les bras de Morphée n'étaient jamais accueillants.
les bras de Morphée te bercaient le plus souvent vers des cauchemars,
et pourtant chaque nuit ils t'appellent.

mi-allongé dans ton lit, tu tapotes le grand panier moelleux par terre aller Pachinko, c'est l'heure de dormir... tu murmures pour ne pas réveiller tes adelphes qui dormaient déjà.
Pachinko s'avance vers le panier, y fait quelques tours avant de s'y rouler en boule, prête à dormir. tu tapotes sur son flanc et elle vient poser sa truffe humide sur te main comme pour te faire un bisou, bonne nuit... et tu t'allonges complètement dans ton lit,
fixe le plafond où les ombres jouent sous la lumière de la lune,
ferme les yeux.

et peu à peu les bras de Morphée resserrent leur prise sur toi.

tu ne sais pas quand ton rêve avait commencé, mais c'est comme si tu y étais depuis que tu avais fermé les yeux — un champs,
non un parc,
c'était le grand parc dans ton quartier, où vous alliez le dimanche avec ta maman.
tu tournes sur toi-même, la cherchant et elle est là, plus loin, debout à côté de Pachinko.

tu cours vers elle pour la prendre dans tes bras — à seize ans tu étais plus grand qu'elle.
quand tu t'éloignes à nouveau tu remarques qu'elle te parle mais aucun son ne sort de sa bouche hein ? elle continue à te parler, tu essayes de lire sur ses lèvres mais n'y arrive pas, c'est comme si elle parlait une langue étrangère. j't'entends pas maman... j'comprends pas ce que tu dis...

ce n'était pas un rêve.

soudain, tu entends Pachinko aboyer derrière toi, alors tu te retournes et vois qu'elle commence à courir.
tu te retournes vers ta maman mais elle a disparu.
à la place, un peu plus loin, une ombre difforme, qui continue de s'approcher plus tu la regardes — c'est elle, l'ombre qui t'as hanté.

COURS

tu te mets à courir dans la direction de Pachinko qui avait déjà disparu,
le parc s'était transformé en New York City et ses rues que tu connaissais par cœur, imperturbée par cet adolescent qui court pour sa vie.
l'adrénaline monte, monte, monte, et toi, tu cours aussi vite que possible, tournes dans des ruelles essayant de semer cette ombre mais quand tu regardes derrière toi, elle était toujours là, loin derrière, plus proche ou juste derrière toi.

D̸̛̙̽ä̵̭͇n̵̹̚t̶͚̺̅̇e̷̮͓͑
murmurait-elle tout ce temps, d'une voix cassée, gutturale.

mais toi tu ne peux que courir.

la fatigue prend le dessus alors à la première issue, tu entres pour te cacher mais te retrouve sur une des rues principales de New York.
alors, tu rentres dans le premier magasin que tu vois — magasin de vêtements — et te refugie entre les rayons,
personne ne te dira rien,
personne ne prête attention à toi.

Tu ne sais pas toujours ce qui se passe dans tes rêves.
Souvent tu doutes même, des tiens ou ceux des autres il y a toujours cette part mystique qui ne s’associe pas. Trop difficile à comprendre, trop difficile à voir, les mondes autour de toi gravitent sans te laisser comprendre quoi que ce soit. Tu absorbes les coups, tu n’es jamais près, tu ne sais jamais ce qui arrive vers toi car ses éléments là fonctionnent sans linéarité. Semble simplement s’attirer vers toi, impossible d’y parfaire, tu n’as pas ses forces là.

Souvent tu essayes de te faire invisible, tu évites de prendre trop de places dans ses terres qui ne sont pas vraiment tiennes, de ses mondes dont parfois les horreurs se cachent à chaque recoin. Tu ne le comprends pas parfaitement mais tu ne t'amuses pas non plus à jouer le bon samaritain, tu te laisses absorber par le paysage, invisible à toutes les épopées.

Surement aurais tu préféré partir plutôt que voir les cauchemars de tous, tu aurais même tellement préféré ça à toutes ses nuits coupées en leur centre par ses terreurs que l’on n’oublie pas. Mais.. c’était ce trop au-dessus de toi.

Ethan, tu en es simplement incapable,
d’agir ou de réagir dans la direction inverse des tourments d’un autre.

Puisque évidemment c’est toujours le tourment qui attire.
Et tu aurais voulu rester passif dans ses horizons aussi, pourtant cette silhouette-là se fait trop familière, t’empêche de rester passif. De lui tu ne voulais rien voir, rien du tout, de lui tu ne voulais pas briser la vie privée par l’intrusion la plus personnelle.

Mais tu n’es capable de rien, te voilà derrière la caisse de ce magasin d’un coup, une énorme doudoune sur les épaules et directement tu te recroquevilles pour disparaître derrière le comptoir. Quelques silhouettes sans visage errent dans les différents rayons, tu ne les comprends pas, pas besoin, simple figurant d’épouvante, elles ne te voient pas, elles le voient que lui.

Qu’importe d’être dans un rêve, tes yeux se ferment, les mains à plat contre le sol tu devines le nombre de silhouette présente, et avant qu’elle ne puisse avancer vers ton camarade tu réussis tant bien que mal à faire dévier leur route.

Personne ne fait attention à toi.
Tu ne prêtes pas attention aux brides de conversations hachées que tu peux entendre, restant alerte à l'ombre difforme, à sa présence, à son entrée dans la magasin, à cette sensation de froid qu'elle apportait avec elle.

B̸̘̂o̸̧͋ö̷̜́ ̴̲͆!̷̞͝
elle est juste en face de toi, le sourire démesuré transperçant le vide obscur dans lequel tu regardais. pas le temps de crier, tu relèves pour prendre la fuite, glisse dans cette course commencée à l'arrache, te relèves et cours,
l'adrénaline monte, monte,
la peur aussi.

Le paysage autour de vous change comme si ton cerveau n'arrivait pas à se décider où il valait mieux t'échapper — où pourrais-tu avoir la paix ?
Le paysage passe du magasin de vêtements, à un squat, au bungalow des enfants de Némésis, au champ de fraises, au parc du début — où pourrais-tu avoir la paix ?

Dante...

une douce voix murmure dans un espace devenu blanc à perte de vue — pas de plafond ni de murs, pas de devant ni de derrière, du vide, du silence, à perte de vue.
tu t'arrêtes, reconnaissant la voix de ta mère — est ce que tu sortais de ton cauchemar maintenant que tu avais trouvé ton havre de paix ?

Dante...

résonne à nouveau et tu tournes sur toi-même, cherchant la source de la voix, mais à la place de trouver la source, tes yeux se posent sur Ethan agenouillé par terre plus loin.
tu ne pouvais bien sur pas deviner qu'Ethan devant toi, n'était pas le fruit ton cerveau mais bien le vrai demi-dieux que tu connaissais. tu le fixes, les sourcils froncés, perturbé par sa présence — de tous ceux que tu pouvais imaginer, Ethan ?

D̸̛̙̽ä̵̭͇n̵̹̚t̶͚̺̅̇e̷̮͓͑

résonne cette fois la voix gutturale, te sortant de ta contemplation, et ton visage prends une expression effrayée — ton cauchemar ne faisait que commencer.
MAMAN ! tu cris et commence à courir dans le vide, tu savais ce qui venait après, ton cauchemar était toujours le même, il finissait toujours pareil malgré les débuts différents,
mais si cette fois tu étais plus rapide,
juste un peu plus rapide,
peut-être que...

Dante..!
un cri étouffé.

A̸l̵l̷e̵r̸ ̶D̴a̵n̵t̶e̴,̶ ̷c̸o̵u̷r̶s̵,̶ ̵t̶u̴ ̵y̴ ̷e̸s̶ ̴p̷r̸e̵s̶q̶u̵e̸.̸.̴.̴
murmuré moqueuse.

MAIS VA T'FAIRE FOUTRE ! crier vers ce que tu pensais le ciel, vers cette voix inconnue qui te pourchasse, mais elle avait raison — au loin se dessinait la maison où tu avais grandi,
la même que tu avais laissé,
la même que tu voyais dans tous tes cauchemars,
bientôt la scène finale alors tu essayes de courir plus vite, mais c'est comme si par moment tu n'avançais plus  

Dante !

crié plus clair.
elle mourrait, tu le savais, et toi tu n'arrivais pas à la rejoindre.

Tu te caches toujours, tes mains doucement de plus en plus froides. Tout cet endroit vit dans un froid agressif, celui qui vient manger ta peau, il ne peut plus, il n’a même pas pu assez longtemps et cette fois une silhouette prend vie, prend forme et visage, trop tard et tout bascule.

Ta présence est-ce trop étrange, quasi omniscient, le rythme cardiaque de Dante s’envole dans tes oreilles tandis que tu restes incapable de deviner le prochain possible mouvement. L’endroit résonne en continu, tu ne vois pas encore où vous êtes, couvre simplement tes oreilles de tes mains dans un semblant d’espoir de rendre l’instant plus viable, plus clair, retrouver un peu plus de lucide pour mettre fin à tes échappées honteuses.

Bétons, bois, herbes, tout s’enchaîne, pas un instant de répit, tu l’entends il se fatigue autant que toi, surement plus mais il a la chance de l'insouciance. Puis un rien, surface trop lisse où l’on ne voit que trop toutes les choses environnantes. Ou l’ont te voit toi, imposteur, semi-inconnu, parasite de cet instant précis, ton corps entier frissonne une première fois quand son regard se pose sur toi. Tu es encore de dos pourtant, l’on ne devrait pas te voir, ou te deviner, mais à l’instant sans savoir il sait un peu devinera peut-être le reste ensuite.

Le deuxième frisson se fait à l’entente de sa voix. Qu’est tu en train de spectacter sans quelconque intervention, Dante se déchire, tout son monde n’est plus, il n’est qu’un rien fasse à ses peurs. Tu ne réalises pas, encore dos à lui recroquevillé sur toi-même, tes mains sur les oreilles que doucement des larmes commencent à couler sur tes joues.
Toujours là même rythmique qui s’envole de plus en plus, qui t’abassourdit encore plus, il n’y arrivera pas, il le sait mais ne s’arrête pas pour autant.

Tu n’es que lâche et faible, cette maison à tout ce qui inspire à la confiance, et tu n’arrives même pas à la rapprocher pour lui, derrière lui tu te relèves, te mets enfin à courir, tu aimerais utiliser tes mots mais ceux-ci n’ont pas leur place dans son esprit.

Ce rêve, il le sait trop bien.
Il le sait si bien qu’il n’a pas besoin de scénario, du point A au point B le final se dessine doucement et ta place à des limites trop fermes. De ta part on refuse un mot un contact, tu as beau courir tu ne l’atteint toujours pas, impossible, ton regards se floutent, tu détestes les sensations d’un trop réel dans ce monde onirique, tu cours et tu t’essoufles mais lui ne s’arrête pas et tu pourrais tuer pour simplement lui dire.

Arrête-toi maintenant

Avant qu’il ne soit trop tard,
Car ses rêves à répétition vivent de cette répétition,
De cet espoir sans fin d’arriver à bout de cette réalité pour en créer une autre,
Mais cela est impossible, il se répète car le scénarium à son début et sa fin,
Alors jamais sa finalité ne sera révoquée si l’on continue de pourchasser ce faux espoir.

CW: mention de sang dans les prochains posts

absorbé dans ta peur, par ta course, tu ne remarques plus Ethan,
tu ne sens pas sa présence derrière toi,
ne ressens ni sa peur, ni son chagrin face aux images de ton esprit.
tu pensais qu'il était juste le fruit de ton imagination aussi, alors comment pourrais-tu imaginer qu'il te cours actuellement après ? qu'il veut que tu t'arrêtes ?
le veut si fort, que tu ressens ses mots.

arrête toi maintenant

tu ne pouvais pas, ce faux espoir que tu ressentais chaque fois était la seule raison pour laquelle tu continuais ce cauchemar, la seule raison pour laquelle tu ne te réveillais pas pour le faire arrêter,
tu ne pouvais pas, surtout quand la voix gutturale murmurait

t̴u̴ ̵y̵ ̷e̷s̸ ̷p̵r̴e̴s̵q̴u̶e̸.̶.̶.̸

mais tu courrais toujours trop lentement !
puis, d'un coup,
la maison était devant toi.

une maison solitaire au milieu du vide blanc.
c'était une petite maison typique de ces quartiers américains, bien tenue malgré la peinture qui s'effrite par endroits, quelques marches menaient à un préau, où étaient installés une chaise et une petite table réservés à ton père qui y fumait le soir. mais les fenêtres de cette maison étaient barrées alors que tu savais — tu pensais en tout cas — que ton père y vivait encore.
et la porte, fermée à clés.

Dante !!
un cri désespéré en provenait.

v̵i̷e̸n̸s̴ ̴D̷a̸n̸t̴e̸,̵ ̴q̷u̶'̶a̸t̷t̷e̵n̷d̸s̷-̴t̴u̴ ̵?̶
moqueuse.

tu essayais d'avancer mais tu étais lourd, si lourd, de fatigue,
de sommeil,
de paix.

DANTE !!
cri plus fort encore, et la porte secouait, désespérément, violemment,

j'arrive ! j'y... j'y suis presque maman ! encore essoufflé de ta course.
mais tu es lourd, si lourd, plus elle criait et moins tu avançais.
les cris sont de plus en plus forts au fur et à mesure que tu avances, les deux voix se mêlant l'une à l'autre, mais tu savais que derrière cette porte c'était ta maman, pas l'ombre difforme.
et enfin ! enfin te voilà aux marches de la maison !

puis tout cesse.
la porte se fige,
le silence s'alourdit.

et seul ton cri résonne, NOOON ! si fort, qu'il semblait que tes cordes vocales allaient se rompre.
tu es si léger maintenant que tu tombes à genoux, attendant la scène finale de ce cauchemar.

de sous la porte commence à couler silencieusement du sang, d'abord un filet puis le flot s'intensifie jusqu'à couvrir tout l'espace infini, vous baignant dans ce liquide jusqu'aux chevilles.
toi à genoux, le visage dans les mains, laissant des ouvertures entre les doigts pour voir le liquide t'entourer, alourdir ton pantalon, mouiller tes jambes. puis tes bras cèdent, les mains tombent, plongent, dans le liquide et dans ce vide, où contrastaient vivement le rouge et le blanc, commencent à résonner tes sanglots, discrets s'intensifiant, mâlant la rage et le désespoir — tu étais épuisé de ce cauchemar à répétition, de ces terreurs d'avant qui te pourchaissaient.
tu étais épuisé et voulait juste une nuit voir un rêve heureux, ou mieux encore, simplement dormir sans voir de visages connus. quand est ce que vous m'laisserez en paix !? d'une voix cassée, entre deux sanglots.

quand tu t'ouvriras aux autres.

Tu cours et il ne t’entend pas
Tu voudrais hurler mais tes mots te sont interdits
Tu n'arrives même pas à le rattraper, ici aussi tu te fais si faible, trébuche maladroitement sans pouvoir te relever. Un sol presque collant sans l’être, tu peux poser ta main contre, elle ne s’y trouvera pas accrochée mais ton corps est lourd et celui de Dante s’éloigne de plus en plus. Tu ressens moins  cet environnement, il est beaucoup plus houleux. Tu tentes de deviner des figures, les prochains acteurs, mais il y a ce trop, celui de Dante porte en lui, celui qui t’empêche d'alléger cette situation.

Mais c’est cela qui t’empêche aussi de partir, retourner dans tes propres songes, ce qui t'oblige à te rendre spectateur de ce désastre. Tu ne peux rendre réels que les plus petits détails, un poids se fait dans ta poche, t'étouffe, et t'horripile par son atrocité mais l’action principale te rattrape trop vite, tes mains rougissent sans que tu n’en comprennes l’origine au premier instant.

Tu aurais souhaité que cette image soit ridicule, que tu ne puisses pas y croire. Assez ridicule pour que l'on vienne à en rire quelques instants avant de l’oublier, passer à autre chose. Dieu sait que tu voudrais passer à autre chose, tes entrailles se resserrent. Tu n’arrives plus à courir, pourtant tu réussis à te relever, chaque pas est un effort de plus que le précédent mais tu réussis enfin à te rapprocher de ton camarade, tout doucement. Tandis qu’il semble se mourir, tandis que ses cris continuent de t’arracher d’autres larmes, tandis que tu te relèves désespérément

Il est trop tard à présent, tu le sais, se faire invisible n’est plus une possibilité, quelques pas et tu le dépasses, encore d’autres et tu arrives au niveau de cette porte. T’accroupis autant que tu te laisses tomber contre le palier. Le temps semble s’écouler au ralenti, peut-être prends-tu quelques millièmes de seconde, peut-être as-tu besoin d’une minute entière.
Tes mains contre le sol, tes mains qui une fois les yeux fermés ne sont plus rougies, uniquement mouillé, et doucement, encore plus doucement que tes pas le flot perd son intensité, finit par s’arrêter, n’empêche malheureusement pas les rougeurs qui vous entourent mais supprime à présent la possibilité du monde qui vous ensevelit sous toutes cettes horreur.

attendant d’être noyé dans ton désespoir comment pouvais-tu remarquer la présence d’Ethan ?
comment aurais-tu pu penser que l’ombre de lui que tu avais vu précédemment était vrai ?
comment pouvais-tu remarquer qu’il te dépasse et monte les marches de la maison de ton enfance ?

le drame finit, tu n’avais plus qu’à noyer cet espace de tes larmes et de tes sanglots jusqu’à ce qu’il te rejette enfin. et après ce qui semblait une éternité, tu ne sens plus le liquide couler, ricocher sur tes mains et tes genoux — il avait cesser de couler.
quelque chose avait changé cette fois.

le cauchemar continue ?

tu relèves alors la tête vers la maison et derrière tes larmes distingue une figure. tu t’essuies alors les yeux du revers de ta manche retroussée en dessous du coude pour mieux distinguer ce nouvel acteur face à toi, Ethan ? murmuré — tu l’avais vu auparavant dans ce vide, mais tu pensais que c’était quelque jeu de ton esprit. qu’est ce que… qu’est ce que tu fais ? la respiration saccadée à cause des sanglots.

toi agenouillé devant lui en hauteur, il semblait que tu priais la Croix,
l’expression où étaient mêlés effroi, admiration et respect, il semblait que tu voyais une apparition divine,
Ethan en Christ duquel semblait couler le sang salvateur.

pourquoi... t’es là ? confus, le ciel est normalement sourd à tes prières, ne t’offrant le confort de la présence d’un autre qu’au réveil seulement.
parce que tes démons étaient trop terrifiants pour penser à quelqu’un d’autre, pour vouloir de quelqu’un d’autre — ton esprit n’était consommé que par la peur et l’envie de paix.

est ce qu’Ethan en Christ salvateur allait te l’apporter ?
mais pourquoi lui ?

un temps passe, deux, semblant passé une éternité et si rapidement à la fois, au terme desquels tu réalises tu… noon… tu portes une main rougie devant ta bouche — qui laissera quelques traces autour de ta bouche et de ton menton — attends tu… tu t’es infiltré dans mon rêve..? prononcé avec une certaine horreur, non parce que tu trouvais son pouvoir terrifiant, mais parce que ce cauchemar était terrifiant,
parce qu’il savait maintenant ce qui te hantait,
qui te hantait,
parce que maintenant vous devrez vivre avec cette confession involontaire.

Tu n’es pas roi,
Tu n’es pas divin,
Alors Christ, tu ne l'imaginais même pas.

Tu te sens mourir quand ton nom est annoncé, te recroqueville un peu plus sur toi-même, tes mains encore contre le sol viennent couvrir tes oreilles quelques instants, se resserrent sur tes cheveux.

Doucement tu viens compter ton souffle, silencieux, tu fais pas d'écho, tu te concentres simplement. Tes yeux sont toujours fermés, dans ce monde-là il n’y a que tes ressentis, que toi. Tu pourrais te croire n’importe où, loin de tout ça, au bord d’une plage peut-être. Là où tes mains et tes genoux se seraient enfoncés dans une eau turquoise, fraîche sans paraître froide ou désagréable, là où le bruit des vagues vient bercer chacun avec une douceur quasi maternelle.

Tu n’es qu’une sorte de rien qui devrait être capable de tout, ce monde-là devrait être ton royaume pourtant lui t’écrase et te piétine, choisit chaque soir un nouveau moyen de te tordre. Autant que tant d'autres, ce même monde te terrifie si facilement, il te fait spectateur et acteur des spectacles les plus macabres sans expliciter un quelconque jugement.

Du doute au questionnement à la peur, tu es monstre à présent, d’avoir vu, d’avoir voulu participer. Tu ne peux pas t’en désoler, ce ne sont que des faits. Rien ne t'avait obligé à te lever, à sortir de ton coin, à trouver cette visibilité. Doucement tu t’étais retourné, avait fini par t’asseoir sur les quelques marches du perron. Les genoux contre ton torse, la pression posant un peu de confort, tes yeux sur tes pieds, parfois un peu plus à gauche, parfois à droite, mais en minime, tu n’osais pas aller plus loin. Tu sais..souvent je rêve, trop..sans savoir ou, ou..chez qui.. Le souffle est lourd, les mots sont lents, tant bien que mal il essaye de trouver ceux qui seront les plus appropriés, cache ses propres sanglots, ses yeux trop rouges pour sembler crédible.J’ai pas choisi..non, j’ai pas cherché à venir ici…Désolé, un rêve ou..tout ce qui s’y rattache ça..c’est du trop personnel pour..juste être là. J’en parlerais pas, promesse. Et au mieux, tu essayeras de ne jamais revenir.  

C’est bizarre comme question..je suis tellement désolé de tout ça. Tu ne saurais te l’expliquer, mais tu te sais responsable de tous ses troubles, sans toi, sans Hypnos, tout ça n’aurait pas lieu. Mais ton rêve..est ce qu’il se termine là ou est ce qu’il se suit.. ?Tu sais que tu ne seras pas un remède miracle, mais tu préfèrerais remédier aux troubles trop fort. C’est juste..pour toi, désolé, je..fais-moi confiance s’il te plaît.

Tu ne serais probablement pas capable d’une fin
Mais une fin peut trouver une douceur un peu plus certaine.

il restait dos à toi et tu ne savais pas quoi faire — continuais-tu de rêver ?
Ethan n'était peut-être pas vrai et donc c'était ton esprit qui continuait à te jouer des tours ?
cette soudaine panique te pousse à te relever et faire quelques pas vers le perron — l'air n'était plus aussi lourd mais tes pas restent lents alourdit pas tes pantalons ensanglantés — mais le voyant mettre les mains sur les oreilles, tu t'arrêtes à nouveau, à quelques pas des marches

c'était toi le monstre dans le royaume du fils d'Hypnos.

puis il se retourne enfin et tu l'accueilles les yeux rougis de larmes, le visage rougit de quelques tâches de sang, les bras ballants dont les mains étaient ensanglantés comme tes habits — un monstre, un vrai monstre qui semblait baigner dans le sang de ses ennemis après une longue bataille.
tu suis Ethan du regard, le vois s'asseoir en face de toi mais ne t'approches toujours pas, tu l'écoutes simplement, ne dis rien jusqu'à ce qu'il explique comment il a fini ici. d'accord... tu souffles, rassuré qu'il n'ait pas choisit de venir découvrir tes secrets, la raison de la sévérité de tes traits et de ta voix et surtout, merci... avec un sourire triste mais sincère. sur ce, tu viens t'asseoir à côté de lui, laissant le plus d'espace possible entre vous deux pour ne pas tâcher ses habits tu sais, de tout l'monde, j'préfère que se soit toi qui ait vu... mais désolé... désolé qu't'ai dû voir tout ça... la voix un peu rauque des sanglots, le regard fixé sur tes pieds, tu n'aimais pas voir ces cauchemars alors les faire voir à d'autres, surtout à Ethan, avec qui malgré vos personnalités réservées, tu semblais le mieux t'entendre de toute la colonie.
mais tes excuses n'allaient pas aidé à grand chose car tu le voyais bien, le mal physique et mental était déjà fait,
inoubliable,
est ce que tu te pardonnerais un jour pour cette nuit ?

il reprends la parole et tu tournes ton visage vers lui, hey... t'as pas à t'excuser... murmuré presque, tendrement — Ethan n'avait pas cherché à attérir ici, à voir tout ceci, s'il fallait pointer quelqu'un du doigt c'était toi le fautif,
toi qui ne voulait pas d'aide,
toi qui malgré sa présence n'a pas réussi à le voir et à arrêter tout cela rien que pour lui.
toi,
toi,
toi.

à toi, tu y pensais en priorité, tout du moins avant de venir à Nausikaa — tu survivais tous les jours pour toi,
puis pour Pachinko,
puis pour tes frères et sœurs,
pour celleux dont la voix et les poings n'étaient pas encore assez forts.
et graduellement, rapidement, tu n'étais plus ta priorité.

donc sa question a eu pour réponse un silence d'abord — toi, faire confiance à quelqu'un ?
quelqu'un voulant t'offrir sa confiance ?
tu observais Ethan pendant ce silence que tu lui offrais et voyait qu'il était sincère.
il voulait sincèrement t'offrir quelque chose d'aussi précieux, à toi qui venait de le tourmenter, alors de quel droit devrais-tu lui refuser ? d'accord. dans ce cauchemar face auquel tu es si faible, j'vais t'fais confiance Ethan. pour te guider dans son royaume — j'espère ne pas le regretter. mon cauchemar finit là, normalement j'attends que tout l'espace devienne rouge et là généralement j'me réveille... tu regardes cette marée rouge à perte de vu, puis tu te tournes brièvement vers la porte mais t'as arrêté le flot de sous la porte... déjà il t'a apporté un peu de paix,
un peu d'espoir que ce cauchemar puisse changer,
même un tout petit peu.

Tu ne vois pas toute cette horreur en Dante, toutes ses révolutions qui semblent pourtant lui produire tellement d'effroi. Mais tu as cet écart, cette séparation, l'expérience est complète, ses mains en sang, l’odeur du fer et le bas de son pantalon humide, désagréable, se colle à sa peau, ses poils, pourtant...

C’est faux, c’est un rêve;
qu’un rêve même si tout est trop réaliste, trop réel.

Ce n’est qu’un rêve alors tout pourra se reproduire encore et encore.
Mais vu que ce n’est qu’un rêve, tout ça n’existe pas vraiment, quand vous vous réveillerez vous serez dans votre lit, en pyjama, peut être un peu fatigué, voir un peu transpirant. Au maximum, une légère douleur dans la nuque sera possible selon la position dans laquelle vous vous êtes endormies, mais c’est tout. Dante ainsi tacheté de sang n’existe pas dans le monde éveillé, celui que l’on rappelle au réel.

Tu ne contrôles pas tes rêves Dante..Tu n’as pas à te désoler. Au contraire toi oui, de vous deux tu es censé être celui qui a la main sur le pouvoir, les capacités de changements, de décors, d’entourage, de personnages ou encore de rythme. Tu devrais, mais tu n’es que faible, épuisé, le pouvoir trop mal contrôlé est la seule raison de ta présence, normalement tu devrais pouvoir te sortir de là, ne plus te faire imposer dans ses endroits et être capable de t’enfuir vite.

Certains mots sont laissés en silence, on passe à autre chose, le commentaire ne te semble pas intéressant, possible, pertinent qu’importe-tu avances sur ses mots là pour passer aux suivants. Sent une sorte de tension monter en toi, tu sais comment faire pour possiblement aviser de cette situation, du moins la théorie. La pratique est, soit souvent ratée, soit jamais vraiment essayée par peur justement de..rater.

Je vois. Un rêve qui se finit en amertume, on se réveille avec l’impression de s’être étouffé, alors ça s’arrête là. Dans ce cas.. il est temps d’ouvrir cette porte je pense. De passer à la suite, de ne pas avoir une finalité par défaut qui vient manger chaque recoin de sa peau. Faut..casser le cycle pour laisser certains rêves partir, mais, je peux pas créer quelque chose de nouveau..en quelque sorte je viens juste..t’accompagner ? Essayer de rendre la transition plus douce, débloquer tous ses verrous de l’inconscient. Du moins si tu le veux, je vais rien forcer.. Moi je sais pas tout, et dire qu’il y a des bons ou des mauvais rêves en vrai c’est un peu bête, mais tu as ceux qui hantent, et ceux-là c'est toujours mieux si on s’en débarrasse.

peut-être était-ce parce que tu voyais cette horreur trop de nuit que tu n'y voyais pas d'issue,
que tu essayais parfois d'en voir une, elle se fermait brutalement devant toi.
le désespoir et l'horreur étaient si réels que tu en oubliais parfois que tu étais dans un rêve.

un rêve que tu ne pouvais pas contrôler — c'était désolant, n'est ce pas ?
mais lui pouvait le faire, n'est ce pas ?
tu voulais y croire, qu'en tant que fils d'Hypnos il pourrait faire quelque chose, même une toute petite chose — comme quand il a arrêté le flot de sang — pour t'alléger de ce cauchemar,
pour souhaiter rester encore un peu dans les bras de Morphée,
pour ne plus avoir peur de ces bras qui t'étaient si cruels.

tu l'en savais capable.

ouvrir la porte ? tu le regardes avec une telle terreur, comme s'il te demandait de commettre un crime inimaginable. ton regard se dirige ensuite vers la porte, que tu fixes un long instant comme pour en mémoriser chaque fissure, chaque bout de peinture craquelée, avant de conclure non, je... j'ai peur.

j'ai peur de ce que mon esprit me cache,
j'ai peur de voir cette ombre,
j'ai peur de voir ma mère, de ses cris, de son corps,
j'ai peur de voir quelque chose de pire que ce que je viens de te faire vivre.

mais tu as ceux qui hantent, et ceux-là c'est toujours mieux si on s’en débarrasse.

n'était-ce pas ce que tu voulais, la paix ?

non, t'as raison. si tu voulais d'une vie nouvelle, il fallait vaincre ses démons du passé. puis il avait demandé de lui faire confiance, donc si Ethan disait d'ouvrir cette porte alors il le fallait. alors tu te lèves, près à avancer vers la porte, mais t'arrêtes dans ton élan pour regarder ta main droite avant de l'essuyer fortement contre la partie encore sèche de ton jean. bien que ta main était sèche maintenant, elle gardait une certaine rougeur du sang qui venait de l'habiller. tu la tends ensuite vers Ethan, embarrassé est ce que tu peux juste me tenir la main ?
juste le temps d'ouvrir la porte,
juste le temps de vivre la suite,
seul j'y arriverai pas.

tu te rapproches ensuite de la porte, examinant la poignée pendant quelques secondes avant de souffler et de la tourner, laissant une trace rouge sur celle-ci. la porte se tourne vers l'intérieur, ouvrant sur un long couloir sombre semblant fait de vide, d'abysses, au bout desquelles, une lumière.
elle était faible, floue, mais elle était là.

tu fais le premier pas dans ce vide et te retrouve sur une surface stable, alors tu continues ta marche entraînant Ethan avec toi.

C’est une sorte d’attente, longue sans l’être qui se délie sous quelques réactions sans pour autant sembler claire. L’idée abordée, d’abord rejetée puis acceptée. Tu ne savais même pas si l’instant présent était le plus adapté aux changements aussi brusques, s’ils pourraient vraiment s’articuler.

Il n’y a pas cette confiance certaine, peut-être que la porte ne s’ouvrira pas, tu n’en sais rien l’espère simplement du plus profond de ton âme, que ce trop puisse enfin être résolue. Oh. Tu ne t’imaginais pas figure de confiance, à tout dire tu ne t’imaginais juste pas, être ou sauveur, à ses rêves tu est généralement invisible, sans intervention à simple spectateur. Oui, oui pas de soucis. La réplique un peu plus vite, tu te refuses de laisser un silence trop long, un silence que l’on viendrait associer au doute, tu ne peux te le permettre se soir. Demain et après-demain qu’importe, tu auras tout le temps de compenser, de te laisser vivre sans jamais être, tu le fais toujours si bien, mais ici.. Pour ces quelques instants te faire plus que réel est essentiel.

Allons-y. Avons que l’on ne vienne à repenser notre choix. Il vaut mieux éviter toute marche arrière à présent. Cela te terrifie mais tu le sais, quand dans ses nouveaux mécanismes les directions s’opposent le résultat est toujours mauvais, une fois le chemin emprunté on oublie toute marche arrière.

Alors une fois la porte ouverte il n’y a pas de grande surprise, une sorte de déjà vu désagréable. Voilà ce tout que l’inconscient n’a jamais conscientisé, n’en a pas eu le temps ou l’intérêt. Il y a tant d’espaces qui n’ont pas de définition dans les rêves, c’est cette espèce de flou qui ne s’est pas encore construit dès que l’on se penche dans un de ses recoins.
C’est aussi cet endroit qui peut se réformer aussi vite, l’endroit où les frayeurs se regroupent si vite. Essaye de ne pas traîner. En sous-entend , dépêche-toi. Ton pas se presse, l’essentiel est de ne pas regarder en arrière, au grand jamais ce mouvement à l’inverse, tu ne sais où il vous emmènera mais tu es certain de ne pas vouloir t’y rendre. On y est presque, presque.. À même pas un mètre du halo de lumière, il est temps pour Ethan de prendre sa retraite, laisse doucement ses doigts filer. ​​Et surtout ne regarde pas en arrière ! Il saura quand s’arrête tout comme Ethan sait qu’il n’est plus de son ordre de suivre Dante

Quand je marche dans la vallée de l'ombre de la mort, Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi.
— Psaume 23:4

ton sauveur.
sa main en point d'ancrage, cette chaleur humaine inconnu dans tes nuits, devenu inconnu dans tes jours,
c'est lui qui te tire vers l'avant, te guidant dans ces abysses, entre ton royaume et le sien.
c'est lui qui te tire vers l'avant et tu réalises que tu n'y résistes pas, lui fait pleinement confiance — c'était donc ça d'avoir un ami ?
c'est lui qui t'annonce que vous y étiez presque et un sourire se dessine alors sur tes lèvres — il y avait donc une fin heureuse aux cauchemars.

mais alors, tu sens que son pas ralentit,
tu sens que tu le dépasses,
tu sens sa prise s'affaiblir et enfin de lâcher.
Ethan..? tu souffles alors que tu étais à quelques pas du halo, tu as peur qu'il ait disparu, que l'ombre l'ait emporté quelque part, mais tu ne te retournes pas, il te l'a ordonné !
et au prochain clignement d'yeux, ce sont les planches en bois du plafond que tu vois.
puis la truffe de Pachinko, maintenant allongée à tes côtés — sûrement que dans ton sommeil agité, elle est venue se placer près de toi dans l'espoir de t'apaiser.

ta respiration était normale maintenant mais tu te sentais sale du sang imaginaire sur ton corps et de la transpiration réelle que ton cauchemar à provoqué.

mais tout cela n'était pas important.

d'un bon, tu sors du lit, enfile à l'arrache tes chaussures et le premier sweatshirt que tu trouves.
tu jettes un coup d'œil rapide à l'horloge — dans une heure c'était l'heure du réveil.

te voyant à nouveau agité, Pachinko se colle à toi avant d'aboyer, shh ! d'abord le doigt sur la bouche qui pointe ensuite son panier couchée Pach' ! les autres dormaient encore ! mais pour une fois, elle ne t'écoute pas, préfère te suivre dans ta course vers le bungalow des enfants d'Hypnos.

tu cours à nouveau,
et même si tu te savais en lieu sûr maintenant, même si tu savais qu'ici l'ombre ne te suivrait pas,
même si tu savais que le sang ne commencerait pas à couleur de sous les portes,
il semblait que le cauchemar n'était pas fini.

tu cours encore avant de te retrouver devant un bungalow pareil au tien, seuls le nombre sur la porte différait, et sans prendre le temps de reprendre ta respiration, tu frappes trois coups forts Ethan ! crié, essoufflé, suivit d'un aboiement — Pachinko à tes pieds ne savait pas si elle devait être heureuse ou s'inquiéter — et d'encore quelques coups Ethan sort s'te plait ! dans ta voix il n'y avait que l'urgence et la panique.

j'ai peur que le cauchemar ne soit pas fini,
j'ai peur car tu es la première personne à qui j'ai accepté de faire confiance,
je ne peux pas te perdre.
je ne veux pas te perdre.

l suffit d’attendre quelques instants, un soulagement en voyant Dante l’écouter suivit d’une peur profonde quand le halo de lumière disparaît, quand il n’y a plus que les horreurs qui ne sont là que pour se refermer sur elle-même, toi compris.

Plus que jamais tu sembles visible à toutes ses horreurs, le monde autour de toi s’écroule, signe de Dante sur le point de se réveiller mais aux dimensions distordues une seconde pourrait être un an, ou l’inverse, les espaces ne sont jamais respectés. Rien ne sert de courir, il n’y a pas d’issue, avant que toutes les noirceurs ne te foncent dessus tes mains s'appuient à nouveau contre ce qui serait considéré comme le sol.

UN, les mains s'imprègnent, sous les ongles on vient infliger les haines et les démons, ceux aux vices qui poussent de plus en plus pour faire lâcher prise.
DEUX, assujetti, la noirceur vient remonter jusqu’aux jambes, alourdit de ce même poids, tente continuellement de l’engloutir dans ce sol qui se fait petit à petit plus compact comme plus horrible.

Trois.
Réveillé, tu sais parfaitement où tu es, pourquoi ton cœur bat aussi fort, que ton pas presse à peine expulsé de ton lit, trébuche dans tes draps avant d’arriver jusqu'aux toilettes. L’odeur, le bruit, la sensation tout te répugne tandis que tu craches les derniers restes de ton estomac dans la cuvette. Ce n’est pas si étonnant..Tu aurais dû t'en douter même, la nausée te tient toujours quand tu te fais aussi principal à un rêve, elle te suit après cela, l’amertume semble indélébile tandis que tu déglutis quelques gorgées d’eau.

Mais déjà on frappe, on t’appelle, on te presse à nouveau alors tu repars de plus vite, tu connais ta fratrie, sait à quel point être réveillé avant l’heure est un des pires crimes. La porte ouverte vitesse grand V, de la même dynamique voilà que tu te rues sur Dante, plaque ta main contre sa bouche. Shhhhhh…. Les mots suivis du signe de main avant que tu ne refermes tout doucement la porte. Cela ne servira plus à grand-chose maintenant que tu as couru d’un coin à l’autre mais ton sort sera peut-être un peu plus épargné.

Enfin, tes deux mains reviennent de part et d’autre de ton corps, laisse paraître ta mine mauvaise, de quelqu’un qui n’a plus rien dans l’estomac, qui est essentiellement fatigué et surtout qui ne voit pas grand-chose car tes lunettes ont été oubliées à l’intérieur avec toute cette agitation. Ça va…? ‘Fin…il est tôt non..’Fin..qu’est-ce que tu fais là ? Tu ne peux mettre le doigt sur une raison qui motiverait sa venue, pour te voir toi..surtout après tout ça.

un, deux, trois coups — silence.

un, deux, trois coups — silence.

un, deux — silence !

ses mains sur ta bouche, ton poing resté en suspens avant de retomber le long de ton corps et ton regard sur Ethan, l'observant paniqué, cherchant des traces de mal quelconque — affamé tu l'imagines vu que le petit-déjeuner approchait, fatigué tu le voyais, tu t'imaginais avoir le même air désordonné, les même cernes sous les yeux, le même vide dans les yeux.

il n'avait là rien du Christ qui t'était apparu en rêves,
tu l'avais teinté de tes maux,
est ce que tu te pardonnerais un jour pour cette nuit ?

mais au lieu de demander si lui allait bien,
au lieu de répondre à ses questions,
tu le prends dans tes bras, le visage presque entièrement niché dans sa nuque, les bras autour de ses épaules, le serrant fort, si fort, comme s'il était un ami que tu n'avais pas vu depuis des années, comme s'il était un être aimé que tu ne voulais pas voir partir.
il est resté dans la vallée de l'ombre de la mort et tu avais eu peur, si peur,
qu'il soit blessé,
qu'il ait disparu,
qu'il y soit resté.

tu soupires, soulagé.

une minute, deux peut-être passent — des minutes qui semblaient une éternité pour un garçon qui n'avait accueilli personne dans ces bras depuis trop longtemps — avant que tu réalises ton geste trop amical, trop émotionnel. alors tu le lâches, recule d'un, deux pas, embarrassé pardon... je- ton regard se perd sur le sol — tu remarques alors que les chaussures à tes pieds n'étaient pas de la même paire —, puis sur Pach' qui était assise docilement à tes pieds, te regardant j'étais venu voir comment tu allais... et m'excuser aussi de t'avoir fait voir- tu fronces les sourcils je sais, je sais t'as dit que j'peux pas contrôler ça mais quand même t'as- t'as du voir ça et- tu sais maintenant que dans ma tête tout va mal. tu passes une main dans tes cheveux ouais désolé... puis tu relèves le regard vers Ethan, avant de conclure et merci... vraiment... d'm'avoir sauvé d'là... sincère, les yeux brillants de larmes qui ne couleront pas.

et tu ne sais pas à quel point j'étais en danger.

Un instant de pause, calme absolue où aucun de vous deux ne laisse échapper un son, un bruit, qu’importe. Tu n’es pas habitué des étreintes, les évite au plus, du moins évite les contacts tout court, ton corps à ce trop que tu n’aimes pas savoir plus que réel par la présence d’un autre. Il y a ce tout pourtant, Dante dans son surplus d'émotions dont tu t’es rapproché sans lui en laisser le choix.

Doucement tes bras se sont relevés, ont souligné son étreinte. Tu ne savais rien faire d’autre, tu aurais voulu lui répondre mais ta langue est encore trop pâteuse, simplement ton visage s'ancre contre le creux de son être. Ici personne ne viendra vous embêter, ni monstre ni surnaturel ou souvenirs que l’on se déteste de revivre en boucle.

Le contact se brise, ramène à la réalité, te laisse à présent la place de voir Dante, de te rassurer que son visage, ses mains, son bras ne sont pas éclaboussés en rougeur, te rassure de le voir, sain et sauf. Encore une fois tu aimerais lui répondre immédiatement, mais d’autres de ses mots viennent, encore et encore ses excuses à lui d’un monde qui n’est pas le sien. Il y a ce nouveau silence, le temps de t’assurer qu’il ne souhaite pas rajouter autre chose, que tes propres mots réussissent à faire sens. C’est moi tu sais…normalement je devrais pas voire les rêves..enfin, voir celui de quelqu’un d’autre ! C’est..intrusif de la pire manière, et surement que j’étais pas là personne avec qui tu aurais voulu partager ça si tu avais du.. Ce sont toutes ses choses qui sont bien trop personnelles pour que tu sois la personne qui vienne les observer. Je..je suis soulagé si au moins j’ai pu t’aider sur ça..et, que ça arrivera plus… je ferais en sorte que ça arrive plus ! Les excuses, les excuses tu ne sais comment les présenter autrement tu te fais tellement honteux de tes pouvoirs, de ce tout, ton apparence est désastreuse et tu ne devines qu’à peine Dante en face de toi.

Mais..si un jour tu as d’autres soucis de la sorte..fin..tu sais où me trouver quoi, c’est..juste là. Sans grande surprise puisque c’était lui qui était venu te chercher. Et t’embête pas..on aura pas besoin d’être quite.. je suis trop mauvais en maths pour..tenir les comptes. La ponctuation en maladresse, un simple “n’hésite pas” aurait été tellement mieux mais on ne peut apparemment pas t’en demander autant, tu préfères rire doucement, chacun à ses cauchemars à vrai dire, ceux de Dante une fois fini ne te déranges pas, à toi il ne reflète rien, ne t’étouffe pas toute la journée en y repensant, chacun a sa peur ses horreurs, tu retrouves les tiennes assez souvent pour ne plus te soucier de celles des autres.

à quand remontait ta dernière étreinte ?
qui était la dernière personne à te prendre dans ses bras ?
tu ne sais plus.
mais tu sais que la chaleur de son corps contre le tien qui te semblait si froid te conforte, tu sais que son souffle contre la nuque, le poids de sa tête sur ton épaule t'ancrent définitivement dans le monde réel.

une bulle de silence idéale que tu dois quitter de peur de la briser.
mais maintenant confronté au silence d'Ethan, tu te dis que peut-être que tu n'aurais pas du la quitter — l'avais-tu mis dans une position embarrassante par tes gestes ou tes mots ? est ce qu'il t'en voulait pour cela ? pour le cauchemar ?
tant de questions car il t'était difficile de lire, de comprendre les autres.

mais tout se tait quand il prend la parole.

oh... tu hausses les sourcils étonné — tu pensais qu'au contraire, les rêves étaient le royaume des enfants d'Hypnos où ils s'amusaient à visiter les esprits des autres non non t'excuses pas, tu contrôles pas encore ton pouvoir c'est normal on a que seize ans après tout ! déjà seize ans diront certain.e.s et j't'ai dit j'préfère que se soit toi qui ait vu que quelqu'un d'autre... même si tu aurais sincèrement préféré qu'il voit un de tes rêves. un sourire triste se dessine sur tes lèvres et t'inquiètes ! 'fin si ça arrive encore j'ferai en sorte de m'réveiller comme ça on s'épargne tout ça... les peurs, les pleurs, l'embarras, les excuses, toutes ces choses si étrangères à vous deux.

et tu aurais pu le quitter sur cette note,
rester étrangers l'un à l'autre.
mais ses mots te retiennent — il est trop tard pour briser le lien entre vous.

tu le regardes l'air ébahi, ne sachant pas quoi répondre — à quand remonte la dernière offre d'aide inconditionnée ?
ça tu le savais,
à jamais.

je- ne sais pas quoi dire. que devait-on répondre à ce genre d'offre ? à cette sincérité ? "pourquoi moi ?", "merci" ? cela semblait trop simple mais tu ne savais pas quoi répondre d'autre ! alors merci, vraiment... merci Ethan... un grand sourire illumine enfin ton visage moi non plus j'suis pas une flèche en maths donc... pareil si jamais t'as besoin de quoi que se soit, tu sais où m'trouver ! même si ton aide à toi était sûrement plus explosive et violente que la sienne. entendant ta joie, Pachinko décide de ponctuer ta phrase d'un aboiement, te prenant de cours — dans toutes ces nouvelles émotions tu avais oublié sa présence. shhh Pach'..! l'index sur la bouche, tu lui adresses un regard plein de réprimande tout l'monde dort encore..! même si tu avais dû réveiller tout le monde plus tôt.