zana hysenaj est un homme dont seraph ne saisit pas encore pleinement la nature. fils de l'amour sans aucun doute, celui-ci porte son visage comme effigie de l'amour même. sans inconsistance, sa beauté s'impose à seraph en reflet incertain de sa propre façade, un reflet qui ne lui ressemble pas pourtant. il se méfie de ces héros-là comme on se méfie des sirènes ou des malédictions. ainsi la soirée en sa compagnie lui parait longue et hors du temps. il s'est occupé à étudier sa cible sous toutes ses coutures, cherchant même à les désassembler pour voir sous ce costume à visage humain. il s'est prêté au jeu des personnes ordinaires, celles qui acceptent un verre, puis deux, et s'est surpris peut-être à s'en amuser.
c'est vous qui m'honorez. seraph n'a jamais été aussi faux. ce sont des mots qui lui brûlent les lèvres et qu'il prononce parce qu'il le doit. assis en face de son hôte, bien droit sur son siège, il est fin prêt à la violence. zana ignore que sa punition est déjà en marche, consacrée par un simple message envoyé quelques minutes plus tôt, sans manière puisque c'est ainsi que se partagent les secrets.
je veux bien que vous me resserviez, merci. les injonctions et les exigences lui viennent toujours en premier. je vous l'ai dit, j'ai beaucoup entendu parler de vous. vous me semblez remarquable, remarquable, cette fois le mot est juste, et je ne crois que ce que je vois.
il n'a pas besoin de se répéter la performance qu'il s'apprête à délivrer, il en connait déjà tous les mouvements :
il suffit que la porte sonne, que leurs regards se croisent en réponse à cette interruption insensée ; il suffit que seraph pose son verre, se lève et anéantisse la distance d'un ou deux pas. sa main gauche capture la gorge de zana et l'extirpe de son siège, ainsi il le tient à sa hauteur pour mieux le regarder dans les yeux. seraph ne s'embarrasse d'aucun préambule sans quoi il perdrait l'avantage de la surprise - son poing droit rencontre la tempe de zana et lui fait rejoindre le sol sur lequel il s'échoue avec un bruit sourd. c'est un coup porté précisément, proprement, presque dénué d'effort apparent.
il n'a pas prononcé un mot, laisse la violence faire la conversation à sa place. satisfait de ce silence momentané, il ouvre la porte à satya comme s'il l'accueillait chez lui. seraph le salue d'un signe de tête, le guide sans attendre vers le crime en action. il est là. sonné mais encore conscient bien sûr, il faut qu'il le soit. je ne le tuerai pas. debout côte à côte, les deux spartes capturent zana de leurs ombres qui n'en forment plus qu'une.