| Libellule HoxhaUne parmi les Autres | Messages : 115
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| madame est un assassin, il est son domestique, farrow Sam 21 Oct - 20:40 dans la paix de son jardin, elle cultive ses roses - madame est un assassin quand elle est moroseJe vérifie l'heure sur mon téléphone. Dana ne devrait pas être à la maison avant deux heures, même si elle se dépêche. Je vérifie mes messages - rien d'urgent. Je me tourne vers toi. Je t'ai assis sur mon canapé, je t'ai proposé du café - que tu as refusé - alors je t'ai servi un verre d'eau. Je me demande si tu y toucheras. Je te regarde et je réfléchis encore car je peux toujours te congédier sans un mot si je décide que tu ne conviens pas - mais je vois, je vois - je vois que c'est le bon choix. Je dois expier ce mal mais je ne peux abattre des titans seule - je n'en ai pas la force. Je n'ai personne d'autre à qui demander à part les monstres - mais il ne mérite même pas cela, tu sais ? Cela serait le rapprocher des amours perdues. Cela serait lui rendre service d'être aussi héroïque dans la gueule des loups des Enfers.
Porcelaine s'agite et court à travers le salon. Mimi River s'amuse sur son tapis, avec ses jouets. La plus âgée des deux enfants a grimpé sur le canapé et est venue jusqu'à Farrow, a déposé plus tôt une main sur sa cuisse dans l'intention de s'y installer et Libellule peste enfin en voyant qu'elle ne se lasse pas de cette idée depuis tantôt - Laisse le monsieur tranquille, Porcelaine. L'enfant n'abandonne pas, laisse son geste en suspens, cherche les yeux de Farrow pour qu'il y mette lui-même une interdiction - qu'il la repousse s'il le désire - n'agira qu'en conséquence à son refus à lui. Libellule change l'angle en réalisant que vient le moment où elle va devoir discuter de choses que les enfants de cinq ans seraient aptes à répéter. Elle pointe le couloir, au loin, de son faux ongle, fronce les sourcils - Va jouer dans ta chambre, s'il te plaît. C'est seulement là que l'enfant acquiesce de sa voix et de sa tête jusqu'à disparaître, plus disciplinée que Libellule la vend. Farrow. Elle est debout, bras croisés, Tu as déjà tué quelqu'un, hein ? Tu serais prêt à le faire pour moi ? Combien voudrais-tu ? Je peux te donner autant que tu veux. C'est dit avec une négligence qui indique que le problème ne réside pas dans l'argent. Elle l'interroge, pianote ses doigt sur son avant-bras, cherche ses yeux, sérieuse et cruelle dans toutes ses couleurs. | | | | |
Farrow HamiltonClan Sparte | Messages : 75
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| madame est un assassin, il est son domestique, farrow Ven 27 Oct - 1:15 Et je classe le dossier sous les églantines
Je suis un peu jardinier, et je fais la cuisine
Il piétinait une terre sans innocence. Non — ses pieds, à plat sur le sol, ne sentaient rien. La chapelle de plastique que constituait l’appartement acculait Farrow dans une alcôve de misère, qui faisait saillir de sa silhouette grotesque tous les secrets de sa pauvreté, de matière, de corps, et d’esprit. Ses yeux décrivaient une courbe balistique en demi-cloche des portes du salon au cadre de fer des fenêtres, où le sommet était un plafonnier créateur. Sur le plafond choyait les reflets des marbres, des vases, des portes de verre des placards, des vitres closes, et ce ballet de lumière s’accompagnait d’un murmure innocent, détaché de la lourdeur du monde, comme le sont toutes les belles choses. Et en même temps qu’il observait cela, Farrow faisait ressortir l’acrylique premier prix de son pull noir, les coutures usées de son pantalon prêt-à-porter, l’égalité proprette et ridicule, légèrement défaite par la repousse, de ses cheveux coupés dans un salon d’angle d’avenue, cet éclat blanc et gris qui marquait le contour indécent de ses yeux. Il passait un long moment à s’imprégner de la violence de cette dichotomie, sans trouver en lui-même un quelconque sentiment de révolte. Tout cela se fit dans le silence, comme les moments de recueillement doivent l’être.
Farrow n’avait pas honte de l’obscénité de la scène. Il penchait légèrement la tête d’un côté, celui de la fenêtre en vérité, comme s’il écoutait une rumeur champêtre d’où lui viendrait la recette de la mort, dont il avait déjà fait son affaire dès qu’il avait passé le seuil de ce luxueux duplex. Il ne regardait jamais vraiment Libellule. Parfois il posait les yeux sur ses mains ou il cadrait son regard de façon à ce que ses épaules remplissent le bord le plus à gauche, et il faisait cela comme on détaille un outil neuf, ou du moins inconnu, fabriqué dans un ivoire de cruauté. Il sut que ce genre d’instrument se sous-estimait, se bradait en mignardise et objet de décorum, moins par inconscience que par mépris, et la marque de ce mépris, tendre et orgueilleuse, était la prolongation véritable de l’arme que constituait Libellule, et dont Farrow, mettant de côté son jugement critique, admirait l’exécution parfaite. Il rencontra enfin son regard : ce cobalt luisant a pour lui d’être enchâssé dans un coffre de porcelaine.
Il eut un mouvement de repli étrange quand la petite l’approcha. Il avait suivi les mouvements de l’enfant comme on considère une obligation physique du terrain, mais maintenant qu’elle était proche de lui, Porcelaine avait su dépasser son statut d’objet pour ramener sur elle cette inquiétante imprévisiblité, fortifiée par la puissance terrassante de son incorruptibilité. Il s’était fermé totalement lorsqu’elle l’avait touché et la considérait dans un état de stupeur infiniment contenue, close et tendue, sans rien lui accorder ni lui refuser. Maintenant qu’était concrète l’obligation de l’innocence infantile, Farrow laissait, impuissant, le ravage malicieux de cette tendresse le saisir par le cou et attendait qu’elle se lasse de sa prédation. Son seul mouvement avait été de reculer la tête.
Il ne resta rien de cet effaremen lorsque Libellule le délivra. D’ailleurs, il ne croyait plus avoir redouté quoique ce soit. Il avait observé Porcelaine partir ; il avait éprouvé un sentiment bref, mais intense et déplacé, de pitié, et il l’avait oublié sans être inconforté de rien, il n’était pas inconforté. Il reposait les yeux sur Libellule, l’arme, le canon, la trompette de Jéricho, toutes ces cartes se remirent en ordre dans son esprit, de XV à III à XX. Il entoura son genou de ses mains, geste trivial et d’une ingénuité idiote.
Oui. Elle voulait ses yeux, il les lui avait donnés ; maintenant que c’était fait il les baissa et retrouvait le verre d’eau. Il se sentait gêné de n’y avoir pas touché et maintenant que la discussion était engagée, il était trop tard ; il laissa la conversation en suspens, tant il était pris à cet inconfortable dilemme, dont l’évidence éviscérée devant cette dureté cruelle que Libellule lui montrait était putride et le gênait. Il ne voulait plus lui donner son regard pour l’instant, il observa du coin des yeux une photo de Libellule et Dana, dont les sourires lui parurent jaunis et risibles. Le crime était loin dans son esprit. Il était inconséquent, il était confondu à des miroirs de crime, il était d’un confort négligeable et sans image.
Pour toi, je ne sais pas. Son visage s’était fermé un peu, moins par méfiance que dans un acte ouvert de réflexion, c’était un genre de moue qui, en fait, était assez irritante, car elle révélait cette conscience secrète et aiguisée où naît l’âcreté d’un mépris total. Farrow fixait toujours la photo. Il y a des… Les règles se formèrent dans son esprit et il voyait au travers ; il ne pouvait dire un mensonge auquel il croyait si peu, il vira les yeux sur elle. C’était le mot d’impossibilité qui lui manquait. Il y a des choses auxquelles on ne se soustrait pas : il ne les nommait pas, elles se dessinaient autour de lui ; elles étaient vulgaires, sans dimension, vertigineuses. Qu’est-ce que tu veux ? Il l’avait demandé en détachant les syllabes, qui tombaient avec une profondeur légèrement défiante, car il cherchait l’objet qu’on essayait de lui vendre. En même temps il posait sur Libellule une décalcomanie de mère. Il s’imaginait ce visage gouverné par une seule morale sournoise et secrète embrasser le petit front de Porcelaine, ce soir, lorsqu’elle la coucherait (le faisait-elle elle-même ?), et peut-être saisir cette main qui se poserait sur la cuisse da sa mère, dont les petits os, noyés dans la chair, étaient encore très blancs et disjoints. La nuit venue elle réclamerait, de sa mère, cet amour tendre, marial, suprême, qui n’existait pas. Farrow se sentit l’obligation, l’obligation très forte, de s’empêcher de rire, mais ça ne l’amusait pas. | | | | |
Libellule HoxhaUne parmi les Autres | Messages : 115
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| madame est un assassin, il est son domestique, farrow Sam 4 Nov - 22:57 dans la paix de son jardin, elle cultive ses roses - madame est un assassin quand elle est morosePour moi ? Comment ça, pour moi ? Non - attends, nous en parlerons après, veux-tu ! Il ne faut pas trop souligner ma singularité Farrow, c'est un jeu dangereux qui n'est pas bon car il est à double tranchant, je pourrais tout autant haïr qu'adorer ce que tu me dis. Et mes excès sont dangereux. Je réponds toujours à mon coeur. Je le mérite, je me suis donnée la chance de pouvoir le faire - que toutes les pièces chéries de mon échiquier puissent être détruites en un instant sans que je le regrette. Je préfère ne rien deviner de ton expression et que tu me le dises, que tu me blesses si frontalement que je puisse t'étrangler.
Libellule, dans une drôle de valse, prend la place de sa fille et s'assied à côté de Farrow ; le contraste de leurs bras, de leurs épaules et de leurs mains lui plaît car elle se dit que celles de Farrow sont mieux faites pour tuer que les siennes. Elle joint ses paumes devant elle et le regarde en biais, dans la confidence des traîtres à la morale. Elle n'a pas vu la naissance du rire effacé, non, même pas tracé car elle est très sérieuse ; c'est une cause de haine qui lui tient à coeur. Elle est récidiviste. Cette fois-ci, elle l'achèvera. Elle a commencé à tuer Mistral avant même d'être mère alors cela ne compte pas pour de vrai. Ils étaient jeunes et elle déjà cruelle. J'aimerais que tu tues Mistral. Il est trop grand et trop lourd pour moi, et si je lui demande de sortir, il ne le fera pas. Alors que vous vous connaissez bien, non ? Elle est un mal insidieux qui s'infiltre dans tous les recoins, même ceux des chambres et de leur intimité. Si c'est toi il le fera. Je veux être là quand ça arrive. Mais je veux que ce soit toi qui le tue. Tu veux, n'est-ce pas ? Je te paierai bien. C'est pas comme si ça avait l'air de t'avoir dérangé dans le passé. Jusqu'à ce qu'elle sache que ces grandes mains qu'elle voit sont meurtrières ! | | | | |
Farrow HamiltonClan Sparte | Messages : 75
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| madame est un assassin, il est son domestique, farrow Lun 20 Nov - 20:12 Et je classe ce dossier sous les églantines
Je suis un peu jardinier, et je fais la cuisine
Cette mort industrieuse, une fois annoncée, resta en suspend dans l’esprit de Farrow. Il se la figurait comme une corde de pendu dans les ténèbres, au cou de personne ; et personne non plus qui se réclame la science d’en avoir fait le nœud. Le visage de Libellule tout proche de lui, poupin d’une autre époque, avait la forme, et la sécheresse, de cette mise à mort ; et le profil de Mistral, d’un bronze vert-de-gris, flottait lointain dans son esprit comme le dos d’une pièce de monnaie sans valeur. Farrow comprit à rebours que cela lui brisait le cœur.
Ah ? Il la dévorait du regard ; c’était le terme approprié. Il fallait se figurer une action glaciale et sans cruauté. Sa réponse idiote tombait en couteau de travers sur la conversation. Cette syllabe, pire, cette voyelle fuyante tendait mollement dans la direction de l’impuissance assumée de Libellule, et de cette affection de moitié dévoilée, et encore plus loin, du point de convergence secret, au dos d’une porte, de ces deux distances. C’était tout cela que cette lettre voulait dire. Comme il avait fait avec la petite, il s’était presque retiré. Ses épaules, tirées vers l’arrière, faisaient le tour de la lueur de dragée que Libellule crachait sur le canapé.
La situation était étrange. Il y avait une ligne de cruauté évidente et désinvolte qui chevauchait mal sa douleur, inédite et surprenante. Cette conjonction traçait des aiguilles de lumière blanche sur tous les reflets de la pièce. Toutes entouraient leurs nuques plutôt que leurs fronts.Tu veux que ce soit moi ? Il pouvait lui demander beaucoup de choses ; il la couvrait de cet espèce d’horizon crépusculaire qui nimbe les tombes des autres. Mais il ne trouvait finalement rien à lui dire. Ce miroir laqué de cruauté était blanc et glacé.
Et pourquoi je le ferais sa question s’envolait vers le plafond et éclatait dans les échardes blanches du luminaire. Sa question massacrée retombait sur elleux en confetti. D’ailleurs il l’avait formulée avec une maladresse qui faisait sonner sa voix faux et ne lui donnait aucun ton. Elle rebondissait sur Libellule, coulait dans ses aspérités, rendues caves et bleues par l’ombre. Dans cette chair il n’y avait aucune réponse ; aussi Farrow chercha en lui-même le diamant qu’il lui fallait, et c’était un joyeux d’amour vide. Il détourna les yeux ; il ne supportait plus de la voir. C’était de la colère. A la surface du verre d’eau, Libellule était un camaïeu de couleurs boursouflées, délavées sans la honte. Mon prix, je te le demanderai plus tard.
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| madame est un assassin, il est son domestique, farrow Jeu 23 Nov - 21:05 dans la paix de son jardin, elle cultive ses roses - madame est un assassin quand elle est moroseJ'aime le danger ressenti à ta vue, le frisson, l'indécence de ce mal ; je me demande si c'est ce qui plaît aux hommes à qui tu plais. J'interroge le désir. J'interroge son désir à ton égard - parce qu'il y en a eu, n'est-ce pas ? Tu ne peux pas me mentir. Je me demande si tu lui plairas encore après et j'ose espérer que non ; j'espère qu'il perdra cela aussi - et c'est pour cela qu'il faut que ce soit toi. Que la souffrance ne se contente pas d'être celle de la mort, effectuée par un anonyme et une soeur qu'il déteste déjà. Mon plan est parfait.
Si ce n'est pas toi, ça sera un autre. Peut-être un monstre... Maintenant que j'y pense. Pensive, ses yeux vont vers le ciel et ne le regardent plus, comme si elle change d'avis maintenant ; précipite le besoin de savoir s'il jouera le jeu de la faucheuse ou si elle se doit de trouver quelqu'un d'autre. Elle soupire d'aise. Elle s'est imaginée pendant longtemps que la mort était tabou, difficile à atteindre ; mais comme tout, avec assez d'argent, la vie est corruptible jusqu'à sa fin. Et ce sera sale, elle espère qu'il imagine ; qu'il voit la lame émoussée, ou bien une forme d'explosion de l'intérieur, une hémorragie de géant, qu'il voit comme cela fera mal si ce n'est pas lui. Il sera dévoré, digéré, autrement ; il sera ramené à sa condition primaire de chair, il n'y aura pas de sentiments si ce n'est les siens, à elle, et le remord peut-être de Farrow. Elle sourit dans le vide. Elle s'est presque convaincue que cela serait presque mieux, Je crois que je commence à changer d'avis. Et que je préférerai un autre. En plus, j'ai une autre fille à tuer - deux pour le prix d'un - ah ! Je ne sais pas trop. Elle se relève mais c'est pour aller nulle part, mains sur les hanches, elle médite ; Sauf si tu es d'accord pour les deux. Et si tu me dis pourquoi moi - j'aurais un prix différent de les autres ? Est-ce que c'est parce que je suis riche ? Est-ce parce que nous ne sommes pas amis ? Fais-tu des prix d'amis, Farrow ? Ou bien les tue-t-il, comme Mistral ? Elle se tourner à moitié pour lui sourire. | | | | |
Farrow HamiltonClan Sparte | Messages : 75
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| madame est un assassin, il est son domestique, farrow Jeu 7 Déc - 16:56 Et je classe ce dossier sous les églantines
Je suis un peu jardinier, et je fais la cuisine
Il ne connaissait rien de la monstruosité de Libellule. Ni la forme, ni le fond, ni les contours ni les couleurs ; il en devinait simplement le détachement, comme la rétine, parfois, quitte l’oeil et le prive de lumière : alors voilà, Farrow la voyait bâillante, éventée, trop petite sur son grand canapé crème. Elle se pâmait de son horreur, bien sûr, comme on se vernit les ongles. Cette insouciance l’éclipsait, il en avait conscience, et il ne se sentait pas étranger à cette absence, ni dérangé par elle, car il avait conscience que cette ombre, indulgente et humiliée, était une parure appropriée, distribuée par des femmes qui font usage à loisir de leur palais de morte. Pour un peu, il lui baisait la main. Il la voyait d’en haut, avec, sur le visage, l’ombre de sa frange rose qui lui faisait un supplément de blush en toile d’araignées.
Je ne comprends pas ta question. Il l’avait coupée sans la casser, mais ce genre de dégât était inévitable ; alors il fissurait malgré lui le flot de la conversation, et ce flottement, écaillé, l’intéressait quelque part, car il n’ignorait pas en vérité que ce que Libellule lui disait vraiment, était l’absolue nécessité de l’accomplissement de son inhumanité. Une lumière bizarre passait au travers. Il la fixait très fort, il balaya ce poids étrange dans l’air du revers de sa main, d’un mouvement d’automate soudain doué d’une vie consciente, dangereuse. Mais ce n’est pas important. Je le ferai. Il reposa les mains sur son genou, l’une sur l’autre. Cette sagesse, tout à coup, était volontaire, donc commandée.
Il ne se cachait pas de l’envie qu’il avait de tuer Mistral lui-même ; iels étaient bien au-delà de ces faux-semblants, et il bradait, lui aussi, ce cauchemar sans y donner la conséquence nécessaire, car c’était inutile — d’ailleurs, il ne demanda même pas le nom de l’autre cible : ça ne l’intéressait pas. Libellule, en ne la nommant pas, le poussait lui-même à s’entendre sur sa futilité. Maintenant il ne regardait plus tout à fait Libellule, en tout cas pas ses yeux, grands, vides, cette vallée froide le détournait de son sérieux et il fixait plutôt l’arrondi poupin de son petit nez. Les narines de Libellule frémissaient à chaque inspiration, comme celles des chiens assoupis, lorsqu’on ne les fait pas chasser.
Voilà ma proposition : il faudra un acompte de 15 000. Pour deux, ce n’est pas beaucoup. Les chiffres s’arrondissaient et se soupesaient dans son esprit, comme on estime que la vie des autres l’est lorsqu’on n’a pas de cœur. C’était un nombre crédible, grand, mais pas trop gourmand, même trop humble et un peu ridicule, qui devait souligner, donc, cette espèce de mièvrerie d’assassin, de chasseur de conte dont la soumission béate diluait à l’eau la cruauté. Farrow ne s’en privait pas ; mais il laissait à Libellule ce luxe de patronne, où, sûrement, il fallait qu’elle s’illustre et ait une place de choix à son pied, qui ordonne à ses chiens de dévorer les intrus, ceux-là mêmes qui n’avaient pratiquement ni nom ni visage, au moins aucun dont l’éclat sache les blesser au sang, ni même, le luxe de rôtir dans le tourment et la honte de l’esprit de personne. Pourtant, le nez de Libellule continuait de frétiller à intervalles tranquilles, réguliers. Ça représente un peu moins de la moitié, pour un total de 40 000. Pour deux personnes comme nous, et dans ton milieu, voilà un prix d’ami, je trouve que c'est une proposition honnête. | | | | |
Libellule HoxhaUne parmi les Autres | Messages : 115
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| madame est un assassin, il est son domestique, farrow Ven 29 Déc - 21:59 dans la paix de son jardin, elle cultive ses roses - madame est un assassin quand elle est moroseOh eh bien - laisse tomber - En réalité cela m'importe peu, que je sois ton amie ou que tu me haïsses ; le plus important c'est que je garde la certitude qu'il te plaît, dans le sens le plus humain du terme, dans la ferveur émotive - et inversement, qu'il t'aime avec sa simplicité béante d'idiot de géant. Et tu le dis toi-même, le plus important c'est que tu le fasses et que je te paie, que les affaires se font et que la mécanique des cœurs le fasse souffrir - après tu pourras m'oublier, et si tu veux je t'oublierai aussi car je réalise que je ne trouve pas si joli que ça.
D'accord ! Qu'elle dit avec un engouement froid qui se désintéresse déjà en même temps qu'elle se lève, et que les affaires sont faites, et qu'il n'est plus qu'une question d'argent le temps que la mort soit sous leurs yeux. Elle lui fait dos et même ses artifices sonnent vides et faux, son absence déjà prégnante ne laisse pas des songes qui trompent et enjolivent sa silhouette - après tout son nom est maintenant celui d'une meurtrière pour Farrow et c'est à cela qu'il pensera avant tout le reste. Mais sa voix, elle, est toujours enjouée. Quand elle se retourne vers lui, déjà proche des escaliers pour l'inviter à partir, elle n'est pas plus triste ni plus terne ; rien ne change. Elle a toujours été un monstre. Son sourire ne part pas. Tu passeras demain mais avant dix-neuf heures. J'aurais l'argent en liquide et les informations qu'il te faudra. Pas besoin de prendre de sac. La mort a un goût quotidien. Un goût de lendemain. Elle quitte le spectre des rêves pour s'ancrer en elle - en lui - alors qu'elle lui montre les escaliers pour l'inviter à partir des utopies merveilleuses où le sang est anecdotique et loin des foyers précieux où les gens s'aiment. | | | | |
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