(tw : mention gore)
Les bars ne sont pas des lieux très fréquentés par les demi-dieux (trop risqués trop exposés) - seulement par des hordes braillardes de mortels aux saveurs fades. Ce que tu cherches, Duke, c'est à noyer ton ennui dans les vices. S'il n'y a aucune créature ou sang-mêlé sur cette maudite terre capable de te renverser ; alors à quoi bon ? A quoi bon lutter contre cette fatalité ? Vous finirez pas renverser l'Olympe, tous les dévorer, ravager les cultures, détruire les immeubles, anéantir cette société pour faire remonter à la surface tous les fleuves des Enfers.

Alors que tu t'endors sur ton propre reflet, une odeur fait frétiller ta narine. Une odeur significative car familière. Tu te lèves d'un bon, pars sans payer - tu n'es qu'une ombre. Tu te glisses par la porte du local à poubelle et attends, piétines sur place près des bennes, dans la ruelle malodorante et mal éclairée.

Enfin il se pointe, l'objet de tout tes désirs.
Si seulement il savait, à quel point il te faisait plaisir.
((Tu ne te risquerais pas à flatter sa fierté))

Mais tu as réussis ! Bravo, vraiment.

Tu applaudis, un grand sourire aux lèvres. Le rictus est ouvertement moqueur. Tu ne prends pas l'échange au sérieux - sauf quand vient LA question. Celle qui ferait frémir les audacieux.

Ce que je t'ai fait...?

Tu t'avances d'un pas, lentement.

Je t'ai tué, Cassiopée.

Tu contemples à la lueur du réverbère ses cicatrices. Articules lentement.

Je t'ai massacré ; et j'ai commencé par la tête. J'ai dévoré chaque parcelle de ton corps jusqu'à ce que la carcasse elle-même me supplie d'épargner tes os. J'ai enfoncé mes doigts dans tes yeux jusqu'à caresser l'intérieur de ton crâne.

Tu t'arrêtes devant lui, les sourcils haussés.

Non, je t'ai brisé.

Et t'en rappeler suffirait à t'exciter.
Tu hausses les épaules, comme un enfant essayant de convaincre quelqu'un de plus grand que lui. Sur un ton plus léger, tu demandes.

C'était bon ? Est-ce que c'était assez terrifiant pour toi ? Haha.

Ce n'est qu'après avoir exposé tes atrocités comme des trophées, sur le mur des lamentations, que tu laisses enfin la lucidité te frapper. Tu l'observes, dément, te narguer comme un spectre infernal. Je t'ai tué, Cassiopée. Et pourtant il se tient devant toi ce soir ! Comment ? Pourquoi ? Les Dieux ont-ils enfin décidé de sauver leur progéniture, ou Cassiopée apparait-il comme une sorte de héros au destin bien ficelé ?

Ce que tu détestes par-dessus tout, Duke, c'est de faire parti de quelque chose de plus grand que toi. C'est pour ça que tu as rejoint Echidna sous la bannière du Lotus : pour renverser ceux qui se jouent de vous là-haut. Héros, Monstres, il n'y a aucune distinction quand il s'agit d'être piétinés. AH ! Ça t'enrage !

OUI, C'EST ÇA ! J'aime cette odeur de la peur. Cassie, mon mignon, et si tu me disais ton secret, hm ?

TAISEZ-VOUS ; qu'il hurle à des forces invisibles.
Tu jettes un coup d'oeil autour de vous, quelque peu sur tes gardes. A qui s'adresse-t-il ? Tu crois déceler dans le fond de ses yeux un reflet lisse de folie.

Tu perds patience.
Attrapes son cou entre tes doigts pour le plaquer contre le mur sale et maculé d'urine de chiens.

Comment se fait-il que tu sois revenu ? Dis-le moi. Je t'ai dévoré tout entier, je n'en ai pas laissé une miette. Tu ne peux pas. Est-ce que...

Est-ce que la rumeur est vraie ? Ce que balbutiaient des entités mineurs à propos d'une bénédiction... Tu n'en as aucune idée mais il semblerait.

Monsieur l'Hydre et ça t'attrape comme ça, un rire sincère et grossier qui résonne dans les ruelles sombres de ce petit quartier new yorkais aussi miteux que le reste de cette ville poubelle. Si tu avais su que la flatterie pouvait marcher, des fois, tu l'aurais murmuré à tes victimes - plus d'une fois.

Cassiopée joue à un jeu dangereux. Tu l'écoutes et l'observes se pavaner de son arrogance. Tu ne connais pas son tour de passe passe et objectivement tu t'en fiches (il vient de t'offrir une deuxième part de son propre délice) ; mais Echidna t'écorcherait devant tes frères et tes soeurs si tu ne lui ramenais pas cette précieuse information.

Ah ! Ça serait très incongru.

Tu guettes le moment où ses yeux pourraient trahir sa vérité. Tu plisses les paupières et le dévisages, comme un prédateur frustré de ne pouvoir acculer sa proie. Tu te retiens, Duke, parce que l'enjeu est plus gros que l'unique bouchée qu'il formerait.

Tu imagines, toi, haha ? Aussi monstrueux et gigantesque que... ça...

Sans un mot de plus tu puises dans toute ton énergie, dans la source du pouvoir antique qui t'anime. Ton corps se mue en celui d'une bête démesurée. Ta nuque se brise et ton crâne explose sous la pression répétée de plusieurs longues têtes serpentant et sifflant vers lui. Tu es si grand que la ruelle ne peut te contenir entièrement - les murs se fissurent et les mortels crient dans leurs appartements, persuadés d'être victime d'un tremblement de terre capables de faire s'effondrer leur immeuble. Ta tête dorée en retrait, les huit autres fondent sur lui pour l'encercler. Tes gueules s'ouvrent lentement puis s'évaporent.

Tu es redevenu homme.

Hm.

Tu tousses dans ton poing puis t'étires, nonchalant. Il arrive même à t'arracher un bâillement.

Nous sommes dans une impasse, Cassie.

Littéralement. Au bout de la rue se dresse un mur contre lequel sont entassées des bennes à ordures.

Soit je te tue maintenant mais tu ne me sers plus à rien, soit je te torture pour te faire parler, soit je te garde sous la main au cas où tu pourrais me servir... plus tard.

Tu le pointes du doigt.

Choisis, tiens. Cette fois, sois maitre de ton destin. Mais vite, où je pourrais choisir moi-même une quatrième option. Et ça sera la pire de toutes, c'est une promesse.

La main effleure le derme écailleux. Les neuf têtes rugissent, féroces, et fondent vers le sang-mêlé. Les crocs à l'air libre pointent dans sa direction, prêts à dépecer sa chair une deuxième fois pour s'en repaitre. La Brume enveloppe le monstre et finalement le fait redevenir humain. Tu tousses dans ton poing, Duke, amusé de cette mise en scène qui t'aura quand même, au final, mangé de l'énergie. Le corps des humains s'avèrent de plus en plus pathétique, tant leur fragilité défie celle des petits mini-dieux.

AH ! Te voilà oracle et devin maintenant, mon petit Cassie.

Tu t'approches de lui pour effleurer ses cheveux. Doucereux mais menaçant, tu te penches à son oreille.

Je peux te torturer sans te tuer ! Je peux te tuer et arracher la réponse à un autre sang-mêlé plus à même de parler... Tu n'es pas irremplaçable, tu sais...?

Tu plisses les yeux. C'est qu'il est tellement appétissant que tu en oublies parfois que tu dois prendre le temps de déguster, puis digérer.

Alors qu'il se détourne de toi, tu attrapes son bras et le plaques brutalement contre le mur. Une main à côté de son oreille, l'autre appuie sur son ventre, fort, plus fort, encore plus fort - jusqu'à lui couper le souffle et faire remonter son diner de la veille.

Recrache.

Le flot de bile qui se déverse sur sa chemise.

C'est bien.

Tu essuies sa bouche d'un revers de la manche.

Je suis généreux. J'aurai pu t'arracher les entrailles mais je me conterai de ton repas. Je veux cette information. Je veux toutes celles que tu sauras me donner. Et tu vas obéir, bien gentiment.

Tu sifflotes l'air que tu avais jadis chanté à Bellamy.

Tu sais pourquoi ? Parce que sinon, je dévorerai tout ceux que tu aimes jusqu'à ce que tu restes seul, à hurler de désespoir.

Imbécile. Tu hausses un sourcil à l'entendre cracher son insulte. Quelque chose ne va pas avec lui, mais même toi, Duke, tu ne saurais dire quoi. Est-il simplement devenu fou à lier ? Ou peut-être souhaite-t-il que tu le massacres sans sommation, mais n'ose pas te demander ? Un tourbillon de réaction fusent en ton sein. Tu tapotes nerveusement des doigts sur le mur derrière lui, non loin de son oreille et soulèves ton torse au rythme de soupires bruyants.

Hm.

Tu choisis d'être sidéré pendant un instant et de froncer les sourcils. Frissons à ton échine lorsqu'il effleure ta mâchoire. Tu le toises d'un sourire cruel. Des audacieux, Hercule en faisait parti. Des fous, aussi. Tu restes hermétique à son petit jeu, bien qu'il ait fait son effet.

Première règle à savoir sur l'Hydre de Lerne. J'adore les challenges.

Vivre dans un marais putride à ne chasser que les moutons égarés pendant plusieurs siècles à attendre, ça forge le caractère.

Deuxièmement, j'adore tuer. Evidemment.

Tu soupires et le libères de votre semblant d'étreinte. Tu le laisses reprendre ses esprits, visiblement tourmentés.

Très bien.

Tu le dévisages avec appétit.

Mais tu es vivant parce que tu es mien. Et dès lors que tu penses pouvoir t'affranchir de cette deuxième vie qui est maintenant la tienne, je viendrai te l'enlever. Rendons nous ce service mutuellement, en attendant !

Tu sors de ta poche un téléphone de ta poche, qui ressemble d'ailleurs à ceux qu'ils utilisent sûrement pour communiquer entre eux sans que vous ne puissiez les repérer, comme autrefois.

J'ai récupéré ça la dernière fois, ça te dit quelque chose.

Tu le maintiens en l'air, en dehors de sa portée.

Maintenant c'est le mien. Je veux ton contact. Pouvoir t'envoyer un message quand je le souhaite.