L’enfant solaire s’égare dans les pavés sales et les rues sombres ; l’enfant en dévore les ténèbres pour mieux se glisser au creux des vides qu’il laisse. Il avait le don de la traque, l'instinct guidant la cadence de ses bottes de combat à la recherche de son miroir.

Il trouva son reflet en train de boire, et l’évidence ne put s'empêcher de le faire sourire.

Ce qui permet d’oublier n’a pas ce goût là. L’enfant était autrefois adulte, autrefois savant et sage. Aujourd’hui il abordait son innocence comme une illusion factice de candeur et l’on venait à oublier que son clan pouvait faire régner la terreur.

Il s'assoit à côté d’elle et d’un geste commande une bière qu’il vide sans attendre.

Je n’aime pas les mariage.

En vérité, il se sentait de moins en moins chez lui au sein des Spartes, avait l’impression d’être perdu dans une famille trop grande et trop large aux idées surfaites.

Et tu n’étais pas là.

Et son absence avait causé souffrance dans sa psychée, à la recherche de son miroir brisé. Comme mû par une prescience composée d’horreur, Onyx avait deviné quelques tourments qui pouvaient animer Alyss. A sa recherche, ils étaient tombé tous les deux au fond de l’abysse.

Du quel des deux étais tu amoureuse ?

Le bar est aussi miteux que leurs âmes. l’inspection faite, onyx s’était sagement rangé derrière ce comptoir, à attendre sa deuxième bière frelatée, regrettant que les goûts d’alyss ne les aient pas menés vers un alcool bien meilleurs. Peut-être pourrait-il lui faire goûter ses propres décoctions, faites d’herbes et d’alcool qu’il gardait soigneusement chez lui.

Tu as des goûts de merde mais je comprends.

Le petit maigrichon, Ezra, lui faisait penser à tous ses gens qu’il voyait dans New York City, dévoré par une vie épuisante qui n’était composée que de travail et d’attente. Déjà mort avant même d’avoir réussi à vivre. Il ne prit même pas la peine de penser à Midas. Cet homme était trop étrange.

Aucun des deux. De personne.

Il avait dit au revoir aux amants d’onyx, à ses tourtereaux et à ses anciens amours, autant de souvenirs qui mouraient lentement dans les tréfonds du léthé. Depuis son cœur semblait vide et dédié à la voracité de la magie et à l’ardeur de ces combats.

Je peux tenter de tomber amoureux de toi si tu as besoin de te changer les idées, je crois encore savoir comment faire la cour. J’aime bien ça.

La proposition s’était échappée avec l’arrivée de la troisième bière, qu’il descendit aussi rapidement que les autres, comme s’il était possédé d’une résistante à l’alcool hors du commun.

Même si ça implique que tu tentes de me tuer, je peux faire un effort je crois.

J’ai jamais eu besoin de raison Alyss. Il n’y a que toi pour en chercher et pour les poser. Ça m'ennuie personnellement, et je n’ai jamais pu y céder. Je te cherchais c’est tout. Je t’ai trouvé et maintenant je tente de me mettre aussi minable que toi.

Onyx ignore son regard - il n’aime pas les ombres que l’alcool peint. Il n’aime pas la voir comme ça : si faible et las qu’il suffirait d’un seul mouvement de son poignard pour lui trancher la gorge. Ou était l’Alyss qui promettait de le mener sur les sentiers de la gloire, puis de le mettre à mort ? Etait-ce ça qui aurait du le protéger ?

Il la contempla sans rien dire.

L’amour essaye de te fuir en tout cas, tu risques surtout de te trouver avec des ecchymoses que tu chercheras encore à dissimuler ici.

Il retint sa réponse plus franche contre ses lèvres, les serrant par habitude sans chercher à remercier le barman : il avait l’habitude. Tout le monde avait l’habitude.

Onyx ne se souvenait pas quand est-ce qu’il avait commencé à se sentir si colérique.

Il souffla à peine sur le shot avant de le prendre entre ses mains, glissant ses doigts contre son verre brûlant, savourant la douleur comme une amante glorieuse et difficile : la seule qui restait après tout ce temps.

Ca fait quatre ans Alyss, passe à autre chose, je parle de mes techniques, pas celle d’avant.

Il se tourna finalement vers elle.

Tu sais ne pas vivre dans le passé ?