Tu la tiens par la main.
Entouré de brume vous êtes,
à peine visibles aux yeux des humains.
Un sourire rassurant alors que tu lui montre une photo sur ton rainphone.

"C'est la boutique avec les belles robes que je t'ai montrée ! Celle tenue par un fils d'aphrodite !"

Tu explore la rue du regard, habillé d'un simple jean et d'un sweat-shirt, ayant relégué tes fonctions pour la journée. Souhaitant la consacrer à ta cousine du mieux que tu le peux. C'était ton idée après-tout de la traîner à l'extérieur de l'île. Il t'avait fallu du temps pour la convaincre, des pinterests pleins de robes qui pourraient l'intéresser, l'apater aussi. Toi, l'oiseau qui avait soif de liberté malgré ce qui t'étais arrivé. Qui bravais encore et toujours le danger.
Il y avait quelque chose de délicieux à l'idée de s'effacer. De se laisser aller. D'oublier son status de demi-dieu l'espace d'une journée. De profiter du temps comme un simple mortel.
Tes doigts caressent les siens, le regard doux.

"ça va aller ? On rentre quand tu veux, tu le sais."

Mais tu retiens ton envie de liberté, freinant tes hardeurs pour aller à son rythme. S'adapter aux autres comme tu le fais rarement, sauf pour les personnes ayant une place spéciale dans ton coeur.
Comme elle.

"Aller Diane, allons dépenser nos drachmes si difficilement gagnés. En plus, il y a la magnifique robe rose que je t'ai montré~"

Un nouveau sourire. Plus malicieux cette fois. Parce que tu sais à quel point vous allez vous amuser. Parce que tu aimes les souvenirs que vous partagez.

T'as des papillons dans le ventre quand elle avoue te faire confiance. Alors tu prends ton rôle toujours plus au sérieux. Ne lâchant pas sa main alors que tu lui souris, sincèrement, un sourire d'enfant.

"T'inquiètes pas pour moi vas ! Tu sais bien que je vais et je viens entre le camp et New York constamment !"

Un rire léger, content de t'amuser, de la faire profiter.

"On est là pour toi aujourd'hui, considère ça comme ta journée !"

Mais tu prends aussi le temps de considérer sérieusement sa question, ton visage se plissant alors que vous pénétrez dans la boutique et passez plusieurs mannequins aux robes plus splendides les unes que les autres.

"Tu peux payer en drachmes ici, alors détends toi et profites, comme à Nausikaa ! On est juste à côté en cas de problèmes de toute façon, si problème il devait y avoir. Ce qui n'arrivera pas, je veilles au grain !"

Tu ris un peu à nouveau lui faisant voir une illusion rigolote l'espace d'un instant pour la dérider.
Puis te ajoutes.

"Tu as déjà goûté les bubble tea ? Si non, il faut absolument que je te montres ça !"

Petit air malicieux. Tu as hâte de voir sa réaction.
Tu ne te doutes pas, Stian, du danger qui rôde dans votre dos.
Ou plutôt, tu préfères l'ignorer. Tu ignores aussi, que votre goûter sera écourté.
Mais il vous restes du temps.
Profitez-en.

Tu l'observes valser entre les allées, lui trouvant une grâce sublime qui te ferais presque, presque, reconsidérer ton orientation.
Tu prends en considération son choix, penchant la tête pour y réfléchir sérieusement avant d'hocher la tête, prenant sa main pour la baiser, les yeux rieurs et malicieux, comme à ton habitude.

"Toutes ces robes semblent divines une fois que tu les portes. Mais celle-ci te sieds particulièrement bien."

Puis tu lui offres un clin d'oeil, amusé, alors que tu lui confies comme une blague partagée.

"Tu devrais en essayé une rose. Elles mettent ton teins en valeur."

Un bonheur hybride t'emplis. Tu aimes ainsi partager ta vie, lui faire découvrir le monde dans lequel tu vis. Tu oses espérer, un instant, qu'elle en gardera un bon souvenir.
Tu ne pries pas ton père de bénir votre voyage chez les humains, cependant, ayant depuis quelques temps perdu la foi en ce dernier. Il ne t'évitera vraisemblablement pas les ennuis, de toute façon.
Mais tu n'as pas perdu toute fois, si bien que tu pries Poséidon de protéger sa fille des embûches qui pourrait parsemer votre chemin.

Et une fois vos emplêtes terminées, vous reprenez votre petit bonhomme de chemin.
Maintenir la brume est fatiguant, mais tu en a l'habitude depuis le temps.
Et alors que vous vous trouvez devant un magasin de bubble tea, tu te tournes vers elle, ayant déjà fait ton choix, mais lui demandant à elle.

"Alors, tu veux quoi ?"

Tu honores son choix d'un sourire approbateur, alors que tu profites de ton bubble tea.
Tu profitais au maximum de votre temps ensemble, si rarement partagé avant que, si soudainement, si violement , le murmure de la brume ne deviennent des hurlements, de cri stridents qui te fond perdre ta concentration un instant alors que ta boisson se retrouve au sol, tes deux mains occupées à te boucher les oreilles.

"Urgh- Dia- tention-"

Mais vous avez pas le temps, et sa main est désormais prise au piège, alors tu ne réfléchis pas, laissant tes armes valser autour de toi et se planter dans le bras de l'aggresseur pour libérer son bras alors que tu la prends entre les tiens protectivement.
Tu sens ton nez saigner alors que tu épaissies la brume brusquement, créant des illusions de vous.
Par instinct, tu attrapes sa main valide, l'entraînant dans une course effrénée vers l'isthme, gardant la brume la plus épaisse possible, les voix continuant d'hurler comme des sirènes alors que tu pris pour qu'elle n'ai pas perdu l'endurance qu'on vous à inculqué au camp.

"Court court court réfléchis pas ok ?!"

Tu t'époumonnes à lui dire, alors qu'elle s'en doute probablement. Si seulement, si seulement t'avais le pouvoir de transport des ombres comme les enfants de l'Atè que tu fréquentes si souvent. Si seulement, si seulement.
Sauf que des seulements ne vont pas vous sortir de là. Alors tu pries pour que le monstre ne vous prennes pas en chasse, pour qu'ils laissent l'ambassadrice tranquille. Tu te fiches de toi, tu te fiches de ton nez qui saigne, de ta respiration qui s'amenuise, tu te fiches de tout, sauf de la sécurité de Diane.
Alors une fois sur les plages de l'ancienne colonie, tu la pousse vers l'eau, dans l'espoir de lui offrir un renouveau.

"COURT ! RENTRE ! J'M'OCCUPES TU RESTE !"

Pas que tu ne lui fasses pas confiance, mais tu sais à quel point elle appréhendait de sortir en premier lieu. Toi, tu as l'habitude des harpies, et surtout des monstres divers depuis ton expérience précédente. Tu sais que pas tous ne vous poursuivent incessamment, mais tu es méfiant.
Et tu fais demi-tour, faisant tournoyer tes couteaux. Qu'il ose vous suivre, et tu lui montreras ce qu'il en incombe de s'en prendre à un demi-dieu. Tu la rejoindras plus tard, pour t'assurer qu'elle aille bien, pour la rassurer que toi tu vas bien.
Puis tu remarques, à retardement, que les voix de la brume se sont calmées.
Tu prends un moment pour respirer, essuyant ton nez d'un revers de main.
La chasse serait-elle terminée ?

Coup d'oeil vers ton amie, que tu espères voir s'en aller.

T'entends sa voix, et en quelques pas, te voilà à nouveau à ses côtés, la prenant dans tes bras alors que les alarmes dans ta tête semblent s'être calmées. Enfin.

"Je pars pas ok ? Je suis là."

Tu te rends compte après coup que tu as tâché sa robe du sang qui coule de ton nez, tu renifles pour la forme, prenant une goulée d'air et sa main dans la tienne, tes doigts libres parcourant sa joue puis ses cheveux emmêlés par votre course pour votre vie.

"Respire, je suis là."

Tu hoches la tête, comme pour te convaincre toi-même. Un coup d'oeil à son poignet et tu soupires, réalisant que t'as failli la laisser seule dans cet état, dans ton enguoûment pour ta revanche. Tu réalise ta propre folie et souffle à nouveau, énervé contre toi-même.

"J'suis désolé."

Puis soudainement l'air coupable alors que tu l'entraîne pour marcher, t'assurant de rester près de l'eau pour la rassurer, qu'elle se sente en sécurité, à même de se protéger.

"C'est de ma faute."

Comme la mort de tes parents. Les paroles du sphynx te revienne en tête et soudainement, t'as du mal à respirer, à avancer, ton propre traumatisme te rattrapant. Oubliant ta main dans la sienne, l'autre tremblant alors que tu ranges tes armes en marchant. Tu tentes d'éviter les pensées, de concentrant sur les voix de la brume. Jusqu'à ce que tu trébuche, suffocant et cherchant l'air au travers de ton nez bouché par le sang séché.
Tu fermes les yeux, tentant de chasser les mouches devant ces derniers.

"Attends... J'crois que j'me sens pas bien ?"

C'est posé comme une question, mais c'est plus insinuation. Une réalité que tu n'oses pas affronter. T'es paralysé Stian, par ton propre sang sur ta manche, qui se confond avec celui de tes parents cette nuit fatidique. Une autre inspiration, plus faible.
Tu ne réalises pas que c'est la panique qui s'est frayé un chemin, que ton coeur bat probablement dans ta main, affolé. Qu'elle doit sentir tout ce qui es en train de se passer.
Sans connaître le lourd secret que tu t'entêtes à porter, seul, comme un fardeau qui ne cesse de revenir te hanter.
Non, t'es pas prêt à l'affronter.
Alors tu te redresses, de tout ton long, prenant une nouvelle inspiration.
Un pied devant l'autre.
Il faut rentrer.

"faut... qu'on rentre."