timeline ※ alentours de la porte d'entrée de l'îleOiseau de nuit sous des étoiles aux naissances encore jeunes - Simca volatile se berçait des brises nocturnes, une lanterne accrochée à un long bâton de bois au-dessus de sa tête, les doigts refermant leur prise sur celui-ci, l’autre main tenant un tissu noué retenant une boîte lisse aux décorations fleuries.
Sous une cape légère qui recouvrait sa chevelure pour une fois lâchée - cascadant sur ses épaules et dans son dos en encadrant son visage clair - elle avait fait avancer son pas lentement dans la nuit.
Les gardiens de la porte avaient l’allure fière - les honteux échecs des précédents événements avaient du leur faire vomir leur ego - ils se tenaient là amers et Simca y trouva une forme de romantisme, à les voir relever des épaules si incapables de porter leur fardeau.

Les spectres avaient murmuré à ses oreilles.
Mais nul patronyme de gardien n’était arrivé jusqu’à elle ;
C’en était un autre qui avait attisé sa curiosité.
Ils murmuraient “Marcelo de Valle” - ne s’encombraient pas du reste ou l’avaient-ils oublié ?

Heureuse de le voir prolonger l’éveil, songeait que la nuit était belle pour les enfants de la mort et les enfants de la sorcière ; Simca s’approcha à pas feutrés, la silhouette éclairée par sa lanterne, sa présence annoncée par le tintement régulier qu’elle faisait lorsqu’elle se penchait à chaque pas engagé.

Marcelo.

Un rire doux s’était amorcé à ses lèvres.
La voix était presque murmure dans le silence des astres -
Seulement dérangé par le bruissement des buis derrière.

Quelle douce surprise de te croiser en ces lieux. Je ne me permettrais pas de prétendre “quel hasard” ; c’est toi que je cherchais, mon agneau.

Elle pencha la tête sur le côté, sa tempe rejoignit le bâton auquel était accroché sa lanterne.

As-tu faim ? J’ai apporté des baies.

En relevant le paquet tenu de l’autre main pour le lui indiquer.

timeline ※ alentours de la porte d'entrée de l'îleAu tatillon dont il faisait preuve sur chacun des mots prononcés, Simca n’accorda qu’une oeillade peut-être complice, fugace, un rictus aux lèvres - ne répondant que de son silence.

Elle attrapa son bras dans un mouvement gracile, libérée alors du panier de baies dont il s’était saisi, et bientôt Simca marcha à ses côtés dans la froide nuit noire.
Songeait-il à s’éloigner des gardes - avait-il saisi la teneur de sa présence ?
Elle resta muette plusieurs longues secondes à marcher à la naissance des bois.

Bientôt, Simca s’habilla d’un rire candide, léger, lorsqu’ils étaient enfin assez loin de toute forme de regards.

Sais-tu pourquoi je suis venue quérir ta présence, Marcelo, ou me guides-tu dans ces bois pour me tendre un piège ?

La question, évidemment rhétorique, avait été balayée d’un mouvement de la tête léger, faisait tomber la capuche à ses épaules plutôt qu’au haut de son crâne.

Ah !

Laissait la brise caressait ses joues, le visage levé vers le ciel dont on ne percevait plus que quelques lueurs à travers l’épais feuillage des arbres.

A l’arbre Méduse, les égarés grondent leurs tourments - leur colère. A l’arbre Méduse, le Roi attend que ses sujets le rejoignent pour une nouvelle guerre. Amers d’avoir été évincés - exilés comme des malpropres - les enfants de la Nuit ont décidé de partir conquérir le Ciel.

Le pas était lent ; comme l’était la voix qui articulait dans des échos sordides une prose nébuleuse.

Ambrotos gronde ton nom - répondras-tu à son appel, Marcelo ?

timeline ※ alentours de la porte d'entrée de l'îleAmbrotos te remercie pour ta confiance.

Le regard perfide semble glisser des chaleurs sous les longs cils noirs - les paupières mi-closes - et bientôt il s'illumine lorsque Marcelo s'arme de nouvelles curiosités.

Que pouvaient avoir à se dire un traqueur et David - amertumes aux lèvres lorsque le visage et le patronyme tournent sous le crâne.
Le Grand Ambassadeur - Olympien au sommet d'une pyramide qui ne voulait pas d'eux - ou pas d'elle, plutôt.

C'était comme tomber amoureuse et se faire moquer ;
On n'a plus d'amour ; plus que de la haine.
Elle l'aurait aimé, David, à n'en pas douter. Elle l'aurait aimé dans une autre vie - une vie où elle n'aurait pas été cloisonnée aux mêmes ruelles sales et insalubres - condamnée à l'invisible car il ne voulait pas la voir.

Était-elle si laide ?

Elle se fend d'un sourire, intéressée pour des raisons aussi personnelles qu'intrinsèquement liées aux égarés.

A propos de Nausikaa, dis-tu ?

Un souffle rit à ses lèvres.
Elle ne saurait montrer aucune aigreur ; il n'avait pas à porter ses égards ; elle se montrerait aussi lisse qu'elle se devait de l'être.

Allons, Marcelo, tu ne peux pas me dire ça et ne pas continuer sur ta lancée !

Complicité feinte au creux d'elle ;
Elle dépose une main contre le torse du garçon, du bout des doigts à peine ;
Une manière à elle de s'assurer qu'il ne partait pas - quand bien-même elle ne le retenait pas vraiment - n'en aurait pas été capable.

Tes secrets ne pourraient être mieux gardés que par moi.

Dit-elle en levant un doigt devant ses propres lèvres.

timeline ※ alentours de la porte d'entrée de l'îleEh bien…

Sous des paupières mi-closes, le regard se délecte de quelques réflexions ;
As-tu peur, David ?
Pour déployer en nos terres nos propres amis ? Acheter les égarés par une discrimination éhontée ; ne faisait même plus semblant.
Un mépris visible gagne le sourire, et c’est un ricanement tendre qui attrape les lèvres de l’enfant de la Mort lorsqu’elle regarde Marcelo - plus comme un allié - mieux encore ; comme un trésor.

Allons bon. Il ne se cache même plus de détester les égarés, maintenant il achète certains d’entre nous pour faire taire nos revendications. Je l’imaginais s’enorgueillir de sa propre bonté, mais définitivement : David ne s’encombre même pas de faire semblant, il se permet aujourd’hui ce genre d’effronteries pour continuer à nous discriminer sans la moindre pudeur.

Lorsqu’elle dépose son regard vers le bracelet qu’il lui tend, Simca attrape les pierres entre ses doigts et y fait jouer ses ongles manucurés.

Elles sont très belles.

Lève les yeux vers Marcelo dans une mine rusée.

Les as-tu enchantées pour toujours savoir où je me trouve ? J’espère que tu viendras me rendre visite la nuit, et qu’il s’agit d’une promesse.

Car Simca affirme ;
Les pierres - le bracelet - tout pouvait bien être un piège, elle n’a peur ni de Marcelo ni de David.
Alors elle préfère ne l’offenser d’aucune méfiance.
Et le bracelet se retrouve à son poignet.

Il va parfaitement avec mes yeux, tu ne trouves pas ?

S’habille d’un rire fugace.
Avant de lui adresser son sourire.

C’est entendu, Marcelo. Tu pourras dire à David que Ambrotos est effectivement dirigé par un ambassadeur, mais qu’il ne s’agit, en vérité, pas de Emon - qu’un de ses olympiens joue un double jeu. Donne mon nom et dis que j’ai découvert que tu étais en relation avec David, que tu m’as fait croire que tu travaillerais pour moi et que je t’ai ordonné de faire passer Emon pour le commanditaire car il était le plus évident de tous. Dis-lui que tu n’as pas encore trouvé de qui il s’agissait car je n’ai encore ni prononcé son nom ni son ascendance. Cela te convient-il ?

timeline ※ alentours de la porte d'entrée de l'îleLes murmures ont le goût des secrets comme les enfants en cachette qui lèvent deux mains rieuses à leurs lèvres pour qu’on n’y lise pas les mensonges ;
Le regard brille d’une tendresse complice.
Elle se surprend alors ;
Accorde une confiance niaise, naïve mais consentie, à laisser tomber quelconque vigilance pas car elle croit qu’il ne la trahira pas mais parce qu’elle en a envie - se fait caprice.
Elle veut retrouver son enfance abandonnée et y avoir un ami ; un partenaire ; les mains liées dans des promesses idiotes dont on ne se rappelle jamais ou dont on se rappelle toute une vie.

Bien.

Elle pense lui fausser compagnie ;
Elle s’amourache bientôt à l’obscurité dans laquelle elle songe à disparaître, mais bientôt la voix de Marcelo revient chanter à ses oreilles.
Alors elle sourit.

Si c’est le cas, je t’inviterai pour une valse du bout de mes doigts entre les flammes.

Elle lui tourne le dos, lui accorde un regard par-dessus son épaule.

L’ecclésia peut brûler ou rester debout, cela m’est égal. La bâtisse n’est qu’une icône ; moi, ce qui m’intéresse, ce n’est pas de brûler le symbole. Si le feu doit attraper l’Olympus, je veux qu’y brûlent les idoles.

Le sourire est candide.
Elle se retourne, ne le regarde plus.

J’attendrai de tes nouvelles avec l’impatience des amants.

Une promesse dans la nuit avant de disparaître dans les bras de celle-ci.