Cette porte est détestée par tout ceux qui détestent l'alliance d'Ezra à Midas.
Alors c'est presque sans surprise qu'Emon la voit valser à l'entrée de Blue. Encore une fois, le petit frère lui lance ce qu'il a sous la main au visage. Le fils revendiqué soupire calmement : il faut le rester, il n'y a pas le choix. Ses yeux découvrent l'arme du crime : l'invitation au mariage, ne faisant que confirmer ses soupçons.
Violences au comptoir.
Ses obsidiennes ne s'en lèvent pas plus vite vers Blue pour autant. Nonchalantes, elles détailles ses traits déchirés par la haine. Il inspire, gonflant lentement son torse pour la bataille à venir. Se redresse et fronce légèrement les sourcils, sans sévérité cette fois, mais pour ne rien montrer de la peine à le voir ainsi en colère contre lui.
Il te demande pourquoi.
Il n'existe pas de réponse satisfaisante à lui offrir.

- Demande ça aux Moires...

Demande cela à Midas Warren. À Ezra.
Blue est hilare, applaudit ce pacte dont il regrette suffisamment la décision. Voir Simca au bord des larmes était déjà un prix douloureux, et à cela -il le sent flotter au dessus de sa tête, cette épée de Damoclès- sera bientôt ajouté la fragile relation fraternelle avec Blue ?
Le seul réconfort qu'Emon y trouve est bien la tranquillité des rues de l'Atè, dépourvue de brutes épaisses.
Cela ne rend cependant pas la tâche moins douloureuse.

- Ils n'auraient jamais accepté si ce n'est pour leurs traditions.

Les Spartes ne se seraient pas alliés aux égarés contre les Olympiens. Emon se garde bien de partager avec Blue l'opinion que les abrutis de l'Agon ont d'eux : cela ne rendra pas la situation plus acceptable à ses yeux.
Les Spartes n'auraient jamais acceptés un monde plus juste. Emon était attendri quand Blue l'a suggéré, mais ce n'est juste pas la réalité de Nausikaa.
Finalement, son regard se baisse.

- Tu n'as pas besoin de venir de toute façon...

Mais Simca le hante. Ce jour allait la faire souffrir, si Ezra manquait de quoique ce soit.
Comme d'amis, par exemple.
Son visage se referme, juste un peu.
Sauver l'un, blesser l'autre...
Il n'y a plus moyen de s'en sortir.

- Cela aurait fait plaisir à Ezra, cependant.

Impossible de défaire ses erreurs.
Il reste derrière son comptoir et attend sa violence.

Emon désapprouve en silence, constatant les dégâts que Blue cause dans sa boutique. Il soigne certains, avec ces produits maintenant étalés au sol parmi les débris de verre.
Il ne faudra pas longtemps avant que sa violence se tourne vers lui.
Blue a beau le dépasser, Emon ne s'en tient pas moins droit. Il soutient son regard, yeux plissés et maintenant que son petit frère ait posé la main sur lui, sévère.
Mais il le secoue. Force l'ambassadeur à grimacer et agripper ses poignets pour l'intimer d'arrêter.

- Lâche moi !!

Un rictus, face à ces demandes capricieuses. Ses doigts se renferment sur la peau de son frère. Finalement, Blue arrive à lui arracher un peu de frustration : elle siffle entre ses dents, qu'il ose approcher de son visage.

- Tu veux savoir ? C'est maintenant, que tu veux savoir ?!

Lui, l'indifférent à Hadès, à la politique. Qui "ne sait pas". Loin de se préoccuper de la situation de l'Atè du réveil au coucher.

- Et je suis ni frère ni père, je n'ai pas à t'en dire plus ! C'est fait, et savoir n'y changera rien !

Puis, ces yeux brillants...Elles se font évidentes, les larmes dans les yeux de Blue.
Elles le désarment : l'étreinte de ses mains autour de ses poignets faiblit.
Encore un qui pleure à cause de cette décision.
Encore un proche.
Ce n'est pas la première fois, en si peu de temps, qu'on les lui offre douloureusement. C'est toujours avec violence, toujours à la limite de lui hurler dessus.
C'est la peine de perdre un être cher.
Emon en oublie la menace et les poings à son col. Il le scrute, cherchant dans les traits de son visage la réponse qu'il attend, avant ses mots.

- Y aurait-il quelque chose que tu ne m'as pas dit, Blue ?

Rien ne le fera lâcher prise.
Ni les ordres, ni souligner ses larmes.
Blue les ignore et empoigne d'avantage.
Alors l'ainé observe en silence.
Il pèse le pour, le contre.
Et ne rien lui dire semble de loin la meilleure option.
C'est le ton calme qu'il lui répond enfin,

-Je l'ai autorisé.

Loin de l'action, loin du crime.
Mais c'est comme si.
Emon tait le nom de la complice  et celui de leur groupuscule.
Surement que Blue se  mettrait à les diaboliser, comme il s'attend à ce qu'il le diabolise après cet aveu. C'est les traits fermés, d'ailleurs, qu'il attend son jugement, encore à sa merci.

- Tu sais, maintenant. Tu te sens mieux ?

Surement pas.

- Que vas tu faire maintenant ?

Maintenant, c'est plus grave.
Cecil a été lavé de tout soupçon, concernant ce kidnapping seulement. Emon reste sage, à l'ombre, et espère que leurs radars ne viendront pas trahir son implication ou celle de la douce Simca.
Emon aurait dû lui mentir.
Mais les larmes dans les yeux de ses adelphes le tiraille assez pour céder, et le voilà qui prie en silence leur père pour pouvoir lui faire confiance; il en a envie.

- Lache moi, s'il te plait...