Dire que Demian était une personne qui appréciait sa vie privée serait un euphémisme. Le fils d'Héphaistos était tout sauf disposé à partager de son passé et de ses agissements en dehors du pur minimum. Alors imaginez sa surprise lorsqu'il reçu un texto d'un numéro inconnu, le félicitant sur son nouveau poste en tant que détective. Il ne fallait pas être idiot afin de sauter sur le fait que les seules personnes capables de le contacter étaient soit le poste de police, Lui, ou les foutus demi-dieux de Naussika. Il ne fallait pas être aveugle comme lui pour savoir que Demian possédait une haine envers tout ce qui était Naussika, et surtout les "Olympiens", alors bonne surprise ce matin en se réveillant à un texto inconnu d'un demi-dieu s'immisçant dans sa vie. Encore plus son bonheur quand cette dernière lui proposa de le rencontrer dans un café.

C'est donc dans une foutue humeur de merde qu'il se pointe dans le café, cigarette dans la bouche et cane dans l'autre. Chassant la serveuse d'un mouvement de la main (foutue société qui voyait les non-voyants comme des handicapés incapables de prendre soin de soi-même, elle serait bien surprise d'apprendre qu'il voyait beaucoup plus qu'elle), il écrasa sa cigarette à terre et vint rapidement rejoindre la silhouette humaine lui ayant fait signe,
— Demian, enchanté je suis Oz. Merci d’avoir pris le temps, c’est toujours un plaisir de rencontrer de nouvelles personnes ici.
Il laissa sortir un grognement guttural avant de se laisser tomber sur la chaise lourdement. Positionnant sa cane à ses côtés, il croisa ses bras devant lui, pas très différent d'un enfant boudeur, Quelque chose à boire peut-être ? Ils ont une bonne sélection de café mais au vu de l’heure j’ai penché pour un thé !
Ok, si elle voulait se la jouer ami ami, il jouerait avec elle. Signalant à une serveuse, il commanda, Un café. Noir. Merci.
Se retournant vers "Oz", il haussa un sourcil, prenant bien soin qu'elle le voit par-dessus ses lunettes,
— Une raison de cette rencontre, "Oz"?, mit-il l'accent sur le nom de la dame, Je ne me souviens pas avoir demandé d'être contacté par votre côté de l'île. Même plutôt le contraire. Je suis aveugle, pas sénile., questionna-t-il en se penchant un peu à l'avant, une habitude des interrogatoires.

— Osgood Westwood si vous préférez mais c’est un peu pompeux, tout le monde m’appelle Oz !
Il laisse sortir un rire avorté dérisoire. Ouais, un nom fait pour être pompeux, tout ce qu'il appréciait chez quelqu'un.
— Mais non aucune au-delà des connaissances, et je suis sincèrement désolé mais je n’étais pas au courant de cette demande.
Si ses sourcils pouvaient monter encore plus haut, ils le firent, l'incrédulité couvrant le peu du visage que pouvait apercevoir Oz.
— Je ne cherche pas à faire tout un check-up de votre profil pour Nausikaa d’ailleurs ! Promis, je voulais juste en savoir plus sur les personnes comme vous et moi qui se sont installés à New York, qui y trouve une carrière., il resserra ses bras sur son torse et se laissa tomber contre le siège, Puis, vous avez aussi accepté l’invitation, alors vous avez dû y voir un intérêt non ?
Tapotant son bras droit à un rythme continu, il essayait de déceler quelconque mensonge ou trace de stress chez la dame en face de lui, mais ne décela rien. Soit elle possédait un don capable de contrer le sien (ce qui était en soit, très rare, mais pas impensable), soit elle ne mentait pas.
— Mon numéro est pas très utilisé, alors j'aime savoir qui y a accès et qui me contacte., il fit une pause, réfléchit, puis rajouta, Surtout que je n'apprécie pas les Olympiens et toutes leurs conneries sur Naussika. Si je peux m'en tenir le plus loin, mieux ce sera, il laisse sortir un soupir.

C'est à ce moment que la serveuse revint avec son café et le posa devant lui. Bafouillant, elle s'attarda à essayer de le mettre à un endroit que Demian puisse y avoir accès ou encore à lui décrire l'emplacement sans sonner condescendante. La coupant d'un "merci", il pris une gorgée avant de se replacer plus confortablement sur son siège.
— À part tenir des notes sur nos "confrères" sur la Pomme, pourquoi cette rencontre? J'ai accepté car je voulais savoir qui m'a contacté, pourquoi dire oui? J'aurais pu être n'importe qui d'autre, qui dit que je ne suis pas quelqu'un de mal-intentionné?

— Et si vous étiez mal attentionné que feriez-vous ? Il ne serait pas malin de m’attraper par le col dans un lieu public et vidéo-surveillé. Puis vous venez tout juste de rejoindre les rangs des forces de l’ordre, ce serait une route assez rapide vers le renvoie je suppose.
Il laisse sortir un grommellement effacé dans sa tasse de café. Même lui devait admettre que le café ici était agréable au goûter, bien meilleur que le goût atténué du café filtre dilué par 5 heures de remplissage du bureau. Après, tout était meilleur que le café des bureaux de police, c'était connu. Jamais assez de financement pour justifier l'achat de meilleure caféine pour les policiers, c'est ça? Qu'ils s'empoisonnent avec leur eau brune au café mouais.
— Est-ce intentionnel de m’adresser comme pour un interrogatoire ? On dirait que vous m’accusez d’un crime alors que je n’ai fait qu’envoyer un message sans impératif.
Il pose sa tasse sur la table et laisse sortir un soupir.
— Je suppose que c'est un peu impoli, l'habitude j'imagine..., dit-il, déjà grandement plus penaud, On ne peut faire confiance à personne ici, avec tous les monstres qui accourent et qui ne cherchent qu'à amadouer des demi-dieux. Après c'est vrai que dans un lieu public..., il se gratte le menton couverte de quelques poils drus, On me dit souvent que je suis assez désagréable à rencontrer pour la première fois.
Et la voici, une des raisons que l'on mettait souvent en garde les nombreuses recrues de ne pas le chercher, car il était tout sauf un policier de quartier agréable et exemplaire.

— Oui je comprends sans soucis, mais je pense que je ferais un bien piètre monstre dans ce cas-là.
Il laisse sortir un grognement amusé, le plus proche que cette "inconnue" obtiendrait d'un rire véritable. Même Demian ne pouvait pas garder son attitude de boeuf face au rayon —d'arc-en-ciel— de soleil qu'était Oz en face. Les gens positifs et lumineux ont le don de remonter le moral ou d'irriter Demian, et vraisemblablement Oz faisait partie de la première catégorie.
— Oh, vous savez j’ai vu pire, puis les circonstances laissent un doute. ..Héphaïstos n’est ce pas ? Ah…C’est un peu cliché pardon mais vous ne faites en effet pas partie des plus sociaux.
Il hausse des épaules : ce n'est pas un secret. Demian n'était pas un fier représentant de ses adelphes et de ses origines, mais il pouvait au moins se dire fils d'un des dieux les moins fouineurs et problématiques. Comme la plupart de ses enfants, le dieu des Forgerons était bien content de s'occuper de ses affaires dans son coin sans qu'on le dérange, et Demian ne pouvait pas être plus similaire que son daron sur ce côté.
— Ou du moins au comparatif des Iris, vu que c’est.. Justement notre point fort la communication !
Iris? Oui... Ce côté enjoué, cette légèreté, cette facilité et désinvolture à communiquer... Oui c'était complètement sensé maintenant qu'il y pensait. Iris... Ah! Quelle belle paire ils devaient faire en vrai... Pas qu'il puisse juger vu qu'il ne se voyait pas, mais il était capable d'imaginer un peu la scène. Un peu ridicule leur truc en vrai...
— Après j’imagine que l’absence de vision se rajoute à l’inconfort de certains, ne pas savoir comment agir toutes ses choses là. Enfin, félicitation donc, c’est toujours mieux de dire ces choses-là en présentiel je trouve, bravo pour votre nouveau poste, vous devez être fier non ?
Il amena une main sur ces lunettes, une légère chaleur se répandant à travers ses joues —légère pour un fils d'Hephaistos, compte tenu que sa température était plus élevée que la normale habituellement—, bien peu habitué d'être ainsi félicité, et surtout qu'il ne voyait rien du tout pouvant démontrer que la femme en face lui mentait.
— C'est euh... Merci, il tousse dans son verre, gêné, Sinon j'ai mes façons de voir, vous seriez bien surpris du nombre de chose dont je suis au courant, pourquoi il disait ça encore??? Et pourquoi il la vouvoie?! Il avait l'air d'un pervert maintenant!!

— De rien ! Vraiment ? Si ce n'est pas trop curieux de ma part pourriez-vous me donner des exemples ? C'est surement mauvais de moi mais je ne pourrais pas imaginer l'absence de vision, il est tellement plus simple de suivre une conversation grâces aux réactions visuelles après tout !
Il pencha la tête sur le côté, pensif : était-il prêt à révéler un de ses plus grands atouts à cette parfaite étrangère? Qui ne l'était plus, plus la conversation continuait? Révéler son moyen de "voir" et d'interagir avec le monde était comme mettre entre les mains d'autrui ses propres yeux meurtris, et leur faire confiance pour ne pas les détruire. Il n'était pas rendu à un endroit dans leur relation où il était capable de lui faire autant confiance.
— D'ailleurs si cela ne vous dérange pas malgré la différence d'âge pourquoi pas se tutoyer ? J'ai l'impression d'être une sorte de personnage mystique quand on m'appelle par le vous alors que je ne suis qu'étudiante ! Enfin je comprends si vous où tu ne préfères, ne préférez pas évidemment ! C'est une question d'habitude aussi !
Il rougit un peu, priant pour que ses lunettes cachent sa réaction (chose qu'elle faisait à moitié en passant). Il se racla la gorge avant de répondre :
— Habitude. On vouvoie tout le monde au poste., c'était vrai et faux, vu que c'était uniquement les personnes plus hautes dans l'échelon qu'il était obligatoire de vouvoyer, et même là Demian n'avait jamais été l'homme le plus respectueux des règles. Et vraiment, la voilà la question : pourquoi vouvoyer Oz? La voyait-elle comme une personne avec plus d'expérience ou était-ce une façon inconsciente de se faire pardonner son attitude d'avant? Peut-être?
— Sinon pour répondre à ta question tantôt, tu sais que je suis un fils d'Héphaistos?, pas qu'il se le cachait, J'utilise une variation de mes capacités afin de me diriger disons, assez résumé et précis pour mettre fin à la conversation sur le sujet, C'est plus compliqué que ça, mais c'est le gist. On apprend à se fier sur le ton de la voix d'une personne, c'est surprenant ce que la voix laisse passer sans qu'on s'en rende compte.
Il pris une gorgée, cherchant une manière de mener la conversation afin de ne pas plonger dans un silence qu'il aurait autrement apprécié.

Comme un poisson hors de l'eau, il ne savait pas trop que répondre dans un vide comme celui-ci.

— Je comprends oui, mais séparer le travail du personnel reste assez important j'aurais dit, enfin ça reste comme vous-tu préfère.ez !
Oh.
Ah-Ah.
Laissant un sourire s'immiscer sur ses lèvres, il pris une gorgée de café amusé.
— Oh c'est vrai oui ! Mais, dans ce cas, est-ce que ça ne fatigue pas trop d'avoir recours à une capacité aussi longtemps et aussi souvent ? Mais ça doit être bien aussi, de pouvoir percevoir de la sorte, on ne peut pas vraiment mentir dans les intonations.
Il hausse des épaules, Par nécessité, je crois que j'ai forcé mes capacités à se développer et maintenant c'est devenu seconde nature? J'ai un peu la tête partout en même temps des fois, mais c'est aussi très utiles lors des interrogatoires, oui, il fit un geste de la main, concédant une faute, Sauf que les vérités vont aussi loin que ce que crois le témoin. Si lui pense que c'est la vérité, que ce le soit ou pas, je peux pas savoir. Pause. C'est pas ma capacité la plus enflammée disons, mais c'est la plus utile, disait-il en faisant référence à ses mains briquets littéralement, Bien que s'enflammer c'est utile dans certaine circonstance, je l'admet.
Il pris une gorgée de sa boisson, avant de retourner la question sur son interlocutrice,
— J'imagine que les enfants d'Iris ont des pouvoirs plus tape-à-l'œil, non?