Les pas la guident, instinctivement, elle sait que le Lion se morfond. Elle ne le connaît que trop bien, Oliver n'est pas humain, ni un monstre, il n'est qu'un outil, une arme utile dans les desseins d'Echidna. Il tue par dépit, non par joie. l n'oublie pas les visages de ses victimes, l'odeur du sang et les cris de souffrance.

Parfois, elle aimerait ressentir ces émotions. La culpabilité, le regret, l'horreur... Parfois, elle aimerait être humaine, ne serait-ce que pour une journée.

L'appartement reflète les états de son compagnon, chaotique et déprimant. Sophia n'hésite pas, avance calmement, son regard ne quittant pas son collègue. Lentement, elle se place à ses côtés, se laissant tomber près de lui.

Pas un mot ne sort de sa bouche : pas pour le moment. Il n'a pas besoin de paroles réconfortantes, ni de mots niais ou hypocrites.

Elle-même à participer à ce carnage, a pris un certain plaisir à recruter Anael, saon Anael. Sophia n'est pas une bonne personne, selon les standards des humains. Elle n'a jamais été que monstre et électron libre, condamnée à la plus grande des solitudes éternelles.

Alors, avec une douceur nouvelle, elle vient saisir la main d'Oliver, la serre avec une tendresse étrangère. Elle ne dit rien, baissant les yeux pour fixer le sol.

Peut-être peuvent-ils être solitaires ensemble.  

La main d'Oliver dans la sienne, assis à ses côtés, dans la pénombre. Elle ne dit rien, ne cherche pas à briser le silence. Ses pensées analysent son collègue, les émotions qu'ils expriment avec une telle sincérité - elle ne comprend pas, Sophia. Elle n'aime pas tuer inutilement certes, mais elle n'a jamais regretter d'envoyer des mortels aux enfers.

Le Sphinx a toujours juger qu'agir en laissant ses sentiments prendre le dessus plutôt que la raison était un aveux de faiblesse et de stupidité, une tare indigne des grands de ce monde. Pourtant, quand son regard se pose sur le visage d'Oliver, sur les yeux vitreux à cause des larmes, elle ne ressent ni colère ni dégoût.

- ... Ton ami allait te blesser, ce n'est pas logique de t'en vouloir. Le ton est dur, froid, glacial. Pendant un instant, on pourrait la confondre avec un autre membre du Lotus.

Un soupir las s'échappe de ses lèvres. Là est bien le problème, ce n'est pas logique. Tout n'est pas question de rationalité et de logique, de calcul et de planification. Sa main libre vient effacer les larmes de son compagnon, luttant contre sa nature monstrueuse.

- Ce que je veux dire, Oliver, c'est que tu n'es pas responsable de ce massacre. Pas entièrement.

Elle connaît les responsables; les assoiffés de chairs divines.

- Tu n'aurais pu rien faire pour sauver ces personnes, pas tant que tu es membre du Lotus.

Son regard sous-entend sans subtilité le message, avant d'attraper un torchon au sol pour effacer tant bien que mal les quelques traces de sang présent sur le visage d'Oliver.

- Je crois que tu es le plus humain d'entre nous, Oliver... Tu as même des amis ? J'ai du mal à comprendre ce que cela signifie pour toi, je n'ai jamais eu ce genre de relations... Un autre soupir. Mais tu es une bonne personne, j'en suis persuadée.  

Instinctivement, elle vient poser sa main libre sur celle d'Oliver contre son coeur, fixant son regard. Il déteste cette nature monstrueuse, il déteste le Lotus, il se déteste. Sophia ne sait quoi dire, elle n'a jamais été loyale envers ce groupe chaotique. Non, elle avait rejoint pour satisfaire sa soif de curiosité.

Pas par dévotion ou respect pour la cause des monstres, seulement pour fuir son pire ennemi : l'ennui.

Elle n'a jamais été assaillie par des regrets, des remords aussi intenses qu'elle préférerait mourir plutôt que de continuer ses recherches. La vie humaine n'a pas la même valeur à ses yeux - l'immortalité l'a rendue indifférente et froide. Ou peut-être a-t-elle toujours été aussi inhumaine.

- Oliver, regarde-moi. Elle se racle la gorge, ne le lâche pas. Jamais.

Son compagnon souffre et elle doit l'aider, par soucis de camaraderie - et aussi parce qu'il est le seul sain d'esprit de cette petite bande de malfaiteurs.

- Je sais que tu penses être un monstre, que tu ne mérites pas de vivre parmi les humains. Sache que tu as tort. Ta nature monstrueuse ne te définit pas, tout comme tu n'es pas forcé de continuer la folie d'Echidna. Elle prend une inspiration. Oui, tu as commis des actes répréhensibles pour survivre. Mais, je vais te dire un secret, Oli. Tu es plus fort que ça, tu es plus fort que ton héritage monstrueux.

Elle rapproche son visage, un léger sourire sincère apparaît sur ses lèvres.

- Echidna pense que tu es un pion et les demi-dieux s'imaginent que tu es un antagoniste parmi tant d'autres. Prouve-leur qu'ils ont torts, Oli.

Sophia se laisse porter par le moment, venant prendre dans ses bras son ami pour lui offrir une étreinte réconfortante.

- Tu n'es pas seul, je suis là pour toi, Oli.