tw : mention de mort, violence.

gravé sur la triste façade des gradins, résonne les échos de lamentations altérées, presque un cri tribal ; la rancœur de spectres de guerres passés. incurvé sur les sables rougeoyants, le chtonien en ressent les palpations infimes, venues se planter sous la cage thoracique une estafilade pourpre. des échos bruyants de la foule du podium, aux éclats de mains en délire. il y a quelque chose de magistral, que de dépeindre une galvanisation effervescente, le frisson de la conviction d'une victoire ; terminée en une tragique mort de martyr. de la sortie des champions des corridors, des premiers coups qui fendent l'air, des souffles erratiques jusqu'au gorges déployées et hurlantes des spectateur, l'apesanteur des lames, d'une respiration contenue, jusqu'au doute arraché dans l'arc d'une attaque finale.

la scène est dépeinte comme une peinture désuète ; figée en un temps qui n'existe plus. car le frisson du combat et d'ores et déjà mort depuis plus d'une décennie. ce n'est que dans la marche de quelques pas errants, paumés sans vraiment l'être que le vengeur se tiens-là. l'arc de sa nuque penchée témoigne de quelques traces de pas fraîchement laissées dans les grains, celle de ses rangers qui les font se craqueler à chaque allée. et dans son dos, comme un étendard de guerre, bas les pans de son long manteau noir. et la suie de ses orbes, elles semblent-elle à la recherche de quelque chose. quelqu'un. mais il n'y a que l'abîme de la nuit pour l'accueillir. alors soit, ce sont de nouveaux pas soulignés d'un espoir branlant que Kastiel pars se réfugier dans les gradins. sans doute à la recherche d'un peu de tranquillité, d'une nostalgie accueillie d'un coup de crocs las dans un sandwich déballé de son aluminium. tout molletonné entre de longs doigts osseux, un morceau de thon lapé, une tranche de tomate débordante du pain qui finie ingurgitée, un bout d'œuf mastiqué ; kastiel dévore plus qu'il ne mange. comme si l'empressement de la tombée de la nuit montrait ses premières esquisses de la course. celle à quel sparte en découvrirais le chtonien en premier ?

et d'un sourire carnassier, son sandwich est achevé d'une bouchée.

des dernières mastications entre ses dents serrées, des dernières lapées de grands félins pour en récolter le sirupeux d'une sauce ; les mains trop occupées à se badigeonner qu'à servir de couverts organiques. kastiel a des airs d'ogre, dont le large dos est courbé sur l'appétence de sa gourmandise. les prunelles sombres comme des soucoupes attisée au fer rougeoyant d'une lapée de tomate. et à peine repu de son offrande du soir ; de ses airs de vendredi soir seul dans la tempête de sa psyché ; qu'une paire de pas franchis l'arène. et sous le filtre nyctalope d'un regard, le dos de l'ombrageux se redresse, des airs de pacha perché assis ainsi sur les marches du podium, une main sur la cuisse, l'axe une jambe étendue de tout son long jusqu'aux prémices de la place descendante.

d'un énième bout de croc, nonchalant, kastiel finir par engloutir sous des bruits de succions ; les cadavres de mie de son sandwich. les orbes braquées comme un félin curieux, dont le flegme indolent finissent par détailler les pourtours de l'invité noctambule. en passant par l'angle de sa mâchoire, de la moue de ses lèvres, jusqu'au galbe d'une épaule. structure organique de puissance, pulsée de veines qu'il devine saillante. et aussitôt, de ces paroles dédaigneuses, le chtonien en reconnaît le feu divin. non pas celui que prométhée aura donné aux hommes. mais d'un autre genre d'étincelle. de celle qui se répande pour y asseoir le siège de la conquête ; de celle pour lesquelles on soulève des armées, à l'effigie d'une gloire belliqueuse. le parfum capiteux de la bataille.

« qui le demande ? »

qu'il lui dit, d'un coude distraitement reposé contre l'arrondi d'une cuisse, la carrure toute avachie vers l'avant ; d'un rictus ni hautain, ni moqueur, peut-être complice en l'occurrence. comme lorsqu'un traqueur en reconnaît un autre ; comme lorsque deux sentinelles se croisent au comble de hautes murailles silencieuses.

des airs de fin du monde et aux sommets de son toit, du silence de son arène empyréenne, que les egos sont dégainés. far west de sable, no man land d'un bout de terre où les élégies sont des potions de colère. il n'en résulte qu'entre leurs silhouettes éloignées, des échos tapies à même le sable, des bouts de ce qu'ils furent, de ce qu'ils deviendront, peut-être. et s'il n'est ni dévot, ni adorateur, kastiel est pieux de l'adrénaline. est-ce sûrement pour ça, qu'à chaque long tirade essoufflée de course, ses pas finissent toujours par l'emmener à la genèse de son commencement. à la guerre. à l'appel aux armes.

s'il existent de réelles prédispositions assignée à la naissance ; qu'il le veuille ou non, l'intensité vas de paire avec le frisson de la bataille.

« un sparte, donc. »

l'intérêt est remué ; comme un tison dans le ventre d'une bûche enflammé. et c'est piqué, que le chtonien se redresse de sa haute stature. de là haut, il a des airs de justicier infâme, avec les pans de ce manteau qui battent dans son dos, une tarentule lunaire, aiguisée de la toile alambiquée et tortueuse de son regard. un haut port de tête lui donne des airs de créature, de monstre, de loup, prêt à avaler la lune dans son dos.

« tu n'est pas celui que je cherche. »

pourtant, il le regarde ; comme rarement il a regardé quelqu'un. car les occasions ne sont que trop peu nombreuses. un mélange confus d'envie, de convoitise. et même s'il a enterré ses démons, kastiel se sais, se sens capable du pire ce soir. des airs d'une cendrillon d'horreur, qui aux douze coups de la nuit, se sera revêtue de sa peau lupine. et peut-être est-ce la présence d'Ellair, qui réveille quelque chose depuis longtemps tapis en lui. ou le combo d'une solitude aigre dégustée dans un sandwich préparé.

quoi qu'il en sois, le fils du châtiment n'en attendais pas moins.
à la croisée de son errance, peut-être aura-t-il gagné un adversaire à sa hauteur.

« mais tu pourrais faire l'affaire. »

qu'il dégaine une dernière fois des arcs gutturaux de sa voix, rictus en garde.

le frisson ; c'est ce quelque chose d'impalpable, dont la voracité atroce lui donne forme, vie. et métamorphosée en une sorte de flèche de pique, tracée dans le chemin sinueux des veines ; elle ne laisse qu'un éclat de suie dans les os. et cette chose ténue qui s'y cristallise, grandis. ronge. se fait gangrène. elle implose avec violence. avec remembrance, comme au sortir des affres d'un tout. elle est le signe des grands·es guerriers·ères. de celleux qui sont faits·es pour la bataille et dont la paraphe ne laisse qu'entrevoir un rictus déformé au gong sonné.

alors pour celui qui se sera toujours fait fils d'arès par procuration ;
le frisson est grand.

et les ombres sont grandes ce soir. si belles. si insatiables. à la façon, dont elles fourmillent, bientôt, entre les mains du demi-chtonien. elles se vont vapeurs, volutes. tout autour de sa haute silhouette, depuis le perchoir des gradins. venues du tréfond des âges, des membranes du styx, elles s'étirent, s'arrachent, se craquent, en une longue épée récupérée dans le creux de la paume.

et c'est un air satisfait, que Kastiel fini par descendre de son nid de quelques pas souples. les rangers qui bientôt, crissent dans le sable de l'arène. un instant de doute flotte ; l'air d'une tricherie de mauvaise plaisanterie, mais le tout est dénoué du claquement de sa voix.

« ne t'en fait pas. j'apprécie mes spartes armes en mains. »

et sous l'ombre qui tapisse les pieds d'Ellair, en émerge son arme, qui toute pâteuse, se solidifie dans ses fumées ombrageuses.

à son tour, sa veste est jetée ; elle flotte quelques instants dans l'air en un étendard sombre et ce n'est qu'une fois au sol, qu'elle aura signé les dernières graines de torpeur. ces derniers moment de flottement où le corps passe en mode automatique. d'un bond, kastiel est le premier qui s'élance. largué comme une comète, les ombres solidifiées s'échauffent d'une première parade. frictionnée en une frénésie qu'il ne pourras jamais vraiment oublier ; elle est gravée dans son squelette, dans chaque pans de son adn en une balafre de chagrin.

et ne surgis, que féroce, pour ceux qui savent tendre l'oreille à la lune.

alors que pleuvent les coups. et que les dieux témoignent de l'infâmie, de l'affront à la guerre. que leurs élégies lavent le sol de cette arène en cendres, en flammes.

tw : violence

l'équilibre ; c'est ce quelque chose auquel Kastiel aura aspiré toute sa vie. la balance instable d'émotions tantôt calcinées, tantôt cristallisées d'une myriade de reflets opalins. aussi bien dans ces gestes, que dans ces paroles. ce n'est qu'à la croisée des chemins que s'en échappe des relents paradoxaux, des bribes de ce qu'il fut. mais la glace craque ce soir ; elle fond, se craquèle. et elle tiens plus des grands lacs, comme celui de l'averne, dont on souffle l'entrée fétide du tartare.

elle pulse, creuse sous la chair en un puit infâme, eschatologique. et quelque part, dans sa psyché, les paysages ont des airs de fin du monde, à la triste image de cette arène, où pleut les coups de leurs armes fantômes. si Ellair paraît encore sur la réserve, pare, feinte, esquive et attend que les coups émergent de la part du demi-chtonien, l'autre paraît s'éveiller à son contact. il y retrouve les marques d'une sensation vieille comme le monde ; l'adrénaline crachée de la suie d'un regard, de l'ébène vaporeux de cette épée qui bondit et cherche à percer la défense de son adversaire. et si ses coups sont rapides, dont l'élégance mortifère frappe comme un venin ; sa puissance est d'autant plus lourde, aura parvenu à faire reculer le guerrier sur quelques pans de grains.

mais quelque chose dans son attitude trahis cette pudeur qui le met en horreur, dans le bleu algide de ses yeux où s'en écoule une familiarité obscène.

alors l'enténébré s'arrête, forme une ronde ; une espèce de parade en faisant tournoyer la lame dans sa main de la souplesse de son poignet. et son adversaire lui apparaît plus clair encore ; son regard forme des entailles sur une trogne un peu trop sérieuse, presque solennelle dans sa façon de tenir son arme. il divague, s'ose, avec une insolence apparente, à la descente d'un cou pleins de veines, d'un t-shirt qui colle à sa peau pour n'en laisser deviner quelques monts et piques de peaux.

« tu est sur la réserve. »

mais quand serait-il, si l'autre venait à perdre son calme ? qui sais quel visage pourrait se cacher, une fois la pudeur du masque d'ellair ôté. et pour ça, il allait falloir en retirer les épluchures, les unes après les autres, en soutirer les peaux pour n'en laisser que transparaître le squelette de ses secrets.

« ne sois pas timide. »

que s'arrache sa voix, d'un ton moqueur.

pas avec moi.

non, c'est un adversaire qu'il veut. pas la moitié d'un homme. et s'ils se jaugent encore ; ce n'est que pour mieux appréhender les coups à venir, peut-être même, les saisir à plein derme d'une marque indélébile. alors d'une énième salve, kastiel s'élance, arme dégainée, prête à s'aplatir sur celle de son adversaire. mais la feinte est parfaite, lorsque les armes ombrageuses s'effacent en des volutes de fumées ; n'en reste dès lors que ce poing, qui s'abat de plein fouet sur la mâchoire du belliqueux.

« cela devrait ajouter de jolies couleurs à ton visage. »

tw : violence.

l'adrénaline n'est-elle pas l'essence même de ce qui l'aura toujours tenu en vie ? le sillon d'un long frisson qui pulse sous la chair, fait bouillir un sang morne et froid dans les catacombes de ses veines. la promesse que les braseros laissés sans flammes dans les mausolées se rallument d'un feu archaïque. et c'est sur la traînée des étincelles du sable rouge, que Kastiel en lâche un rire. hilare, épais, tranchant et moqueur. le barbelé d'un sourire qui étire ses lèvres.

« enfin ! je commençais à m'ennuyer. »

d'un effort souple, que son corps s'arrache aux grains qui collent et suppure à ses vêtements, que du dos de sa main ganté, il en arrache quelques miettes sanguines. et son regard, lui, dans les ombres nocturnes, paraît se dilater comme une immonde flaque d'huile noirâtre, il s'heurte aux braises qu'en crache un Ellair bien moins rigide. et dès lors, les mots n'existent plus.

ils disparaissent sous le filtre épais d'une brume belliqueuse qui envahis son crâne, s'étire jusque dans ses nerfs d'une poussée extatique. et la ronde reprend ; bien moins timide, moins pudique, des chassés des longues jambes de Kastiel qui balaie l'air, se font serpents déliés, dont les crocs effleurent plus qu'ils ne piquent. parce que la répartie en fasse est grandiose, se fait crescendo, croissante d'une rage que le chtonien aura provoquer ; sans remords.

et il y a quelque chose de fascinant que d'en voir un sparte sortis de ses gonds, de ses veines qui pulse à un cou rougis, du froncement furieux de l'arc de ses sourcils, de la parade de ses poings qui se goinfre de coups, d'injures filtrées d'un plissement de regards, avalées d'un souffle monstre.

et kastiel, l'ogre, le monstre à cette fable mythologique, qui n'est que pique, sourire railleur, mains bien habiles qui tord jean et t-shirt d'une traction venimeuse. ça se repousse pour mieux s'attraper, se tailler le museau de coups, de coudes, de poings, de genoux. rien n'est au hasard, si ce n'est que leurs volontés qui cherchent à s'en renverser, l'un l'autre. et lorsque d'une prise, le visage d'ellair est attrapé à pleine paumes, renversé d'un coup du crâne.

de son corps qui ne tarde pas à rejoindre le sien au sol, d'abord repoussé à plein dos, ses côtes encaissent les chocs, les fracas. et de toute cette fougue sublime, bientôt, kastiel l'en bascule, l'en arrache, reptilien tout en membre noueux, dont ce bras, qui s'enroule comme une anguille autour de la gorge du fils de la guerre. l'en retiens là, contre lui, assez pour que son souffle chaud s'évade contre l'une de ses oreilles.

« allez, ellair ! abandonne. avec un peu de chance, ton dieu de père ne t'en voudras pas. »

et il fini par se pencher plus bas, pour lui en susurrer ces mots :

« tu sais je vais t'avouer une chose. plus grande est ta fierté, plus grande est mon envie de la piétiner. »