Naissance tu es née une après-midi grisâtre après neuf longs mois. neuf mois pendant lesquels ta mère a prié tous les dieux sauf un pour que tu ne sois pas son enfant. que tu ne sois pas la preuve de l’adultère qu’elle a commis. alors devant les visages dubitatifs elle s’est efforcée de pointer les ressemblances avec l’homme partageant sa vie et son premier né.

4 ans tu as grandi pour devenir cette enfant adorable, juste “un peu” turbulente comme disaient gentiment les adultes. au moins avaient-ils arrêté avec les questions, celles qui mettaient ta mère mal à l’aise sans que personne ne sache pourquoi. alors elle était heureuse, autant qu’elle le pouvait avec deux enfants en bas âge et un mari bien trop souvent déployé. mais c’était sa famille parfaite. la tienne aussi. et tu y tenais, appréciais chaque moment passé tous ensemble.

6 ans ils ont fini par t’emmener voir des spécialistes et ils ont rapidement trouvé. d'indisciplinée tu es devenue hyperactive, d'en retard sur tes camarades tu es devenue dyslexique. un soulagement pour tes parents que de pouvoir mettre un mot sur la raison de ton comportement. toi, tu es contente car enfin ta maîtresse ne s’énerve plus sur toi. un peu moins en tout cas. tu t’en moques un peu, après tout elle changera bientôt comme ta maison et tes amis. vous alliez à nouveau déménager, un évènement récurrent que ton cerveau d’enfant commençait à assimiler.

11 ans vous n’étiez pas prêtes avec ta mère à ce qu’on vienne frapper à votre porte ce jour-là. un jour ordinaire dans une vie que tu croyais ordinaire. que ta mère espérait ordinaire. mais ses espoirs volèrent en éclats face au satyre à l’entrée de votre maison. la discussion fut animée, tu te souviens de la voix maternelle montant plus haut que d’habitude, plus haut encore que lorsqu’elle vous réprimandait avec ton frère. tu ne sus la conclusion de cette histoire que plusieurs jours après lorsqu’on t’annonça que tu partirais quelque temps dans un établissement pour les enfants comme toi. c’était la version servie à tous par ta mère. la vérité, elle te la révéla sur la route vers Nausikaa au milieu de pleurs et d’excuses.

17 ans tu t’es fait à la vie dans la colonie, a même pris goût à ce qu’elle pouvait t’offrir. surtout cette famille dont tu ne savais rien et qui semble s’agrandir de jour en jour. tu as tiré un trait sur les Bishop après avoir versé ce qui t’a semblé être toutes les larmes de ton corps. l’absence de nouvelles n’a fait que renforcer ta décision même si tu sais que ce n’est pas forcément de leur faute. mais tu es une ado en colère et la blessure est encore trop fraîche pour risquer d’être à nouveau déçue. alors tu plonges tête la première dans tout ce qu’on t’apprend et tu n’attends que la quête qui t’apportera la gloire.

maintenant tu as grandi. l’adolescente ambitieuse est loin derrière et avec elle tes rêves de demi-déesse. oh tu ne t’es pas lassée de ce que tu es ni de ton mode de vie, Noa. tu ne partiras pas de Nausikaa malgré ton amour pour New-York juste de l’autre côté de l'isthme. ta vie est ici ainsi que ton future, aussi flou soit-il pour le moment.