naissance : Lichen est né en 1996 de l’union de Déméter et de Ren Kashiwagi (柏木 dont 柏 pour chêne et 木 pour bois), Ren est un homme peu aisé au passé navrant. L’enfant que lui offre Déméter lui apporte un peu de réconfort, et il réussira à s’occuper de l’enfant convenablement les premières années de sa vie.

5 ans : Ren part vivre avec Carmen, une femme qu’il a commencé à fréquenter depuis quelques temps maintenant - parmi l’amour qui les réunit, ils s’aident également financièrement. Carmen accepte la présence de l’enfant sans broncher. Malheureusement, cette dernière a une très mauvaise influence sur Ren. Très vite, Ren suit sa femme dans la consommation de drogues et autres joyeusetés. De l’autre côté, il tente de s’occuper de l’enfant.

6 ans : Ren sombre très tôt dans les drogues et la toxicomanie accompagné par Carmen. L’enfance de Lichen est très compliquée ; son alimentation est mauvaise, son hygiène moyenne. Lichen manque de l’attention de ses parents et est négligé - il est malheureusement contraint de devenir rapidement indépendant et de s’occuper de lui-même. Ren tente de s’en sortir et l’inscrit à l’école, supposant avec évidence que tout serait plus simple si l’enfant restait loin d’eux le plus possible.

Mais l’école est un calvaire, les difficultés notables de Lichen dû à son sang n’aident en rien l’enfant à se rapprocher de ses parents. Lichen passe son temps dans sa chambre, à étudier de lui-même. On appelle alors ses parents pour en parler, sans succès, sans réponse : les appels fusent mais personne ne répond jamais.

La même année, Carmen agresse et vole un dealer avant de rentrer à la maison, quand Ren l’apprend, il est complètement dévasté par son action insensée ; il a conscience des problèmes qu’ils encourent. Carmen fait la sourde oreille, Ren se prépare à réparer les erreurs de sa conjointe. Il ne le sait pas encore mais Carmen a fait l’erreur de consommer une partie du sachet.

Le dealer en question frappe à leur porte quelques jours plus tard. Ren s’excuse mille fois mais il n’échappe pas à un coup dans la mâchoire. La non-conformité du produit volé par Carmen rend l’entente impossible ; alors Carmen prétend l’avoir planquée ailleurs. La soirée est longue, Lichen la passe dans sa chambre. C’est habituel de voir ses parents se crier dessus mais ce soir-là, il entend une troisième personne. C’est tétanisé qu’il décide de rester dans sa chambre. Pendant ce temps, Ren sermonne Carmen alors qu’ils se rendent à l’étage. Les insultes fusent et la violence persiste, toujours à moitié défoncé par la drogue qu’elle a prise, Carmen fait preuve d’une violence certaine avec Ren, qui dans sa chute se brise la nuque sur le coup. Pas même choquée de son geste, elle affirme au jeune dealer ne rien avoir trouvé ; celui-ci a été témoin de la scène et bouleversé au possible.

À l’entente du choc, Lichen sort. Habitué aux petits incidents (jamais grand chose, de toute évidence) il sort, puis se fait intercepter par le dealer. Ce dernier sermonne Carmen - lui déclarant qu’elle est inconsciente. Totalement insensible, Carmen retourne s’installer à l’étage. Pendant ce temps, le dealer recueille l’enfant et le met en sécurité. Arrivé en bas, il prend le téléphone pour appeler les secours, expliquant la situation. Tétanisé d’être jugé fautif, il prend la fuite après avoir mis l’enfant en sécurité.

Les secours arrivent, le corps de Ren est retrouvé, sans vie. Carmen est arrêtée, Lichen est pris en charge par les services de protection de l’enfance. Ces derniers le placent provisoirement dans un foyer d'accueil, puisqu’ils ne trouvent aucun autre membre de la famille à proximité pour l’enfant et capable de s’en occuper. À cette suite, les travailleurs sociaux effectuent une évaluation de l'enfant à partir de sa santé physique et émotionnelle, mais également ses besoins. Il se trouve que l’enfant est bien plus cassé qu’il leur semblait.

7 ans : Le temps passe dans le foyer d’accueil. Comme la réunification familiale n'est pas réalisable pour Lichen, les services de protection de l'enfance décident d’entamer des procédures d'adoption pour que Lichen soit placé dans une famille adoptive de manière permanente. Mais Lichen passera par plusieurs familles sans jamais en trouver une stable ; c’est un enfant fragile, un enfant qui nécessite trop de temps, trop de patience, alors il ne trouve pas sa place.

8 ans : Lichen est finalement adopté par un jeune couple, qui sans le savoir est composé de ce même dealer qui l’a trouvé ce jour-là. Peiné d’avoir agi ainsi, se sentant un peu responsable de la mort du père et de l’emprisonnement de la mère, il décide de prendre Lichen sous son aile. Les origines nippones d’un des deux pères favorisent l’adoption et cette dernière est jugée apte à adopter l’enfant ; ils sont à priori aisés et assez bienveillants pour l’enfant.

Les mois qui suivent sont supposés stables par le foyer d’accueil qui s’assure que l’enfant bénéficie de tout ce dont il a besoin. Cependant là n’est pas le problème, c’est l’enfant lui-même qui coince et présente un retour vif à la réalité ; élevé dans la négligence, il se comporte comme si rien n’avait changé.

9 ans : La période de suivie liée à l’adoption se conclut et Lichen répond officiellement au nom de sa famille d’adoption. L’adoption est perçue comme concluante, malgré les quelques difficultés liées au comportement de l’enfant, l’agence offre un soutien permanent à la famille, affirmant qu’ils peuvent contacter leurs services si nécessaire. Cependant, ils imposent à la famille un suivi de l’enfant, celui-ci devra suivre un psychologue pendant quelque temps pour s’assurer qu’il puisse grandir comme un enfant normal.

Malheureusement, les rencontres avec son psychologue ne sont que peu concluantes. L’enfant reste muet, s’ouvre peu - témoigne d’un enfant qui restera sans doute déphasé une bonne partie de son existence. À l’école comme ailleurs, son père prend une majeure partie des responsabilités vis-à-vis de l’enfant, se considérant comme en partie responsable.

Certains incidents surviennent et il faut en prendre la responsabilité. les petits incidents du début sont bénignes mais s’accumulent bientôt il ne suffit plus de justifier les comportements effacés de l’enfant mais bien l’attitude détachée si ce n’est presque indifférente aux autres. Il s’agit de revoir la psychologue, d’en parler comme si ça changerait quelque chose et de rentrer à la maison en ayant l’impression de ne pas avoir évolué. Le second de ses pères se fait sévère sur son comportement, mais Lichen n’écoute que d’une oreille. Peut-être qu’il ne comprend pas vraiment. Après tout, il n’a rien fait de mal, pourquoi devrait-on le blâmer ? Et il était vrai - il n’avait jamais rien fait de mal.

10 ans : C’est un peu étrange quand les plantes naissent là où elles ne le devraient pas. Ou du moins, là où on n’a pas planté de graines ; un secret que Lichen garde pour lui. Quand ça se reproduit en dehors de la terre, il se dit que c’est de l’hydroponique, rien de réellement spécial.

Les plantes qui naissent et se développent sont curieuses, au départ légères on ne les remarque pas, Lichen laisse la fenêtre ouverte pour les laisser s’enticher du soleil. Jour après jour, les fourmis tracent des sentiers jusqu’à sa chambre. Pour l’un de ses pères, ce n’est qu’un procédé naturel, mais quand la situation se reproduit sous ses yeux le questionnement est solennel.

Le temps passe et ces mêmes incidents se reproduisent, son père y voit la facilité décontenancée de créer la nature, les plantes qu’il devine. Il commence à voir, dans son enfant, la possibilité de créer alors il se penche vers lui, le fait étudier les plantes que son esprit désaxé imagine pouvoir utiliser. Bientôt ce sont des plantes bénignes parmi les brins qui prennent vie, alors Lichen doit étudier un peu plus - qui sait ce que cet enfant renferme ?

11 ans : Lichen est emmené par son père dans des laboratoires qu’il assure être en rapport avec son travail (totalement sain) ayant notifié l’intérêt de Lichen pour les sciences générales et sa capacité à apprendre celles-ci. Quand Lichen n’est pas à l’école, il reste ici avec son père. Là-bas, il est entouré de plantes en tout genre ; mais bien vite l’atmosphère change et Lichen est encore bien trop jeune pour comprendre ce dans quoi il se fait entraîner.

Les mois passent et Lichen se divise entre l’école (qui ne lui réussit pas) et les laboratoires dans lesquels il passe son temps. Mais son rythme de vie se pourfend entièrement un soir. Lors d’un repas d’affaires aux allures familiales entre son père et quelques uns de ses supérieurs (que Lichen reconnaissait avoir perçu aux laboratoires) son père lui assure de rester dans sa chambre ; c’est bien avant que l’un des individus y pénètre au départ innocemment, se faisant ensuite très insistant à l’égard de l’enfant. Les mains qui se posent toujours plus insistantes écoeurent Lichen qui par peur se munit du premier objet trônant sur son bureau - en l'occurrence un scalpel qu’il utilisait pour son étude - avec lequel il met l’agresseur hors d’état de nuire. Lichen avoue son acte à sa cousine, Sam, qui décide d’assumer et prendre la responsabilité du meurtre à sa place.

Quand l’enquête est menée, et Sam arrêtée, la police découvre le trafic dans lequel la famille traînait et les arrête. À cette suite, Lichen est envoyée rapidement dans une nouvelle famille d’accueil un peu plus loin.


12 ans : Lichen va de famille d’accueil en famille d’accueil, car aucune n’est assez entière pour lui, ni même adaptée à ses besoins. Il est déplacé très fréquemment, de maisons en maisons - et surtout aux quatres coins des USA. Lichen ne trouve sa place nulle part.

Mais si à 12 ans il n’a pas réellement conscience de son identité, les monstres le sentent. En effet, trop bousculé entre diverses familles, trop habitué aux voyages qui ne le mènent nulle part, les Nymphes qui l’approchent finissent par ne jamais le trouver définitivement. C’est lorsqu’un monstre vient chercher Lichen dans une de ces mêmes familles que la terreur s’habille de cauchemar ; si Lichen réussit à s’en sortir de justesse, un des plus jeunes enfants (avec lequel il s’entendait pourtant bien) y découvre la mort, tandis que l’un des deux parents est grièvement blessé. Les mouches qui acculent les corps commencent à acculer sa conscience sans même qu’il ne les perçoive. Lichen développe une obsession sur le monstre qu’il a perçu ce jour-là, une créature qui défiait toute raison de ce qu’on lui avait enseigné - elle qui ne semblait pas même réelle.

13 ans : On le reçoit une dernière fois - enfant maudit pour certains, enfant à sauver pour d’autres. Lichen connaît une douceur légère à laquelle il est anesthésié ; mais il ne s’y fait pas, c’est comme s’il n’était pas réellement né pour connaître tant de douceur. Un soir qu’il erre dehors, son regard rencontre celui d’une nymphe. Elle le sait, elle l’a suivi et n’a jamais oublié ce regard qui portait avec lui la douleur. Ce soir, sur la berge, elle lui conte tout ce qu’elle sait à son sujet - la divinité de son sang, le monstre qui l’a trouvé ce jour-là. Puis elle lui parle de Nausikaa, de la protection et de la paix, probablement pour un instant. Lichen décide de la suivre, ce soir-là ; il ne fera pas d’adieux, il ne regardera pas même une dernière fois la maison - il ne s’en souviendrait pas de toute façon.

Lichen part pour Nausikaa. Mais Nausikaa c’est le soleil trop fort c’est l’horizon qu’il oublie lorsqu’il regarde un peu trop loin - ses chaussures dans la terre, trop abîmées, il oubliait même qu’il en portait. Nausikaa c’est ailleurs, c’est chez lui (il n’en est même pas si sûr) c’est tout ce qu’il n’a jamais connu, la douceur de l’accueil, la sueur des entraînements, les dortoirs qui se remplissent et tous les bruits qui bourdonnent à ses oreilles. Le silence et la cruauté sont remplacés par la tendresse juvénile et Lichen est recouvert par un voile étrange et mousseux ; il est comme un parasite, comme non-miscible. Dans la cruauté de cette propre révélation, une autre bien plus plaisante ; son identité de genre, comme une évidence, comme bien plus agréable à admirer que le reste.

Lichen il ne se fait de personne et personne ne se fait de lui, c’est l’enfant bizarre trop silencieux. C’est l’enfant qui ne répond pas à son prénom qui a deux ans de plus, qui ne répond pas quand on l’appelle qui ne répond pas quand on lui tire le bras qui ne répond pas quand on lui pose la question tu veux bien me répondre ? Lichen c’est l’enfant qui ne répond pas. C’est l’enfant qui ne pleure pas qui encaisse les douleurs et les mots durs et qui ne bronche pas, c’est l’enfant qui ne répond pas aux injures et qui ne pleure pas aux insultes. Lichen c’est un enfant qui n’en est déjà plus un.

17 ans : Alors qu’il revêt les sols et la terre sèche de plantes derrière lui sa mère, derrière lui aussi la raison des peines. La raison du vide la raison du néant qui se joue au fond du regard. Déméter s’abaisse près de lui, elle contemple cet enfant qui a hérité de sa chevelure opale et elle en saisit une mèche, une mèche sèche et très abîmée. Presque aussi abîmé que Lichen lui-même ; pourtant elle lui sourit comme si ça n’était rien, comme si elle le pouvait après tout ce temps. Puis quand il l’observe, Lichen se dit que ce n’est pas si important, qu’il est un enfant et qu’il y en aura d’autres. Que si peu compter pour certains n’est pas si important ; ce jour-là Déméter le réclame.

23 ans : Lichen quitte le camp. Il s’engouffre quelque part à Nausikaa - n’importe où finalement, ça n’est pas très important. Mais il commence à se faire à l’île et l’île commence à se faire à lui - et comme à chaque fois qu’il se lasse, Lichen quitte Nausikaa fin d’année. Déclaré comme ayant disparu chez les mortels, il profite de l’occasion pour se forger une nouvelle identité - ou du moins, un nouveau prénom et un véritable nom cette fois, un qu’il garderait, un qu’il porterait sans qu’il ne porte l’odeur de la mort et des âmes esseulées.

24 ans : Lichen s’installe de nouveau pour commencer des études où il se dirige vers la biologie. À côté, il utilise les compétences qu’il a apprises déjà jeune pour se faire un peu d’argent. Il fréquente des chimistes spécialisés dans le domaine recherché qui admettent son don pour la chimie. Lichen réussit à en tirer le principal avant de se défaire d’eux ; ils semblaient déjà bien trop déterminés à l’accueillir dans leurs rangs. L’argent qu’il gagne de la drogue qu’il fabrique lui permet de se payer bien plus que nécessaire - il finira par laisser tomber sa formation qu’il trouvera ennuyeuse.

L’année suivante, Lichen retournera à Nausikaa où il affirmera s’être spécialisé en zoologie et botanique. Il se sera en réalité bien plus spécialisé dans la chimie et décide de mettre à profit son expérience à Nausikaa - il mettra en place un laboratoire dans son sous-sol où il laisse libre court à ses compétences et ses envies. La plupart du temps, elles sont inoffensives.

26 ans : Lichen met à profit l’année qui suit pour se rapprocher de ses adelphes, chose qu’il avait déjà entamé avant son départ. Malgré l’arrière goût que lui livrait Nausikaa à son plus jeune âge, Lichen admet que si les mortels n’ont pas réussi à pleinement l’accueillir, peut-être pourra-t’il se rattraper avec les vivants - certains qui lui ressemblent plus franchement. Soucieux de bien paraître presque autant qu’il est anesthésié du regard des autres, il prend bien soin de s’immiscer auprès d’eux bien que de façon souvent maladroite.

Acharné de travail, Lichen développe une fascination presque maladive envers les monstres - il se rappelle les dessins de la Bête qui était venue le chercher. Son investissement l’appelle à se présenter au poste d’ambassadeur, recommandé également par ses adelphes. Il entre à l’ambassade à la suite, l’attitude droite et le travail serpentant dans les veines il est ce que l’on s’imagine le mieux à l’ambassade.

aujourd’hui : Lichen accommodé de sa place et les vestiges qui l’ont construit ne l’abandonnent pourtant pas ; il a suivi les eaux qui l’ont noyé. Scientifique presque douteux dissimulé - il affiche l’attitude solennelle de ceux qui ont été fut un temps, de ceux qui discrètement ressentent mais toujours durement s’expriment. De ceux qui aspirent à tout, et de ceux qui aspirent au monde, à l’exploit, à la découverte - quand bien même elle pourrait les tuer à la fin.