L'ennui engendre bien des maux, mais tu refuses de le laisser triompher sur ton esprit. Toujours occupé, que ce soit avec tes mains, ton esprit ou ta parole, tu es le vainqueur éternel, le divertissement suprême qui exploite les autres pour passer le temps.

Aujourd'hui, Pavel est ta cible. Sa haine et son mépris sont pour toi une source de nourriture, une source d'amusement. Jamais tu ne ressentirais une telle intensité d'émotions pour quelqu'un comme lui, et c'est précisément là que réside la différence entre vous. Une différence qui le relègue à l'insignifiance.

Ainsi, tu rôdes autour de lui, impatient de goûter à son venin et aux pensées acérées qu'il prépare.

“ — Je suis ravi de constater que tu t'intéresses désormais à mes fluides corporels.

Tu t'approches, un sourcil arqué, puis reprends d'un ton taquin.

“ — Ai-je mal compris ? Aurais-tu besoin de mon numéro, peut-être ?

Tu feins la surdité, celui qui reste insensible à tout, s'amusant de son propre manque de compréhension. L'idiot, en somme. Cependant, on te récompense pour agir ainsi. Tu incarnes le modèle qui exécute les directives. Un bref regard vers ses mains précède ta réponse, comme si ton attention s'était relâchée.

“ — Vise légèrement plus bas. L'effet en sera d'autant plus puissant.

Tu relèves les yeux, arborant une expression de lassitude mêlée d'un sourire taquin qui danse toujours sur ton visage. Silencieusement, tu t'avances derrière lui, sentant tes muscles se tendre contre l'un des derniers piliers encore imprégnés de fraîcheur dans la salle d'entraînement. C'est un instant de frisson bienvenu, qui te parcourt et te rafraîchit lorsque tu éponges la sueur de ton front.

“ — Peut-être que je suis amoureux de toi, alors. Qui sait ?

D'un geste, tu simules un bref examen de tes ongles, en mettant particulièrement l'accent sur tes cuticules. C'est clairement une autre provocation, même si son regard ne croise pas le tien. Les deux d'entre vous sont engagés dans le même jeu subtil, mais contrairement à lui, tu ne flanches pas. L'idée d'un affrontement ne te déplaît pas, en réalité, elle te séduit.

Un grognement s'échappe de ses lèvres, mais tu ne feins pas la peur, pas cette fois. Tes yeux demeurent rivés sur lui alors qu'il délivre un coup, puis un autre. Ton attention est aiguisée, captant chaque mouvement, chaque détail. Une fois les frappes effectuées, tu te mets à tourner autour de lui, ta silhouette en mouvement dessinant des contours précis dans l'air.

À un moment donné, tu t'arrêtes net devant le sac de sable, t'immobilisant avec une assurance indéniable. Ton regard demeure verrouillé sur le sien, une lueur espiègle et incitative dansant au plus profond de tes yeux.

“ — Qu’est-ce que tu attends, Pavel ?

Les coins de tes lèvres esquissent un sourire subtil, une invitation tacite à poursuivre cette danse particulière.. Les bras se croisent sur ta poitrine, dévoilant des muscles sculptés par l'entraînement et marqués par la détermination.

Tu observes qu'il possède une imagination débordante, et que si c'est la première idée qui lui vient, il doit souvent t'imaginer sans tes vêtements. Cette pensée ne te dérange pas outre mesure. C'est plutôt charmant, probablement dû à son manque d'expérience probable, étant donné... la situation. Enfin, il est difficile d'imaginer quelqu'un ayant des désirs pour lui. Sans vouloir l’offenser, bien entendu.

“ — Je ne pensais pas que tu pensais à mon corps de cette manière…

Tu ajustes légèrement ta mèche tout en feignant un soupçon de gêne, dans le but de le taquiner davantage. Tu ne le prends pas réellement au sérieux, en fait, tu ne l'as jamais fait. Après tout, sa jalousie est simplement évidente, et tu ne peux pas vraiment lui en vouloir. Tu es curieux de découvrir jusqu'où tu peux le pousser, jusqu'où peuvent aller ses limites. Tu veux mettre à l'épreuve la profondeur de son animosité, et mesurer jusqu'où tu peux faire émerger ses aspects les moins flatteurs.

“ — En garde, qu’il dit. Je vais péter mon crâne.

Avant même que le rire ne puisse s'échapper de tes lèvres, il te prend de court en te saisissant sur le côté. Son attaque te touche, justement parce que tu étais distrait, trop occupé à te moquer de lui. Bien. Au moins, tu es prêt pour la deuxième manœuvre. Tu tentes de saisir son poignet, et une fois que tu l'as en prise, tu décides de déployer toute ta force pour le pousser contre le pilier, le maintenant coincé là.

Malgré le coup de genou que tu encaisses avec difficulté, ta respiration se coupe, mais tu maintiens une pression constante sur son bras pour le maintenir plaqué. D'une manière oppressante, tu presses ton front contre le sien, mais pas avec douceur, tout en continuant d'exercer une pression sur son poignet. Tu reprends ton souffle tout en le fixant dans les yeux, une expression mêlant mépris et désir semble émaner de ton regard.

“ — Continue.

Ton dos s'écrase brutalement contre le sol, laissant une empreinte inattendue alors que ton coccyx prend le choc en premier. Tu réalises alors que tu l'as sous-estimé peut-être, après tout, c'est un membre des spartes.

Son poids sur ton flanc t'empêche de te réajuster correctement, te privant de l'équilibre et de l'avantage sur lui. Tes coudes frottent contre le sol, laissant des marques rouges dans leur sillage.

“ — Mec, t’es magnifique sous cet angle.

Tes paroles prennent une teinte légèrement pathétique. La séduction, ou peut-être le choc, qui sait vraiment ce qui en est la cause. Tu prêtes une oreille à sa montée de colère, puis réponds en cédant un peu plus à ses provocations.

“ — Je croyais que je ne pouvais aimer personne à part moi même ?

À titre de punition ultime, tu étires ta main pour caresser doucement sa joue, demeurant allongé en dessous de lui. Il est manifeste que tu n'as pas cédé à ses provocations, même si l'envie de riposter te chatouille légèrement. Cependant, ton souhait actuel est de le voir se décomposer devant toi, ici et maintenant.

Si son rejet survient, il piquera davantage ton intérêt. S'il embrasse ton avance, alors voilà un nouveau jouet pour la nuit. Dans le monde des hommes fragiles tels que lui, tu restes toujours le grand gagnant.

“ — À défaut d’un miroir…

Tu espères sincèrement qu’il te donne un autre coup, qu’il te crache au visage.

Tout en douceur, tes doigts saisissent délicatement ton nez, épousant les contours douloureux de ses arêtes. La douleur est intense, un véritable supplice. Tes dents se serrent avec une surprise mêlée d'étonnement face à son absence de brutalité. Ton crâne trouve son repos contre le sol, dans un silence profond. Tu observes sa démarche, sans la moindre tentative de résistance.

Aucun mot ne franchit tes lèvres enflées, mais si son regard se fixait sur elles, il y verrait des excuses non exprimées, mais clairement ressenties. Toi aussi, tu es un fier guerrier. C'est peut-être le summum de ce que tu peux offrir, ou peut-être te restreins-tu à cela. Cette réflexion n'est pas dénuée de gêne, car même envisager de t'excuser te provoque un certain dégoût.

La faiblesse.

Ses menaces importent peu, même s'il en vient à te priver de souffle. Jamais il n'entrera dans ton esprit, la peur ne prendra jamais racine en toi, ni aujourd'hui, ni demain.

Éprouver de la pitié envers l’enfant d’Hestia, regretter tes paroles et tes actions. Il ne mérite pas ce pouvoir sur toi. Du moins, c'est ce que tu crois. Ton regard se fixe sur son avant-bras, qui, sans exprimer d'émotion, semble dégager une aura de défaite incarnée. Ton désir est de le briser, de le vaincre.

“ — Tu me répugnes.

Ce n'est en aucune manière de la provocation ; le ton est sincère, presque glacial. C'est sans doute la première fois qu'il t'entend ainsi.

Ton regard remonte jusqu'au sien, tes pupilles se croisent avec les siennes. Aucune lutte ne s'échappe de toi. Le masque s'est brièvement fissuré, mais tu le réajustes, feignant l'indifférence. Ta rage intérieure n'a pas besoin d'être exposée, elle ne fait pas partie du spectacle que tu offres.

“ — Si tu me détestes autant, pourquoi est-ce que tu n’en finis pas ?

Un faible sourire se dessine sur tes lèvres, te donnant l'air de t'efforcer. Une bravade éreintée.

Tu perçois distinctement ses articulations s'emboîtant contre ton torse, ressentant la pression de son sacrum qui se redresse. Ton regard se fixe sur ses hanches, et dans ton esprit, une sensation exaltante surgit. L'envie de pouvoir le tenir dans tes bras s'intensifie, surtout lorsqu'il s'approche ainsi de ton visage. Ton âme est mue par le désir, et cette expérience dépasse de loin les montées d'adrénaline de l'arène.

“ —Je...

Toutes tes facultés mentales sont mises à contribution pour refréner tout commentaire inapproprié. La sueur se mêle au sang, le sien. Tu luttes également pour ne pas laisser échapper un grognement, une bataille interne intense. Ce n'est pas possible d'être aussi en chien pour quelqu'un. Cette émotion s'insinue dans ton esprit, une sensation que tu détestes profondément. Cela devrait être l'inverse. Tu serais prêt à tout pour le retrouver aussi animé, aussi déterminé.

Un léger souffle amusé t'échappe en écoutant sa deuxième phrase, bien que cela ne soit pas pour le provoquer, même si c'est probablement l'interprétation qu'il en tirera. Tu tournes la tête et la presses contre le sol, la fraîcheur du sol apaisant en contraste avec la chaleur de son front, c'est une certitude. Un soupir long s'échappe de tes lèvres avant que tu ne reprennes la parole. Vue de l'extérieur, la scène doit sembler bien étrange.

“ — Je te donne la permission de me ôter la vie, à condition que tu utilises mon prénom à l'avenir.

Ton attention retourne vers lui, vers ses cuisses. Difficile de dire si la rougeur sur tes joues résulte de l'intensité du combat ou d'une autre source. Ton regard glisse sur sa taille, sa poitrine. Est-ce que tu te dessines mentalement son apparence, ou te laisses-tu simplement absorber par le spectacle ? Peut-être un mélange des deux, pour être honnête. Les coudes en appui sur le sol, tu te rapproches de lui, rapprochant ton visage du sien.

“ — Peut-être n'es-tu pas indigne de mon assistance - J'y réfléchirai.

Tu reprends ton souffle, encore endolori.

“ — Cependant, je te préviens que je ne te laisserai pas gagner aussi aisément la prochaine fois.