Georges est morte mais Hébé pleure une autre de ses filles. Elle pleure la jeunesse gâchée et la vieillesse qui n’arrive jamais. Elle est soulagée, en un sens, que sa bénédiction serve à ceux qui sont frappés d’injustice - mais se demande si elle n’a pas fait une erreur en accordant une deuxième chance à tout le monde. La vie a moins de valeur quand on sait que la mort peut faire demi-tour.

Quand Hébé convoque l’âme décédée de Zeta, elle s’écrit d’une petite voix aigue en la voyant.

Georgina !!!

Elle se jette dans ses bras. Elles font la même taille, alors elles ressemblent davantage à deux sœurs qu’à une mère et à sa fille.
Deux amies, en fait.

J’ai appris que ton amoureux est mort aussi. C’est terrible. Affreux. Comment tu te sens ?

Et son attention divague, elle n’a qu’une obsession en tête depuis l’attaque.

Et comment va Dionne, hein ? Oh, pauvre Dionne ! Tu sais ce n’est pas facile pour elle. Elle manque de vitamines je lui ai dis mais elle n’écoute pas.

D’un coup, elle perd son sourire pour aborder un air plus sérieux.

Tu vas devoir prendre la relève. Elle l’aurait voulu.

Dionne respire mais Hébé parle d’elle comme si c’était elle qui avait disparu.

Hébé tapote maladroitement le dos de sa fille, respirant au rythme que ses sanglots. Elle a plein de choses à dire mais a définit elle même que le temps d’échange serait assez court. Quelle ironie ! Quel drame ! Hébé souffle par la bouche, stressée par le temps qui défile. Elle oublie parfois qu’elle est elle-même une déesse, et qu’elle peut tout plier à sa volonté, même ce genre d’aspect.

Calme toi ! Tu vas me faire pleurer et je ne veux pas pleurer, parce qu’après si je pleure ça va te faire pleurer aussi !

Elle dépose un baiser sur sa joue et caresse ses cheveux.

Alors attends je reprends tout depuis le début… Aaaah c’est si compliqué.

Elle dépose mollement son menton sur l’épaule de sa fille et articule bizarrement :

Dionne est partie. C’est son choix ! On ne peut rien y faire. Comme elle est parti, il n’y a plus d’ambassadeur pour me représenter à Nausikaa… Tu savais que Dionne assurait cette mission depuis 1973 ? Depuis l’ouverture de l’île ! Trop forte ma fille. Mais maintenant c’est ton tour Georgina. C’est ce qu’elle aurait voulu. Et je le sais, je suis une déesse.

Hébé est légère ;
elle ne s’attarde pas sur tout ce qui la dérange : la trahison, l’amitié étrange avec l’Hydre de Lerne, la libération de l’Ange. Elle ne peut pas intervenir directement, elle ne peut pas poser de jugement. Elle est juste là et reçoit les prières de ses enfants.

Je suis désolée ma puce, c’est horrible tout ce que tu traverses. Allez, sois forte, bisous !