Henrie ! Le regard s’est relevé vers ellui. Ça fait trop longtemps, qu’est-ce que tu as fait sur la route et me dit pas que tu étais encore en train de pleurer ? C’est comme s’iel avait attendu une éternité, quelques pas seulement pour arriver à ses côtés, pas plus longtemps pour qu’iel passe ses bras autour d’ellui, tactil comme toujours. Oui non, c’est bon t’as pas les yeux rouges ou bouffis, bénef, c’était mieux pour conduire... La risette au coin des lèvres avant qu’iel ne s’écarte, s’empresse, les pas menant vers la décharge. Plus de temps à perdre alors ! On a des trouvailles à faire, et il pleut pas alors autant en profiter au max.

Sans se retourner, puisqu’iel sait qu’Henriette suivra. Iel avait envoyé un message plus tôt, disant qu’iel venait à Nausikaa, de là plus d’attente, Mars s’était empressé depuis le labo avant de se retrouver à attendre une quasi-bonne demi-heure à l’entrée de la déchetterie. Ce n’est pas comme si l’image semblait anormale au contraire, dans ses habits trop grands et son tout aussi grand sac pendant d’une épaule, assis au sol contre l’une des grilles sans prêter attention aux quelques personnes qui étaient passées devant ellui. Les mains sont déjà sales quand Henriette arrive, qu’iel se repousse du sol pour lae rejoindre et on ne s' étonne pas non plus. Iels ne sont pas ici dans le spectre d’une propreté parfaite, connaissent que trop bien l’appartement minuscule où les poussières s’accumulent, comme la décharge ou la saleté s’incruste sous les ongles et reste après plusieurs lavages. Ah, il serait trop demandé pour Mars d’apporter des gants oui, pour quoi faire d’ailleurs, un sens de préservation est inconnu et ses paumes se sont maintes et maintes fois entaillé sans jamais trop s’infecter. Les plongent alors dans ses poches, le menton relevé, oui, le temps est parfait il n’y aura pas à s’inquiéter.

Par message ça en a tout l’air, et on ne sait jamais, mais heureux de savoir que tu es responsable alors. Même si cela ellui semblait toujours absurde de pleurer en conduisant, ou en s’arrêtant, soit. Une enceinte, bluetooth, c’était mimi l’ipod mais ça se limite un peu trop maintenant donc le téléphone c’est mieux pour écouter de la musique quand je taf. Que l’on cache un peu mieux le boucan de son travail. Mais bon, on verra qui sait ce qui peut être trouvé, tu cherches un truc toi ? Puis, s’iel ne trouve pas il y aura bien un voisin qui fera l’erreur de lancer sa musique bien trop fort. Tu devrais les remettre, les gants, c’est pas ouf pour ton taf si tes mains se déchirent. C’est comme les gens à l’accueil des hôtels non ? Faut avoir une peau douce un peu, agréable à regarder pour qu’on se concentre sur les cartes ou quoi, un peu…? Sa propre main imparfaite pointée du doigt. Sinon on se concentre plus sur tes mains et c’est bof si tu fais des tours de passe-passe ou je sais pas quoi d'autres. Du simple haussement d’épaules avant d’ouvrir un sac-poubelle, confus, pas la trouvaille du siècle mais une toile est sortie pour la présenter avec le sourire bien trop fier. Je devrais proposer ça pour la déco du Danaé je pense..c’est, parfaitement charmant tu penses pas ?

Mars disons reste quelqu’un d’assez aléatoire face aux technologies, apprend et comprend trop vite celles qui ellui sont utiles et ignore celles qui ellui ne semble pas de là sorte. Peut passer des années avant de se familiariser avec certains mécanismes et ses traits là n’ont fait que s’accentuer depuis son retrait de la ville monstre. À Nausikaa tout est plus lent, trop lent parfois et le nouveau n’existe que s’il est magique, sinon on compte quoi, 6 mois de décalage pour un simple isthme à traverser.
Soit, il n’est que maintenant que le bluetooth trouve un intérêt, les écouteurs filaires toujours cassés trop vite, et le son craché de son ancienne enceinte, rien à faire, qu’importent les restaurations elle a dû prendre l’eau trop de fois pour abandonner ne serait-ce que l’idée de fonctionner correctement.

Ne cherche pas pour autant à tuer le travail d’Henrie, ou d’accuser les arnaques. Iel lae connaît trop pour cela, et en rien iel y trouverait la raison d’un pointement de doigt, y a pris part mainte et mainte fois, parfois même plus par amusement qu’en raison seule de l’argent. Des quotidiens trop simples où la frayeur passée iel y avait ce même acharnement créatif à une pseudo perfection, à l’effet wow, loin du complexe de ses prothèses. Les tours de passe-passe soulignés des intonations de lae voyante étaient comme hypnotiques, iel ferait croire en tout, par un  rien, et s’habille de pouvoirs qui ellui sont propres au-delà des éclats classiques de sa fratrie.

Préfère savoir qu’iel ne sera pas la raison d’un possible commentaire au travail, sait que le patron met un point d’honneur au bon fonctionnement de l’endroit. N'imaginait pas son employé et ex-employé fouiller les détritus de l’îlot. Qu’importe, il n’a pas de commentaire à faire là-dessus, la poussière passe sous les ongles et l’inconfort de son visage ne se fait que lorsqu’iel effleure quelque chose d’un peu trop visqueux. C’est pas trop de demander pourtant, trier le minimum de son déchet, rend la tâche plus compliqué, qu’importe, iel s’écarte la main essuyée sur son short passe son regard ailleurs. Il y a toujours tout, ce trop de tout, on en finit pas et probablement pour ça qu’on le finit ici, c’est plus simple de laisser la poussière s’y poser et de laisser quelqu’un d’autre se charger des décombres que l’on ne veut pas voir. Tout s’y retrace et laisse parfois un doute sur ce qui a motivé le besoin de cette décharge. Énorme sac-poubelle étonnamment léger, ouvert en simple curiosité, collection de peintures…médiocres ? Très médiocre enfin, mieux qu’une empreinte de mains moins bien que… tout le reste, et il y en une étonnement large collection, de quoi habiller toute une pièce oui.

Ah ouai je vois, des trucs d'ambiance un peu, t'as déjà pensé aux automates un peu ? J'avais vu ceux de Daph' l'autre jour et ça ou un mannequin 'fin.. Genre une silhouette qui te fixe en plus ça doit bien mettre mal à l'aise ça ferait le taf tu crois ? Parce qu'il faut ce faux confort.. En sécurité sans l'être car c'est un plus grand que nous qui est censé intervenir. Non le tétanos c'est pour les fragiles, j'ai pas survécu l'existence entière pour me faire avoir pas une fourchette rouillée t'inquiète. Comme la moisissure, ça ne peut pas le toucher ellui, passe la question des vaccins, trop concentré sur les toiles. Mais dans son bureau se serait absolument parfait oui c'est trop moche mais comme ça on casse le mood sérieux c'est bien. Vu qu'il fait toujours la gueule le vieux. C'est… kitsch de fou ? Ça devait être à un vieux c'est sûr je sais pas si c'est très flatteur pour ta pote d'avoir des gouts de vieux pardon mais vas-y au fond certains doivent trouver ça sexy j'imagine. Qu'iel lance avant de reposer son regard le sac, fouille sans se blesser. EH !! Attrape !

Mars passer du kitsh au sexy sans trop savoir comment définir un charme qui n'ellui parle pas, Mars n'a pas les talents de décoration, d'ambiance, considère cela comme inutile, n'a pas de boutique à tenir, d'apparence quelconque et a déjà trop chez lui pour se permettre d'y trouver la place de décoration annexe. Son existence seule crée une sorte de décoration étrange de croquis sans sens et d'expériences, raté, annulé réussi qui s'empile, ressemblant presque à la décharge.

Garde l'œil ouvert, pour une enceinte et quelque chose qui n'est pas vraiment défini, une idée de bidule qui fonctionnerait avec l'image générale d'Henriette. Un truc drôle, un truc qui fait peur, mais un truc simple et la question de l'ambiance encore. Le sac de tableau a été jeté dans un coin sans grand regret, on oubliera l'artiste il, elle ou iel n'avait qu'à mieux faire ce n'est pas son problème si ses œuvres sont ici alors en haut ou en bas d'une pile de déchets ne changera pas la nullité des pièces. Il faut quelque chose de bien à présent, s'accroupit pour y ouvrir un nouveau sac, collection entière du journal de Nausikaa, nul. La boîte suivante est remplie de..cailloux. Et, ça aurait pu être des cailloux beaux, avec du caractère mais c'est vraiment n'importe quelle pierres regroupées. Prend le temps pourtant, y laisse un espoir, peut-être qu'il y aura un meilleur caillou et qui sait un caillou peut peut-être faire une bonne décoration mais ils sont tous..gris et..fade ? Sorte de dépit alors qu'iel referme ladite boîte les mains pleines de poussière, ne cherchera pas le raisonnement du jeteur de caillou qui les collectionnait dans la boîte. La pousse seulement de son pied pour dégager l'espace, ouvre une nouvelle boîte un peu plus colorée, sorte de dessin d'enfant dessus annonçant le contenu. Jouet coloré, cassé certains, simple dépot des années d'enfances plastiques, dont iel extirpe une petite voiture. Ah, ça c'est Henrie un peu oui, l'appelle déjà afin de lui lancer le jouet, considère que c'est une belle trouvaille, mieux qu'un caillou.

Daph ? C'est un de mes frères, blond tout frêle et petite nature, il taf aux forges ! Genre tu comprends pas trop ce qu'il fait là-bas mais vraiment ses automates sont super top. Le sourire fier, iel l'aime bien, son frère. Mmh ? Oui, c'est vrai qu'au pire on infecte tout le monde…Nausikaa se zombifie… Le danaé ferme ses portes..En vrai le benef c'est que les monstres auront qu'à crever des faim.. D'un haussement d'épaules, c'est vrai, iel s'en fout. Ca ferait une super déco c'est sûr après ça risque d'être auto-centré quoi. L'humour n'est pas son point fort. Ah, bah je sais pas les trucs sont là et en vrai tout à de la valeur, même les trucs moches, puis dans l'abat-jour tu peux récupérer la structure de métal, c'est un petit peu nul mais c'est mieux que rien. Quelques bons, quelques pas pour arriver à son niveau . Puis ce serait trop simple sinon.. On s'ennuierait si on trouve tout, là c'est une chasse au trésor et notre trésor aujourd’hui c'est la petite auto je pense ! Une seconde de pause. ‘Fin…j’imagine qu’on peut aussi dire que ça.. L'abat-jour pointé du doigt. Est un trésor mais je t’avoue je le garderais pas chez moi et je vois mal sa place dans ta voiture aussi, bon, on bouge ?

Comme si nommer un trésor permettait l’excuse de leur rendez-vous, de la réussite de celui-ci les pieds dans les détritus. L'image au ton trop gris, reflet perdu et mal entretenu où leur vie seule suffit à redorer l'image. La réchauffe, lui redonne sens dans les rires de Mars et les inquiétudes passagères d'Henriette qui elles-même finissent dans les mêmes airs amusés..

Iel ne s'arrête pas dans sa tâche, continue de chercher, n'a jamais pris la peine de faire le calcul seul. Se fiche des probabilités exactes mais se dit toujours qu'il est probable voire certain que quelque part là-dedans se trouve bien une enceinte. Ce qui est un tout petit peu moins probable c'est qu'iel la trouve, facteur indépendant d'ellui et ça ne lae dérange pas de continuer de mettre les mains dans cet ordre d'inconnus un peu plus, un peu plus longtemps. Se fiche des textures qui agressent ses peaux, nerf déjà quasi anéanti par endroits, ne s'arrête qu'aux sensations d'un plastique plus solide et rien, rien alors iel recommence. Bien trop têtu pour oser arrêter d'ellui-même, relève seulement son regard sur Henrie alors qu'iel change d'endroit.

Image étrange, le chapeau l'est surtout avec ses perles perdues dans les cheveux, la couleur d'un autre siècle grisâtre de poussière. Henrie reste le centre de l'image, du sourire toujours léger, on oublie les impératifs et voilà que Mars s'arrête dans sa cadence, mécanismes aux ralentis, écoute les plaintes sans les trouver graves, rien n'est jamais grave et rien ne devrait l'être. Sa solution est piètre mais reste une solution, une piste, un minimum de pas grand-chose mais c'est avec ça que l'on opère ici, des poussières de rien et c'est de ça que l'on construit les plus grands espoirs de leur époque sans sens avant de passer de suite à l’information suivante, rythme sans sens, sans préambule, le soleil n’est même pas en train de se coucher, il n’y a que l’instinct qui parle, qui indique les pseudo-heures et quand celles-ci semblent toucher à sa fin.