je me contente d'exister, c'est les autres qui font de moi un mythe
je crois que, de toutes manières, on y arrive jamais seul-e
si l'on est les seul-es témoin-es, si personne n'y croit, les histoires n'existent pas
et moi je ne suis qu'un-e demi-déité, rien de plus que les autres, bien moins sûrement (de moral d'éthique d'héroïsme)
et pourtant, pourtant c'est les Hommes qui ont fait de moi une légende une crainte un mauvais exemple un monstre sous le lit une menace
peut-être que ça m'a plu.
personne n'en saura rien
puisque ce je n'existe plus.
et dans mon existence désormais ordinaire, je ne suis rien
d'autre qu'un-e être de science et de plante, rien
d'autre qu'un-e petit-e ami-e dédié-e, rien
d'autre qu'un-e amoureux-se de la nature, rien
d'autre que tout ce qui est bien normal.
rangé-e
dans ton dossier.
et déjà, j'étais à nouveau prié-e
mais je ne veux pas être (menace crainte légende) idole
laisse ça pour plus tard, quand on reconnaitra tout mon génie toutes mes avancées le nécessaire de mes sacrifices (ceux des autres)
mais pas maintenant ! maintenant je ne suis personne
(c'est un mensonge, rien que ce nom est une étiquette qui dit :
solanaceae (n. n.) : fleurs préférées de celle qu'iel a tué)
et alors quand tu me le mets devant moi comme ça quand tu prends mon bras sans le demander sans que je ne te connaisse, d'un sourire à défoncer au marteau piqueur pour ne plus jamais voir tes gencives oh ça ne fait que quelques secondes mais déjà je te hais
tu as de la chance
sur le métal je ne sens pas tes doigts
il suffira d'un coup d'acétone
j'en ai un grand tonneau
tu pourrais rentrer dedans.
cette violence de mon esprit, je la garde à l'intérieur
nous sommes en public
jun m'attends
je n'ai pas le temps
alors je me retourne et je retiens la claque qui démange mes doigts
je me contente de tirer ce qui m'appartient, de l'amener hors de toi -que je ne connais pas vous êtes ? pas d'acceptation pas de refus juste une attente une question du soft power de quoi essayer de s'extirper de la situation je suis pressé-e une réalité et un déni de toi
je n'aime pas les inconnu-es comme ça
ce sont souvent des menaces
et je n'aime pas les menaces
elles m'obligent à devenir méchant.

rien n'est jamais rapide parce que tout ce qu'on fait a des conséquences et je sens déjà que les tiennes vont creuser dans le sol pour y planter des graines à l'image des cultures de ma mère mais ce n'est pas ma manière, tu vois ? moi je joue à dieu je fais pousser à partir de rien juste de l'eau et des minéraux alors tes griffes affûtées je les veux loin de moi plus besoin des moissonneuses-batteuses des tracteurs des motoculteurs et autres pulvérisateurs
garde tes pesticides dans ta bouche
ils tueront mes insectes
ceux qui grouillent sur mon corps dans ma bouche je déglutis pour empêcher les vers de remonter celleux qui consomment la matière qui décomposent la nécromasse ; laissent-les ! si tu me les enlèves, alors
ils ne pourront plus me détoxifier.
ça sera ta faute
si tu m'oblige aussi à t'éliminer
tu devrais me remercier ramper à mes pieds de t'avoir donné cette opportunité tu devrais scander mon nom montrer à toustes la liberté que je t'ai donné et je ne sais plus si je parle de l'ambassade ou de ton futur meurtre
ce n'est pas si différent, au fond, je crois
tu souris et je prends ça comme un oui
tu souris et je sais déjà que tu ne peux rien contre moi
tu souris et alors tu me donnes tout ce qui me manquait.
je ne bouge pas
et les passants n'ont qu'à faire le tour
après tout, tu te donnes en spectacle
il faut laisser la scène au clown
je lancerai des tomates depuis mon siège.
j'attends ton powerpoint -je reste, j'aurais pu partir, mais tu m'aurais suivi c'est sûr, et si étrangement je ne doute pas que tu connaisses mon adresse, et celle du labo, et celle de junhao, je n'ai pas envie de t'y voir
alors je reste
et j'attends
en me jurant : je ne te donnerai rien.
je ne te donnerai rien je ne te donnerai rien je ne te donnerai rien je ne te donnerai rien je ne te donnerai rien je ne te donnerai rien je ne te donnerai rien je ne te donnerai rien je ne te donnerai rien je ne te donnerai rien je ne te donnerai rien je ne te donnerai rien je ne te donnerai rien et la brume est prête elle m'entend qui grogne et elle a sa cape presque autour de mes épaules (mais pas encore) et elle a ses bouches près de ton visage (mais pas encore) et elle a le dos face au reste du monde (mais pas encore)
c'est drôle, non ? que tu te crois menace
entouré de mes armes.
je regarde
je regarde et je ne te donnerai rien
alors je pleure à l'intérieur
je vois -je me rappelle
évidemment, il fallait luna à côté de moi
elle avait choisi mes vêtements et elle avait dit : regarde, on sera assorti-es
et c'est vrai
c'est vrai, et pas loin il voit un bout des cheveux de précieux, et les silhouettes d'autres gens d'avant, mais surtout luna luna luna et ses nœuds dans ses cheveux et son sourire qui lui faisait fermer les yeux et le vert de sa tenue (elle n'aimait pas le vert) et les fleurs que j'avais fait pousser le jour d'avant
c'est vrai, oui
ceci, je te l'accorde
il ne sert à rien de nier -tu as dit solan puis aaron
la photo est là
j'ai changé ma dénomination, ce n'est pas un secret pour les fouines comme toi, n'est-ce pas ? merci de la respecter. et en cela je te fais voir les blessures que tu pourrais faire (et je t'y fais croire, mais ce n'est pas vrai, je vais bien, mais pourtant je
tire sur mon tshirt comme pour le rendre plus bouffant comme pour faire dire ah non ce n'est pas un torse plat et je
secoue mes cheveux leurs longueurs sont belles mais surtout leur couleur qui ne m'associe plus à quoi que ce soit de mon enfance et je
remets mes mains dans mes poches là où tu ne les verra pas, là où je peux te faire croire que mes poings se forment et que je me calme ainsi
il n'en est rien)
(il n'en est rien mais le regard flotte dans un entre ici et là-bas et tu as ramené des souvenirs heureux à l'arrière goût âpre : cela je te le donne aussi, pour que tu te rappelles du mal-être qu'un jour tu as peut-être ressenti aussi
celui d'être allergique à sa peau
de ne savoir où commencer pour arrêter de regarder un-e étranger-e dans le miroir) c'était rapide, effectivement.
bonne journée, alors.
je me lève de mon siège sans applaudir
le tour n'était pas assez bon.

tu as raison, et c’est cela que je n’aime pas : oui, c’est vrai, solan n’était pas tant iel, mais plutôt une ardoise encore vierge. c’est juste moi qui mens. qui mets des excuses sentimentales, qui utilise la peine encore pour me soustraire aux questions, aux regards, aux feux braqués sur moi, c'est moi ! juste moi, pas solan pas aaron aucun des deux et personne d'autre, c'est juste du spectacle c'est dramatique mais pas comme tu le penses, c'est
un choix comme un autre vraiment je n'ai pas rédigé une page entière de justification pour mon prénom je n'ai pas eu l'idée directement de manière si évidente qu'elle m'a troué la trachée non pas du tout c'est faux c'est faux c'est faux c'était pour rien c'était pas du tout un
besoin
ah
de quels drames parles-tu ? il y en a tellement
tellement qu'on en viendrait à les oublier ! à ne pas les enterrer par négligence et tu vois c'est de là qu'ils viennent mes insectes mes araignées elles ont tout précieusement enroulé de soie et plus tard quand viendra le temps je croquerais dans les cadavres pour m'en nourrir ah plus tard, oui, quand je n'aurais plus d'humanité et que seules ces histoires affreuses pourront encore me faire pleurer
comprends-tu ?
après tout, tu es monstre aussi
j'ai envie de te demander : as-tu tué ? et je préciserais : dans tous les sens du terme.
et même si ça n'a pas été douloureux tu as au moins tué l'image qu'iels avaient de toi.
tu vois ? les meurtres peuvent être heureux. mais pas le tien. j'y ferai attention.
oui, tu aura droit à mon attention, mais pas ma pitié parce que tu l'implores et alors je te l'enlève je te l'arrache je te la fais miroiter juste pour te faire sombrer je te déteste déjà et c'est sans savoir tout ce que tu as sur moi ; le désespoir te va bien mais pour le moment je n'ai pas envie d'en faire ta couronne
laisse-moi
et on oubliera
crois-moi : tu en sors gagnant.
mais tu souhaites t'affirmer t'obliger à mon corps qui a le dégoût de toi, qui prend ton bras, l'éloigne du mien, y serre les griffes au-delà de la peau -le métal ne souffre pas des limites humaines, il sait broyer dans le sens strict du terme
l'endroit de contact brûle et sous la douleur mentale j'envisage de planter les griffes de mort qui se cachent dans chaque fausse empreinte aaaaah tu as de la chance, tu sais, que je sois méthodique ? sinon ça en serait déjà fini de toi
au moins, tu as choisi ta méthode pour mourir.
vous n'attendez rien, mis à part que je me soumette à tout ce que vous souhaitez. l'ironie n’est voilée que pour celui qui ne veut pas la voir vouvoyez-moi. nous ne nous connaissons pas, et je ne souhaite pas vous revoir. ne faîtes pas l'erreur de forcer le destin. cela serait à votre désavantage. et je pense déjà que tu te nourrira de la menace sous-jacente, celle que tu fantasmes : toi, affamé de tout ce que je pourrais te donner, même (surtout ?) ma violence que tu avalerais avec innocence avec délice la bouche grande ouverte et les yeux qui pétillent
j'en ai déjà eu des comme toi
tu ne peux pas le savoir : il n'en reste plus rien.

oui c'est vrai
je porterai en moi un bout de toi
mais ne t'imagine jamais rien de plus que la présence -je ne lui donnerai jamais rien, à ce petit bout de puzzle, à cet animal qui grogne et jappe et exagère, à cet enfant créé par toi seulement et qui grandira sans mon regard
je ne lui donnerais ni la haine ni l'amour
je ne donnerai que l'indifférence et, à travers elle, l'absence
c'est la seule chose que tu ne veux pas
et si elle t'empire, soit ! je ne sais pas si c'est possible
alors, pour la science, je suis prêt-e à le faire.
je suis prêt-e parce qu'il ne te restera que l'imagination
et moi j'utiliserai la mienne pour songer à comment t'effacer
ah ! oui, probablement, que je penserai à tes mots avant de dormir, mais pas ce soir parce que ce soir j'irais dans les songes au creux des bras de junhao, et demain non plus probablement -non, il n'y a pas de rêves comme ça autour de lui, il faudra attendre que je puisse être un-e monstre.
je ne vous force à rien c'est toi qui choisi et qui a l'audace de me pointer fautif-ve, c'est moi qui rappelle la distance et qui ne donne rien à manger aux loups affamés vous n'êtes pas mon ami c'est toi qui choisi et qui a l'audace de te plaindre ensuite, c'est moi qui rappelle la réalité et qui pousse ma barque loin de ton rivage vous n'êtes pas vraiment désolé. c'est moi qui choisi et qui a l'audace de te définir, c'est toi qui pourtant te donne et qui ne garde rien de caché -si j'avais accepté, ç'aurait été si facile de te livrer.
je prends la carte, parce que de toutes manières tu me l'obliges ; c'est comme le bout de toi, tu l'as mis là et moi je ne l'ai pas pris, mais dès que tu t'en vas et que j'en ai enfin la possession (du papier et de mes moyens), je prends le bout avec mes deux mains
et je le déchire
les deux pièces volent un instant dans l'air
s'écrasent pitoyablement sur le sol
j'ai noté ton nom
je le savais déjà
je ne l'oublierai pas
beau hill.
il suffit. bonne fin de journée.
et je laisse là le bout de toi
peut-être l'ai-je écrasé en partant
comme ton cœur et tout ce qui est répugnant.