tw : mention suicide

dehors, loin de sa planète, yong-nam à toujours l’impression de manquer d’air.
il déteste les rues bondées dignes des fourmilières. il déteste les odeurs qui se mélangent, les rendant nauséabondes. il déteste les immeubles trop haut vertigineux. il déteste le bruit constant des paroles, rires, klaxons, oiseaux - même les mouches, il les entends trop fort !
alors yong-nam se cache derrière son masque chirurgical capuche sur la tête : il espère passer inaperçu.

dans ces couloirs ternes, les murs sont crades, abîmés par le temps et des passages délictueux. et sur ce quai trop mal éclairé (ressortant verdâtre, ça rend malade), il attend son métro. mais il est tard, et les passages sont moins récurrents - ces cinq petites minutes lui paraissent une éternité.
les mains enfoncées dans les poches, elles n'arrêtent pas de trembler d’angoisse. il respire difficilement qu’il en a la nausée. les sueurs froides coulent le long de son dos, faisant frissonner ses os - il se sent crever.

et pire encore, quand une voix stridente, appelant son nom, résonne dans la station (dans son crâne).
il a peur, yong-nam.
il a peur quand on le voit. il est terrifié quand on l’appelle. il est tétanisé quand on l’attrape.

mais angel est colérique. angel se pense immortel alors angel se permet de rire, continuer de cracher ses atrocités “hah! non j’hésitais à me jeter sur les rails justement.” sous tes doigts, il a l’impression que sa peau brûle, que ces cicatrices picotent - ça lui fait mal, ça le dégoute - ça ne fait que nourrir sa haine (mais il flippe. il flippe terriblement que ces mélanges d’émotions lui font tourner la tête) “si tu t’y connais aussi bien- tu veux m’accompagner peut-être ? on ira en enfer tous les deux comme ça.” qu’on y habite ou qu’on y est destiné, ça ne changera rien - aucun de vous deux ne mérite les cieux.

tw : violence

ton rire cristallin, digne des pires cauchemars, résonne au moins cent fois dans ces couloirs vides. le genre de rire habillé d’une cruauté sincère et pure, ceux qui font terriblement froid dans le dos, ceux qui peuvent même faire pleurer de terreur les âmes plus faibles.
et yong-nam voudrait hurler à l’aide, camouflant ses angoisses au possible - préférant que tu te moques de sa mort plutôt que ses larmes. alors sous son masque, il s’en mord les lèvres de frustration (s’arrachant les peaux mortes, s’imposant le léger goût métallique de son sang). il se sent frustré de ses peurs, sa panique, sa faiblesse - mais aussi de son audace, ses moqueries et de sa colère.

angel sait très bien avec quoi (et avec qui) il joue. c’est facile de t’insulter, et c’est facile de t’énerver. toi aussi tu pourrais pleurer facilement, mais parce qu’on t’aurais pris ton jouet - pas par les actes barbares des violences gratuites. et il sait que tes émotions sont aussi explosives que du feu, ces braises s’accrochant à tout ce qui se trouve à proximité - tu fais mal vite, fort, jamais sans retenue.
on s’asphyxie par tes mots, ton regard calciné, tes poings brûlants.

ce ne sera jamais la première fois et pourtant, les coups le surprennent toujours de la pire des manières : son souffle, déjà trop aléatoire, s’est brutalement coupé. et il a, encore et toujours, l’impression que le choc lui parcours l’entièreté des intestins, créant des fourmillements désagréables qui lui ronge l’estomac.
et forcément que cela s’accompagne des vieux réflexes, se recroquevillant sur lui-même, un bras faisant pression sur le ventre, même que les larmes montent doucement et qu’il ressent ce terrible poids de terreur au niveau de son torse - ah… il pourrait en vomir.

seulement, tu auras beau te défouler contre son corps, son esprit est déjà bien trop tordu pour se sentir insulter. on peut même y distinguer, entre son souffle sifflant, un horrible ricanement plein d’amertume. “... tu parles, d’hécate ?” elle ? sa mère ? s’il n’avait pas aussi mal au ventre, il s’en roulerait par terre, pris d’une crise hilare pleine de mépris (pour l'instant il rit comme les fous qui se veulent discret) “c’est tous des putes” il relève les yeux, le regard emplie de ces sourires cyniques “hadès fait pas exception.” dédaigneux des dieux, il pourrait cracher sur leurs tombes s'ils en avaient.

tw : violence

c’est trop facile.
c’est beaucoup trop facile de t’infliger des émotions explosives. de t’entendre hurler de rage comme ces bêtes sauvages ne cherchant qu'à intimider l’ennemi. et angel se retrouve à prendre un malin plaisir de cette situation qu’il en baisse son masque “t’es sourde ou quoi.” et il ne peut que faire preuve de bonté insolente en se disant que tu avais sans doute mal entendu - ça aurait été dommage ! “j’ai dis qu’hadès était une pute.” alors il répète, prenant soin d’articuler chaque mot en les accompagnant de son tordu sourire - entacher les noms respectés, faire honte à toute une dynastie, et blesser le coeur des concernés - il souhaiterait te voir t'effondrer en sanglot, même si c’était des larmes de rage, celles qui brûlent de colère-

kian, je t’en supplie : crie jusqu'à t'en briser les cordes vocales. et pleure au point de ne plus respirer. car quelque part j’estime ça comme une petite victoire d’avoir blessé ton âme.

alors finalement que tu te jettes en furie sur lui, ca en devient plus si grave parce qu'il le savait et il t’attendait. ça ne l’empêche pas de râler de douleur quand les racines lui tirent la peau. ça ne l’empêche pas non plus de trembler, instinctivement terrorisé des violences - il ne sait pas quand, où ni comment tu allais frapper (mais il sait, il patiente le temps des châtiments acharnés).
et comme ces robots aux batteries défectueuses, tout son corps s’est relâché, rendant ses bras et jambes flasques - il ne peut que s’écrouler vulgairement et te laisser libre de lui décorer le visage par ces motifs bleuet. en fait pendant quelques secondes, il pourra jurer plus tard qu’il s’est retrouvé embrumé de tes coups, rendant l’instant terriblement flou.

yong-nam gît contre les pavés crade et miteux, le regard se perdant au loin quelque part, même qu’il ne se rend pas compte de ses propres larmes. donc les douleurs lui reviennent d’un coup, picotant les surfaces de la peau, tout comme l’image de ton visage crachant ces atrocités “... hah-” d’un simple rire qui s'essouffle - tu n'inventes rien, kian “si je meurs là maintenant, tu feras quoi ?” une pause, le temps de reprendre ses respirations “est-ce que tu vas m'enterrer ? me jeter dans la mer ? ou alors tu me laisserai là ?” à moisir jusqu’à ce qu’on le retrouve “ou tu irais montrer fièrement aux autres que tu m’a tué ?” il repose sa tête au sol, observe les néons au-dessus de vous - ça fait mal à la tête cette lumière “mais personne ne m’aime, kian. je serais même pas un trophée et toi on te traitera juste d’assassin.” il tente de ricaner mais s’étouffe vaguement “qu’est-ce que les autres penseront de toi...” moi je sais déjà qu’on ne pense pas à moi.

finalement il se rend compte que le métro n’est toujours pas passé.
il a dû être retardé.

tw : violence

angel aime bien quand il pleut.
les gouttes frappent ses vitres, comme si elles voulaient entrer. alors cloîtré dans sa chambre, ça renforce son idée de sécurité. même que parfois, angel s’amuse des personnes trempés en dessous de ces nuages gris. et normalement, la pluie ne le touche jamais. mais voilà que les perles ruissellent sur son visage, faisant frissonner les paupières, fronçant doucement le nez, déglutissant sa salive infectée par tes chaudes larmes salées. le goût lui reste en bouche et ça le répugne l’idée de se mélanger à toi (il voudrait vomir).
pourtant même dans son mal être il n’oubliera pas ton visage. ton expression tourmenté des colères aveugle, rendant tes traits particulièrement hideux - ces grossièretés infantile, presque d’une innocente naïveté-
son sourire ne fait que s’étirer, dévoilant les canines par ces demi-lunes tordues. angel n’oubliera pas de se moquer : comme on est moche quand on pleure !

seulement sa victoire, il ne peut que la savourer un court instant. les états pitoyables n'empêchent pas tes gestes d’une violente vivacité, donnant cette affreuse impression de lui en couper le souffle à chaque frappe. alors comme toujours, et comme on lui a appris, il imite les morts. préférant se laisser assassiner à petit feu plutôt que riposter dans ces espoirs de survie - on a cas le pousser, le casser, le traîner et même l’étrangler au-dessus du vide ça ne changera rien parce qu’on ne tue pas les morts.

sauf qu’il n’est pas encore mort. il ne se sent pas rongé par la décomposition et il n’a rien des cadavres inertes.
il se pense mort-vivant. pourtant il a mal. il sent qu’il a peur. et surtout, il respire.

soudainement ne rien sentir en dessous de ses orteils le prend dans une sorte d’élan de panique - il l’a senti tout le long de son dos, le vertige lui monte à la tête. “ah-” des ses deux mains, il s'agrippe à ton poignet “attend-” sentir son poids entier retenu par ta seule force le terrifie. le fait que tu puisses le lâcher à tout instant le terrifie. et le fait qu’il pourrait se faire écraser par un métro le terrifie. “attend..!” le simple fait de mourir, le terrifie.
au loin, on reconnaît la résonance métallique des roues grinçant contre les rails. et le son lui en fracasse le crâne, s’imaginant déjà percuté par la vitesse du train - des réflexes humains, ses pieds s'agitent dans le vide, serrant davantage son étreinte autour de ton bras. “j’ai pas-” mais toi aussi, tu serre encore plus qu’il en sent la pression du tissus contre sa nuque, écrasant doucement ses veines sous la peau - des réflexes surhumains, sa peur devient si forte que les lumières au dessus de vos tête commence à surchauffer, créant des motifs épileptique, se superposant au chaos de son esprit. quelques ampoules ont fini par exploser, les étincelles reflétant comme de petites étoiles étourdies au travers de ses pupilles vides. et des folies fiévreuses, on ne sait plus trop s’il en pleure ou rigole : de ses grotesques larmes mélangées aux sourires tourmentés de désespoir “j’ai pas- envie de crever..!” pas maintenant, pas de tes mains, pas quand je ne l’ai pas décidé !

est-ce qu'on peut arrêter de jouer pour aujourd'hui ?

tw : violence

il a l’impression de se retrouver dans une sorte d’espace temps déformant les minutes et les secondes. qu’on n’arrive plus à dissocier le vrai du faux, si tout se passe trop vite ou trop lentement. il ne sait plus quelle heure il est, ni pendant combien de temps tu t’en es pris à lui, et si ça fait une éternité ou non qu’il s’est retrouvé suspendu dans le vide.
les horloges sont trop floues. mais pas les phares.
deux points lumineux viennent graver les rétines. et aveuglé, il en a gardé les yeux grands ouverts comme s’il n’y voyait plus rien. pourtant ça se rapproche.
encore,
et encore.
yong-nam n’a même pas le temps de réagir, ni de faire son propre deuil. il est simplement figé face à la lumière, comme ces misérables papillons de nuit tourbillonnant jusqu’à la mort.

alors il lui a fallu du temps avant de réaliser qu’il était de retour sur le quai. il se voit encore pendu. il entend encore le crissement des freins. il s'obsède encore des deux soleils qui lui restent au travers de tout. il s’imagine encore le son sourd d’un corps violemment percuté contre du métal.
et se pensant mort, il en oublie même de respirer.
l’air passe difficilement au travers des tranchées. le rythme se casse, saccade. il ne sait plus respirer et derrière sa cage thoracique, ses poumons brûlent de l’intérieur. il s’incendie de son propre choc qu’il en crache même des braises. s’étouffant des flammes de panique.
puis dans ce monde au déformation cauchemardesque, il t’y retrouve encore et toujours au-dessus de lui. il t’y retrouve encore toujours comme une furie. et lui il s’y retrouve encore et toujours victimes de tes violences.

mais son corps bouillonne. il se calcine de l’adrénaline des morts alors dans un élan qu’il ne contrôle même pas, il attrape, de ses deux mains, ta chevelure. ils sont trop longs et lui tombent dessus comme un voile. il attrape fort. même qu’il tire pour que les visages se rapprochent. enfin à son tour, il hurle.
il hurle si fort qu’il en ressent la vibration des cordes au fond de sa gorge. si fort que sa voix se brise peu à peu, s'abîmant perpétuellement seul. il répond à ton écho fracassant. il répond au train. et il répond aussi à toutes les fois il n’a pas su s’exprimer.
yong-nam te hurle dessus, comme il hurle sa mort.

sa propre voix résonne si fort qu’il ne se rend même plus compte de ses hurlements.
il ne crie jamais. parle pas beaucoup, et surtout sans élever la voix. parce que d'habitude, on dirait qu'il murmure des secrets - d'horribles et méchants secrets. alors ça lui brûle la gorge, lui assèche la bouche et ça lui fait mal aux poumons qui peinent déjà à trouver l'air. mais ça lui importe peu ! ce n'est jamais grave qu'il pleure ou souffre. parce que c’est un martyr, un ange déchu qu'on préfère abandonner au milieu de ses propres démons.

et aujourd'hui, tu es en première classe pour les voir, les entendre et les subir ces démons - c'est votre faute si je suis comme ça ! alors je te déteste, toi, et le reste du monde ! je déteste voir vos sale gueule toujours hilare de mes malheurs. je déteste vos mains trop crades qui ne font que s'agripper autour de moi. je déteste votre force surhumaine, vos pouvoirs à la con et vos valeurs pitoyables qui s'abaisse à des dieux qui ne vous aime même pas tant que ça. - mais ses hurlements sont sans paroles.

la voix se casse, se fond doucement au travers de tes sanglots jusqu'à disparaître. et comme ces vulgaires bêtes, angel respire fort, le regard fixe, aveuglé par sa propre colère, tirant toujours sur tes mèches pour se soutenir. yong-nam s'est toujours demandé si mourir une première fois le rendrait un peu plus humain ou au contraire, toujours plus répugnant par le sang divin qui coule dans vos veines, rappelant que vos vies sont étrangement importantes pour en avoir plusieurs.
en reprenant ses esprits, il se sent vertigineux que ses paupières finissent par ciller. puis, en lâchant prise, ses doigts se démêlent enfin de ta chevelure, il s'écroule de nouveau au sol.

pendant quelques minutes il ne dit rien. t'écoute simplement te lamanter de ces banales atrocités au-dessus de lui - c'est étrange comme tes mots ne lui font ni chaud ni froid. et c'est horrible aussi comme il ne s'est jamais senti autant vivant que lorsqu'il s'est retrouvé au-dessus des rails.
peut-être que tu es le plus humain de nous deux.
“... tu fous quoi alors” si tu me déteste tant que tu en es incapable de me tuer “dégage.” de moi, de cette station, de ma vie.