenant les dissimuler ou s'assurer que tu ne viendras pas leur piquer.

Le serveur arrive et tu commandes.

Deux spaghettis all'assassina.

Vous aurez bien le temps de vous mentir effrontément lors du repas.