Naissance né le dix-huit juin à vingt-trois heure, alors qu'une tempête faisait rage dehors. maman n'avait personne, mis à part toi. pas de famille. ni parents, ni frères ou soeurs. elle a mis du temps, avant de choisir de te garder. mais au final, elle t'a choisi, petit ange.
2 ans maman t'appelle ange. anioł, plutôt. elle te caresse le peu de cheveux que tu as sur la tête, et te chante des berceuse. tu es bien, blotti contre maman. elle est douce, mais un peu trop pâle, comme si elle avait toujours une douleur quelque part, au fond du coeur.
4 ans elle te raconte le conte des adeptes du vent, et tu t'es souviendras toujours, c'est comme ancré en toi. ce sont des personnes qui partent en pèlerinage, cherchant l'origine des vents, leur source. toujours à naviguer dans les montagnes, cherchant avec beaucoup d'espoir, un cycle infini.
5 ans maman t'apprend la couture. c'est un peu difficile au début, mais tu prends la main. mais souvent, pour te faire du mal parce que tu en as désespérément besoin, tu te couds dans les paumes lorsque que maman a le dos tourné. c'est difficile, de mentir à maman. tu mens déjà pour les coups sur le mur (tu t'écrases le crâne contre les murs), pour les cris à trois heures du matin sortant tout bonnement d'un cauchemar. tu mens et ça te déchire. tu espères être honnête un jour.
6 ans tu es un peu plus vieux, maintenant. et maman ose te raconter l'histoire de sa première fille, millie. elles s'aimaient tendrement, à la folie, un amour inconditionnel. puis un jour, millie est tombée malade. il était difficile de lire entre les lignes pour maman, alors elle ne savait rien, mais millie était atteinte de pica. elle mangeait tout, les baies de houx, le poisson de l'aquarium, tous les médicaments qui traînaient... tout. puis un soir, dans son sommeil, son dernier souffle l'a quitté. maman était inconsolable, et ne prévoyait pas d'avoir d'autres enfant. et voilà, tu es là.
7 ans tu as un beau-père. tu ne l'aimes pas. il te regarde comme si tu étai de trop, un obstacle en somme. il te susurre des insultes, des coups sont parfois donnés, et ton cou devient un mélange de bleu, violet et jaune. maman met du temps à comprendre. elle aime profondément maman. trop, peut-être, ça la déchire, parfois. mais son amour pour cet homme la rend aveugle, et elle ne voit pas ton état.
8 ans tu deviens anxieux, tu l'es de nature. mais les crises d'angoisse se font plus intenses, et tu as la mauvaise manie de te gratter le cou et les mains jusqu'au sang. maman est derrière toi, et tu t'imagines qu'elle est déçue, que son fils soit une épave rouillée. maman ne dit rien. c'est peut-être mieux comme ça.
10 ans maman quitte enfin l'homme. elle se faisait elle-même poussée, blessée, rabaissée plus bas que terre. alors elle l'a foutu à la porte. il est venu toquer pendant une semaine, insistant, voulant appeler la police pour négligence d'enfant. au bout de quelques temps, les bruits à la porte ont cessé. mais maman s'est effondrée. elle t'a pris dans ses bras, t'a fait t'assoir, comme pour parler de quelque chose d'important. ton père était un dieu. ta première réaction était de rire, père celui qui vous avait abandonné, un dieu ? il devait y avoir méprise. mais tu as vu le visage stoïque et pensif de maman. et tu t'es dit, que peut-être, c'est la vérité. et qu'hypnos est vraiment le père que tu haïssais depuis tout ce temps. et tu penses honnêtement que ce sentiment ne changera pas.
12 ans maman s'est faite virée. avec le peu d'argent que vous avez, vous naviguez d'appartements détruits à d'autres, jamais restant très longtemps à un seul endroit. et puis l'argent a commencé à manquer. et c'était la fin. maman t'a dit que vous alliez faire un camping pendant un temps, et vous avez dormi dans une tente, à la belle étoile, pendant de longs mois. toi, ça t'allait, tant que tu étais avec maman, tout allait bien. alors le soir tu allais te blottir contre elle, cherchant — et trouvant — une source de chaleur que mère n'avait pas, frissonnant durant toute la nuit. c'était maman et toi contre le reste du monde.
13 ans mère a trouvé, et cumulait, deux jobs. fini les soirées dehors sous les étoiles, maintenant vous avez un petit appartement insalubre, mais ça fait le job. tu rentres dans une phase de déprime, de paranoïa, de peur que le pire arrive à nouveau. à l'école, tu as du mal à te concentrer, à lire, les mots dansent devant tes yeux mais personne ne comprend. et tu te fais taper sur les doigts. maman déprime, elle aussi. elle coud une poupée depuis plusieurs mois, et ne prononce aucun mot. elle a des poches sous les yeux — yeux rougis, par ailleurs. tu essaies de la rendre heureuse. mais tu échoues, et un jour, tu t'en voudras.
— tout le monde peut être heureux pour l’éternité si leur cerveau s’éteint n’est-ce pas?
14 ans maman pense être souillée par la divinité. elle vrille, totalement. se coupe pour voir si de l'ichor coule, comme si elle avait été entachée par une divinité dont elle ne voulait pas. puis les choses allèrent de pire en pire, et un jour en rentrant de l'école, tu l'as vu. pendue, lèvres bleues et urine au sol. à ses côtés, une lettre, et la peluche qu'elle avait confectionné. elle s'appelle słońce, comme toi. mais tu n'as jamais pu t'en remettre. père n'était pas foutu de te réclamer, et mère meurt par sa faute. tu te souviens, le jour d'avant, tu t'étais disputé avec mère, elle qui disait que tu la dégoûtais à cause de tes yeux. les mêmes que ceux d'hypnos. et elle en vomissait. et à présent, c'est le seul souvenir qui te reste.
14 ans BIS c'est une nymphe que tu as rencontré dans un chemin de forêt qui t'a amené à nausikaa. devenir un demi-dieu, qu'ils disent. toi, tu as tout perdu, mais peut-être que tu peux tout reconstruire, ici ? tu as des doutes. (— si jamais je me faisais cloner, il y aurait un suicide de masse.) tu étais l'ange de mère. et maintenant son souvenir te laisse un goût amer dans la bouche, comme si la bile remontait.
15 ans tu as du mal à t'intégrer. tu fais au mieux pour contrôler tes pouvoirs — ils t'en ont parlé. et tu comprends enfin certaine chose : ta narcolepsie, la façon dont tu rêvais, comment les gens dormaient bien en ta présence... tout était si limpide.
16 ans la contrebasse de mère te manque. tu reprends l'apprentissage que tu avais stoppé. tu étais un peu la cible de certains de tes camarades — surtout les fils d'arès. ils t'enfermaient dans des petites pièces pendant des heures, et tu en es devenu claustrophobe, à force d'être plongé dans le noir dans une si petite pièce. mais tu ne perds pas espoir de rencontrer quelqu'un de bien.
17 ans tes cauchemars se font plus fort. tu pries pour qu'on t'aime. tu pourris dans ton coin. tu n’es pas mère (folle dérangée perdue abîmée—). tu n’es pas père (peu présent distordu souillant—). tu es toi, et tu ne chargeras jamais cette tâche qu’est ton existence. tes os ne sont que foyer de ton âme putride et sale. ton coeur est une bobine de fil avec des noeuds à certains endroits. tes souvenirs sont bons à être jetés dans le styx. mère, elle a tordu ton monde. père, ne t’aura jamais réclamé. et désormais, tu as du mal à comprendre pourquoi des papillons infestent tes rêves.
17 ans BIS tu rencontres C. son nom est charles, mais tout le monde l'appelle C. alors tu suis le mouvement. c'est quelqu'un de très important pour toi, tout ton monde. vous pansiez vos blessures ensemble, des aveux, des partages de douleur... il était toujours là pour toi et c'était réciproque. il était très versé dans l'écriture, et il te faisait lire, parfois. tu étais toujours abasourdi par son talent, mais il était trop modeste.
19 ans C était malade. leucémie. il perdait souvent ses cheveux, et malgré qu'il soit un enfant d'iris, il était certain qu'un jour un ange viendrait le faucher. et cet ange est arrivé trop vite. et tu pleures, ça fait mal comme des éclats de shrapnel droit dans le coeur. tu es allé à l'enterrement. tu lui as déposé des pavots.
21 ans tu repris une boutique d'antiquités qu'un vieux monsieur sur le point de mourir, en plein new-york. au moins, ça t'occupait l'esprit, mais tu t'endormais souvent sur le comptoir. les clients doivent souvent te réveiller. tu commenças également un poste d'hypnotiseur, espérant faire du bien, malgré ta timidité et ta thymie plutôt triste, tu as envie que ton prochain vive bien mais toi, tu te mets de côté, comme si tu n'avais aucune valeur.