la sonnerie retentit et les oiseaux piaillent en retour
eux ne m'ont jamais renié-e, ils ont quelque chose en eux qui les rendent meilleurs que nous, ou peut-être est-ce juste leur absence de cerveau humain
je soupire en entendant le bruit, sachant d'avance que ça n'avance rien de bon -cela s'est calmé mais je me rappelle des journalistes des curieux-ses des sans respect, il y a eu quelques insultes et quelques tags sur la porte, il y a eu des oeufs et des choses dont on ne parle pas ; j'ai dit à jun : allons-nous en ! j'ai de quoi payer un manoir ou deux, et le kilomètre à la ronde, partons ! mais on ne veut que le calme, en réalité
le calme et la paix
même si c'est sacrément ennuyant.
je regarde à travers le judas
et je soupire à nouveau en te voyant
j'imagine que c'était évident, que tu allais débarquer un jour ou l'autre
j'inspire et je t'ouvre
évidemment, tu parles de suite, en un fleuve ininterrompu qui m'exaspère rien que sur le principe ; j'écoute moins que je ne regarde (une nouvelle mode, la canne ?)
jun n'est pas là mais de toutes manières ce n'est pas vraiment ce qui t'intéresse, n'est-ce pas ? je te regarde droit dans les yeux, j'y vois les extensions le mascara les rehaussements, est-ce que tu t'es faite opérer, libellule ? t'a-t-on déjà dit que c'est de mauvais goût, désormais, ce blush si marqué ? je suis chimère mais toi je n'ai même pas envie de te qualifier.
jun n'écrit pas les chansons.
tu le saurais si tu t'intéressais à lui, à eux, au-delà de l'image et de l'argent ; as-tu même écouté leurs chansons ? face à toi je me trouve bien droit-e.
je m'écarte pour te laisser passer sans un mot,
je referme ma porte et retourne m'assoir sur mon canapé
fais donc ce que tu veux, je sais que tu n'attends pas mon accord de toutes manières
je sais bien que c'est toi qui arrivera par derrière.
explique-toi donc.

cela prouve bien que tu ne me connais pas : il n'y a pas plus grand-es rêveur-euses que les scientifiques
qui d'autres que celleux là peuvent vouloir sauver le monde ?! l'aider, tout du moins ?! ce n'est pas un travail pour les saints d'esprit, que de créer de nouvelles choses ; que d'y croire si fort que ce n'est rien de donner sa vie pour cela, que de pas avoir peur de l'échec plus que de l'inaction ; oh nous rêvons, nous rêvons si fort, c'est plein d'une humanité que tu ne connais pas, libellule, parce que toi
parce que toi !
tu ne rêves que de chiffres sur fond vert
tu ne rêves que de jolies choses tout en plastique
tu ne rêves que de ton nom sur la première page
et des déchetteries comme moi sous les flammes
mais moi je brûle depuis longtemps déjà, je pense que tu connais, c'est les feux de celleux qui feront n'importe quoi pour avoir ce qu'iels veulent ; tu l'as entraperçu aujourd'hui -ah !
ou alors peut-être pas
qui sait si tu arrives à voir plus loin que le bout de ton nez
celui qui se plisse en une désapprobation ; je vois qu'au moins on est toustes les deux les plus honnêtes au monde
sais-tu faire d'autres expressions ? pour de vrai, je veux dire.
au moins, je ne ruine pas l'homme, (moi)
je ne le rends pas misérable
je ne l'engueule pas comme si c'était un enfant
je ne l'utilise pas pour atteindre mes buts
je ne fais pas semblant de m'inquiéter pour lui, quand ce n'est que son concept qui m'intéresse
tu pourrais le remplacer par n'importe qui, libellule : je le sais
ce n'est pas un homme, pour toi
ce n'est qu'une tête
oui, c'est probablement vrai : tu t'inquiètes.
mais pour toi, pas pour lui.
les yeux droit dans les yeux
tu n'as rien à me faire perdre
j'ai confiance en lui
il est loin de tes mains onglées, griffues, horribles
soyons directs : je n'en ai rien à faire, de ton avis.
ce n'est pas contre toi que jun sanglotait lors des nuits d'été
ce n'est pas contre lui que tu te réfugiais après avoir tout perdu au printemps
je ne pense pas que tu puisses comprendre : c'est un amour que tu n'as jamais eu.