Zeus est en retard. Trop occupé à crier, trop occupé à bouillir. Il n’y aura pas de réunion à l’Olympe, tous les dieux pleurent leur progéniture - celle qu’ils ont pourtant abandonnée de plein gré car ça les arrangeait.

Le libre arbitre, qu’ils ont demandé ! Vois ce qu’ils en font !

Quand Zeus apparaît à son fils, Darryn est assis depuis de longues minutes (ou peut-être de longues heures) sur un banc blanc, au milieu des nuages. Au loin, l’Olympe brille de couleurs qui n’existent pas aux yeux des humains. C’est la plus belle chose qu’il a vu de sa vie.

Zeus porte une longue toge blanche et dorée, le foudre dans une main qui crépite d’une énergie capable de raser la civilisation entière s’il le voulait.

Tu aurais pu mieux faire. Ne pas te laisser distraire. Regarde ce carnage… Les héros ont prouvé aujourd’hui qu’ils ne valent pas ceux d’autrefois.

Un regard, lui, vaut bien mille reproches.

Tu as rencontré mon Aigle. Alors, comment était-il ?

Zeus fronce les sourcils. Il se sent flatté au fond de lui (et en même temps c’est facile) de voir sa progéniture s’agenouiller à ses pieds mais la flatterie le met mal à l’aise. Ce n’est pas digne de sa lignée - peut-être parce qu’il pense sincèrement que sa lignée n’est pas digne de lui. Est-ce si compliqué d’agir comme le ferait le fils d’un Roi ?

Relève-toi, Darryn. Qu’est-ce que tu me fais là ?

Zeus pose la question mais il sait ce que ça incombe et des responsabilités qu’ils pensent devoir avoir. Parce qu’il dirige l’Olympe et les Dieux, alors ses enfants s’imaginent qu’ils doivent être la hauteur de leurs propres assemblées.

Tu sais comment les Hommes appellent les fils des Rois ? Des Princes. Agis comme tel. Ne t’excuse pas, même face à moi.

Il soupire lorsque Darryn lui dresse le portrait d’Ange - un monstre instable et fou qui n’a eu de cesse de perdre la raison dès qu’il s’est enfui.

Oui, c’est notre faute. Nous avons été cruel avec lui.

C’est SA faute parce qu’IL a été cruel. Le chef prend ses responsabilités mais la distribue équitablement avec les autres, c’est drôle non ?

Tu as de la chance qu’Hébé ait décidé de vous accorder sa bénédiction. Elle ne sera pas là la prochaine fois. Hm.

Il glisse ses mains derrière son dos et inspire. Il a l’air fatigué mais c’est un leurre. Zeus a encore des ressources.

Alors c’est vrai cette histoire ? Les monstres essaient de se rassembler. Je vois. Ils pensent qu’ils ont quelque chose à dire alors qu’ils n’existent que pour qu’on se souvienne de vous, au travers de vos exploits.

Zeus lévite légèrement au-dessus du sol. Plus il parle et plus il s’éloigne. Jusqu’à ce que sa voix ne soit qu’un écho.

Ne les laissez pas faire. N’oublies pas qui tu es, mon fils. Qu’ils s’en souviennent aussi, je crois qu’ils l’ont tous un peu oublié.