égalité - fraternité, par henri cazalis


la fureur portait mon nom
ce n'était pas de la colère pas de l'angoisse même pas de la peur, depuis quand avais-je peur de toi ? ça ne sert à rien d'avoir peur parce que si tu le voulais tu m'aurais déjà mangé-e et que si tu changes d'avis je n'aurais qu'à fuir pour ma vie mais ce ne serait pas très pratique n'est-ce pas ? nous nous aimons l'un-e l'autre comme s'aiment celleux qui sont utiles, nécessaires parfois, jamais obligatoires cependant
je ne me permets pas cette illusion
qu'importe à quel point recroiser tes yeux font grossir les miens et qu'importe comment mon ventre grouille d'observer encore une journée tes horreurs divines que j'ai déjà sanctifié
je suis furieux-se, et cela ne se voit pas, enfin pour toi peut-être je ne sais pas, de toutes manières il te suffirait d'ouvrir ma cervelle ah ! je n'ai aucune intention de te la cacher, comme rien d'autre de toutes manières : ce qui n'appartient qu'à moi n'existe pas quand je suis avec toi
cela serait trop risqué.
mais la fureur ! la fureur est calme, ce sont des petites flammes qui deviendront brasiers et de toutes façons je sais déjà que je te pardonnerai alors, alors ! tu peux bien me laisser ça, n'est-ce pas ?
mes cernes sont longues grises malades
mon corps est faible du sang qu'il a donné
mon esprit est lourd de toutes les fondations qu'il tient à bout de bras
l'apollon ! celui qui a presque vu ma fin, celui sans qui rien de tout cela ne serait arrivé -tu le savais, luther ? est-ce qu'il t'a raconté avant que vienne le temps de le dévorer ? vous vous seriez bien entendus
vous m'adoriez tous les deux.
au passé, parce que visiblement c'est là où vont celleux qui m'aiment
serait-ce pour ça que toi tu ne le fera pas ?
c'est une pensée triste.
c'est une pensée triste et tes mots sont sans émotion et je les apprécie pour cela habituellement mais aujourd'hui ils m'enragent ils m'insupportent ils soufflent sur les braises et je joue avec ma mâchoire dans une habitude que je n'ai jamais vraiment mes poings se referment et je sens mes ongles dans une paume, celle où tu n'as pas noué notre contrat (le fil rouge du destin)
j'en obtiens de la donnée c'était là une explication bien suffisante mais était-ce seulement intéressant pour toi, de comprendre comment les corps fonctionnent ? tu sais faire beaucoup de choses, luther, mais certainement pas décortiquer des tableaux construits mois après mois pour y trouver des choses qui n'ont de sens que lorsque assemblées avec d'autres pièces du puzzle
ah, je ne cherche pas l'immortalité
je cherche bien pire : l'existence.
je me penche en avant moi aussi
nous sommes proches
pas assez, sûrement
et déjà pourtant
j'imagine la beauté des écailles sous ta peau
chose dont tu m’as épargné-e, concernant votre dernière visite la bouche se referme et la tension se noue dans l'arrière de la maxillaire ah et je me demande : est-ce que tu peux la décrocher ? est-ce que tu engloutis d'un coup ? préfères-tu mâcher ? est-ce que tu n'en as pas besoin ?  il faudra un jour que tu me montres -puisque tu n'étais pas là ! PUISQUE TU N'ETAIS PAS LA ! j'aurais pu mourir pour de bon pour de vrai, comment pourrais-tu prétendre à notre relation quand tu la préserve si peu ? ah ! ma première vie n'est donc pas tienne ? (la brume répond)(elle dit : non, tu es à nous.)(elles m'étrangleront pour te sauver de toi)
et ne jamais revenir !
mais j'imagine que ça n'aurait été qu'un
embêtement temporaire, pour toi.
mon regard est froid
triste, pendant, fatigué
je ne t'ai pas encore pardonné
ni toi ni les autres
ne me dis pas : je savais que tu allais t'en sortir
c'est un mensonge
tu n'es pas une parque.
comment va dionne ? tu devrais la remercier. c'est grâce à elle que je ne suis pas en prison pour ton dernier repas. elle et mes talents d'actrice, évidemment. les mains jointes
mes cheveux pendent
ils n'ont pas été coiffés.
ne lui dit surtout pas bonjour de ma part.

égalité - fraternité, par henri cazalis


il y a dans le vide entre nous un fouillis qu'on ne triera jamais
c'est trop plein de fils dans tous les sens des liens dont on ne se départira pas des poids cachés tout au fond qui nous empêchent de tout soulever et de tout jeter à la mer, ou ailleurs -dans ton jardin, peut-être, ou dans ma tombe, sûrement,
nous verrons ! nous verrons plus tard, et alors on continue en entasse on enlace nos destins bien rouges teintés de ces autres qui ne restent pas, n'est-ce pas ? et ces autres c'est moi un peu tu le saurais si tu faisais attention si tu voyais le liquide monter j'ai des bulles dans mes veines c'est les cris des assassiné-es et ça fait des remous dans la boîte (crânienne) je m'y baignerais en me mentant en disant ah ! c'est un jacuzzi
et j'y accrocherais mes pieds avant de plonger
et je te dirais : il est trop tard.
je sais, déjà, que tu m'enlèvera aux autres, et que j'en serai heureux-se
je sais, déjà, que je m'enlèverai de toi, et que j'y trouverai ma fin
je sais, déjà, que rien n'aura changé pour toi
te souviendra-tu de mon nom ?




je te laisserai alors un non.
je le décide en détaillant ces lèvres lorsqu’elles grognent, lorsque je les imagine sur mon cou ou peut-être ailleurs (partout), lorsque je les veux comme armure vivante face à toustes celleux qui ne veulent que mon mal (beaucoup), lorsque tu ne me donnes que le vide des sons et que je l'avale qu'il rejoint les autres bulles dans mon sang que je suis si impatient-e d'en faire mes vices de faire de moi un ange
je le décide, et je le ferai alors ! je serai un échec si retentissant que tu t'en rappellera toujours pour ne jamais me répéter ; tu te dira : et si j'avais dit ça à solan ! et si je l'avais traité-e ainsi ! et s'iel était resté-e, je serai devenu roi du monde beaucoup plus vite ! et c'est vrai
j'ai des mains qui rendent cinglé-e j'ai des mots qui créent des déités rien qu'à y croire assez
et je ne demande qu'à ce que tu m'appelles à toi
et je déteste à chaque fois que tu crois pouvoir me donner des ordres
et dans ce mélange incertain je ne sais pas ce qu'il reste de moi
aujourd'hui, c'est un bout de colère
plus tard, sûrement autre chose
et demain, demain, qui sait
ah bon ? personne ? PERSONNE ? personne mais pourtant les genoux poisseux le bleu sur mes côtes l'entaille sur mon coude et les ajours dans mon esprit ah mais c'est vrai, ça c'est des blessures que t'aimes me faire alors j'imagine que ce n'est pas si grave, ce n'est pas si grave, mais t'es un menteur luther tu mens et moi je me demande ce que j'ai fait pour mériter ça et pourtant, luther ! dans ma TÊTE ?! et si c'était arrivé, te serais-tu moqué ? aurais-tu hurlé que je n'ais pas le droit de me faire tuer ? je ne comprends pas ce que tu penses, luther, et je sais ! je sais — d'un souffle qui s'échappe
qui me quitte
une prière plein de certitude :
donne-moi de quoi croire en toi
je me suis senti-e abandonné-e, luther.
les bras croisés sur la table
le sparadrap sur l'avant-bras
les cernes les boutons les joues creuses
la tête un instant dans le vide qui me sépare du bureau
j'ai l'impression d'être astronaute qui sait qu'iel n'a plus d'oxygène
étouffé-e par les chaînes que tu replaces sur tout mon corps
tes doigts dans mes cheveux, ton souffle dans mes poumons
je relève mes yeux
as-tu peur de fauves, luther ?
j’ai mis ma vie dans ton contrat. ne parle pas comme si c’était le premier jour. il ne s’agit pas de confiance. nous sommes au-delà. je le dis comme je raconte des faits et rien que d'avoir à le penser à l'affirmer à le dire me rend triste c’est juste— c’est juste que tu m’oublies. sinon, sinon tu saurais. si tu ne me quittes pas comme tu le dis, tu saurais. tu saurais bien plus. tu saurais ! que je déteste quand tu prends mais je me plains que tu ne le fasses pas assez. et puis, pourquoi les autres respecteraient-ils tes mots ? je ne suis rien pour elleux.
non, tu devrais avoir peur des fleurs
du pavot que je fais pousser dans mon sous-sol
et des dizaines d'autres tueuses d'ophidiens
alors peut-être devrais-tu aussi avoir peur de dionne
n'est-elle pas pareille que moi ? je suis ta dionne
et les autres s'imaginent déjà la croquer
elle goûtera probablement le parfum.
à l'abricot à la cerise aux dahlia au jasmin
aux jacinthes.

égalité - fraternité, par henri cazalis


j’avais toujours voulu qu’on brûle mon corps lorsque je serai mort-e
c’était, vois-tu, pour ne laisser aucune trace
pour qu'on ne me donne à aucun ver pour qu'on ne laisse rien à ma mère
pour qu’un jour quand toustes celleux qui me connaissent (et toustes celleux à qui iels ont parlé de moi, et toustes celleux qui n’ont rien qu’entendu mon nom une fois) seront mort-es, il ne reste aucune preuve de mon existence
il y aurait, dans des fichiers, ma photo et un nom étranger : le monde ne connaîtra plus qu'un mensonge
oui, je voulais disparaître, qu'importe mes exploits ; je voulais qu'il ne reste de moi que des histoires des choses utiles et que mon souvenir ne porte pas mon nom
c'était là un vœu presque pieux, à l'inverse du tien
et, maintenant, regarde-moi
à supplier pour que tu promettes de toujours faire danser mes lettres sur tes lèvres -je ne voulais même pas d'une promesse funeste, je ne voulais que des mots qui s'envoleraient dans le vent, qui ne resteraient que souvenirs, qui m'apaiseraient quand je regarderai la mort droit dans les yeux (je me dirais : j'y survivrai, luther l'a promis ; et j'en douterai, comme je doute toujours, mais ça n'aura plus aucune conséquence)
j'y survivrai, oui
mes mains remontent le long des bras, elles miment ta présence, toujours lointaine : à défaut d’avoir tes doigts, il me reste moi, et je fais semblant de t’avoir contre ma peau
je sais que tu n’es pas comme ça. enfin, pas avec moi. sinon, je crois,
que ce serait un massacre.
ce n'est pas grave, j'ai quelque part quelque chose de plus intime (je crois) et j'aime te sentir contre mon esprit plutôt que ma carnation
déjà ma tête dodeline, s'appuie contre mon épaule, et mes yeux se ferment à moitié
tu n'avais pas besoin de plus me charmer mais les mots arrivent et ils deviennent mon évangile
oui, j’aurais voulu qu’on brûle ces muscles cet adn ces empreintes ces dents et ces pupilles, qu’on y mettre ma prothèse aussi
mais, désormais, je t’écoute et je le sais déjà
quand il n’y aura plus rien de mon esprit, mon corps sera à toi.
et si je m'enfuis avant, si un jour je prends la route pour ne jamais me retourner, si une fois je m'enferme dans nausikaa, je te reviendrai au crépuscule de ma vie
il t’appartient depuis que tu l’as sauvé
mets-le dans ton jardin
peut-être qu'un arbre poussera
et que je reviendrai sous d'autres traits
peut-être que c'est une histoire qui s'écrit à l'infini
je sais, pourtant, que tu n'y sera pas -au jardin ...
c'est, au fond, un cimetière comme un autre : triste, peu visité, chargé du passé qui ne reviendra jamais (loin de toi)
ce n'est pas grave
là-bas, je ne serai plus personne (sauf à toi)
sauf à toi
mes yeux se rouvrent, j'aurais pu m'endormir de ces berceuses mais la réalité a aussi le goût du rêve
tu t'excuses
et, alors que tu es devant moi, tu es si loin
tu t'excuses en faisant l'inverse de tes mots
ce n'est pas grave
ce n'est pas grave
c'est mieux ainsi.
(je suis à la limite de demander)
je ne dis rien
je crois que tu sais comment je me sens. je crois que tu le savais déjà avant.
iels savent, les autres ? je n'en ai jamais discuté au-delà de toutes considérations sentimentales, celles qui creusent dans mon cœur, je crois que c'est une très mauvaise idée. qui sait ce que l'aigle a dit à dionne, à d'autres, et qui sait ce que dionne a dit à sa famille, à d'autres. l'information est plus sauve si elle reste entre nous. tu avais raison. c'était stupide que de demander ça. c'était stupide et tu vois bien : je suis plus logique une fois rassuré-e une fois dorlotté-e une fois solidement attaché-e
il vaut mieux ne jamais me lâcher
enfin. je doute que tu m'ais demandé-e pour que je te dispute. alors ? avachi-e sur la table, un bras en coussin, les yeux vers toi
toujours les cernes les boutons les cheveux décoiffés les vêtements tout mal pliés

égalité - fraternité, par henri cazalis

j'aurais aimé que tu me le dises
tu vois, je le sais
enfin, je pense
je n'en suis jamais sûr-e et alors, je pense : si tu me l'avouais
peut-être qu'un instant je te croirais.
parce que -tes mots, tes gestes, tes promesses, je les vois
ils épèlent les mots mieux que ta bouche, et pourtant, pourtant je reviens toujours et à chaque fois mon cœur mon corps ne sait plus ils ont oubliés il faudrait peut-être le marquer, à l'encre au fer rouge avec le bout de tes dents, parce que pour le moment tout ce que j'ai de toi c'est quelque chose qui me manque et il n'y a plus tes traces sur le moignon de mon épaule
peut-être faudrait-il faire tout ça oui, pour qu'alors je me décide enfin, parce qu'à chaque fois je me dis que ce n'est pas bien et pourtant je reviens
je reviens comme toi tu reviens
nous revenons d'endroit où ne nous voulons pas voir l'autre
ah ! on dirait presque des (_ _ _ _ _ - _ _) maudit-es !
et pourtant je serais prêt-e, tu sais, à lever ta damnation
je me dis : si tu me croques
peut être que tu arrêtera de mourir. pour moi.
et voilà ! mes délires idiots nous mettent en cage quand le monde devrait déjà être à toi
enfin, non, oui, je
te regarde
il n'y a pas de photo de moi dans ton bureau
je déteste ces femmes pour tout ce qu'elles ont et pas moi
je déteste cet enfant de pouvoir croire en un toi sans questionnement
je déteste le vide de moi parce que je le sais justifié, sage, nécessaire
je peux m'en charger, si tu veux. moi-même ou la faire venir ici. je ne sais pas si je réussirais sans laisser de trace, mais je pense pouvoir la tuer. je dis ces mots comme s'ils n'étaient rien et cela m'effraie autant que cela me conforte, vois-tu ? tout ce qui est normal pour toi, pour toi face à moi, plus qu'une lubie oh je crois que déjà rien que ça j'aurais été aux anges j'en serais devenu un pour chanter tes louanges et à chaque fois que tu me complimentes mon esprit divague il s'imagine des choses que tu n'as pas dis et moi je m'emmure de nouveau dans mes illusions (il m'a mangé le bras parce que j'étais spécial-e)
alors qu'est-ce qu'un meurtre de plus ! je me suis tué-e en premier-e.
et je vais le refaire, bien sûr, pour toutes tes offrandes à la science (le seul autre dieu que je prie)
tu parles et je bois tes paroles, tu parles et les yeux brillent, tu parles et mon esprit prépare déjà les protocoles expérimentaux, tu parles et je me demande (il n'est pas physique c'est sûr mais alors chimique ou biologique ? état gazeux --sarin phosgène dichlore ? toxique lésionnaire ou fonctionnel ? probablement neurotoxique, peut-être inhibiteur de la synthèse d'atp peut-être nécrosants hémolysants ahhh je veux
tout savoir)
tu sais que quand j'arriverais à le synthétiser, puisque je suis obligé-e d'y arriver (je ne saurais te décevoir), je pourrais en produire de mon côté, mh ? la formule serait connue. mais d'accord. synthétisation et condensation. le dos se relève, la chaise se rapproche ça prendra du temps, je ne peux pas travailler dessus à temps plein, j'ai deux semaines de congés ces prochains jours, et changer état nécessite forcément de revoir les mécanismes d'actions. tu veux l'antidote avec ? les yeux qui fixent. les erreurs arrivent. il faudra que tu me dises ce que tu fais quand tu l'active. méthodique, toujours, je sais ces cadeaux précieux en tous cas, j'ai hâte de la voir. ça doit être une merveille semblable aux glandes de serpent, ou peut-être du crapaud ? je n'avais pas connaissance d'un animal qui produisait du gaz toxique et, j'imagine, l'objectif de ce poison n'est pas nécessaire à mon travail ?
j'imagine, évidemment, plus loin que mes schéma et ma chimie organique
je pense, évidemment, à l'eau potable et aux réseaux si facilement intoxifiables
j'entrevois, évidemment, l'isthme qui disparaît au rythme du ressac
est-ce le moment où je doute de nous ? je suis le porteur de couteau, oui
mais je me crois encore éthique.

égalité - fraternité, par henri cazalis

j'écoute, évidemment -les paroles sont fleuves, et je suis sirène (celles aux ailes d'ange, et aux dents plus coupantes que du verre brisé)
cela ne m'étonne pas, que dionne encore s'impose comme elle a su le faire déjà, et comme elle glisse entre les monstres comme les serpents que nous sommes -ah ! elle a choisi le mauvais reptile, mais elle le saura trop tard, et quand ça arrivera, j'aimerais lui dire en face : "je t'ai menti, et tu m'as crue, et tu es morte pour celleux de l'île dans le sens où iels ne veulent plus de toi qu'importe ce que tu leur apportera
je suis meilleure joueuse que toi"
et, pourtant, dans son destin, je me reconnais
n'est-ce pas ce qui m'arrivera ? le futur est incertain mais je ne le vois qu'à côté de toi
(ou (peut-être)(je ne sais pas) dans les bras de junhao)(la main dans celle de mars)(les pas de précieux qui suivent les miens)(oli qui me sourit)(amadeo qui fait la sieste dans le salon)(tout ça en même temps)(et toi toi toi toi toi partout sur moi) j’en connais. leurs pouvoirs ne résident pas dans leurs lames, mais leurs langues, leurs corps, leurs cervelles. et je dis : fais attention à toi mais je ne sais pas si elle arriverait à te manipuler elle est trop humaine elle sent probablement trop bon et elle est trop tentatrice pour rester bien longtemps à vos côtés (je la jalouse) iels peuvent être insensibles aux poisons (alors je la poignarde)
je n'en dirais pas plus, il n'y en a pas besoin : je crois que tu sais de quel type d'animal il s'agit, et tu sais déjà la bénédiction que leur mère nous a donné (celle de te revenir une seconde fois), et je ne désire rien d'autre que cela (menteur-euse que je suis, incapable de formuler la bassesse de mes envies -cela n'a rien à voir avec dionne et alors
je m'abstiens)
je m'abstiens et je ne ferai jamais rien, je crois, qui te portera préjudice (sauf à la toute fin
quand viendra le temps, tu sais, de ma révérence
et que je leur dirais, à toustes, ce que j'ai appris d'elleux -tes adelphes
mais pas de toi
jamais de toi)
tu m'as transformé-e déjà, regarde : j'imagine des choses pires que toi
dans tous les sens du terme, parce qu'y a-t-il de mieux que les armes silencieuses qu'on ne voit qu'une fois qu'il est trop tard ? les poisons j'en ai plein les doigts mais ce n'est qu'avec toi que je les sublime le mieux et je prends le cadeau comme la terre boit la pluie qui tombe après la sècheresse (goulûment, avidement, sans jamais demander plus
de toutes manières tu me donnes ton rire et alors soudainement je ne contrôle plus les araignées mais les papillons, ça éclot dans mon ventre ça dit : il y a la vie et je l'aime comme ça
comme toi)
je ne dis rien, encore, admire, toujours
j'acquiesce et je dis : OUI
montre-moi toujours, toujours plus de toi
juste à moi, ai-je envie de dire
mais ne serait-ce pas un péché, que de ne pas montrer ta merveille au monde ?
je regarde ta bouche, celle qui cache bien trop, et je pense : ne respires pas notre air ! nous ne méritons pas de le partager.
un signe de reconnaissance ? entre disciples
doublé d'une protection, garni de la bonté du dragon
je comprends et l'idée est d'une logique qui me parait implacable, c'est elle qui placarde ma jalousie contre le mur, l'empêche de se faufiler partout où il ne faut pas qu'elle aille
faut-il designer un objet pour le contenir et l'administrer ? mars peut m'aider pour ça. nous en avons l'habitude -et, dans ses ignorances, mon adelphe est déjà un-e suivant-e de la bannière d'hespéris.