Naissance Favori de l’aimable Aphrodite, Vijay Ashwani s’est vu octroyer par la déesse l’honneur de lui donner non pas un, ni même deux, mais trois enfants. Pour sa défense, deux d’entre eux étaient nés en même temps, avant que la déesse mutine ne revienne lui rendre visite pour une nouvelle nuit. L’homme d’affaires, héritier d’une famille de riches bijoutiers de Delhi, tint à ce que ses enfants reçoivent une éducation à la hauteur de leur naissance ; haute par leurs deux parents. Scolarisés à domicile dès leur plus jeune âge, il ne fut épargné à Satya et ses adelphes ni l’apprentissage parfait de leur double-culture ni la formation physique et sportive qui sied à leur rang. Élève difficile et en difficulté, Satya s’épanouit moins pendant ses longues leçons d’histoire que lors des cours d’équitation qu’on lui octroya.

6 ans Il apprit tôt la vérité sur son ascendance divine et reçut très mal la nouvelle. En effet, le garçonnet, élevé jusque là dans un pur moule machiste, ne comprenait pas qu’il puisse hériter de valeurs si féminines que l’amour et la séduction, si loin des idéaux de virilité que les contes de son enfance lui avaient dépeints. Il se rêvait Rama, chevauchant avec Indra, l’arc bandé sur sa poitrine, ou Achille encore, debout, hurlant, sur les murailles de Troie… Mais voilà tout à coup qu’on le reléguait au rang des personnages secondaires, à celui des amantes qui attendaient à la fenêtre, les lèvres lourdes de soupir.

9 ans Son arrivée à Nausikaa n’arrangea rien et ne fit que le conforter dans les complexes qu’il s’était lui-même bâtis. Pire encore, il en apprit plus, au contact des autres enfants d’Aphrodite, sur les dons divins que leur mère leur avait confiés. S’il avait été jusque-là l’enfant parfait, aimé de tous, était-ce alors moins grâce à sa propre valeur qu’à un charme inné que sa génitrice lui avait imposé ? Ne méritait-il alors aucune de ses victoires, aucun de ses trophées, qu’il n’avait, à vrai dire, gagnés qu’au prix de sa beauté ? De telles interrogations poussèrent l’enfant à se renfermer sur lui-même et à se donner corps et âme à l’exercice des armes.

21 ans Devenu jeune adulte, Satya s’est forgé de force sa place à Nausikaa, par son ardeur aux armes et sa dévotion totale. Jugeant son apprentissage divin suffisamment achevé pour revenir parmi les mortels, ses parents le renvoyèrent une première fois afin qu’il fasse ses preuves. Sa première sortie se solda par une victoire aussi troublante que les découvertes qu’il fit. En effet, pendant les quelques semaines qu’il passa à New York, le jeune homme en apprit plus qu’il n’aurait souhaité sur son propre compte en prenant pour la première fois conscience de son homosexualité après avoir côtoyé un mortel au cours de son séjour. Ses années à Nausikaa n’avaient pas totalement réussi à changer les préjugés que lui avait inculqués une éducation rigide et traditionnelle ; il ne put alors se résoudre à révéler à qui que ce soit cette nouvelle vérité.

28 ans D’année en année, Satya a appris à mener une double-vie, aussi ambiguë que le combat qu’il mène sans relâche contre sa propre ascendance. Il exerce à Nausikaa le rôle respecté d’entraîneur des plus jeunes et, chez les mortels, continue de gérer à distance l’aspect financier de l’entreprise familiale. Tandis que sa sœur est devenue à New York une mannequin réputée, lui a préféré garder sa présence discrète parmi les mortels, et concentre le gros de ses efforts à former les futurs héros de Nausikaa. Il garde toujours sa sexualité privée et ne s’adonne au plaisir des rencontres d’un soir que les fois où, échappé dans les boîtes de nuit new-yorkaises, il assume enfin ses dons divins et use allègrement de ses charmes pour amener à lui des rencontres éphémères.