Petite maison au parquet grinçant et aux fissures dans les murs. Simple vitrage, façade à refaire.
Aménagée il y a peu.
Et quand la porte s'ouvre, Emon, déjà à l'intérieur, accueille son propriétaire comme il se doit;

- Bienvenue dans le quartier, Jayden White.

Il l'observe dans la pénombre du couloir, adossé au mur. Le dévisage de la tête au pied, et bien que l'ombre le cache à moitié, Emon affiche déjà un semblant de sourire doucereux.
C'est celui qui les accueille, ces demi-dieux vénérables.
On lui a parlé de lui.
Ce demi dieu qui n'a rien à faire à l'ombre des grands arbres, à l'ombre des autres districts. Il est venu prendre le peu de place qu'on leur offre, et remue dans la vase de son district à la recherche de jeunes égarés manipulables.

- Arrivé si tôt, et déjà tu fais parler de toi.

Jayden ne passe pas inaperçu.
Puis, qu'il est grand.
Emon attend de voir si le plafond ne serait pas trop bas pour lui.

- Pour qui te prends tu...

Alors, il lui offre un sourire plus marqué. La question est réelle, derrière cette provocation.
Emon s'écarte de son mur, se présentant finalement à l'homme qui faisait que rentrer chez lui.

- Dis moi ce que tu viens faire ici.

C'est l'accueil qu'il  réserve à ces gentrificateurs, ceux qui viennent s'imposer à eux, réduit aux ombres, comme si les voir à l'horizon baigné de lumière ne suffisait pas. Il doivent venir ici, se mêler à la plèbe, et exercer un besoin humanitaire d'aller aider les malheureux sans descendre de leur piédestal.
A ses yeux, Jayden n'est qu'un autre de ces privilégiés en quête de réconfort bourgeois.

- Hmhm...

Surprenant. Un  demi dieu pareil, passer inaperçu...
Il brille parmi les chtoniens.
Et il lui en dira tant.

Puis ses yeux se plissent légèrement.
De sa petite posture, comparée au géant, il ne manque pas de le regarder de haut.

- Similaires ? Et quels pourraient donc être ces objectifs, alors ?

Mais ces propos l'inquiètent malgré tout.
Il ose quelques pas vers lui, puis entre dans la pièce à vivre, faisant comme chez lui.

- Tu penses connaître mes objectifs ?

Qui aurait été trop bavard pour les avoir répétés ?

Jayden surveillé du regard, gardé dans son champ de vision à tout instant alors qu'Emon erre dans son espace. Que de la méfiance, au fond de ses pupilles, de la défiance, même. Ces mots sont trop doux à entendre, et sa peau trop habituée au Soleil de la belle ville pour leur donner un ton convainquant. Son sourire s'est effacé, pour laisser un visage sérieux, intransigeant.
Et il le laisse parler, déblatérer de belles paroles qu'un traitre pourrait tout autant lui servir.

- Je dois avouer que je ne peux pas laisser la situation empirer ainsi. Mais je crains que le conseil ne s'en inquiète que très peu.

Puis ses pas le ramène à lui, lentement.

- Mais toi ? Me prêter main forte ?

A son tour, il croise les bras, le jaugeant de haut en bas.

- Je ne vois ni ce que tu y gagnes, ni comment tu pourrais t'y prendre.

Emon s'adosse au mur, et écoute.
Jayden Smith, fils de Niké. Bras croisé, il semble perdu dans ses réflexions.
Seul, bien qu'ambassadeur, il peine à se faire entendre. Peine à convaincre les siens de suivre sa trace. Convaincre un olympien ou un autre semble tout bonnement impossible.
Avec un enfant de Niké... Il n'y a plus besoin de convaincre.
Si c'est Jayden, on l'écoutera, lui.
Grand, blond, et inspirant confiance.
Quand eux, aux teints pâle et associé à l'ombre, n'inspirent que l'indifférence et l'appel à la violence.

Puis David et Seraph sont mentionnés.
Leurs têtes, roulant au sol.
A croire que Jayden sait véritablement comment le séduire.

-  Penses tu que la violence soit véritablement nécessaire pour obtenir cet endroit meilleur?

Des airs de prudence, quand Emon souhaite juste tester sa résolution.
Il les connait, ces deux hommes. Et malgré leur passé, ne verserait pas de larme si leur tête devait un jour tomber.
Et s'il connait Ethan... Peut-être pouvait il lui accorder un peu plus de confiance. Ou directement aller le voir et lui demander tout ce qu'il sait sur Jayden.
L'auto proclamé  aristocrate.

Emon finit par prendre une grande inspiration et détourner son regard. Il est vrai, oui, qu'ils ont besoin d'une figure qui ne dégoute pas.

- Hm... Peut-être, oui...

Il laisse le silence s'installer, réfléchissant encore un peu.

- Ces "aristocrates" ont tendance à s'imposer. Diriger même, s'approprier... Ne finirais tu pas toi même par empiéter sur la voix de ceux que tu souhaites aider, Jayden ? Tu restes malgré tout un des leurs, comme  tu le  dis.

Puis ses yeux se plantent de nouveau dans les siens.
Parviendrait il réellement à travailler main dans la main avec eux ? Il retourne déà l'atè district depuis son arrivée... Et un allié tel qu'il le décrit serait précieux, si seulement il porte réellement la voix de l'Atè, et non que la sienne.

Les réponses de Jayden se font de plus en plus satisfaisantes. Un sourire lui échappe, lors qu'il juge la valeur des chefs des Spartes et Olympiens.

- S'ils t'entendaient...

Puis de belles promesses sortent de la bouche du géant. Emon observe de ses yeux perçant, attentif. Cette permission change tout, et bien que ce serait dommage d'en arriver là... Cela rend l'idée de la trahison moins pénible.

- Hm...

Quelques secondes de réflexion, puis Emon se détache du mur.

- J'ai envie de te croire, fils de Nike.

Jour de chance pour Jayden, dieu non chtonien qui obtient le bénéfice du doute avec ses belles paroles de révolutions et d'aristocratie prête à se sacrifier pour la minorité.

- Et cois moi, si je venais à apprendre que ce n'est qu'une ruse, ta tête roulera. En attendant... Nous resterons en contact, Jayden.

Un sourire poli, puis Emon passe à coté pour sortir de son appartement.