Salle qui sent l’usure, salle qui sent les fissures. Les élèves qui pensent au sang, les élèves qui pensent aux guerres et toi en grand roi au-dessus d’eux à fixer les ombres s'enfiler sur le sol. comme des lignes survivantes d’un temps qui se veut jaloux, d’une jeunesse qui peine à fleurir à travers l’hiver éternel des hommes.
les épaules droites du tonnerre et la voix qui gronde

—Dieu je me lassais du silence, heureusement te voilà. tu viens t’appuyer sur ton bureau, bras croisés et l’océan qui le dévore. —Es-tu venu pour avoir raison ou pour t’instruire. sourcil qui s’arque alors que ton pas félin s’approche, que ta main se pose sur sa hanche et que tu viens l’observer fermement, sincèrement. Tu cherches la colère tu cherches l’électricité.

—Tu sens l’ozone. Petit non de la tête, comme pour te faire taire, tu es tendu et il doit le sentir, il est sûrement le seul à le sentir car tu possède cela en commun avec lui, avec l’empereur. —Bien sûr. Le beau a été inventé par l’homme… je pourrais m'épancher sur le sujet et parler des heures et des heures durant mais tu es un peu âgé pour jouer à l’élève, tu ne penses pas ?

Bise sur la main et les mots s’envolent
tu te contentes de les laisser papillonner tout autour de toi, un sourire mutin sur le bout de tes lèvres pour apaiser l’envie de rire, nerveux, tendu
— Sans aucun doute. odeur favorite ou tentation coupable tu te contentes de hausser les épaules, tu ne caches pas ton attrait.

Tes iris suivent ses mouvements avec intérêt et comme un chat il se perche sur une des tables. Tu croises à nouveau les bras, tu ne le laisses pas occuper tes pensées, tu ne peux pas te le permettre. Tu ne peux pas venir chercher le parfum dans le creux de son cou, tu ne peux pas mémoriser le timbre de sa voix, tu n’as pas le temps. cet aspect d’une vie frivole, tu laisses cela à ton père divin. tu ne peux pas mettre en danger ton palpitant, tu le sais fragile, tu le sais aussi enclin aux fissures que celui du mortel qui t’a fait voir le jour.

— ah vraiment ? passer du temps avec moi pour te plaindre des maux du monde. je ne suis pas la meilleure oreille pour ces choses là tu sais. tu fais un vague mouvement de la main comme pour indiquer ton désintérêt pour ce qui se trame en dehors de ta classe. — mais parle donc, grand empereur. qui a l’audace de t’agacer ?

Tu n’es que suiveur
tu ne fais que ça
immense papillon de nuit, sublime, mais sans lumière tu n’as pas de but
et rien de mieux que les éclairs pour t’attirer, encore et encore
alors quand il tire sur ton poignet tu souris tendrement, te postes à ses côtés et vient écouter les mots qui comme un torrent viennent s’écraser à tes pieds.

—Tu es grand et sans peur, je le sais. Tu prétends jouer du quelque peu d’humanité qui reste encore en toi pour t’affliger de ces êtres mais au fond, toi comme moi nous savons, tu n’es rien de tout ça. Si je suis une peinture, David, tu es mon créateur.

tu fais de même et plonges tes iris dans les siennes, attentif, brutalement honnête face à ton supérieur.

—Je ne disparais pas. J’ai encore trop de choses à faire sur ce bas monde.

ta main se pose sur la sienne et tu viens entrelacer tes doigts aux siens, presque avidement, griffant légèrement sa peau, sûrement affamé, sûrement effrayé

Tu fermes les yeux alors qu’il s’approche, tu le laisses faire
il est parfait maître de ton corps
tu sais que tu n’as pas besoin de le lui dire
il le sait
et c’est horrible comme il en a conscience, l’empereur possède parfaitement les courbes de tes envies, les desseins de tes rêves les plus enterrés

—Tu sais très bien que je ne chante que tes pulsions. Une œuvre ne pourra jamais dépasser l’artiste, je suis ton reflet le plus intime. tu viens doucement poser ta main sur la cuisse de ton comparse, se faisant insistante, se serrant fermement sur la peau —A quoi joues-tu.

sous les mots et les accusations tu te fais petit enfant, un sourire qui provoque sur la pointe des lèvres et ses mots sont comme un nectar divin. Doucement tu viens prendre place sur ses cuisses, le chevauchant fièrement, tes mains sur sa nuque et tu te penches pour embrasser l’angle de sa mâchoire

—David, je t’appartiens. Cette affirmation même ne devrait pas avoir lieu d’être, je suis ton subalterne, je suis ton oeuvre, je suis ce que tu fuis, je suis ce que tu désires, je te veux. morsure joueuse sur la peau alors que tu viens rouler des hanches

—Il est aisé de me briser, ce ne serait pas un exploit. Tu es grand, mon empereur, alors vises plus haut, cherches un moyen de te faire immortel au plus profond de mon être, ainsi tu parviendras ce que l’humanité même n’est pas parvenu à faire. le baiser est tentant mais tes lèvres sont sages pour l’heure, tu te contentes de le regarder en reculant légèrement la tête, les iris venant rencontrer les siennes et cette fois tu n’es plus souriant, cette fois tu es presque sérieux.

le rire est léger alors que tu sens la main de l’empereur monter sur ta hanche
il y a toujours dans le regard de David quelque chose
un éclair inquiétant
attirant
attisant
et toi, papillon en perdition, tu t’amuses à chercher la lueur, tu la sais mauvaise, tu sais qu’elle viendra te brûler les ailes pourtant
oui pourtant tu le veux
tu le veux sans souffrir

soupir étouffé sous le baiser et tu te veux gourmand alors tu plantes tes dents dans sa lèvre, tirant dessus dans une faim qui te convient —David tais-toi tes mains sont impatientes quand elles viennent tirer les mèches de cheveux, que tu l’allonges sans retenu sur toute la longueur du bureau

—Laisse donc tes diacres s’entretuer, je veux ton attention, toute ton attention

tu fais remonter ses mains au dessus de sa tête, les maintenant doucement de ta paume alors que tes lèvres s’égarent et viennent flatter le cou de l’objet de tes désirs
tu peux te sentir brûler
tu peux le sentir brûlant

ton genoux est tentateur alors qu’il remonte entre les cuisses de celui que tu aimerais clamer amant, venant le presser tendrement avec ce même sourire, ce sourire qui hurle à l’envie, aux jalousies. les secondes sont cependant longues alors qu’une réalisation manque et tu pourrais presque te sentir insulté car pour l’heure la réponse n’est pas claire.

La tentation sur le bord des lèvres et les gestes sont mutins, une valse brûlante des coeurs et tu te sais perdant, tu veux perdre. la liberté n’existe qu’en étant esclave et sous son joug tu te sens presque en sécurité.

—Ce soir un rire presque candide. tu ignores tout, de la promesse qui va se briser en face de toi, de la chute de l’ange, non, tu es là, le sourire tendre et presque aimant
car dans le fond de tes yeux
tout au fond
derrière les pensées macabres
derrière les envies malsaines
il y aura toujours cet amour pour toi, David