Cecil ne se trouve pas dans l'Agôn quand ça se passe. Il est au coeur d'Olympus District. Il prévient immédiatement Seraph que l'hydre de lerne s'est infiltré sur l'île, sous forme humaine. Il envoie Ellair capturer le Lion en son nom.  Et il contemple, du haut des marches, la Bête s'élever entre les bâtiments pour chatouiller le ciel. Il entend les hurlements de l'Apocalypse, de tous les rats qui grouillent dans la Cité pour lui échapper. Je vous l'avais dit, que ça arriverait. Cecil comprend immédiatement que Tau avait raison, qu'il avait réussi à le lui prédire ! La voilà, la Chute qu'il attendait.

Et elle n'est pas peinte de dorée.

Il pourrait en pleurer - de joie ou de reconnaissance, qu'importe. L'important, c'est qu'il ressente. Cecil lève une main pour se frotter l'oeil. Il ne peut pas rester immobile. Sa victoire, il la méritera. Celle de Seraph, il se l'accaparera.

C'est sans crainte qu'il se mêle à la foule pour la guider. Comme un automate, il appelle sa fratrie et s'assure que chaque frère ou chaque soeur qui décroche soit en sécurité. Si les autres veulent périr, c'est de leur responsabilité - pas la sienne.

CECIL !
Quand le corps de Nate froisse le sien, Cecil écarquille les yeux. Il a le réflexe humain de le serrer en retour, maladroitement. L'étreinte lui arrache des battements de coeur irréguliers. Il jubilait à se sentir puissant, mais l'ambassadeur d'Aphrodite a suffit à le rendre plus vulnérable qu'il ne le pensait être - un jour.

Tu viens de-

Il arque un sourcil et le dévisage en silence. Sa confusion est palpable. Il n'en reste pas moins calme pour autant. Cecil a su gérer ses ardeurs avec le temps.

Tu- hum. Je crois que ça se voit, non ?

Derrière, le monstre hurle à l'agonie, sûrement en plein combat.

L'Hydre ! L'Hydre et le Lion ont envahi Nausikaa il y a quelques heures, voilà ce qu'il se passe !

Il a envie de lui hurler dessus. Les gens parlent trop forts autour d'eux, dans la panique générale.

C'est la GUERRE, Nate ! VOILÀ CE QU'IL SE PASSE !

Et malgré son amour pour la guerre, Cecil sourit bêtement pour autre chose ; son amour de l'amour ? Certainement pas ! Mais Nate n'est pas blessé et ça provoque en lui une satisfaction rare et un sentiment de chaleur au niveau de la poitrine.

Mais tu vas bien, tant mieux.

L'émotion fait place aux questions pragmatiques. Cecil ignore le mouvement de foule, quand Nate s'y attarde. Il sait ses frères plus aptes à combattre qu'à fuir le massacre. Nate se croit enfant de la paix mais Cecil pourrait lui rappeler que de nombreuses guerres se sont déclarées au nom de l'Amour. Leurs parents eux-mêmes sont amants, et ce n'est plus un secret pour personne, que ce soit au sommet de l'Olympe ou dans le monde des hommes.

Seraph, de nombreux spartes avec lui. Des membres de la brigade d'élite. Ellair. Et Bellamy.

Face au désarroi de Nate, Cecil ne saurait appréhender et accueillir correctement ses pleurs. Il espère secrètement qu'il ne se laissera pas aller à ce point. Depuis quand est-il devenu incapable de se réjouir face au désespoir de celui qui fut jadis son ennemi ? Leur récent trêve l'a rendu plus compréhensif, pas plus compatissant pour autant.

Je n'ai pas de nouvelles de David, avoue-t-il, sur un ton qu'il force à être détaché. Nate, ne pleure pas, je t'en prie.

Cecil lève une main timide vers la joue de Nate. Il l'effleure, un demi-rictus aux lèvres, avant d'être bousculé par des demi-dieux un peu trop pressés d'évacuer. Cecil colle son torse à celui de Nate, s'accroche mécaniquement à son bras pour ne pas tomber et relève le visage vers lui, les joues rouges - de gêne ou de colère (peut-être les deux).

Hm. Son souffle est prudent. Il s'écarte lentement, tiraillé par une attirance qui l'enjoint à se coller. Tu as repris tes esprits ?

Quand Cecil pense pouvoir s'éloigner, l'aura de Nate lui colle à la peau ; il le retient juste avec sa main. Et ça suffit à Cecil pour rester immobile ; figé comme une statue de cire au milieu d'un empire - qui s'effondre en pluie d'acide.
L'étreinte est nocive (pour les deux) et pourtant Cecil doit bien admettre qu'elle lui fait un peu de bien - le genre de bien qui fait mal ; le genre de gestes qu'on répète.

Eloigne-toi, je manque d'air.

Peu friands des contacts physiques - sauf quand c'est lui qui les initie - Cecil craint qu'on se joue de lui. Il réajuste l'agencement de ses habits, un éclat de défiance dans les pupilles.

Tu crois vraiment que c'est le moment de se poser la question, Bauer ?

Il réinstaure une distance morale qu'il n'avait pas voulu si méprisante. Cecil ne veut pas parler de ses plans - ne veut pas avouer qu'il y a déjà pensé, évidemment. Évidemment, qu'il en a ! Mais Nate s'est trompé de camp.

Nous verrons avec les olympiens. Mais l'ère des monstres, c'est terminé.

C'est notre ère ! Celle qui prendra naissance à la fin de la guerre.
Une ère de paix - et d'amour.
Ô Nate, tu trouveras forcément ta place dans la cour.