Elle a les mêmes cheveux noirs.
La même vigueur le long de ses côtes pâles.
Pourtant là où régnait l’odeur sucrée des pommes, ne restent que les fragrances de la mort.
J’ai tracé des minutes durant ses traits jusqu’à m’en souvenir, jusqu’à me remémorer les offrandes de sa chair, la pigmentation de carnation. Je me demande quel goût sa peau aura sous mes langues ; j’ai toujours apprécié ce jeu de devinette - une introspection qui permettait à la faim de se décupler complètement, de surgir du fond de mes entrailles et d’enfin prendre place suffisante.
Je n’ai pourtant pas le temps de savourer les retrouvailles, que déjà elle se réveille.
Bonjour. Je suis Ladon. La politesse exquise des derniers instants, la discussion mortuaire qui lui permettait parfois de récupérer quelques alliances, de faucher les âmes pour sa collection personnelle. Le sourire qui glisse est fait de crocs et d'appétit ; car ici il n’y a pas de jeu à jouer, pas d’illusion à maintenir.
J’aurais pu vous recevoir dans mon café, mais celui-ci est en réparation, et je n’aime pas tâcher les meubles de sang. Un regard entendu et un sourire jovial, comme si l’humour transcendait notre discussion : car après tout, il n’y avait pas de question. C’était un sentier droit et pavé, une discussion qui mène jusqu’à la barque de Charon, un dernier effort, un dernier baiser puis un en revoir terne.
Simca se décomposerait dans son ventre, mais resterait dans ses rêves.
Je devais juste.
Vérifier.
Êtes vous une enfant de la Mort ? Car si elle était fille des nécroses, le voyage serait plus long et de Charon, il faudrait la livrer entre les pattes du Cerbère. Au terme de la péripétie, Ladon aurait encore faim et serait peut-être en colère.
[SIMCA] - [SEPTEMBRE 2023]