Coudes et genoux en feu, plaies d’enfants face à des maux inhumains, Mielikki tremblait de ses membres épars, de sa force insuffisante, de cet amour débordé.


Flaque de sang à ses pieds, d’une profondeur sans fin, et elle pensait.
à la mère de Darryn, à ces heures dépensées au labeur de la vie et à ces quelques instants suffisant à le déclarer mort.

A l’appétit d’Ange, à ces suppliques, à cette humanité toute entière dont elle a vu les derniers actes de vérité.

Tombée avec Rithy, elle voudrait se blottir à ses côtés et lui demander si Demain arrivera tant l’esprit paraissait s'agripper à l’instant, Mielikki connaissait ces horreurs

Elle les avait lus comme des contes.
Non, Darryn n’était pas mort dévoré, Non Sasha ne fuyait pas, Non David ne massacrait pas le corps d’Ange.
Métaphores, hyperboles, caprices, inutilités de l’esprit pour fuir le bonheur de la simplicité.

Mielikki fermait les yeux, et s’imaginait joyeuse, mais à son nez, les odeurs du dernier mort.


Et elle pleurait, la main de Rithy contre son nez pour bloquer les affres.

-STOP.


Elle geignait presque, geignait face au bruit répétés de la chair d’Ange perforée.

-STOP STOP STOP.

Monstre ou Humain, tout le monde avait sa pitié. Et elle s’elançait vers David, son corps sans honneur sur ses bras de roi déchu.

-Ca sert plus à rien, je vous prie, arrêtez. Arrêtez.


Son sang contre sa tenue d’été, cette innocence souillée d’antan, le bracelet de plastique meurtrier avait chauffé face au soleil.


-Monsieur, je vous en prie. Vos blessures, pensez à vous avant de venger un mort.

La douleur d’un monde et un regard pour Rithy, la dernière.

-Dionne est partie aussi. Il y a que nous désormais, gardez l’Ange en vie, faites avec elle une autre justice, mais ne la torturez pas. Cela ne changera rien si ce n’est votre âme.


Puritaine, crevarde Mielikki.